Ce sont ces infamies que représente, ou un Toscan par ses gestes impudiques, ou un comédien à l’aide des habits de femmes, ou un pantomime par les indécences abominables, à quoi il a accoutumé son corps dès son enfance, afin d’en donner aux autres des leçons. […] Croyez-vous de même que Dieu chérisse le comédien, qui se fait raser si soigneusement la barbe ; défigurant par cette infidélité le visage qui lui a été donné ? […] S’il condamne toute sorte d’hypocrisie, fera-t-il grâce à un comédien, qui contrefait sa voix, son âge, son sexe ; qui fait semblant d’être amoureux, ou d’être en colère ; qui répand de fausses larmes, et pousse de faux soupirs. […] Est-il facile d’apprendre les règles de la pudeur, pendant qu’on tient les yeux attachés aux infâmes postures d’un comédien ? […] Il est constant aussi qu’une autre femme vit en songe un singe, le même jour qu’elle était allée entendre un comédien ; et que le nom de ce comédien lui fut souvent répété aux oreilles avec des reproches épouvantables : enfin que cinq jours après cette femme n’était plus en vie.
Ils firent connoissance à Avignon, lorsque ce comédien, fugitif de la maison de son pere, amoureux de quelque actrice, se donna, pour la suivre, à une troupe d’histrions qui rodoient dans les provinces, & dont enfin il devint directeur. […] Mercier, pour lui faire honneur, & se réconcilier avec les comédiens, en célébrant leur père, a exposé ses turpitudes sur le Théatre François, en traduisant la comédie-satyre de Goldoni & Moliere, & même y ajoutant & changeant des scènes, sous le titre de Moliere, drame en cinq actes, imité de Goldoni, par M. […] Il n’eut jamais chez lui d’étranger à demeure, encore moins d’hypocrite ; il n’étoit n’étoit lié qu’à des comédiens, qui n’affectent point la dévotion ; il étoit marié à la Bejard. […] bien digne d’un comédien. […] La servante subornée demande son congé, se repent, reçoit secrettement l’hypocrite, le dupe, lui enleve son manteau, le donne au comédien, lâche le suborneur, & tout cela dans un quart d’heure.
Ce fut sous son regne que les Comédiens Italiens vinrent en France, & s’y établirent. […] Le théatre est un arsenal bien fourni de toute sorre d’armes ; une troupe de Comédiens est une armée des plus lestes & des mieux aguerries, chaque représentation est une bataille où de part & d’autre tout est défait, tout tombe sous les coups du péché. […] à moins que ce ne soit un Comédien peu délicat sur la décence qui se laisse prendre à cet appât, ou quelqu’un de ces maris de commande qui font le dénouement de la comédie. […] Un Comédien qui veut faire un commerce infame de sa femme, une Actrice qui ne rougit pas de s’y prêter. […] Quelques Comédiens peuvent vouloir perdre de bonne heure leurs enfans, quelques mondaines, éleves du théatre, peuvent donner une mauvaise éducation ; mais rarement les parens font une loi de la grande parure ; soit modestie, soit économie, l’excès, l’affectation ne viennent guere que de la jeunesse.
Le génie sinistre qui semble diriger les opérations et fixer le goût de ce siècle, a imaginé de substituer des enfans aux comédiens, et de ne plus se servir de ceux-ci que comme d’instituteurs et de curateurs de ces jeunes baladins, qui parfaitement modelés sur le ton et les talens mimiques des anciens, ajouteroient aux attraits ordinaires des spectacles la candeur et l’intéressante naïveté de la jeunesse. […] On verroit des familles respectables rougir de l’opprobre que la contagion du théâtre a répandu dans leur sein ; des enfans élevés dans les leçons de la vertu, perdre tout sentiment du devoir pour fournir à l’entretien d’une comédienne, dissiper la fortune de leurs pères, usurper l’héritage de leurs frères, se jouer de la confiance publique et envahir la possession de l’Etat13, porter par une société toujours funeste avec les histrions, dans l’enceinte d’une maison vertueuse et paisible tous les effets du vice et de la plus incorrigible licence. […] Quelle justesse de rapports avec ces qualités n’a pas la vie de comédien, qu’une farce suffit pour enrichir ; dont le travail le plus pénible se réduit à quelques récits d’amours ou de fureurs, et dont les mœurs ne se font remarquer, que lorsqu’elles tiennent encore quelque chose de la décence ! […] N’est-il pas d’une impossibilité manifeste, que les vices et les passions des hommes qui ne cèdent qu’avec peine aux impulsions de la conscience et de l’honneur, s’évanouissent à la voix d’un comédien ? […] Voyez dans un ouvrage intitulé : Réflexions sur les théâtres, Populence et la considération des comédiens 1777, les gains énormes des anciens baladins.
A leur tour les Comédiens à l’Église pendant la célébration du mariage, exciteroient la plus juste indignation, par la profanation la plus criante. Non, le divorce est sans retour, la guerre est immortelle, la scène & la religion, le Chrétien & le Comédien, l’homme de bien & l’amateur, sont aussi éloignés que le ciel l’est de la terre. […] Sans doute que si on juge de tout le reste par les Comédiens & les amateurs, on auroit de la peine à dire avec Boileau (Sat. des Femmes) : Il en est jusqu’à trois que je pourrois compter. […] A peine dans ce monde comédien, qui s’appelle le beau monde, la bonne compagnie, voit-on deux mariages où l’union règne. […] Si le théatre n’est pas fait pour inspirer la vertu (quel aveu dans un Comédien auteur & acteur !)
exhorter les Princes & les Magistrats à chasser les Comédiens, les Baladins, les Joueurs de Farces & autres pestes publiques, comme gens perdus & corrupteurs des bonnes mœurs, Conc.
Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de comédiens, qui n’ont point de règle que celles de leur profit et du plaisir des spectateurs ? […] Il admoneste les Princes et les Magistrats de chasser les comédiens, les baladins, les joueurs de farce, et autres pestes publiques, comme gens perdus et corrupteurs des bonnes mœurs, et de punir ceux qui les logent dans les hôtelleries. » Je ne finirais jamais si je voulais rapporter tous les titres, dont il les note.