Les prémiers Pasteurs inventèrent dans leur heureuse oisiveté l’astronomie & l’art d’arranger des mots, de manière qu’il en résultat une cadence harmonieuse ; c’est ce que nous appellons Poèsie ou Vers. […] Les Romains la trouvèrent dans cet état, & l’y laissèrent : selon les apparences, tout le mérite de ces peuples guerriers était de conquérir des Royaumes, & de copier les arts des Nations qu’ils subjugaient : sans Homère aurions-nous Virgile ; & Cicéron sans Démosthène ? […] Le Musicien pousserait son art jusques au dernier point de la perfection, s’il fesait en sorte que les accords des instrumens imitassent les sons champêtres que les Bergers tirent des leurs : c’est la seule imitation que la musique-Pastorale puisse se permettre. […] Il serait beau que nous apprissions à l’Italie, qui se flatte d’être au-dessus de nous par sa musique, que l’art qu’elle chérit tant, pouvait être embelli par les Français. […] L’art agréable qu’ils pratiquent ferait un nouveau progrès, auquel personne ne s’attend.
aventures de leurs Dieux ; quelques vieilles Fables, ou quelques Moralités, et le faisaient avec tant d'art, que leurs actions, leurs postures et leurs gestes expliquaient comme au naturel le sens des paroles. […] C'est pourquoi Lucian écrit que la danse est une science de contrefaire toutes choses, un art d'imitation, qui dépeint tout par les gestes, en sorte que le Spectateur puisse entendre celui qui danse, encore qu'il ne parle point. […] Scéniques, ayant quelque indignation de voir les pratiques de cet art de mal faire autorisé par les Lois. […] , c'est-à-dire Farceurs, Bateleurs et Bouffons, monstres de la nature ou de la morale, capables de donner quelque impertinent plaisir à la plus vile populace ; Et ce sont là véritablement ceux que l'on nommait Histrions, Scéniques ou Scénatiques, gens de scène ou de Théâtre, pratiquant l'art de jouer, bouffonner, et faire montre de leurs corps, par des postures insolentes, et par de ridicules plaisanteries. […] Plutarque n'est pas entièrement de cet avis sur l'origine de ce nom ; car il dit que celui qui le donna premièrement fut le Chef de ceux que les Tyrrhéniens envoyèrent lors à Rome, nommé Ister, dont l'excellence communiqua son nom à tous ceux qui s'adonnèrent à l'exercice de son art ; Mais Tite-Live est plus croyable en l'Histoire de son pays.
L’art de la Navigation leur était familier ; la Boussole les guidait dans leurs voyages plutôt que les étoiles. […] Ils possédaient des secrets curieux qu’ils employaient dans les Arts utiles & agréables. […] Cet ouvrage dévoilerait à nos yeux l’industrie de leurs Artisans, la Mécanique de leurs Arts, il nous apprendrait même jusqu’à la manière dont ils se papillotaient 14.
Malheureusement le clergé catholique, dans ces temps d’ignorance et de fanatisme, se compromettait en exerçant la profession d’acteur, ou, si on veut, l’art du comédien : et cet art se trouvait avili même par les pèlerins et les confrères de la passion, qui, indépendamment de leurs comédies pieuses, y joignaient des farces obscènes. […] Il est en effet incontestable qu’à Rome, et dans tous les états d’Italie, l’art théâtral y est autorisé, protégé, salarié et honoré.
Art de cette Actrice, a, 26. […] Utilité des Sciences & des Arts, 80. […] Art de la danse, 450. […] Art de l’élocution, 40. […] Son jugement sur l’Art dramatique de M.
Ce qui fait la difficulté, c’est que Saint Thomas dans ce même article se fait une objection qui est la troisième en ordre, où, pour montrer qu’il ne peut y avoir d’excès dans les jeux, il propose l’art « des baladins », histrionum, « histrions », comme le traduisent quelques-uns de nos auteurs, qui ne trouvent point dans notre langue de terme assez propre pour exprimer ce mot latin ; n’étant pas même certain qu’il faille entendre par là les comédiens. Quoi qu’il en soit, Saint Thomas s’objecte à lui-même, que dans cet art, quel qu’il soit et de quelque façon qu’on le tourne, on est dans l’excès du jeu, c’est-à-dire du divertissement, puisqu’on y passe la vie, et néanmoins la profession n’en est pas blâmable.
Serait-il possible que Paris, le séjour des Arts & des Lettres, où règnent tout à la fois le faste & le goût, se fut rendu l’admirateur d’un Spectacle ridicule ? […] Il faut un grand art pour savoir contenter les différens goûts. […] « Le mauvais goût l’a seul produit, continue la satire outrée ; s’il est l’enfant des beaux Arts & des Lettres brillantes de gloire, pourquoi n’est-il pas né dans le siécle de Louis XIV ? […] Il semble que d’Aubignac ait prophétisé ce qui se passerait de nos jours lorsqu’il dit ; « La Comédie est demeurée parmi nous, non-seulement dans la bassesse, mais dans l’ignorance ; car elle s’est changée en cette farce, ou impertinente bouffonnerie, que nos Théâtres ont souffert ensuite du Poême Dramatique, sans art, sans partie, sans raison10. » Le nouveau Spectacle pourrait-il mieux être défini ? […] A présent que la balance est établie dans l’Europe & dans presque tout l’Univers, les Arts & les Lettres ne pouvaient être détruits que par le mauvais goût.