Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. […] L’Eglise, dans plusieurs conciles, a défendu la fréquentation des spectacles et les spectacles eux-mêmes. J’ai rapporté la décision du concile d’Elvire, dont les canons sont reçus de toute l’Eglise : il se tint au commencement du quatrième siècle. […] Nous avons le concile d’Arles de l’an 314, lequel ayant condamné les fidèles qui conduisaient les chariots dans le Cirque, fait bien moins de grâce aux gens de théâtre. […] Ce concile fut convoqué par l’autorité de l’empereur Constantin, à l’occasion du schisme des donatistes.
Je ne crois pas cependant qu’il ait fait aucune mention du Concile d’Arles, la censure des Conciles n’étant pas comprise dans son point de vûe : au moins nous avons d’autres garants de son authenticité, tels que M. […] Godeau2, puis les Peres Labbe, Sirmond, Binius, Albaspinæus, enfin tous les Collecteurs des Conciles. […] Ce Concile fut convoqué par l’autorité de l’Empereur Constantin, à l’occasion du Schisme des Donatistes1, & se tint en 314. […] Canon du premier Concile d’Arles avoient échappé, malgré l’exactitude de ses recherches, n’a pas été plus heureux touchant le Concile d’Elvire, qui se tint l’an 305, le Canon LXII. […] Le Concile de Trulle, ainsi nommé, parce qu’il se tint dans le Dôme du Palais, à Constantinople, l’an 692, fut convoqué pour la discipline : Deux cens onze Evêques y assistérent.
De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains ah. […] Quatrième concile de Tolède, an 634, can. dern. […] 7° « L’homicide d’un tyran est illicite, c’est ce qu’on voit par le décret du concile de Constance qui condamne la proposition de Jean Petit : elle autorisait chaque particulier à faire mourir un tyran, par quelque voie que ce fût ; et nonobstant quelque serment qu’on eût fait, sans toutefois nommer l’auteur, ni aucun de ceux qui y étaient intéressés ; le concile, pour extirper cette erreur, déclare que cette doctrine est hérétique, scandaleuse, séditieuse, et qu’elle ne peut tendre qu’à autoriser les fourberies, les mensonges, les trahisons et les parjures. De plus, le concile déclare hérétiques tous ceux qui soutiendront opiniâtrement cette doctrine, et veut que comme tels ils soient punis selon les canons et les lois de l’Eglise. […] Si donc, il est prouvé par les événements les plus déplorables que l’ambition du clergé, que l’oubli de la discipline qui lui est propre, que l’ignorance des lois qu’il doit le plus connaître, l’aient porté à s’écarter de ses devoirs d’une manière aussi coupable, l’autorité séculière doit sans cesse se mettre en garde contre les nouvelles entreprises qu’il prétendrait former ; elle doit lui reconnaître une administration toute spéciale dans l’Eglise ; mais hors de l’Eglise, il lui appartient de surveiller la conduite des prêtres, et de savoir s’ils se conforment eux-mêmes aux propres lois qui leur sont imposées par les canons des conciles, parce que le prince est le protecteur né de ces mêmes conciles.
Je passe aux Conciles de l’Eglise. Le Canon 62. du Concile d’Elvire, tenu l’an 305. […] Concile d’Arles, tenu en 452. a renouvelé le Canon précèdent. […] On voit que ce Concile ordonne les mêmes peines que les précédents ; cependant il est certain que l’Idolâtrie ne paraissait plus sur les théâtres, dans l’intervalle du temps qui s’est passe jusques à ce Concile. Le Concile de Bourges, tenu l’an 1584.
