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29. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE II. De la passion d’amour sur le Théâtre. » pp. 18-35

Les sentiments les plus corrects sur le papier changeront de nature en passant dans la bouche des Acteurs, et souvent deviendront criminels, quand ils seront animés par l’exécution théâtrale. […] Les hommes et les femmes y prennent au premier coup d’œil l’amour le plus vif l’un pour l’autre : ils se l’avouent réciproquement, sans que leur honneur en reçoive aucune atteinte : ce sont même les Héros et les Héroïnes : les Amants et les Maîtresses prennent, pour parvenir à s’épouser, la même route qu’ils prendraient, s’ils se proposaient une action criminelle. […] L’amour, je parle de celui qui peut faire le sujet d’une Comédie, est nécessairement une passion criminelle, qui devrait toujours être suivie de malheurs, comme elle est précédée de traverses, si on ne la mettait sur le Théâtre que pour l’instruction des Spectateurs et pour la correction des mœurs.

30. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Quels dangers dans le jeu passionné et indécent des acteurs, et dans la licence ou l’immodestie souvent plus criminelle des spectateurs ! […] D’une part, on m’assure que ces sortes de divertissements sont criminels ; d’autre part, on soutient qu’ils sont exempts de péchés. […] les Spectacles, tels que nous les voyons aujourd’hui, plus criminels encore par la débauche publique des créatures infortunées qui montent sur le Théâtre, que par les scènes impures ou passionnées qu’elles débitent, les Spectacles seraient des œuvres de Jésus-Christ ? […] Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contre-poison. […] Quel jugement porterons-nous d’une tragédie, où, quoique les criminels soient punis, ils nous sont présentés sous un aspect si favorable, que tout l’intérêt est pour eux ?

31. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

En effet si l’on agite quelque question sur nostre creance ou sur nos mysteres, en presence de ce suffisant, qui vante si haut ses recherches, & qui ne charge sa memoire que des remarques d’vn cheual, de sa race & du cõte de ses années ; si on luy en demande son sentiment, on voit aussi-tost son ignorance, ou s’il en sçait quelque chose, est-il pas bien criminel d’en negliger, ainsi la pratique ? […] Sacrement qu’il venoit de receuoir, & s’est allé ietter auec ce precieux dépost entre les bras des publiques & prostituées, sans cõsiderer que pour le plaisir criminel d’vn Spectacle, il attire sur soy les vengeances & les chastimens du Ciel. […] Mais icy tous les vices ont quitté le masque, les crimes sont publics, on y passe sous silence, mais bien plustost on y loüe l’impudicité des prostituées, les yeux mesme y sont criminels, car on y estudie les moyens de commettre aussi l’adultere par la vuë. […] Certes les pratiques de ceux-cy sont bien criminelles ; & des autres, ie ne sçay comment ils veulent acheter le viure si cherement, que de l’acheter en prostitüant honteusement leur visage. […] Les Chrestiens sont criminels s’ils ne les fuyent, il les faut abhorer, puisque tant d’impietés & de superstitions, & tout ce superbe équipage des spectacles seruent seulement à rendre l’idolatrie plus pompeuse & mieux suiuie.

32. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Ces circonstances criminelles sont le lieu, le temps, la durée, l’excès, la passion, l’intention, le caractère des personnes, le mélange des sexes, l’indécence des habits, celle des attitudes, les paroles, les regards, les libertés criminelles, les ombres de la nuit, les folles dépenses. […] Rien n’est plus opposé à leur sanctification, par le temps qu’on y emploie, par les péchés qui s’y commettent, & par les innombrables travaux serviles qu’exigent les préparatifs de ces fêtes criminelles. […] Eh qui sont ces gens déguisés, ramassés au hasard, que le plaisir attire, qui en font des rendez-vous, qui y forment les plus criminelles intrigues, qui sont-ils ? […] L’impureté n’est pas le seul péché qui s’y commette, il n’en est presque d’aucune espèce dont ces criminels exercices ne soient les suites. […] Cet exercice fût-il innocent, ne s’y mêlât-il pas des circonstances criminelles, ce qui est impossible, les excès qu’on y commet, le temps qu’on y perd, la peine qu’on y prend, l’argent qu’on y dépense, la passion avec laquelle on s’y livre, non-seulement sont des péchés, mais encore aux yeux de la raison des traits insensés & ridicules.

33. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Après le Bal, un esprit mondain, mille pensées des objets, qui ont frappé les yeux, des attachemens le plus souvent criminels… Le Bal & les Danses, tels qu’ils se pratiquent en ce tems sont criminels, parce qu’ils sont contraires à la profession du christianisme étant défendus par les Conciles, & par la Doctrine de l’Eglise, & une occasion de plusieurs pechez, & qu’il est rare, qu’on s’en retourne aussi pur, & aussi innocent qu’on y est allé… On ne peut nier que les Saints de l’ancien Testament, n’ayent quelque-fois témoigné leur joye par une espece de danse, mais c’estoit pour rendre graces à Dieu de quelque heureux succés, ou de quelque signalée faveur, qu’ils en avoient reçuë, & ces marques de rejoüissance étoient accompagnées d’un culte religieux, qu’ils rendoient au Seigneur. […] Par exemple, un desir criminel conçû dans le bal, sera imputé à celui, qu’il a formé, à celle qui par son peu de modestie y aura donné occasion, au pere, & à la mere de cette fille, qui lui ont permis d’aller au bal ; à celui qui donne le bal, & qui est responsable de tous les pechez, qui s’y commettent… O mon Dieu, s’écrie saint Ambroise combien un seul peché fait-il des coupables !

34. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Un Criminel qu’on conduit à l’échafaut, y trouve des Spectateurs qui l’attendent. […] Ce n’étoient que meurtres ; les criminels étoient punis par d’autres criminels, & leurs punitions devenoient de nouveaux crimes.

35. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

On y jouit au moins de quelque avantage réel ; au lieu que les spectacles ne fournissent que des plaisirs chimériques, trop dangereux pour n’être pas souvent criminels, et trop vifs pour être longtemps agréables. […] Ce sont des plaisirs bien plus dignes de nous que tous ces faux plaisirs des spectacles qu’on n’aime et qu’on ne recherche avec tant d’ardeur que parce qu’ils flattent et nourrissent le penchant et le goût qu’on a pour les plaisirs criminels de la voluptébk. » « Tertullien et saint Cyprien nous invitent à des spectacles bien différents des spectacles profanes : ils introduisent l’homme raisonnable et chrétien dans le sanctuaire de la religion et de la nature, pour charmer tour à tour sa raison et sa foi. […] Dieu se repent d’avoir créé l’homme ; il est forcé d’en noyer l’espèce criminelle dans les eaux du déluge : une seule famille est jugée digne de vivre et de perpétuer sur la terre la race infortunée des mortels.

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