Cette idée me rappelle un établissement singulier d’un Corps ecclesiastique qui fonde à perpétuité une somme pour marier une pauvre fille chaque année : mais, bien différent de S. Medard qui établit toute la Paroisse juge du mérite de la fille, ce Corps vénérable, par intérêt & par crainte, laisse à un Seigneur le choix de la fille.
« Quinault, le plus grand des Auteurs, Dans votre corps, Messieurs, a dessein de paraître, Puisqu’il a fait tant d’Auditeurs, Pourquoi l’empêchez-vous de l’être ? […] On connaît les oppositions du Corps des Secrétaires, les ordres qu’il fallut arracher à Louis XIV, pour faire enregistrer ses provisions, et le peu de succès, puisque malgré sa réception forcée, il n’osa ni ne pût en faire aucune fonction.
et afin de n’en pas douter, considérez ce firmament où les étoiles comme en sentinelle attendent les ordres du Dieu qui les conduit ; contemplez ce soleil qui, toujours ancien et toujours nouveau, vous offre journellement l’image des plus brillantes couleurs et des plus superbes décorations ; regardez cette lune qui, par la douceur de sa lumière, donne à la nuit même des beautés que tout l’art des Peintres ne peut imiter ; voyez cette terre qui, par la plus admirable variété, se couvre successivement de fleurs et de fruits, et paraît un assemblage d’émeraudes, de saphirs et de rubis ; fixez la majesté de ces mers qui promenant leurs flots d’un bout du monde à l’autre, transportent les richesses et les passions des humains, et qui toujours prêtes à engloutir la terre, se voient continuellement arrêtées par un seul grain de sable que le Tout-Puissant oppose à leur fureur ; enfin considérez-vous vous-mêmes, admirez les merveilles qui résultent de l’union de votre âme avec votre corps, et donnez à vos pensées un essor qui les conduise à ces espaces immenses, et à ces jours éternels pour lesquels nous sommes nés. […] Lisez les Actes des Martyrs, et c’est là que vous verrez des membres palpitants sur des roues ; des corps mis en pièces par la rage des bourreaux ; des têtes séparées de leur tronc par l’activité d’un feu dévorant ; des hommes tout vivants couverts de bitume et de poix, allumés comme des torches pour servir de lumière aux passants ; des hommes exposés dans les Cirques et dans les Amphithéâtres, à la férocité des Tigres et des Lions, comme un Spectacle propre à amuser le Peuple et les Empereurs.
Elle donne, comme le coloris, une forme, un corps, & presqu’une ame, aux objets tracés par le burin.
Je ne parle pas des licences, du libertinage, des indécences, des tableaux présentés & sous-entendus, que l’actricisme de ces Pièces, prises de Contes trop libres, ne couvre que de gaze ; parce que ce n’est pas-là ce qui fait la fortune des Comédies-chantantes : plus un siècle est libre dans ses mœurs, plus il est retenu & chaste dans son expression : les oreilles des débauchés, sous l’expression la plus innocente, croient toujours entendre une lasciveté : ainsi le Monstre qu’élevèrent Sénèque & Burrhus, ne voyant aucune partie de son corps qui ne fût souillée, ne pouvait envisager un autre homme, sans se former une image obscène.
Il y a des délassements nécessaires au corps et à l’esprit, quand l’un et l’autre ont été affaiblis par le travail, et il ne faut que savoir quelle est notre condition depuis le péché, pour sentir le besoin que nous avons de ce secours.
Car quelle apparence de vouloir faire croire à tout le monde que les comédiens et ceux qui les voient sont entachés de cette lèpre spirituelle qui conduit les corps et les âmes en leur éternelle ruine.