Au contraire le poison sans préservatif, les passions sans frein, le péché sans remors, le vice sans voile, ou plutôt embelli, aimé, recherché, favorisé, excité, applaudit à tous les maux de l’humanité rassemblés. […] Et ceux qui vivent mal, qui aiment les spectacles ; les condamnent contre leur intérêt & leur idée, & débitent la morale sévere qu’ils ne pratiquent pas, & qui les condamneroient par leur propre bouche ! […] Que sera-ce quand on se le dissimule, qu’on l’aime, qu’on le desire ? […] La Scenomanie est une vraie idolatrie, qui adore jusqu’au défaut de ce qu’on aime, tandis qu’on fronde les ridicules des autres, on se fait une gloire & un mérite du plus dangereux, du plus méprisable de tous. […] Arnaud aime à être dechiré.
D’abord elle employa cet art mystérieux dont usent les femmes adroites pour se faire aimer. […] Je me persuade que je suis de quelque haut & puissant Seigneur, car jamais homme n’eut les illustrations plus nobles, c’est-à-dire, n’aime plus les plaisirs & à vivre sans rien faire, c’est la noblesse théatrale. […] Telle est la vie des Comédiens ; on les méprise, j’en conviens (a-t-on si grand tort de le faire, quand on aime la vertu, sur le portrait même qu’il en fait ?) […] Mais si on applique cette idée aux gens frivolles, on se trompe ; ils aiment, comme les autres, les pieces enjouées, & plus encore par goût & par caractere. […] Un pantomime ne demande aucune attention ; on le voit & on rit ; aussi voit-on bien plus de gens qui aiment les pantomimes, que de ceux qui goûtent les bons acteurs, comme il y a bien moins de bons acteurs que de pantomimes.
J’aime tous les plaisirs qu’un faux mystique blâme. […] Il n’a jamais connu Vauban, Folard, Euclide, Son Code Militaire est l’art d’aimer d’Ovide. […] Elle n’aime au théatre que la malignité de la satyre ; sans quoi, ce n’est qu’un Bureau de fadeurs, où on apprend à dire je vous aime, de mille manieres . […] Avec de tels sentimens on est fait pour aimer, louer, protéger, enrichit le théatre, mépriser & traiter de Tartuffe les Ministres de Dieu qui le condamnent. […] Avec ces sentimens. on doit aimer tendrement Voltaire, qui en est le défenseur & l’Apôtre ; & tout le monde sait quelle a été l’intimité de ces deux hommes.
On voit les plus grands Seigneurs aimer & épouser des Actrices. […] Le grand maître dans l’art d’aimer & de plaire, le galant Ovide ne cesse de donner à ses éleves des leçons de parure, & de leur en inculquer la nécessité. […] Pour leur faire aimer leurs fers, on leur en fait un agrément. […] On aime les petits pieds & les grands talons On en met aux souliers d’une hauteur énorme, qui donnent une haute taille, & obligent de tenir le pied si droit qu’il fait presque une ligne perpendiculaire avec la jambe. […] Tout tourne à bien quand on aime Dieu.
Tantôt c’est une statue qui s’anime & développe des graces (Conte de Fées), des hommes qui à cet aspect se livrent à une passion insensée, des statues des deux sexes, embrasées du feu de Prométhée, qui courent l’une à l’autre, s’aiment, se font des caresses indécentes. […] On diroit que l’Auteur est un Pigmalion, qui aime les statues : J’étois fort jeune, dit-il, quand je la fis. […] L’aventure de l’amour dans les Graces, qui ne sait ce que c’est qu’une femme, dans Lucinde, dans l’Oracle, qui ne sait ce que c’est qu’un homme, celle de deux filles dans l’Isle sauvage, à qui leur mere fait accroire qu’on devient blanc ou noir selon qu’on aime ou n’aime pas ; qu’on l’examine bien, ce n’est qu’un thème mis en trois façons ; mais en toutes l’excès du bonheur d’un jeune cœur qui peu à peu goûte l’amour pour la premiere fois, n’annonce & ne forme qu’un voluptueux délicat, qui ne s’enivre pas tout d’un coup d’un plaisir extrême, mais qui savoure lentement, & boit à petits coups la douceur de la volupté, & se satisfait en caressant son idée, & exaltant par degrés la passion. […] Non : ce sera l’amour du prochain : J’aimois, j’étois aimé ; l’amour m’a enlevé l’objet qui m’étoit si cher : non, je ne saurois me persuader que je ne le reverrai plus.
C’est par elle que le calvinisme s’introduisit dans le Béarn et pensa s’introduire à la Cour de France, où par ses intrigues François I, son frère, qui l’aimait beaucoup, fut sur le point d’attirer Mélanchthon dans le royaume, et d’embrasser la nouvelle doctrine. […] Son mari, qui n’aimait pas les vers, la maltraita. […] Ce galant homme était fait pour aimer le spectacle ; il y était si assidu qu’on appelait le théâtre la paroisse ou la cathédrale de l’Abbé Boisrobert. […] Il aimait beaucoup les plaisirs de la table. […] Il toléra cependant le théâtre, qu’il n’approuvait ni n’aimait ; mais il fixa les gages annuels des Acteurs à cinq pièces d’or, car à Rome personne ne payait à l’entrée, comme en France, où l’on agit moins noblement.
L’on a bien raison de dire, que le Français est rempli d’inconséquences, de contradictions, & qu’il serait fort difficile de peindre ses goûts & ses caprices : il ne veut que des Drames où l’esprit pétille à chaque instant ; à peine daigne-t-il faire grace à ceux qui ont beaucoup d’intrigue & peu de phrases joliment tournées ; & cependant il aime, il adore quelques Poèmes du Théâtre moderne, dont le stile a tant de rapport avec les personnages qu’on y voit agir. […] Une Fille est un oiseau, Qui semble aimer l’esclavage, Et ne chérir que la cage Qui lui servit de berceau ; Sa gaieté, son badinage, Ses carresses, son ramage, Font croire que tout l’engage Dans un séjour plein d’attraits ; Mais ouvrez lui la fenêtre, Zeste, on la voit disparaître, Pour ne revenir jamais. […] Pour moi, je suis persuadé que l’Ariette ne contient qu’une comparaison ; c’est comme si l’Auteur avait dit, une Fille ressemble à un oiseau qui paraît aimer l’esclavage, &c. […] Que signifie des Trésors qui n’ont de valeur que par l’objet qu’on aime, que par la main dont ils nous sont offerts41 ? […] Je t’aimais inconstant, qu’aurai-je fait fidèle51 ?