Les années ne couvrent point les crimes, et on ne perd jamais le souvenir des mauvaises actions ; elles ont cessé d'être des crimes, et elles deviennent des exemples ; on rend plaisir à voir représenter dans la Comédie ce qu'on y peut faire en sa maison, ou à entendre ce qu'on y peut faire: On apprend l'adultère en le voyant représenter, et le mal qui est autorisé publiquement a tant de charmes, qu'il arrive que des femmes qui étaient peut-être chastes lors qu'elles sont allées aux Spectacles en sortent impudiques.
« Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de chercher à voir ce qu’on ne veut pas être ; car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui attire le cœur, et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie.
Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de vouloir voir ce qu’on ne veut pas être : car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui tourne le cœur ; et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie, et qu’il soit autrement disposé que ce qu’il aime.
Il représente toujours son héros, son invincible devenu l’esclave de quelque beauté, et parce que la vaillance gagne plus l’admiration de ce sexe infirme, pour réussir en ses recherches ; le plus puissant moyen, c’est de rendre plusieurs combats.
Cela ne suppose-t-il pas au moins que les Chrétiens ne doivent entreprendre aucune action qui ne puisse être rapportée à Jésus-Christ, et par où son Nom ne puisse être glorifié, et qu’ils ne doivent jamais se mettre en aucun état où la prière leur devienne impossible ? […] Que cependant ce n’est point assez de connaître par qui les créatures ont été faites, par où elles sont bonnes ; mais qu’il faut aussi savoir par qui elles sont corrompues, par où elles deviennent mauvaises, et par où elles cessent d’être les ouvrages de Dieu ; car il y a une grande différence entre les créatures pures et les créatures corrompues, comme il y a une grande différence entre leur premier Auteur et celui qui les corrompt. […] Il en devient même plus hardi : la Comédie n’est plus chez lui une chose indifférente, c’est la meilleure chose du monde. […] Il n’en va pas de même que de celle des Cabaretiers et des Médecins : les Cabaretiers et les Médecins exercent une profession nécessaire dans la République et à la vie ; ainsi elle peut être réduite aux termes de la nécessité, et en ce cas loin d’être infâme, elle devient louable, et on doit même quelque honneur à ceux qui l’exercent. […] Ainsi la Comédie n’étant pas susceptible d’une modération honnête, et ne pouvant jamais devenir une école de vertu, comme la baptise aujourd’hui notre Docteur ; ce n’est pas merveille si les Cabaretiers et les Médecins ont secoué l’infamie, et que les Comédiens en demeurent toujours chargés.
Que deviennent donc Esther, Athalie, Joseph, Jephté, &c. ? […] Que devient la prétendue école de vertu ?
Il m’est cher, vous mon Père encore plus ; Si nos jours ne coulaient ensemble, Ses désirs deviendraient superflus : Même nœud nous unit, nous rassemble, Et nos enfans seront en moi, Pour vous la leçon la plus sûre ; L’amour instruirait la Nature, Si jamais j’oubliais sa loi. […] Notre maison, lui dit-il, deviendra le séjour des plaisirs ; Richesses, Caresses, Tout vous prouvera mon amour ; Jamais je n’aurai d’autre envie Que de veiller sur la belle Sophie.