En voici un autre de l’Art d’aimer du Sieur Bernard. […] Dans la notice que le Sieur Pingeron donne de la personne & des ouvrages d’Ignace Jones, qui bâtit le palais de Wittehal, le palais des festins, où l’on donne à manger aux ambassadeurs & aux princes étrangers ; l’auteur dit que l’infortuné Charles I étoit un homme de plaisir, qui tenoit à Wittehal une cour brillante, que tous les arts agréables concouroient à embellir les fêtes nombreuses qu’il y donnoit. […] La corruption du cœur aveugle l’esprit & fait oublier les regles de l’art comme les loix de la vertu.
Mais qu’ils prennent une idée plus juste de leur art, & ils trouveront encore abondamment de quoi exercer leurs plumes, quelque laborieux qu’ils soient.
Faire tourner la tête à un homme par le charme de l’amour, ç’a été de tout temps l’art trop naturel des femmes, qui ont même quelquefois ce malheur contre leurs propres intentions ; mais qu’elles entreprennent de lui brouiller la cervelle le verre à la main ; je ne l’avais pas ouï dire depuis le bon homme Loth qui y fut vilainement attrapéd : moins coupable cependant en un sens, que ne sont ceux qui feignent de l’être pour se divertir des mauvaises suites.
Vous qui savez si bien réunir dans une même personne deux caractères si opposés, comment n’avez-vous pas senti que Joseph rapporte cet amour vivement, mais simplement, pour ne pas déroger à son caractère d’Historien ; au lieu que si Joseph avec tout l’artifice que fournit cet art, où vous vous êtes rendu si célèbre ; s’il venait, dis-je, avec toutes les richesses de la Poésie peindre les transports d’un mari passionné pour sa femme, quoique cette maladie ne règne guère en France, je ne doute pas qu’il n’y eût des maris assez sensibles pour s’attendrir à cette chaste représentation : la question est de savoir si le fruit en reviendrait à leurs épouses légitimes.
Oui : car l’on voit que tout ce qui se représente pour l’ordinaire en tels Jeux, sont des pièces d’amour déshonnête qui paraît avec la plus grande effronterie qui se puisse imaginer, et se débite avec tant d’art et d’adresse affectée, qu’il ne fait pas peu d’impression sur l’esprit des spectateurs, et dont ils peuvent retenir de très pernicieux exemples.
Art.
C’est lui qui nous apprit l’Art de le tourner avec élégance, d’y joindre l’esprit à la malignité.