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2. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

On ne niera pas non plus qu’ils ne soient une des premieres causes de l’opprobre que les gens sensés attachent à cet état. […] & dans les Arts, des gens qui avoient pris un état bien opposé. La réputation que ceux-ci se sont acquise, étoit indépendante de leur premier état. […] Le Comédien devoit plaire, mais non pas jusqu’à faire envier son état. […] Elle étoit souvent hors d’état de remplir les Charges de la République avant l’âge d’y parvenir.

3. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

On n’est dans ce misérable état utile qu’à un seul homme et tout à fait inutile à sa Patrie. […] On sent bien qu’un bon chrétien dans cet état, ne fera pas rapidement fortune, qu’en se contentant des gains licites, qu’en se faisant conscience de vendre des marchandises déteriorées, qu’en se renfermant enfin dans les bornes prescrites à sa profession, il sera bientôt hors d’état de subsister, lui et sa famille. […] Je sais bien que c’est de tous les états celui qui renferme le plus grand nombre de bons Chrétiens ; mais je sais de même que les devoirs de cet état étant en bien plus grand nombre, que ceux de tout autre, il est défendu par la Religion de se les imposer sans une vocation bien déterminée. […] Le Théâtre est suspect de luxure, mais outre qu’il serait difficile de prouver que dans aucun état, on soit à couvert de ce vice, il sera toujours vrai que c’est dans cet état seul que la probité n’est point exposée à des secousses très dangereuses et à des tentations auxquelles il est téméraire de s’exposer. […] On a vu, dis-je, ce grand Monarque donner des larmes à l’état dans lequel il voyait son ennemi.

4. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

J’abandonne ces tristes réflexions aux hommes faits pour sentir et juger ce qui convient au bonheur et à la prospérité de l’état. […] Rejeter ces forfaits sur leur qualité, sur leur état, c’est évidemment s’abuser soi-même et chercher à en imposer aux autres. […] Si l’énormité du crédit ou de la puissance étaient capables de l’ébranler, l’indépendance et la liberté de son état le rassurent. […] Que pouvait toute la puissance de l’éloquence en ces jours de deuil et de calamité, pour l’état ébranlé jusques dans ses premiers fondements ? […] Monument sacré de la volonté de nos anciens souverains, il était quelquefois la loi vivante de l’état tout entier.

5. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

 6. que par une sorte de complot contre l’état religieux, on avoit donné trois pieces pour le diffamer. […] Dans tous les états les foiblesses sont l’appanage de l’humanité : il en est ici moins qu’ailleurs. […] C’est un hérétique qui sur l’état Religieux répette ce qu’ont dit les Protestans. […] Il a de son état les mœurs & le langage, Et ne le blâmez point pour avoir l’air d’un Sage. […] Il n’y a donc plus d’état religieux.

6. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Ce grand homme y traite de tout ce qui regarde l’état, l’institution, les membres, l’ordre, les progrès, les prérogatives de ces Corps augustes. […] Tel un Religieux, un Ecclésiastique, qui déshonore son état et son ministère par son amour pour le spectacle. […] Malgré cette multitude de défenses, les devoirs et les bienséances de l’état, il s’est trouvé dans tous les temps des Magistrats qui en oublient la dignité. […] On oppose ce qui est toléré dans les états du Pape, par rapport aux Comédiens, aux usages de l’Eglise de France à leur égard, qu’on impute au pouvoir indiscret d’une anarchie effroyable. […] Enfin on dégrade toute sorte d’états, à l’exception du militaire, pour mettre le Comédien au pair et de niveau avec tous les autres citoyens, même avec la Magistrature.

7. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Il a le courage de s’élever au-dessus des préjugés de son état, & de dire librement ce qu’il pense. […] Son but est d’exciter les passions, & de jetter l’ame dans un état violent, & les comédiens sont flétris. […] C’est qu’on ne la souffre dans un état policé, que par le même esprit qu’on y tolère les lieux de débauche. […] On a vu que l’état de comédien n’est pas plus autorisé en France, par la législation, que par la religion. […] Les comédiennes sont peu retenues ; mais qu’on attache de la considération à leur état, & elles auront de meilleures mœurs.

8. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

« En commençant par observer les faits avant de raisonner sur les causes, dit Jean-Jacques Rousseau2, je vois en général que l’état de comédien est un état de licence et de mauvaises mœurs ; que les hommes y sont livrés au désordre ; que les femmes y mènent une vie scandaleuse ; que les uns et les autres, avares et prodigues à la fois, toujours accablés de dettes, et toujours versant l’argent à pleines mains, sont aussi peu retenus sur leurs dissipations que peu scrupuleux sur les moyens d’y pourvoir. […] La tragédie ayant été inventée chez les Grecs, aussi bien que la comédie, ils ne pouvaient jeter d’avance une impression de mépris sur un état dont on ne connaissait pas encore les effets. […] « Quel est au fond l’esprit que le comédien reçoit de son état ? […] L’homme et le personnage étant le même être, il est à sa place ; il est dans le cas de tout autre citoyen qui remplit les fonctions de son état. […] L’immodestie tient si bien à leur état, et elles le sentent si bien elles-mêmes, qu’il n’y en a pas une qui ne se crût ridicule de feindre, au moins de prendre pour elle les discours de sagesse et d’honneur qu’elle débite au public.

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