Laurens tint au Tyran un pareil langage : Voici les trésors de l’Eglise , dit-il, en montrant les pauvres. […] Ces trois sœurs seroient comme ces trois fameuses martyres, foi, espérance & charité, dont l’Eglise célebre la mémoire. […] C’étoit la foiblesse d’Henri III, du Duc de Joyeuse, de Monsieur, frere de Louis XIV, de l’Abbé de Choisi, indécence aujourd’hui si commune dans tous les états, l’Eglise, la Robe, l’Epée, jusqu’au Négociant, au Bourgeois, à qui ce goût, ou plutôt cette fureur, ce délire pour la parure fait tourner la tête.
Telle étoit la folie de ces fêtes ridicules, introduites dans plusieurs Eglises par la plus condamnable profanation, que l’on appeloit les Fêtes des Foux, où les Ecclésiastiques, les Religieux, les Enfans de chœur se déguisoient de mille manieres. […] Ce qu’on y change ou ajoute de richesse, d’élégance, de couleur, de figure, dorure, frisure, &c. tout cela est contraire aux loix de l’Eglise. […] Il en est tout autrement des gens d’Eglise, dont les obligations sont plus serrées, tant pour leurs propres mœurs, que pour l’édification qu’ils doivent.
Mais, est-il bien possible qu’vn Chrestien qui exorcise les demons dans l’Eglise, ait l’impudence d’applaudir aux voluptez du theatre qui leur sont consacrées : & apres auoir renoncé genereusement au diable & à ses vanitez dans le Baptesme, courir vistement au spectacle pour y renoncer Iesus-Christ. […] Est-ce estre Chrestien que de cherir des euenemens si impies & si contraires à son estat ; & peut-on douter qu’il ne fut assez impudent pour porter s’il pouuoit le Saint Esprit dans ces lieux de débauches & d’infamie, puisqu’à l’issuë de la Messe étant congedié auec les autres Chrestiens, selon la coustume de l’Eglise, & bruslant d’enuie d’estre vistement au theatre, il y porté le S.
Aux lieux, pour qu’on ne fasse pas de nos églises des salles de spectacle, comme il n’arrive que trop souvent dans de certaines maisons de religieux, & de religieuses. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre.
Nous n’avons eu longtems d’autres Spectacles que ces pieuses mascarades, par lesquelles sous prétexte de célébrer les Fêtes, on profanoit les Eglises. […] On se faisoit un pieux devoir dans les Eglises de prêter des habillemens aux Acteurs, & un Sacristain des Cordeliers fut cruellement puni, suivant Rabelais, pour n’avoir pas voulu prêter à Dieu le Pere une pauvre Châpe.
que doit-on dire de ceux qui abandonnent l’Eglise par un mépris injurieux, pour aller à la Comédie ? […] Ne font-ils donc profession d’une Religion si sainte, que pour la déshonorer par une conduite si basse et si indigne d’eux, et pour désobéir à l’Eglise, qui leur défend si expressément cette sorte d’amusement.
Ce célèbre organiste avoit placé dans la voute de l’Eglise, à diverses distances, une trompette, dont les sons aigus, mais étouffés, saisirent l’assemblée d’une terreur subite ; des tambours & des timbales, dont le bruit sourd imitoit ces coups de tonnerre continus, & qu’il semble qu’on entend dans un grand éloignement.