/ 291
11. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

En effet, le personnage de Créon, à la place de Philoctète, donne à la Tragédie d’Œdipe un grand relief, et du côté de l’intérêt, et du côté du caractère d’Œdipe. Sophocle a rendu Œdipe presque odieux par son orgueil, et par les injustes traitements qu’il fait à Créon ; ce qui contribue infiniment à donner à Œdipe un caractère. […] La Vestale ne doit point avoir d’amour pour Géta ; et ce petit changement produira un caractère vertueux et grand, qui fera un contraste admirable avec le caractère odieux de Caracalla. […] De ces deux faux caractères, il résulte deux fautes considérables. […] Si quelqu’un essayait d’en faire l’expérience ; en ôtant Iphise de l’action, et en remettant les deux caractères dans le point de vue où ils doivent être, on ferait de Pénélope une Tragédie supportable pour le Théâtre de la Réformation.

12. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

Il met en Scène un caractère odieux « qui fait rire »cq , me direz-vous : sans doute ; mais il faut distinguer. Ce n’est sûrement pas ce qu’il y a d’odieux dans le caractère qui fait rire, mais c’est le comique des situations dans lesquelles les personnages se trouvent. […] Êtes-vous sorti avec la disposition de vous choisir une épouse de ce caractère ? […] « La force du caractère voulait qu’[Alceste] dît brusquement [à Oronte], « Votre Sonnet ne vaut rien […]. »dl Point du tout ; la force du caractère ne voulait point cela. Les « je ne dis pas cela »dm répétés sont le coup de pinceau que la force du caractère exigeait, et décèlent le grand maître.

13. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. Des différens genres qu’embrasse le nouveau Théâtre. » pp. 14-20

Les autres Théâtres conservent davantage un caractère distinctif. […] Le haut comique, où l’on voit un caractère relevé, tels que le Misantrope, le Dissipateur ; & le comique ordinaire, qui peint en se jouant les moindres ridicules, tels que le Malade imaginaire, Turcaret ? […] Il est vrai que la Comédie nous offre aussi des Drames tout-à-fait enjouées, & d’autres qui sont plus graves ; mais encore une fois, le fond de ses Poèmes ne perd jamais le caractère propre à la Comédie. […] Celui qui ne contient que des Ariettes, dont le sujet est extrêmement gai, dans lequel il y a plus d’action que de paroles, & qui offre une intrigue basse, ainsi que des caractères communs ; doit être appellé Opéra-Bouffon.

14. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Car c’est un fait que les choses se passent ainsi sur notre Théâtre : j’en commence la preuve par les exemples des premiers caractères. […] Le Poète n’était pas assez injuste pour consentir que le caractère plaisant de Falstaff entrât en compensation de sa méchanceté. […] Voilà un caractère d’homme judicieusement formé ! […] On sacrifie ainsi le caractère d’un Officier de guerre à un misérable jeu de mots. […] ce qu’il y a de surprenant, c’est que Don Carlos y ait la meilleure part ; quoique ce soit un caractère d’homme de bon sens.

15. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Ce n’est pas seulement le ridicule que peut avoir l’homme qu’ils se contentent de découvrir ; c’est surtout le caractère dont il est revêtu qu’ils s’efforcent de diffamer. […] Et puis, il est attentif à sauver l’honneur de l’un et de l’autre caractère. […] Se moquer donc d’un Prêtre, et encore plus de son caractère, quel crime n’est-ce point ? […] Ce caractère serait-il déchu du droit qu’il eut autrefois à l’estime des hommes ? […] De plus, pourquoi s’en prendre à tout le Corps et au caractère sacré ?

16. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — article » pp. 419-420

Le monde est l’Ecole d’un Comédien ; théâtre immense, où toutes les passions, tous les états, tous les caractères sont en jeu. […] Il n’en est pas de même du bon esprit ; c’est par lui seul que le talent du bon Acteur s’étend & se plie à différens caractères : celui qui n’a que du sentiment ne joue bien que son propre rôle ; celui qui joint à l’âme, l’intelligence, l’imaginatien & l’étude, s’affecte & se pénètre de tous les caractères qu’il doit imiter ; jamais le même, & toujours ressemblant : ainsi l’âme, l’imagination, l’intelligence & l’étude doivent concourir à former un excellent Comédien.

17. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

Outre ces mœurs générales, chaque homme a ses mœurs propres, son caractère particulier. […] Force, élévation, grandeur, caractères, tout est réuni dans ce chef-d’œuvre. […] C’eût été manquer son caractère, que de lui en ôter un seul. […] Le caractère de Roxane est d’une grande force. […] Quelle diversité de caractères !

/ 291