Le Fils de Dieu étant venu en ce monde pour y apporter le feu céleste de l’amour de Dieu, comme il dit à l’Evangile ; l’esprit malin qui est un singe et son ennemi mortel, s’étudie aussi de son côté, et s’efforce de tout son possible, d’allumer dans le cœur des hommes, le feu infernal de l’amour sensuel et déshonnête.
Représentez-vous d’un côté le Calvaire, et de l’autre le Théâtre, et vous avouerez qu’il n’y a personne qui puisse assembler l’amour de l’un et de l’autre « Hinc vel maxime intelligunt Ethnici factum Christianum de repudio spectaculorum. […] Homme une licence pour tout le monde d’aller à la Comédie, encore qu’il ne la donne qu’à ceux-là seulement qui ne peuvent résister à une puissance Souveraine qui les y mène : qu’il n’use de cette condescendance que pour des personnes dévotes, qui comme des flambeaux bien allumés, dont la flamme croît par le souffle des vents, redoublent les ardeurs de l’amour sacré qu’ils ont dans le cœur au milieu des tentations. […] S’il faut montrer de l’amour, ou de la haine : de l’espérance ou du désespoir : de la joie, ou de la tristesse : ils recueillent ce qu’il y a de plus emporté dans les Auteurs les plus lascifs et les plus éloquents, et y ajoutant ce que leur invention leur peut fournir, vous diriez que vous voyez et que vous entendez parler ces démons qu’adoraient les Païens sous les noms des Dieux de l’Amour ou de la Fureur ; et des autres passions dont ils voulaient autoriser le dérèglement. […] Depuis qu’une femme a perdu la pudeur, quelle a banni la modestie, qu’elle a mis sous ses pieds l’honneur de son sexe, c’est un serpent rempli de poison, qui met sa gloire et son étude à donner de l’amour et à en recevoir. […] La seconde Table du Décalogue, qui nous ordonne l’amour du Prochain, est renversée allant à la Comédie, par le scandale que l’on donne à son Prochain, voire à toute l’Église.
des amours, des comédies, des indécences. […] Par les nudités, les amours, les attitudes. […] Epargneroient-ils les amours de Diane, dans la décoration des tragédies d’Esther, d’Athalie, de Polieucte ? […] Par-tout des amours, par-tout des crimes : Ubique lasciviæ. […] Quels objets en effet pour les Fidéles Israëlites, que l’adultere de Vénus, les amours de Jupiter, d’Apollon, &c.
Tendre amour ! […] Elles font connoître le fol amour. […] En est-ce une d’amour conjugal ? […] Un peuple galant veut de l’amour & de la politesse. […] Voilà les effets des amours prétendus permis du Théatre.
On n’y parle que de plaisirs, on n’y inspire que l’amour des plaisirs, on n’y chante que les plaisirs ; l’amour des plaisirs a causé la perte des Grecs & des Romains. […] L’art du Théatre ne consiste plus aujourd’hui qu’à donner une nouvelle énergie & un nouveau coloris à la passion de l’amour. […] Comme l’amour est le regne des femmes, l’effet naturel de ces Pieces est d’étendre leur empire, & donner des femmes pour les précepteurs du genre humain. […] ne sont-ce pas des intriguans désœuvrés, dont l’imagination dépravée par l’oisiveté, la fainéantise & l’amour du plaisir, n’engendre que des monstres, & n’inspire que des forfaits ? […] Nougaret, la vue des actrices, les femmes qui remplissent les loges, tout porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des drames dont l’intrigue agréable & galante, le style léger & délicat nous invitent à nous livrer à cette passion.
La Comédie ne donne-t-elle pas elle-même la passion de l’amour comme une foiblesse ? […] Mais l’amour ne paroît sur la scène, que comme une belle, comme une noble foiblesse ; comme la foiblesse des Héros, des Héroïnes ; enfin comme une foiblesse si artificieusement changée en vertu, qu’on l’admire ; qu’on lui applaudit sur tous les Théâtres ; & qu’elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut souffrir de Spectacles où non-seulement elle ne soit, mais encore où elle ne régne & où elle n’anime toute l’action.
Junon, Lucine, l’Himenée, l’Amour même & sa mère étoient chez eux des Divinités ; le flambeau de l’himen, les bandelettes étoient leurs sacremens. […] L’himen est le tombeau de l’amour, il en éteint toutes les flammes, il en affadit tous les plaisirs. […] Le fils & la fille se flattent mutuellement dans leurs amours, complottent contre leur père, & en parlent sans aucun respect, & entr’eux, & à lui-même, le bravent, & se moquent de lui. […] 3.) : Ce ne sont point des choses où les enfans soient obligés de déférer aux pères ; l’amour ne connoît personne. […] Prions le Seigneur que l’amour du théatre n’infecte pas davantage le genre humain ; toute la société seroit livrée au théatre, & bien-tôt renversée.