« La Compagnie enjoint aux Consistoires, Colloques et Synodes Provinciaux, de procéder par toutes censures Ecclésiastiques contre ceux qui plantent des Maisd, et y commettent des débauches et insolences. » XXIX.
Il n’est point de crime qu’on ne puisse commettre, & d’indécence qu’on ne puisse faire impunément sous le masque. […] La plus grande raison du bien public, c’est d’écarter les dangers innombrables & l’extrême facilité de commettre toute sorte de crimes, sur-tout d’impureté, qu’occasionne, ou plutôt qu’assure par les méprises, les erreurs, le secret, la licence, l’impunité, les attraits confondus des deux sexes, un état où l’on n’est connu de personne, dit S. […] Disent les demandeurs que combien que de droit commun les Maris soient en bonne, pleine & paisible possession de leurs femmes, & puissent se départir des compagnies à l’heure que bon leur semble, & fermer leur porte quand l’ombrage & la fantaisie les prend, & disposer de leurs femmes, comme chacun est modérateur de sa propre chose, contre tous exempts & non exempts, privilégiés & non privilégiés, néanmoins les masqués, sous couleur de privilèges tels quels, commettent chacun jour plusieurs abus contre ladite possession, au grand travail, mal de tête, fâcherie & molestation des maris ; que quand les maris sont assemblés en compagnie avec leurs femmes & damoiselles les défendeurs arrivent enmasqués, s’emparent des damoiselles, les reculent, les mènent chacun la sienne dans un coin, les confessent à l’oreille, dansent l’une après l’autre, & dès qu’ils l’ont prise ne la laissent jamais jusqu’à minuit & plus tard, sans qu’il soit possible leur faire guerpir la place ; & cependant demeurent les maris chiffrés & lourchés, & gardent les mules, tandis que mes mignons triomphent, & sont en danger des marchands & marchandises, qui est la fortune que plus ils craignent ; & si d’aventure ils appellent leurs femmes, ils sont nommés jaloux. […] En outre abusant de leur privilège, les masques supposent le nom d’autrui, soi-disant Princes, qui est un entregent abusif, & crime de faux qui tourne à la déception des damoiselles, lesquelle se décèlent à eux, pensant qu’ils sont ce qu’elles supposent, sont pareillement les maris déçus ; que les masques, par les propos qu’ils tiennent aux damoiselles, les dégoûtent de leurs maris, leur mettent la gloire par leurs flatteries, qui est cause que quelquefois il y a de l’âne & de la mule aux femmes ; que les masqués entrent avec nombre de varlets qu’on ne connoît pas, qui font désordre à la cuisine, sur la chambriere & sur les vivres, &c. qu’ils sont embâtonnés, garnis d’épées & de poignards en leurs brayettes, en sorte que la force est devers eux, & les maris ne sont plus maîtres on leur maison, leur disent des paroles outrageantes, & commettent plusieurs autres grands abus.
Jean Gerson dans un de ses Sermons contre la luxure, dit, « Qu’il est très malaisé, à cause de la fragilité des hommes, qu’on danse sans commettre beaucoup de péchés, et que tous les péchés se trouvent et paraissent à leur tour dans le bal. » Gerson in part. 4. serm Dominica tertiæ Advent. […] Ajoutons à tant de témoignages si exprès, et si formels, les sentiments de beaucoup de personnages illustres en piété, qui ont fait des Sermons entiers contre la danse, et qui considèrent de près, et dans la lumière de la vérité, les péchés qui s’y commettent ordinairement, et qui naissent des regards, des attouchements et des entretiens, les condamnent encore, et les détestent comme un divertissement diabolique ; et ne croient point que personne se puisse innocemment exposer au péril qui s’y trouve, quelque chaste et quelque établi qu’il soit dans la mortification des sens.
À quoi il répond, « Certes, nous ne trouvons en aucun lieu, que comme ouvertement il est dit, ‘Tu ne tueras point’, ‘Tu ne seras point Idolâtre’ , ‘ Tu ne commettras point de fraude’ ; il soit dit aussi en termes formels, ‘Tu n’iras point au Théâtre’ etc. […] Et vous savez que de telles choses est fréquente la renommée avec louange, pource que, comme il est écrit, le Pécheur est loué ès désirs de son âme, et celui qui commet des iniquités est béni. […] Car là se voient encore les lieux et habitacles de telles turpitudes, pource qu’auparavant toutes impuretés y ont été commises : Mais ces jeux ne s’y font plus maintenant, pource que la misère du temps et la pauvreté en ôte le moyen. […] Car toujours la faute de celui qui la commet, croît par la dignité de celui qui souffre l’injure : pource qu’il est nécessaire, que tant plus qu’est grande la personne de celui qui est outragé, tant plus grande soit la faute de celui qui le fait. […] Car comme ainsi soit que l’homme commette deux grands maux, ou en se tuant soi-même, ou en offensant Dieu, il fait l’un et l’autre en ces jeux publics.
X pag. 136. observant qu’un Auteur avoit été assez hardi, pour dire qu’un Ecclésiastique pourroit assister aux spectacles, sans commettre un peché mortel, pourvû qu’il fût bien assuré 1°. qu’ils ne lui feroient aucune impression 2°. qu’il n’y auroit aucun scandale. […] &c, la Cour la plus auguste, un Corps entier d’Avocats les plus éclairés, enfin les écrivains les plus célébres du monde Chrétien, font la guerre au bon esprit, & commettent une injustice criante, en condamnant, en infamant, & en excommuniant les Comédiens. […] Ceux, qui de plein gré, se mettent dans l’occasion prochaine de péché, ou qui ne veulent pas la quitter, en sont coupables : « celui qui aime le péril , dit l’Esprit St, y périra ; non seulement dans ce sens, qu’à force de s’y exposer, on y succombe enfin ; mais encore, suivant l’interprétation de l’Eglise & des Saints, en matiere de péché, s’exposer au danger prochain de le commettre, c’est s’en rendre coupable. […] Selon tous les Théologiens, dit ce grand Pape, « on s’expose au danger de commettre les fautes les plus graves, en assistant aux spectacles. […] Ne dites donc pas que vous n’y faites pas de mal, comme si vous n’étiez point coupable du mal, que commettent ceux, qui n’y vont qu’à votre exemple ?
« Il n’y a point, dit-il, de petit péché : le grand péché est toujours celui que nous commettons, parce que c’est celui-là qui nous surmonte, et le petit est celui que nous surmontons »Reg. brev. int. 293.
Vous ne commettrez point d’impureté. […] Que les pères & les mères, les maîtres & maîtresses qui permettent à leurs enfants & domestiques, de se masquer, participent à tous les péchés qu’ils commettent à l’occasion de ce déguisement. 3.