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8. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. Que le Musicien doit seconder le Poète, & que le Poète doit s’entendre avec le Musicien. » pp. 292-296

Sa Pièce du Devin de Village doit nous faire toujours désirer qu’un Poème-Lyrique n’ait besoin que d’un seul Auteur : où trouvera-t-on un rapport plus parfait, une harmonie plus complette entre les paroles & le chant ? […] Le besoin mutuel qu’ils ont de l’assemblage de leurs divers talens, devrait les contraindre à se chérir ou à s’accorder. […] Le Compositeur, de son côté, doit se lier intimement au Poète ; il a souvent besoin de lui dans le cours de son travail, soit pour entrer davantage dans son idée, soit pour faire retoucher les endroits dont il n’est pas content, parce qu’ils ne se prêtent point à la manière dont il voudrait les moduler.

9. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre V. De la Musique ancienne & moderne, & des chœurs. De la Musique récitative & à plusieurs parties. » pp. 80-93

Ces imaginations consommées par un feu si actif, ont besoin de repos & de nouvelles forces. […] Si l’on y en prêtoit point, son attention étoit trop dissipée par la longueur du chant, & lorsqu’un autre acte commençoit, il avoit besoin d’un effort de mémoire, pour rappeler en son imagination ce qu’il avoit déjà vu, & en quel point l’action étoit demeurée. » En portant aux décisions de ce grand homme, tout le respect qui leur est dû, nous seroit-il permis d’approfondir ses raisonnemens ? […] Dans la seconde supposition, l’attention est trop dissipée par la longueur du chant ; on a besoin d’un effort de mémoire pour se mettre ou l’acte précédent a laissé. 1°. […] L’esprit de l’auditeur se relâche durant qu’ils jouent, & réfléchit même sur ce qu’il a vu, pour le louer ou pour le blâmer, suivant qu’il lui a plu ou déplu ; & le peu qu’on les laisse jouer, lui en laisse les idées si récentes, que, quand les Acteurs reviennent, il n’a pas besoin de se faire d’effort pour rappeller & renouer son attention. » De quoi nous occupent nos violons ?

10. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Comme le besoin que nous avons de manger, ne nous permet pas d’user de viandes qui nous nuisent ; le besoin que nous avons de délasser notre esprit, ne nous permet pas non plus de prendre des divertissemens dommageables à notre ame, & qui nous rendent moins propres que nous n’étions, à continuer nos saints exercices. […] Le besoin qu’on a de divertissement, est moins grand qu’on ne croit ; & souvent il consiste plus en une nécessité imaginaire, qu’en une nécessité réelle. Ceux qui se sont occupez à des ouvrages exterieurs, n’ont pas besoin de divertissemens pour réparer leurs forces, ils ont besoin seulement de cesser leur travail pendant un temps. Ceux qui se sont employez à des occupations d’esprit pénibles, n’ont besoin non plus que de se desappliquer, & de se recueillir, & non pas de s’engager dans des divertissemens qui fatiguent plus qu’ils ne délassent.

11. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Le besoin de distraction n’est pas aussi nécessaire à l’homme qu’on se l’imagine communément ; c’est bien moins une loi de la nécessité que le résultat de l’empire de l’habitude et de l’imagination. Les hommes de peine, employés à des travaux rudes et journaliers, ne sentent d’autre besoin que celui du repos. Ceux qui se livrent aux travaux de l’esprit ont besoin de relâcher la tension de leurs facultés intellectuelles ; mais, pour se dissiper, ils n’ont nullement besoin de se distraire par des lectures ou des spectacles qui absorbent leur attention. C’est se moquer étrangement que de soutenir qu’il est nécessaire, pour se délasser et se distraire, d’assister à un spectacle de trois heures et de se remplir l’esprit d’extravagances ; ceux qui sentent de semblables besoins doivent considérer cette disposition, non comme l’effet d’une faiblesse naturelle, mais comme un vice de l’habitude, qu’il est instant de corriger en y appliquant le remède d’une occupation sérieuse. […] Elles suffiront pour remplir nos cœurs, pour occuper notre temps, et ne laisseront, au-dedans de nous, aucun besoin de ces plaisirs frivoles et funestes.

12. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « V. » pp. 23-26

Le besoin d’aimer Dieu passa pour nouveauté. […] Est-ce que feu M. le Cardinal Grimaldi les avait laissé périr l’une et l’autre, et qu’elles ont besoin de refleurir sous votre Héros ?

13. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

On annonce que l’Ouvrage est fait pour tous les Citoyens qui en ont besoin si souvent, sur-tout dans ces tems de nuage & d’obscurité, que les contestations du Clergé élevent fréquemment contre la liberté du Citoyen fidéle,, en le rendant esclave d’une domination arbitraire . […] Que ledit François-Charles Huerne de la Mothe, sera & demeurera rayé du Tableau des Avocats, étant au Greffe de la Cour, en date du neuf Mai dernier, & que l’Arrêt qui interviendra sur leurs présentes Conclusions, sera imprimé, lû, publié & affiché par-tout où besoin sera. Eux retirés ; Examen fait dudit Imprimé, la matiere sur ce mise en délibération : LA COUR, ordonne que le Livre en question sera lacéré & brûlé par l’Exécuteur de la Haute Justice, au pied du grand Escalier du Palais ; fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, Colporteurs ou autres, de l’imprimer, vendre, colporter ou autrement distribuer, à peine de punition exemplaire : ordonne en outre que ledit François-Charles Huerne de la Mothe sera & demeurera rayé du Tableau des Avocats, étant au Creffe de la Cour, en date du neuf Mai dernier ; comme aussi ordonne que le présent Arrêt sera imprimé, lû, publié & affiché par-tout où besoin sera.

14. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Mes compatriotes n’ont pas besoin de mes conseils, je le sais bien ; mais moi, j’ai besoin de m’honorer, en montrant que je pense comme eux sur nos maximes. […] J’étais malade et triste ; et, quoique j’eusse grand besoin de distraction, je me sentais si peu en état de penser et d’écrire que, si l’idée d’un devoir à remplir ne m’eût soutenu, j’aurais jeté cent fois mon papier au feu.

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