Parce qu’on les a enharnachées d’or & d’argent, elles vont s’abattre sous lui : on devroit mettre cette inscription à la porte de l’opéra ; le crime trouve ici sa punition, &c. […] 12. fait sans pudeur, l’histoire des ses amours, avec une femme mariée ; il dit qu’ayant su qu’elle devoit aller à la comédie, il s’y rendit, s’approcha d’elle, comme par hazard, s’assit à son côté, il se lia si bien avec elle, qu’il en vint au dernier crime. […] Chrisostôme pour faire sentir le crime des irreverances dans l’Eglise les compare à ce qui se passe au théatre. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment. […] L’amour n’étoit pas le foible de ce Jésuite, qui avoit alors plus de cinquante ans ; son plus grand crime fut d’être en bute à une cabale qui ne savoit point pardonner, & d’avoir eu la foiblesse de prêter l’oreille aux prétendus miracles de la pénitente, dont la réputation de sainteté, augmentoit celle du directeur : aussi le Parlement d’Aix jugea que le seul dénouement que l’on devoit donner à cette cause ridicule, qui pouvoit devenir funeste, étoit de mettre les parties hors de cour & de procès .
Abolissez tous les théatres, si vous voulez conserver les bonnes mœurs ; n’épargnez ni l’amphitéatre ni le Cirque, ce ne sont que des rendez-vous du crime : Semina prabent nequitiæ, tolli cuncta theutra jube. […] Il n’y a rien de réel que les crimes sans nombre qui s’y commettent, & qui auront une existence éternelle dans leurs châtimens. […] est-ce parce que ce sont des crimes ? Bon, des crimes ! on s’embarrasse bien du crime ; c’est au contraire parce qu’il énerve la force du sentiment & détruit le charme de la délicatesse.
Promenades, sociétés, festins, livres, bonnes œuvres, sermons, tout peut être une occasion de chute & de crime. […] L’apologiste du théâtre termine sa lettre par cette réflexion : « D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, & m’appelleront casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une morale austère, & de ne la pas pratiquer : mais je vous jure, monsieur, que je ne me suis pas arrêté à la douceur, ou à la rigueur de l’opinion, mais uniquement à la vérité. » Un prêtre, un religieux, qui entreprend de laver le théâtre de son ancien opprobre, étoit capable de rassurer bien des consciences : mais le P. […] Voilà ce qu’il pense des tragédies, même de celles où le crime est puni : en quoi, je le trouve d’accord avec La Mothe, qui dit : « Quelque sorte que soit la leçon que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop foible & vient trop tard. » Mais on a combattu l’idée de M. […] Atrée & Mahomet ne périssent point, donc le crime est couronné.
Il élevait un Théâtre, mais moral : un Théâtre qui tournât au profit du cœur et de l’esprit ; qui formât des Citoyens, des Pères et des Mères de famille, des Enfants et des Sujets dociles ; qui ne respirât que l’honneur et la probité ; qui rectifiât les fausses idées et les remplaçât par de plus justes ; qui mît un frein aux passions et apprît à les régler ; qui fût ennemi déclaré du vice et épargnât le vicieux : persécuteur infatigable de tout ce qui conduit au détriment de la Société : protecteur zélé de ce qui en serre les liens ; qui montrât le crime et le vice dans toute leur difformité, et la vertu dans tout son lustre : en un mot, qui ne proposât que de bons exemples, et couvrît de confusion les mauvais. […] Il traite Molière d’Auteur pernicieux, lequel, dit-il, ne tend qu’à concilier du crédit et de l’autorité au crime, en décriant ceux qui s’y opposent, ou en apprenant aux jeunes gens l’art de tromper des parents chargés de leur conduite. […] C’était un crime capital selon les lois qui nous étaient prescrites. […] J’ai appris dans ce Catéchisme qui nous vient de Rome, au rapport de M. de Voltaire, comme dans celui de Paris et dans tous les autres de l’Univers, que notre vie appartient à Dieu et à la Patrie ; que nous en sommes seulement les dépositaires ; que le véritable honneur consiste à les bien servir ; que le courage est moins dans le mépris de la mort, que dans le motif qui l’inspire ; que la vengeance est un crime, l’homicide un forfait, le suicide une extravagance qui ne peut partir que d’un cerveau troublé par de noires fumées.
quelle plus visible imposture, que d’accuser la loi chrétienne de dérèglement dans les mœurs, elle qui condamne jusqu’au désir, jusqu’à la pensée du crime ? […] On dira que vous n’êtes plus des fêtes du carnaval, parce que vous avez pris le parti de mener une vie chrétienne : est-ce donc un crime d’être vraîment Chrétien ? […] Mais ces railleurs parlèrent-ils sur le même ton quand ils virent le feu du ciel sur eux et sur leurs familles, tandis que le vengeur de tant de crimes avait mis le juste en sûreté ?
Comme les Dieux causaient les plus grands crimes sur le Théâtre des Anciens, les crimes captivaient le respect des Spectateurs, et on n’osait pas trouver mauvais ce qui était abominable. […] Il y aura peu de crimes impunis, peu de vertus qui ne soient récompensées.
Chrysostome (homil. 6. in Matth.) nous fait souvenir qu’on ne trouve point en toute la Bible qu’aucun Saint ni Sainte ait jamais ri depuis la passion de Jésus, depuis que les hommes ont assassiné leur Sauveur et sont coupables du crime de déicide.