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343. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Le Mathan d’Athalie, le Héros du Festin de Pierre, les considens, les valets de toutes les intrigues amoureuses ; quel chrétien peut se faire un jeu du plus grand des maux, qui doit faire couler les larmes les plus ameres ? […] le Bateux, qu’autant qu’il imite la belle nature, le tableau des saletés humaines, fût-il parfait, est dégoutant pour un bon cœur chrétien ; le tableau des crimes est odieux & révoltant, au lieu d’en rire, il faut pleurer sur le malheur de ses semblables. Le plaisir d’un pareil spectacle est inhumain & impie, les chrétiens, dit Minutius Felix, ne se plaisent point aux combats des gladiateurs, ne vont point à la comédie, ne se trouvent point au fêtes prophanes, ne se parfument point, ne se couronnent point de fleurs, & c. Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] C’est au contraire à la douceur, à la charité, à la compassion, qu’il faut exciter les hommes, & les accoutumer aux actions bonnes & chrétiennes.

344. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

Cet arlequin avoit d’ailleurs du mérite, des connoissances, des sentimens : il se plaignoit que Dieu l’eut fait naître pour être fou malgré lui Italien plutôt que Français, comédien & non pas philosophe : il ne vouloit pas voir qu’il ne tenoit qu’à lui de tout reparer en quittant le théatre, & menant une vie chrétienne. […] ô Caton vous étiez pourtant des idolâtres, & nous sommes chrétiens ! […] La Loi chrétienne ne leur interdit que le ministere Sacerdotal, qu’elles ne voudroient, ni ne pourroient remplir ; encore les en approchet il, par l’ordre des Diaconesses, & par l’état réligieux, & il en souffre comme à Fonterraut, à Jouarre, qui gouvernent des hommes ; il leur laisse le gouvernement des Etats, la guerre, le commerce, les sciences, où quelques-unes se sont signalées, & dont leur foiblesse, leur goût, leur frivolité, leurs infirmités, leurs occupations les éloignent : elles auroient tort de s’en plaindre, elles seules s’en excluent, & avec raison. […] Voltaire n’est ni Medecin, ni Géographe ; au moins devroit il être Chrétien & raisonnable. […] Les apologistes qui concluent de l’un à l’autre, ne font qu’un vain sophisme, dont un esprit raisonnable ne se dissimulera point le faux, & un vrai chrétien craindra toujours le poison.

345. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Il est vrai qu’il se borne aux vertus morales, il n’y mêle aucune vertu chrétienne. Ces vertus chrétiennes sont étrangeres au théatre. […] Avec de tels guides on vit, on meurt en Philosophe, mais non pas en Chrétien ; on espere l’anéantissement, on ne compte pas plus sur la gloire éternelle, aussi n’y prétend-on rien. […] Ce ne sera jamais ni un bon Chrétien, ni un homme de génie, ni un habile orateur, qui admireront la morale, le sublime & l’éloquence de Moliere, dont le vrai caractere renferme les trois défauts opposés. […] Je ne sais pourquoi cette piece est mise sur le compte d’un Religieux du pays, dont on fait un portrait hideux, car dans aucun pays du monde, ni Bonzes, ni Brames, ni Faquirs, ni Derviches, ni Calendas, ni Religieux Chrétiens n’ont formé de troupe de Comédiens qui allassent jouer de ville en ville.

346. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Il est donc parmi les hommes, il est parmi les Chrétiens, des métiers établis pour corrompre, comme il y a des métiers pour apprendre à tuer, des breteurs, par exemple, des ouvriers en artillerie & en poudre à canon : une toilette est une salle d’armes où l’on s’escrime avec le miroir. […] Une femme chrétienne peut-elle se résoudre à le favoriser ? […] Ce foible moyen, plus payen que chrétien, de ménager un établissement, ne réussit, ni du côté de Dieu, on l’offense ; ni dans le monde, on s’y décrie ; ni dans l’esprit d’un amant, on s’y rend suspect. […] Un mari sage & chrétien, affligé de l’immodestie de sa femme, est trop intéressé à son honneur & à sa vertu, pour vouloir qu’elle se décrie chez les gens de bien par les apparences du vice, & qu’elle s’y expose elle-même en l’inspirant. […] la frivolité, la vanité, l’immodestie, une payenne, non une Chrétienne.

347. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

Le saint Evêque d’Apamée Thomas étant auprès de Cosroès, Roi de Perse, vainqueur et persécuteur, pour le solliciter en faveur des Chrétiens, voulut bien se trouver avec lui à une course de chevaux : exercice sans doute bien moins dangereux que le théâtre, et dans une occasion unique, où l’Eglise avait intérêt de ménager un Prince impérieux et cruel. […] Bernard mit son talent à profit dans sa jeunesse, en jouant des comédies chez lui, et chez le Duc de Bellegarde son protecteur, qui s’en amusait beaucoup ; mais dès qu’il fut converti, son premier soin fut de renoncer au théâtre et au malheureux talent de contrefaire les gens, aussi opposé à la charité chrétienne qu’à la politesse et à la décence, d’où il ne peut revenir que du mal, et il exhortait tous ceux qui s’adressaient à lui de fuir ces dangereux spectacles. […] Je ne sache aucun endroit où il faille le leur interdire : plus réguliers en ce point que les Chrétiens, ils n’y vont point du tout.

348. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Mais sans remonter aux premiers siècles de l’Eglise, où les Basile et les Chrysostome parlaient aux Grands de leur temps avec tant de courage et de zèle, on n’a qu’à ouvrir les sermons de Bourdaloue, de la Rue, de Massillon, et en particulier le petit carême de ce dernier, pour se convaincre que la religion et la vertu n’ont aucun besoin du théâtre pour annoncer la vérité aux Grands, que les Orateurs Chrétiens le font avec plus d’autorité, de liberté et de fruit que tous les Corneille et les Racine du monde. […] Les premiers Empereurs Chrétiens, Constantin et ses enfants, en bannirent toutes les infamies que le paganisme y avait souvent tolérées, et le mirent sur le pied où nous le voyons, peut-être même fut-il plus régulier qu’il ne l’est aujourd’hui. […] Pour imiter les Chrétiens, qui s’abstenaient du théâtre, il défendit à ses Prêtres d’y aller.

349. (1731) Discours sur la comédie « PREMIER DISCOURS SUR LA LETTRE DU THEOLOGIEN DEFENSEUR DE LA COMEDIE » pp. 2-32

2°, Que les Religieux et les personnes constituées en dignité Ecclésiastique ne pouvant aller à la Comédie sans scandale, cela suppose même que le monde croit qu’elle ne peut s’accorder avec les maximes et la sainteté de la Religion Chrétienne, et qu’ainsi les notions communes s’accordent avec les saints Canons. […] Canon VI. et plusieurs autres Conciles ont fait les mêmes défenses30, et ils n’ont fait en cela que renouveler les Lois des Empereurs Chrétiens, qui disaient avec tant de religion et de justesse à ceux qui demandaient des spectacles les jours de Fête, « aliud supplicationum noverint tempus, aliud voluptatum ». […] » Rien n’est plus poétique ni plus chrétien, que la peinture que M.

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