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4. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Un Criminel qu’on conduit à l’échafaut, y trouve des Spectateurs qui l’attendent. […] Ces deux Vers de Lucrece nous conduisent à la source du Plaisir que nous cause la Tragédie. […] Dans les Pheniciennes, les cadavres d’Etéocle, de Polinice & de Jocaste sont apportés : Œdippe au milieu de ces trois cadavres, prie sa Fille, parce qu’il a les yeux crevés, de conduire sa main tremblante, sur le corps de ses Fils & sur le corps de celle qui a été sa Mere & sa Femme. […] Le premier reproche ne fut point fait aux Poëtes, par ce que ces actions cruelles, & ces crimes, étoient, comme je l’ai déja dit, des évenemens ordonnés & conduits par les Dieux.

5. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Nous répondrons que ce n’est point d’après ces exemples, mais d’après les lois que nous devons nous conduire ; « or, ni le temps, ni la dignité des personnes, ni les priviléges des pays, ne peuvent prescrire contre la loi de Dieu. […] Dans une des notes de son cours de littérature, relative à une pièce de Favart, La Harpe s’exprime ainsi : « Quels parents sages et timorés conduiront leur fille à un pareil spectacle ? […] On vous dira, chères enfants, qu’on vous a fait tourner la tête, qu’on vous a portées à une dévotion outrée, qu’on vous a inspiré de vains scrupules, qu’aujourd’hui les enfants se croient plus sages que leurs parents et veulent se conduire selon leurs caprices. […] O vous tous, que l’attrait du plaisir entraîne vers ces lieux dangereux, pesez bien ces réflexions avant de franchir le seuil, qui y conduit, et vous reculerez d’effroi. […] Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des spectacles publics, où les pères et les mères ont l’imprudence de conduire leurs enfans de l’un et de l’autre sexe.

6. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre prémier. Déssein de cet Ouvrage. » pp. 2-7

Le Poète Dramatique se remplirait d’un nouveau feu, en contemplant d’un coup d’œil les difficultés qu’il doit vaincre dans tout ce que peut embrasser son génie ; il s’animerait d’un noble enthousiasme, en découvrant d’un seul regard les nombreuses routes qui le conduisent à l’immortalité. […] Puisque le plan que je me propose, me conduira à parler successivement de tous les Poèmes joués actuellement sur nos Théâtres, & à faire remarquer ce qui les concerne séparément ou en général ; puisque, dis-je, mon dèssein est de ne rien passer sous silence qui intéresse vraiment le Poète, le Comédien, & les amateurs du Théâtre, je n’aurai garde d’oublier ce qui a rapport à la Musique.

7. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE V. Du principal motif de la Réformation du Théâtre. » pp. 49-58

Ces principes de corruption reçoivent une nouvelle force des Spectacles publics, où les pères et les mères s’empressent de conduire leurs enfants de l’un et de l’autre sexe. […] On commence, de bonne heure, par dire aux petits enfants, qu’ils doivent suivre l’exemple de leur père et de leur mère ; parce que tout ce qu’ils font est bien fait : ainsi quand ce sont les pères et les mères qui les conduisent aux Spectacles, ces enfants sont persuadés que non seulement il n’y a pas de mal, mais que c’est même un bien que d’y aller.

8. (1670) Du delay, ou refus de l’absolution [Les Instructions du Rituel du diocèse d’Alet] « Du delay, ou refus de l’absolution. » pp. 128-148

