Une mort prématurée l’appella au Tribunal de Dieu où l’abandon de sa vocation, sa licence dramatique, son libelle, sa vengeance ne furent pas apparamment des titres à la gloire du Ciel. […] L’entre-deux a été livré au théatre, & a des mœurs analogues qui n’excuse pas devant Dieu & qui ne sauve pas de scandale devant les hommes. […] Mais Dieu lui fit la grace de lui donner des justes remords ; il voulut se faire Chartreux pour faire pénitence de ses coupables triomphes. […] Racine apporta dans la vertu cette tendresse de sentiment qui fait le poison de ses pieces, & qui tournée vers Dieu, le seul objet digne de notre amour, fait-les grands saints. […] Heureux ceux qui, comme à lui, Dieu fait la grace de connoître & d’expier leur égarement, soit ignorance de la vérité, soit malignité, car il eut des ennemis, soit pour épargner au Théatre cet exemple & cette condamnation.
Dieu nous aide dans les tentations qui nous arrivent par nécessité ; mais il abandonne aisément ceux qui les recherchent par choix : « et celui qui aime le péril » Eccl.
Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu répandre sur notre Règne, nous oblige de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous, pour retrancher tous les dérèglements par lesquels il peut être offensé.
Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir ; ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qui a besoin d'être réparée.
Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir, ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir, et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qu'on a besoin de réparer.
On les a vus faire foule avec les hommes les plus frivoles, les plus énivrés des plaisirs bruyans et folâtres ; on a vu des dévotes, des cénobites, des prêtres du Dieu vivant, quitter leur retraite au déclin du jour, et accourir vers ce lieu magique et enchanté, avec l’inquiétude de l’empressement ; comme l’on voit à l’entrée de la nuit, ou au bruit de quelque tempête subite, tous les oiseaux des airs se précipiter dans l’asyle des forêts. […] « Si j’envisageois la chose en ministre de l’Eglise, en prêtre et interprête du Dieu de nos pères, je mettrois sous vos yeux l’essentielle et invincible incompatibilité des spectacles mimiques et de l’esprit de la religion ; je ferois jaillir de la manière la plus vive l’étonnant contraste de l’histrionisme et de l’Evangile ; je ferois évanouir comme l’ombre ces maximes illusoires et démenties dans le cœur même de ceux qui les étalent, touchant l’utilité et la décence du théâtre moderne8 ; je dirois à tous les Chrétiens rassemblés dans la contemplation d’une de ces farces de fureur ou d’amour : vous qui dans la réception du premier et du plus important bienfait d’une religion céleste, avez juré à l’Eternel un divorce sacré d’avec toutes les pompes du monde et des passions sensuelles ; songez-vous que votre attachement à ce brillant étalage de vices et de crimes, n’est qu’un long et opiniâtre parjure ? […] Mais si ces deux inconciliables ennemis ne peuvent faire de conquête qu’aux dépens l’un de l’autre ; si leur gloire simultanée est un monstre dans l’ordre des choses possibles ; que deviendra, à moins d’une révolution imprévue et subite, cette religion antique qui a couvert le globe de ses branches et de ses fruits, qu’un philosophe, qui ne l’aimoit pas, a nommée le foyer de toutes les vertus, la philosophie de tous les âges, la base des mœurs publiques ; le ressort le plus puissant qui soit dans la main des législateurs, plus fort que l’intérêt, plus universel que l’honneur, plus actif que l’amour de la patrie ; le garant le plus sûr que les rois puissent avoir de la fidélité de leurs peuples et les peuples de la justice de leurs rois ; la consolation des malheureux, le pacte de Dieu avec les hommes, et pour employer une image d’Homère, la chaîne d’or qui suspend la terre au trône de l’éternel. […] je ne dirai pas que l’inflexible fermeté dans la proscription des iniquités, est suivant la doctrine de Dieu même, la plus indispensable qualité d’un juge des nations18 ; je ne dirai pas qu’il n’y a que les vertus combattues par de grands obstacles qui assurent l’immortalité19. […] Querelle sanglante dans celui de Clermont-Ferrand, 1 Août 1780, p. 575, etc. etc.… Si les temples du Dieu vivant avoient en si peu d’années causé tant de ravages parmi les hommes ; si le fer, le feu, l’enfoncement des pavés ou la chute des voûtes y avoit fait périr à diverses reprises quelques-uns de ces Chrétiens lestes qui vont aux grandes fêtes entendre la dernière et la plus courte Messe, on les fermeroit, on les détruiroit : les plus dévots craindroient d’y entrer ; tous se croiroient dispensés de s’y rendre.
C’est bien là qu’on peut dire, on ne peut servir deux maîtres, & concilier Dieu & le monde. […] Si c’est là le fruit que doit produire le théatre réformé, Dieu nous préserve de ces merveilles. […] Dieu nous préserve encore des puissantes influences du théatre sur les mœurs des Romains, puisque son établissement à Rome fut l’époque funeste de leur décadence, comme le craignoit Scipion Nasica & le Sénat, qui le fit détruire, brûler les sieges, vendre les décorations & les habits. […] Esther inspira l’amour de Dieu. […] Dieu en soit béni.