De là, peut-être, sont venus tous le contes de sabbats, des sorciers, des diables assemblés des revenans, une imagination échauffée est capable de toute sorte d’horreurs & de folies.
L’ancienne tragédie eût dû abandonner ses Dieux & ses oracles ; ils faisoient regner une superstition & une terreur capables d’infecter le genre humain de mille erreurs, & de l’affliger de mille maux.
Malheureusement cet agent capable de produire des effets si grands & si avantageux, est au-dessus de toutes les forces humaines ; ce serait celui qu’emploierait un Dieu : le moyen de corriger les mœurs par les Loix & par le Théâtre, est le seul qui reste à des hommes ; quelqu’imparfait qu’il soit, mettons-le en usage, après avoir détruit tous les abus ; châtions le Drame, puisqu’il le faut, mais appliquons-nous d’abord à desinconvénienter la Représentation.
Nous reprendrons même, si vous voulez, ce sujet, à présent que les choses plus importantes sont examinées ; &, dans l’espoir que vous ne me dénoncerez pas à ces dangereux ennemis, je vous avouerai que je regarde tous les Auteurs dramatiques, comme les corrupteurs du peuple, ou de quiconque, se laissant amuser par leurs images, n’est pas capable de les considérer sous leur vrai point de vue, ni de donner à ces fables le correctif dont elles ont besoin.
Mensonges si noirs, si vilains, et si éhontés, que j’estime que le démon qui les a inventés, en aurait rougi s’il était capable de honte.
ce qui Nous a été représenté par le Procureur du Roi, Que Sa Majesté n’ayant pas voulu favoriser seulement l’Académie de Musique, et lui donner les moyens d’augmenter par de nouveaux progrès la satisfaction que le Public en a reçu depuis son établissement ; mais ayant encore voulu en l’établissant dans une de ses Maisons Royales, pourvoir en même temps à la commodité de ses représentations, et à la sûreté de ceux qui pourraient s’y trouver, il était important que le Public en fût informé, et des ordres précis qu’il a plu à Sa Majesté de Nous donner pour cet effet ; quoi qu’après les défenses générales qui ont été faites de troubler les spectacles et les divertissements publics, sous des peines rigoureuses, il semble que personne ne puisse douter à plus forte raison de la sévérité des châtiments où s’exposeraient ceux qui seraient capables de manquer de respect, ou qui pourraient commettre quelque violence dans le lieu où il a plu au Roi de faire établir cette Académie.
Peu de gens, dit-il, sont capables de se garantir du poison des fictions galantes ; on doit donc bannir les Comédiens, comme des empoisonneurs publics.