Comment se faut-il conduire à l’egard des personnes qui ne sont pas de condition libre à se separer, comme seroient le frere & la sœur, ou autres proches parens, qui demeurant dans une mesme maison, commettroient ordinairement le peché d’impureté ? […] Comment se doit conduire le Confesseur dans toutes les rencontres où il juge devoir differer l’absolution à son penitent ? Il se doit conduire avec une grande douceur envers le penitent, luy faisant connoistre que le zele seul de son salut l’oblige d’en user ainsy, & luy imposant quelque exercice de penitence qui ait du rapport & de la proportion avec ses pechez, & avec sa condition : luy marquer un certain temps, durant lequel il doit prattiquer les exercices de penitence & de devotion qu’il luy ordonne ; & cependant prier, & gemir souvent devant Dieu pour luy, faire quelque mortification à son intention à l’exemple de Nostre Seigneur, qui s’est chargé de la peine deüe à nos pechez. […] Comment se doit conduire le Confesseur lorsqu’il rencontre un penitent qui ne s’accuse que de fautes fort légeres, & qu’il a sujet de croire qu’il est coupable de beaucoup d’autres pechez plus griefs, sçachant que c’est une personne dont la vie n’est point reglée ? […] Il y a de l’apparence qu’on retireroit plus de fruit de cette conduitte, qu’elle ne seroit pas sujette à de si grands abus, & qu’elle seroit plus propre à conduire les ames à une pieté solide qui doit plus attacher à Dieu qu’aux hommes.

9. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Vous savez, mon Dieu, que je n’ai jamais désiré de mari (& toutes en sont folles), que j’ai toûjours conservé mon cœur pur de tout désir corrompu (& toutes en sont remplies) ; je ne me suis jamais livrée aux jeux & aux divertissemens (elles ne font autre chose), & je n’ai jamais eu de commerce avec ces hommes frivoles qui se conduisent avec légèreté (elles n’en voient point d’autres). […] Le père & la mère de Sara, embrassant les deux époux au moment de leur départ, leur disent : Que l’Ange du Seigneur vous conduise dans votre voyage, vous fasse arriver heureusement dans votre maison, où vous trouviez vos parens dans une santé parfaite. […] On peut sans doute s’y sanctifier, il y eut toûjours des mariages agréables à Dieu, il voulut même que la plus sainte des créatures (sa mère) fût mariée ; mais on ne sauroit trop dire que les plus saints motifs y doivent conduire, la vocation du ciel le décider, les bonnes œuvres y mériter la bénédiction de Dieu, & les vertus y régner. Peut-on, sans gémir, voir une action si importante pour la vie présente & pour l’éternité, abandonnée aux folies du théatre, être l’objet de ses amusemens & de ses désordres, y être traitée de la maniere la plus licentieuse, avec la morale & les sentimens les plus opposés à la religion, y devenir l’école du vice, le fruit de l’intrigue, la récompense des passions, y être préparée par le crime, accompagnée d’infamie, troubler enfin toute la société, & conduire à la réprobation éternelle ? […] Je suis bien éloigné d’en faire aucune application aux augustes mariages qu’on célébroit, & où les époux, qui ne s’étoient jamais vûs, ne pouvoient être conduits par la passion, & n’agissoient que par obéissance à leurs pères ; mais je dis que c’est là l’idée que le théatre donne du mariage, & celle qu’il en a.

10. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Quand dans une question quelconque, on a établi un principe vrai ou supposé tel, toutes les questions qui naissent de la premiere, doivent se résoudre par le principe établi au commencement ; cette méthode synthétique de chercher la vérité a l’avantage de fixer l’attention du Lecteur, & de l’empêcher de s’égarer dans les diverses routes qui conduisent à cette recherche, en lui remettant sans cesse devant les yeux le point d’où il est parti. […] Il faut donc faire envisager le misanthrope comme un fou, & tâcher de corriger les hommes de cette folie, par le portrait des excès auxquels cette folie peut conduire. […] Rien en cela que de naturel : dira-t-on que quelques propos bizarres d’Alceste forment le fond du caractere du misanthrope, tels que ceux-ci : « J’ai un procès, je crois avoir raison, je voudrois pour la beauté du fait perdre ma cause… » & celui-ci, « Votre sonnet ne vaut rien, j’aime bien mieux la chanson, si le Roi m’avoit donné Paris sa grand’ville, &c.. » & cet autre, lorsqu’il est près d’être conduit chez les Maréchaux de France, pour l’injure qu’Oronte le faiseur du sonnet, prétendoit avoir reçue de lui : « Je n’en démordrai point, les vers sont exécrables ; » & plusieurs autres endroits de même nature que je pourrois citer ; croira-t-on, dis-je, que quelques petits ridicules prêtés à Alceste, soit dans ses manieres, soit dans ses paroles, donnent beaucoup d’éloignement pour son caractere ?

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