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326. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Ce serait traiter les Dames à peu près de la même manière que ceux qui reçoivent leur argent, pour les insulter à la face d’une nombreuse Assemblée : ce serait s’imaginer qu’elles se repaissent d’idées criminelles, qu’elles sont accoutumées au langage des mauvais lieux, et qu’elles aiment à voir des représentations abominables. […] Mais on aime mieux encourir le reproche de gâter les caractères, que de cesser d’être vicieux. […] Silenium est éprise d’un violent amour ; et elle a de la retenue malgré l’effort de sa passion : elle marque bien sa douleur sur l’éloignement forcé de celui qu’elle aime, et sur le danger où elle est de le perdre ; mais sa plainte a des bornes, et n’est mêlée d’aucune indécence. […] c’est apparemment que ceux qui aiment, semblables à ceux qui sont en délire, disent tout ce qui leur vient dans l’esprit. […] Phidippe, espèce de Petit-Maître jure par Neptune le Maquignon qu’il a une tendresse respectueuse pour son père Strepsiade. « Point de Maquignon, si vous m’aimez, repart le bon homme ; cette Divinité m’a ruiné ou peu s’en faut.

327. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Le premier que l’on doit aimer, est, dit-il, celui dont la dévotion est le principe, comme les chants de l’Eglise, les danses de David, de Michol et des autres dont il est parlé dans l’Ecriture. […] Pour ce qui est de Saint Charles, j’aimerais mieux m’en rapporter aux Actes de son troisième Synode, où il veut que les Prédicateurs n’oublient rien pour inspirer de l’horreur aux fidèles pour les Spectacles. […] On aime mieux laisser à la discrétion des Confesseurs et des Directeurs habiles et prudents, de voir s’il y a lieu en effet de faire quelque exception aux règles générales dans des occasions rares et extraordinaires, que de donner lieu à certaines gens de s’imaginer faussement qu’on pourrait avec raison faire souvent ces sortes d’exceptions. […] En voilà assez, elle a été flattée dans ses passions, elles y ont été excitées, elle y a appris l’art de plaire, d’aimer et de se faire aimer, de conduire tendrement et avec adresse une intrigue, il faut bon gré mal gré qu’elle mette en pratique ce qu’elle a appris. […] Ce n’est que dans la confusion que vous trouvez votre compte : malheur à celui qui marche dans les ténèbres et les aime.

328. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

 Mercier, Auteur fort connu, mais fort peu aimé des Comédiens, a tâché de se racommoder avec eux par un Eloge de Moliere, & je crain qu’il ne se brouille encore davantage.

329. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Accordons à la coutume qu’on peut aimer les divertissements et les rechercher ; mais aussi ne saurait-on dénier que les plaisirs criminels ou dangereux, tels qu’on a prouvé qu’est celui de la Comédie, ne soient défendus.

330. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Ajoutons à cela que je n’aurais pu examiner toutes les Pièces de Théâtre, sans courir le risque de critiquer les vivants, ainsi que les morts ; car il aurait bien fallu nommer la classe où je crois que chacune de ces Pièces doit être placée ; et si, par hasard, j’avais arrangé l’Ouvrage de quelque Auteur vivant sous la classe de Pièces à corriger, ou à rejetter, j’aurais infailliblement déplu à mes amis (et sous ce nom je comprends les Poètes que je fais profession d’aimer et d’estimer tous sans exception) et je me serais attiré la haine de tous les amis des Auteurs.

331. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Une chose est agréable, ou le paraît ; et parce qu’elle est agréable, on l’aime ; et parce qu’on l’aime, on se figure qu’elle est bonne ; et à force de se le figurer, on s’en fait une espèce de conviction, en vertu de laquelle on agit au préjudice de la conscience et malgré les plus pures lumières de la grâce : or appliquons cette maxime générale aux points particuliers, surtout à celui que je traite. […] Chrysostome : Tout ce que je vois et tout ce que j’entends, me divertit et rien de plus ; du reste je n’en ressens aucune impression, et je n’en suis nullement touché Vaine excuse qu’ils traitoient, ou de déguisement et de mauvaise foi, ou d’erreur au moins et d’illusion : de déguisement et de mauvaise foi, parce qu’ils n’ignoroient pas que c’est un prétexte dont veulent quelquefois se prévaloir les plus corrompus, cachant les désordres secrets de leur cœur, afin de justifier en apparence leur conduite ; d’erreur au moins et d’illusion, parce qu’ils sçavoient combien on aime à s’aveugler soi-même, et combien la passion fait de progrès qu’on n’apperçoit pas d’abord et qu’on ne veut pas appercevoir, mais qui ne deviennent ensuite que trop sensibles. […] Ils posoient pour principe, qu’une jeune personne ne devoit jamais se produire au jour qu’avec des réserves extrêmes et toute la retenue d’une modestie particuliere ; que la retraite devoit être son élement, et le soin du domestique son exercice ordinaire et son étude ; que si quelquefois elle sortoit de là, c’étoit ou la piété ou la nécessité qui seule l’en devoit tirer ; que s’il y avoit quelque divertissement à prendre, il falloit éviter non-seulement le soupçon, mais l’ombre même du plus léger soupçon ; que sous les yeux d’une mere discrette et vigilante elle devoit régler tous ses pas, et que de disparoître un moment, c’étoit une atteinte à l’intégrité de sa réputation ; qu’elle devoit donc toujours avoir un garant de sa conduite et un témoin de ses entretiens et de ses démarches ; enfin qu’une telle sujétion, bien-loin de lui devenir odieuse, devoit lui plaire ; qu’elle devoit l’aimer pour elle-même et pour sa consolation propre, et que dès qu’elle chercheroit à s’en délivrer, ce ne pouvoit être qu’un mauvais augure de sa vertu : c’est ainsi que ces saints Docteurs en parloient.

332. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] Les adorateurs de Voltaire ne traiteroient pas mieux, s’ils en étoient les maîtres, ces sacriléges grenouilles, qui, du milieu de leur sange, croassent stupidement contre lui, & assurément un Ange ne viendroit pas éteindre les flames ; il manquoit cependant à cette pompeuse solemnité, des députés de l’Académie : ce qui est d’autant plus singulier, que Voltaire est un des quarante, & qu’on l’a laissé dans sa place d’Académicien, quoique le Roi lui ait ôté celle de son Historiographe, sans s’embarrasser de sa réligion & de ses mœurs, qui n’illustre pas l’Académie ; mais ce corps illustre, qui ; quoiqu’à demi Episcopal, aime & protége assez le théatre, à l’exception de l’Archevêque de Sens, M. […] LES talens, l’esprit, le génie, Chez Clairon sont très-assidus : Un chacun aime sa patrie Chez elle ils se sont tous rendus.

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