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52. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Saint Jerome au milieu de la Terre Sainte, où tout inspira de la pieté, sentit toute la peine du monde pour se recueillir ; & il avoue lui même, que l’importune imagination emporta souvent son esprit au milieu des divertissemens de Rome : & cette personne, plus heureuse que saint Jerome, ne souffre rien, quoi qu’elle se trouve présente à ce dangereux divertissement : quand elle veut prier le soir, elle sçait faire revénir, & se fixer l’imagination pour l’attacher à Dieu, laquelle n’étoit occupée, il y a peu d’heures, que de tout ce qui flattoit les sens. […] Cette decision de saint Paul peut servir de resolution au doute, que Madame *** proposa : car je veux pour un moment, que la Comedie dont je parle, soit comtée entre les choses indifferentes, ou qu’elle passe pour telle à l’égard des personnes, qui ne courent aucun danger d’y commettre le peché : je veux même, pour pousser le parallele plus loin, que la Comedie soit pour des ames, qui ont une vertu à l’épreuve, ce que les viandes immolées aux Idoles étoient pour ceux qui étoient instruits de la liberté des enfans de l’Eglise : mais on m’avouera, comme les Corinthiens, quand ils donnerent occasion aux autres, qui n’étoient pas si bien instruits, devinrent coupables du scandale qu’ils leur donnoient ; que ceux-ci, quand par leur exemple ils authorisent les autres, qui n’ont pas la même force, ni une vertu qui se peut exposer au danger de commettre le peché, sont aussi responsables de tout le mal, que les foibles y feront. […] Aussi-je dois vous avouer, que cette Fille de condition, qui survint, quand vous étiez chez nôtre cher Ami, me fait pitié. […] Je sçai, qu’elle ne m’avouera pas cela : mais qu’elle fasse un peu de reflexion sur son portrait, que je vai tracer ici, & le parallele que je ferai de sa vie, & des maximes de l’Evangile.

53. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Ses paroles et ses grimaces témoignent également sa colère et l’envie qu’elle a de sortir d’un lieu où elle avoue franchement « qu’elle ne peut plus demeurer, voyant la manière de vie qu’on y mène ». […] Le Père lui dit qu’elle ne craigne point d’avouer ce qu’elle pense, et qu’elle dise hardiment, ce qu’aussi bien il devine aisément, que « les mérites de Monsieur Panulphe l’ont touchée, et qu’enfin elle l’aime ». […] La Dame avoue la vérité de ce qu’il dit, mais en le blâmant de le dire. […] Je ne feins pas de vous avouer, que ce sentiment me paraît un des plus considérables effets de la corruption du siècle où nous vivons : c’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Ecoles et dans les Eglises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent ; et que comme si on se défiait de leur force et de leur autorité, on n’ose les commettre où elles peuvent rencontrer leurs ennemis. […] Voilà, Monsieur, la preuve de ma réflexion ; ce n’est pas à moi à juger si elle est bonne, mais je sais bien que si elle l’est, l’importance en est sans doute extrême ; et s’il faut estimer les remèdes d’autant plus que les maladies sont incurables, vous m’avouerez que cette Comédie est une excellente chose à cet égard, puisque tous les autres efforts qui se font contre la galanterie, sont absolument vains.

54. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Saint Augustin avant sa conversion declama si adroitement à Cartage contre le Cirque, que son cher Alipe s’en degoûta ; & lorsque ce Saint éclairé de la veritable sagesse, qui est la sagesse de l’Evangile, écrivit les livres de ses Confessions, il s’y crût obligé de rendre gloire à la misericorde divine, & d’avouer, que cette horreur pour les spectacles, qu’il avoit autrefois inspiré à son ami, en fût un témoignage, Les jeux donc du Cirque, qui nous paroissent innocens, furent detestés par les Peres, non pas pour les dissolutions, qui s’y meloient, comme ou nous le veut faire accroire ; Clem. 3. […] Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée.

55. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Après tout j’avouerai sans peine, qu’après s’être longtemps élevé contre les spectacles, et en particulier contre le théâtre, il vint un temps dans l’église qu’on espéra de le pouvoir réduire à quelque chose d’honnête ou de supportable, et par là d’apporter quelque remède à la manie du peuple envers ces dangereux amusements. […] Ceux qui avaient espéré de lui trouver des approbations, ont pu voir que la clameur qui s’est élevée contre la dissertation, et par la censure qu’elle a attirée à ceux qui ont avoué qu’ils en avaient suivi quelques sentiments, combien l’église est éloignée de les supporter : et c’est encore une preuve contre cette scandaleuse dissertation, qu’encore qu’on l’attribue à un théologien, on ne lui ait pu donner des théologiens, mais de seuls poètes comiques pour approbateurs, ni la faire paraître autrement qu’à la tête, et à la faveur des comédies.

56. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Douzième Lettre. De madame d’Alzan. » pp. 250-253

Faut-il vous avouer qu’hier, j’allai chez ma Rivale ?

57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Il faut avouer que c’est un secret que personne n’enviait jadis ; on ne pouvait pas même soupçonner qu’on désirat un jour de le trouver. […] Si nous n’allons pas par les rues en chantant à haute voix, avouons qu’il ne nous manque qu’un dégré de chaleur, & que nous n’en sommes guères plus sensés. […] Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre.

58. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Représentez-vous d’un côté le Calvaire, et de l’autre le Théâtre, et vous avouerez qu’il n’y a personne qui puisse assembler l’amour de l’un et de l’autre « Hinc vel maxime intelligunt Ethnici factum Christianum de repudio spectaculorum. […] Lisez tout ce que Salomon prononce d’une débauchée, et le soin qu’on doit avoir d’en éviter la présence, et vous serez très persuadé qu’il faut faire le même jugement d’une Comédienne : car encore qu’il y en ait peut-être quelqu’une qui ne soit pas tombée dans la dernière extrémité du vice ; il faut pourtant avouer que faisant profession d’en avoir tout l’extérieur, elle n’est pas moins à craindre. […] Si vous voulez faire réflexion sur le livre de Tertullien, vous m’avouerez qu’il suffirait de le transcrire et de le traduire, sans y rien ajouter, pour former la bouche à tous ceux qui trouvent mauvais qu’on blâme le Bal et la Comédie, et qui soutiennent qu’on y peut aller sans intéresserk l’innocence et la piété.

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