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73. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

La Prusse est le Théatre de l’Opéra, où le coup de sifflet du Philosophe change la décoration à chaque acte. […] J’envahis cette province sans coup férir. Nous combatîmes par divers manifestes, mais le procès fut fini à coups de canon. […] Voltaire n’étoit pas si complaisant ; aussi je l’ai chassé, & m’en suis fait un mérite auprès de Maupertuis : mais dans le fond je craignois son esprit caustique & intéressé ; un écu de moins par année m’auroit attiré mille coups de patte : d’ailleurs il est difficile que deux beaux esprits respirent le même air.

74. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Agitée de toutes les passions à la fois, elle se détermine tout à coup à prendre aussi l'habit religieux, pour vivre auprès de lui, l'enlever à son état, « et oser être d'un Dieu l'orgueilleuse rivale ». […] Combien aurait-on mieux réussi et touché les cœurs, en tranchant tout d'un coup en deux mots cette affreuse reconnaissance, pour laisser la place à un sentiment de religion et de repentir, et si Commenge à sa place fondant en larmes sur ses péchés et sur ceux qu'il avait fait commettre, n'eût parlé que pour montrer sa conversion et édifier la Communauté ? […] C'est du moins maladresse dans le Poète, qui rend méprisable le plus respectable de ses personnages, et affaiblit même le coup de théâtre qu'il médite dans la reconnaissance d'un amant. […] Une mort lente et subite, qui laisse la liberté de réciter plus de trois cents vers, et qui, à point nommé, porte le dernier coup au moment que tout est dit : Scène mortellement ennuyeuse par sa longueur et son peu de vraisemblance, un monologue postiche de huit vers, pour donner le temps à d'Orvigni de venir annoncer la mort d'Eutime, pendant lequel il faut qu'Eutime tombe, qu'on crie au secours, qu'on l'emporte dans sa cellule, que l'Abbé vienne, que d'Orvigni prenne des ailes pour reparaître sur le théâtre.

75. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Chaque ruban, chaque diamant, chaque coup de pinceau, chaque gaze, chaque nudité, invite tout le monde, & lui offre l’hameçon : Venite, inebriemur uberibus Tout parle dans une Actrice le langage le plus intelligible ; toute sa personne, de la tête aux pieds, rient très-intelligiblement le même langage, & crie à haute voix : Venite, inebriemur uberibus. […] Persée coupa cette tête si dangereuse par sa beauté & par sa laideur, & s’en servit comme d’une arme redoutable pour pétrifier ses ennemis ; mais il ne put la couper sans détourner les yeux, pour ne pas la voir, & la regarda dans l’Egide de Pallas, dans le miroir de la sagesse, la saisit tandis qu’elle étoit endormie, & lui porta le coup mortel. […] Elle l’est encore dans l’ordre moral aux yeux du Chrétien & du Sage, même dans la plus grande beauté, chacun de ses cheveux, chacune de ses graces, par le poison du plaisir qu’il répand dans le cœur, est un vrai serpent qui porte le coup mortel dans l’ame. […] On ne peut combattre la volupté, que comme Persée en lui tournant le dos, on a besoin de l’Egide de Minerve, c’est-à-dire, des réflexions de la sagesse, qui comme un miroir fidèle en font sentir toute la laideur, conduisent sa main, & dirigent le coup dont on la frappe : qu’on ne l’épargne pas, il faut lui couper la tête, pour peu qu’on l’épargne elle reviendroit plus dangereuse que jamais. […] Le même coup qui coupa la tête d’Holopherne, fit rentrer tous ses ornémens dans l’obscurité où ils avoient été ensévelis depuis la mort de son mari.

76. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Il pouvoit chercher à la voir, à lui écrite, faire agir ses parens ; il devoit mettre tout en œuvre pour prévenir le coup. […] Prévenons d’un tynan l’amour ou la vengeance : D’un coup plus dangereux sauvons mon innocence. […] Elle avoit été toujours fervente, & à la veille de sa profession elle est tous-à coup changée, & se livre aux plus grands excès de sa passion. […] A mon perfide époux je vas me présenter, Il ne soutiendra pas la fureur qui m’anime, Ou si je ne vous puis dérober à ses coups, Ma fille, ils pourroient bien m’immoler avant vous, De mon bras tout sanglant il faudra l’arracher : Venez, si vous osez, la ravir à sa mère, &c. […] C’est un très-honnête homme qui n’a rien fait pour forcer, ni même pour engager sa fille à se faire Religieuse, qui arrange les affaires de sa famille sur les arrangemens que la fille même a voulu, mais qui demeure ferme sans vouloir se prêter à l’inconstance, au caprice, à la passion survenue après coup sans aucune raison.

77. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Les pensées extraordinaires des Poètes sur ces matieres, sont autant de coups de burin qui gravent ces passions dans nôtre cerveau, plus avant qu’elles n’y étaient, et sans que nous nous en apercevions.

78. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

C’est avec les Comédiens eux-mêmes qu’on essuie les plus rudes coups quand on leur présente une piece nouvelle : les grands airs, la hauteur, le dédain, l’arrogance des uns, les railleries, la malignité, les chicanes des autres, les lenteurs, les grandes occupations, les distractions, les répétitions, &c. il faut plus de temps, de travail, de peine pour la faire recevoir que pour la composer, à moins qu’on ne fasse précéder les présens. […] Pour le coup les corrections furent acceptées. […] Le Machiniste, qui y fait plusieurs fois rouler le tonnerre, lui crioit du haut du ciel : Voulez-vous le coup long, ou sec & brusque ?

79. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

 » Encore un coup, où a-t-il vu cela ? […] Que c’est le plus terrible coup de fouet qu’on ait jamais donné à la vanité des mésalliances. […] a-t-il donné un coup de pinceau pour l’adoucir et le colorer ? […] Molière aurait donc bien manqué son coup, s’il eût voulu rendre la vertu ridicule. […] La première concurrence pour l’autorité fut décidée à coups de poing, la seconde, à coups de massue : ensuite vinrent la hache et l’épée ; et dans cette manière de régler les droits, il est clair que les femmes n’avaient rien à prétendre.

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