/ 383
297. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Cette femme mourante voit son amant parmi ces Religieux, l'appelle, lui parle, et déclare publiquement son sexe, son amour, ses folies, ses crimes, par un discours dont le brillant, la vivacité, les antithèses, la suite artiséea, le long détail, sont aussi contraires à la tristesse et à la faiblesse de l'esprit, que son énorme longueur est au-dessus de la faiblesse du corps d'une agonisante, et surtout répréhensible dans une personne qu'on dit se convertir dans ce moment terrible, et qui s'occupe avec la plus vive passion de ce que sa conversion l'oblige d'oublier, et qui ne peut que scandaliser ceux à qui elle en fait l'étalage. […] Le bon Abbé, les bras croisés, comme une statue, laisse tenir à la Communauté par une femme le discours le plus scandaleux, sans l'interrompre, sans la reprendre, ni rien dire à ses Moines pour en empêcher le mauvais effet, et laisse mourir son Moine sans lui donner le moindre secours spirituel, ni lui dire le moindre mot de consolation, ni faire aucune prière pour les morts.

298. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Je passe à des discours plus étendus, où l’amour traité avec génie, doit déployer tout ce qu’il a de sentiment & d’imagination. […] Ce choix de Tragédies à l’usage du Théatre est précédé d’un discours intéressant qui contient l’Histoire & la défense du Théatre, & c’est dans cet Ouvrage que j’ai lû des choses qui m’ont surpris de la part d’un Ecrivain équitable & judicieux. […] Et l’on doit avouer que rien ne seroit réellement plus méprisable que les Tragédies Françoises, si elles avoient le malheur de ressembler au portrait qu’on en voit dans le Discours du critique Italien.

299. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Le grand Scipion s’y opposa, et fit à ce sujet un discours si véhément, pour prouver que les Spectacles corrompraient infailliblement les Romains, que le Sénat fit vendre tout ce qui devait servir à cette construction. […] Qu’il aille plutôt à la Comédie : au retour, je m’en rapporte à lui. » La Mothe, dans le temps où il travaillait encore pour le Théâtre, fait cet aveu public, dans son discours sur la Tragédie.

300. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Cependant il lui a échapé bien de traits peu favorables, dans ses piéces fugitives, ses dédicaces, ses lettres, ses discours politiques & philosophiques : tous ces traits, il est vrai, peuvent être suspects. […] Olivier Cromwel fut un des plus grands acteurs qui aient paru sur la scéne du monde ; il joua la comédie jusqu’à sa mort, par une hypocrisie soutenue, un air de dévotion, des discours de piété, un grand zèle pour la Réligion, quoique Déïste : des mœurs austeres en public, quoiqu’en secret livré à la débauche ; il jouoit dans le même tems les plus sanglantes tragédies, par la guerre civile qu’il excita, l’usurpation du trône, la mort de son Roi sur un échaffaut, avec tout l’appareil, aussi ridicule qu’odieux ; des formalités juridiques, présenté par les loix.

301. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Grande et terrible vérité que j’entreprends aujourd’hui de développer, et dont la suite de ce discours vous fera connaître l’importance. […] Parce qu’il faudroit diminuer de son jeu, si l’on vouloit compter exactement avec des domestiques et les satisfaire, on reçoit leurs services, on les exige à la rigueur, et du reste on ne veut point entendre parler de récompenses ; c’est une matiere sur laquelle il ne leur est pas permis de s’expliquer, et un discours dont on se tient offensé ; des paroles, on leur en donnera libéralement ; des promesses, on leur en fera tant qu’ils en demanderont ; ils ne perdront rien dans l’avenir, mais à condition qu’ils perdront tout dans le présent, et que cet avenir à force de le prolonger ne viendra jamais : les affaires ne permettent pas encore de penser à eux, et cependant elles permettent de jouer.

302. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Les Tragédies à Athènes étaient une manière de discours moraux, destinés à l’instruction des peuples : et c’est pour cela qu’elles sont si chastes, si religieuses et si remplies de sentences. […] Un discours d’une juste étendue sur ce sujet ferait un ample volume ; mais je ne ferai que le toucher comme en passant.

303. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

Après cette permission ils eurent une salle à la Trinité, qui fut appelée la salle de la Passion, où ils firent les représentations de leurs Pièces jusqu’en 1541. que le Parlement leur défendit de jouer, jusqu’à ce que le Roi en eût autrement ordonné, parce que suivant le Plaidoyer de M. le Maître, pour lors Avocat Général, l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement et à la fin pour attirer ou divertir le peuple. […]  » Dupleix au chap. 1. de la vie de Philippe Auguste qui vivait au XII. siècle, le même dans lequel vivait aussi Saint Bernard, rapporte que ce Prince consacra les prémices de sa Royauté à la gloire de Dieu, en chassant de sa Cour les Comédiens, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes et à les exciter à la volupté par des mouvements, des discours et des actions sales et lascives. […] L’on détruit souvent ce qu’il y a d’honnête dans ce qui fait la matière de la Comédie, par des discours profanes pleins de dogmes et de maximes païennes ; et bien loin de purifier le Théâtre par des sujets honnêtes qu’on y représente, on profane au contraire l’honnêteté des sujets par des fictions d’amour, par des paroles lascives ou trop libres qu’on y mêle. […] M. le Maître Avocat du Roi pour lors, et qui fut depuis Premier Président, parlant dans cette occasion pour M. le Procureur Général, à la Requête duquel l’Arrêt fut rendu, remarque entre autres choses que l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement ou à la fin pour attirer et divertir le peuple, qui ne demande, dit-il, que ces sortes de folies et de voluptés.

/ 383