Elles ne défendent pas avec moins de rigueur ces usages sensuels et profanes, comme l’on voit dans un Canon du Concile de Carthage, qui fut célébré presque à même temps que ces lois que nous avons citées de l’Empereur Valentinien et des autres furent faites ; et ce Canon est inséré dans le Droit. […] « Qui dissolemnia prætermisso Ecclesiæ conventu, ad spectacula vadit, excommunicetur. » Le troisième Concile de Tolède, au dernier chapitre rapporté aussi dans le Droit, parle encore fortement sur ce sujet. […] Je dis donc que ces Canons dans la prohibition de la danse, n’ont parlé que des divins Offices, parce que les saints Conciles n’ont pas jugé qu’on peut dans un même jour vaquer aux mêmes Offices divins, et s’adonner aux divertissements du monde. […] J'ajoute que les lettres du Roi d’Espagne qui furent envoyés au Concile de Tolède, où sont marqués les points principaux qui doivent faire la matière des Décrets de ce Concile, portent simplement et absolument, c’est-à-dire, sans exception, ni limitation, « Qu’il est nécessaire de défendre les danses, et les chansons profanes, pendant les jours des Fêtes des Saints ».« Bellimachiæ et turpia cantica prohibenda sunt a sanctorum natalitiis. » Et dans l’ordre des Chapitres de ce Concile, il est aussi dit, sans restriction « que l’on défendra qu’on ne danse point les jours des Fêtes des Saints ».
Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et par plusieurs raisons. […] Passages tirés des Conciles. Les Pères de l’Eglise, qui supposent que les Séculiers, sont suffisamment occupés durant toute la semaine, chacun dans les exercices particuliers de sa vacation, se sont toujours contentés dans les Conciles de leur défendre seulement d’aller à la Comédie aux saints jours des Dimanches et des fêtes. […] Comme les Ecclésiastiques doivent instruire les peuples de leurs devoirs, et leur servir d’exemple en toutes choses ; c’est à eux que les Conciles s’adressent le plus souvent. […] « Non decet aut fas est oculos Sacerdotum Domini hujusmodi Spectaculis fœdari aut mentem quibus libet scurilitatibus aut turpiloqiis ad inania rapi. » Le Concile de Bordeaux tenu en 1582. et celui de Tours tenu en 1583. font les mêmes défenses, et se servent presque des mêmes paroles.
Car le Concile d’Agde rapporté par Gratien, ordonne à tous ceux qui sont engagés dans cette profession sainte, de n’aller point aux festins des Noces, et de n’assister à ces assemblées, où l’on chante des chansons d’amour, et où l’on danse ; de peur que les yeux, et les oreilles, que la divine vocation applique aux saints ministères, ne soient souillées par la vue des mouvements qui peuvent laisser des impressions d’impureté, ou par des paroles indiscrètes, et lascives. […] Le Concile de Laodicée dit qu’il ne faut point que ceux qui servent à l’Autel, ni qu’aucun Clerc se trouve jamais aux spectacles des Noces, et des Comédies. […] Et la raison du Concile d’Agde n’a pas moins de force touchant les Danses secrètes qu’à l’égard des publiques, puisqu’il sera toujours vrai, que l’Ecclésiastique qui assiste à la Danse, expose sa vue, et ses oreilles, qui sont consacrées à Dieu par l’application au service de l’Autel, à la profanation, et au danger évident de salir sa pureté. […] Et si quelqu’un nous oppose pour éluder la force du Canon du Concile d’Agde, que le Concile ne parle que des Danses, et des jeux qui sont immodestes et déshonnêtes, et qu’ainsi ces sortes d’exercices ne sont pas illicites à l’égard des Clercs, lorsqu’il ne s’y mêle rien de contraire à l’honnêteté, et à la modestie ; cette objection se détruit aisément par la considération sérieuse et attentive du vrai sens du Canon, qui ne comprend pas seulement les déshonnêtetés qui sont évidemment mortelles ; mais toute sorte d’actions, de gestes, et de mouvements trop libres, qui ne s’accordent point avec la retenue, et avec la sainteté des enfants de Dieu. […] Et c’est pour cela que le Canon du Concile de Laodicée défend ces mêmes Exercices de la danse, et la Comédie à tous les Ecclésiastiques sans distinction ni restriction.