Je suis ici comme une pauvre biche poursuivie d’une meute de chiens affamés dont les uns ne demandent que de faire curée de mon honneur, les autres sous le spécieux nom de mariage persécutent mon intégrité, et les uns et les autres me sont en horreur comme contraires au dessein que j’ai fait depuis le temps que j’ai eu du ciel quelque lumière de connaissance de n'être jamais à autre époux qu’a Jésus-Christ Crucifié. […] Non madame je n’abandonnerai point vos pieds refuge de mes misères, tables qui me sauveront du naufrage, que je n’aie obtenu la bénédiction que je demande à votre Majesté par tout ce qu’il y a de plus saint au ciel et en la terre, par les plaies de mon Sauveur et le vôtre, par les mamelles de sa mère, par les mérites et le martyre de cette glorieuse Vierge Sainte Cécile dont je viens de représenter la constance, par la présence de votre époux le plus grand Roi que le soleil éclaire ; par l’amour qu’il vous porte et que vous lui portez, et par cette insigne piété qui vous relève autant sur toutes les Princesses de la terre que votre Majesté est élevée sur les têtes de ses sujets. Retirez-moi madame de la mer où je me noie du Labyrinthe où je me pers et faites de mon salut une perle à la couronne qui vous attend au ciel. » Les sanglots qui avaient souvent, mais de bonne grâce, entrecoupé son discours le tranchèrent ici tout à fait et sa voix étouffée dans ses soupirs et suffoquée dans ses larmes donna place à celle de la Reine qui la relevant doucement avec cette suavité naturelle et Française qu'elle sait si judicieusement mêler avec cette artificieuse gravité Espagnole, lui dit, « Ma fille, vous me demandez une chose si petite par de si grandes que je ne puis vous refuser sans être blâmée de tout le monde et comme je crois sans offenser Dieu, assurez-vous donc que je vous prends en ma particulière protection et que je ferai pour vous et de vous tout ainsi que vous voudrez. […] On tenait que le père et la mère de cette fille iraient se jeter aux pieds du Roi et de la Reine pour demander leur fille qu’ils tenaient pour leur trésor, et qu’ils ne pouvaient se résoudre à la voir entrer dedans un Monastère.
Lorsqu’après la mort de Marie, l’Ambassadeur d’Espagne la demanda en mariage pour son maître, elle répondit avec une effusion de reconnoissance, & une démonstration qui trompa un moment tout le monde : Ma personne, mon mariage ne peuvent payer les obligations que j’ai au Roi Catholique. […] Cependant les Écossois révoltés contre Marie, lui déclarètent la guerre, animés & soutenus par Elisabeth, ils la poursuivirent si vivement qu’ils la prirent prisonnière ; elle s’échappa, & demanda un asyle à Elisabeth qui le lui accorda avec la plus tendre démonstration & les plus belles promesses ; à peine fut-elle sur les terres, que par une insigne trahison elle fut arrêtée & renfermée dans la tour de Londres où elle demeura dix-huit ans, sans que la Reine d’Angleterre daignât la visiter, ni même voulût lui accorder une audience qui lui fut souvent demandée ; elle ne sortit de sa prison que pour perdre la vie sur un échaffaud. […] Cet acte condamnoit encore les demandes réitérées que le Parlement avoit fait à Elisabeth de se nommer un successeur, il y en avoit un désigné par la loi, le Roi d’Ecosse. […] Grégoire Leti appelle son état un délire, peu de temps avant sa mort elle voulut danser & jouer du clavessin, & demandoit qui dansoit & jouoit mieux qu’elle ? […] La mort de Marie fut bien différente, elle mourut en Sainte, son arrêt lui fut signifié la veille pour être exécuté le lendemain, elle s’y disposa avec une présence d’esprit, une tranquillité, un courage héroïque ; elle relut son testament, écrivit au Roi de France, au Duc de Guise son parent & à son Confesseur qu’elle demanda.
Ce second obstacle à la bonne Comédie ne demande donc pour être détruit, qu’un peu de courage de la part de nos Poëtes comiques. […] Il en est de même des défauts qu’une nation tolere, & qui sont devenus si communs, que peu de personnes en sont exemptes ; celui qui entreprendroit de les fronder par le secours de la scène, ne seroit peut-être pas accueilli favorablement des Spectateurs : par exemple, chacun sait que l’intérêt est aujourd’hui l’unique base des mariages ; quand on se propose un établissement, on ne songe gueres à s’informer si la personne qu’on recherche a des mœurs, de la vertu, de la conduite, ou si elle est d’une naissance distinguée : est-elle riche, demande-t-on d’abord avec empressement ? […] Je ne crois pas qu’on me fasse un crime de la liberté que je demande pour la Comédie ; car qu’ont a craindre de la satire ceux qui font leur devoir, & de quelle utilité sont pour l’état ceux qui ne le font pas ?
Un murmure général s’éleva dans la Salle, il fut à peine contenu par la présence d’un Maître adoré : l’indignation publique demanda la punition de cet attentat. Un arrêt flétrissant fut signé… mais le Philosophe demanda la grâce du coupable.
c’est ce que me demandoit un Philosophe il y a peu de tems. […] Le Philosophe soit disant, pour se tirer d’embarras, me fit la demande suivante. […] En voilà, je crois, Monsieur, plus que vous n’en demandiez. […] M’étant un jour confessée d’avoir été aux spectacles, il me demanda, si j’y avois fait du mal. […] Mais je vous le demande à mon tour, si les spectacles sont innocens, pourquoi les Papes les condamnent-ils &c &c ?
Pour établir de nouvelles Loix, ou pour remettre en vigueur les anciennes, il faut toute la fermeté et toute la puissance du Gouvernement ; mais la réformation du Théâtre ne demande pas le moindre effort : une simple Ordonnance suffirait, non seulement pour le réformer, mais même pour le détruire ; et cela sans qu’il y eût à craindre le moindre scandale, ni la moindre opposition. […] Les Spectateurs ne la demanderont jamais : ils sont persuadés, surtout à Paris, que la Scène n’a plus rien de contraire aux bonnes mœurs, ni à la saine morale, depuis qu’on en a retranché et qu’on n’y souffre plus les grossièretés ; et la plus commune opinion des hommes est que, parmi les amusements qui sont permis ou tolérés, celui du Théâtre doit être regardé comme le plus innocent.
Une autre fois, revenant bien avant dans la nuit, elle trouva sa cassette ouverte, & ses lettres enlevées, elle court chez le Capitoul, qui la croyant différemment occupée, fut fort surpris de la voir à cette heure ; je viens vous demander justice, dit-elle, on m’a enlevé mes papiers, mais on n’a pas touché à mon argent ; je soupçonne ma femme de chambre. […] Un des Conseillers se charge des fonctions de Procureur-général, & prononce un grave réquisitoire, où il demande à la cour que le candidat soit installé dans l’état & office de mari, sous les auspices du Capricorne. […] il a fait ailleurs le même badinage ; en arrivant dans une ville, il va trouver le premier acteur, ou actrice, lui demande son rôle, & deux heures après monte sur le théatre, & le joue ; c’est le plus excellent pantomime, il contrefait tout le monde, avec la plus grande facilite. […] Demandez-le à sa femme & aux plaideurs. […] Enchanté de sa maîtresse, il demanda à sa mere ce qu’elle en pensoit : elle est à merveille, répondit cette mere, elle joue avec beaucoup de vérité, un premier rôle lui sied bien.