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101. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

C’est dites-vous, un plaisir d’y voir les passions naïvement bien représentées, ce plaisir vient de la sympathie et du rapport qui est entre les secrets mouvements de votre cœur, et ceux de ces personnages où vous vous voyez comme dans un miroir, Il semble même qu’ils soient les objets, et que vous en représentiez les espèces, car vous pleurez avec eux dans les disgrâces, vous combattez, vous surmontez, vous jouissez avec eux : les craintes, les espérances, les joies vous sont communes ; vous êtes d’esprit et d’affection dans tous leurs accidents.

102. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Il est vrai que l’effort de sa honte et de sa passion tout ensemble, que la crainte de satisfaire son penchant, et l’embarras en même temps de s’en défaire la réduisent à l’extravagance. […]  » Les anciens Romains exigeaient des égards infinis dans la conversation d’un étranger avec leurs femmes ; de crainte qu’il n’en scandalisât la pudeur. […] Un Sceptique ne connaît ni principes de conscience ni motifs de vertu ; il n’a ni crainte ni espérance d’un avenir qui lui servent de frein : il ne consulte que ses penchants, son plaisir, son ambition, son avarice : il lui importe peu par quelles voies il arrive à ses fins, pourvu qu’il y arrive, il est content, il est en repos. […] Voici quelques traits de ces deux Acteurs qu’on peut citer sans crainte.

103. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

) que l’espoir ou la crainte des peines ou des plaisirs temporels, sont propres à former des hommes vertueux , l’ancien Venceslas récompensoit le vice & punissoit la vertu : le Moderne fera-til grace ce vice choquant ? […] Ils auront beau regarder les Rois de la Terre comme les dépositaires de l’autorité de Dieu même, comme des Divinités sensibles, ils enseigneront en vain qu’il est donc nécessaire de s’y soumettre non seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par un devoir de conscience. doctrine seule véritable & qui affermit le bonheur des Rois & des Peuples . […] opérer notre salut qu’avec crainte & tremblement  ? […]  dans les deux bassins d’une balance ou d’un trebuchet, pour plus d’exactitude, le mal que les uns & les autres ont fait , disons hardiment sans crainte de nous tromper, que le mal de ceux-ci l’emporteroit de vingt-trois carats. […] Pardon, Génie heureux & bienfaisant, si la crainte (pag. 264.)

104. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

J’avance sans crainte qu’il n’y a que dans les Poèmes du nouveau Spectacle que le Vaudeville soit un peu supportable. […] Je ne fixerai point au Poète la quantité d’ariettes & de duo qu’il peut insérer dans les Drames du Théâtre Moderne, sans crainte de lasser les Spectateurs ; c’est au goût seul à lui enseigner ce qu’il doit faire à ce sujet.

105. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

On voit bien des incestes de fait ou d’imagination sur la Scène ; mais Corneille a marché par une autre route : il a supposé Léonce fils de Maurice, et par conséquent frère de Pulchérie ; par là les deux Amants sont saisis de la crainte de commettre un inceste, s’ils donnaient leur consentement au mariage que le Tyran leur propose ; et cette réflexion détruit en eux jusqu’à la moindre étincelle d’une tendresse suspecte, puisqu’ils ne se regardent que comme frère et sœur. […] En effet, rien n’est plus capable de nous inspirer une crainte salutaire de l’amour que les excès et les transports effrénés où cette passion entraîne les trois principaux Acteurs de la Tragédie d’Andromaque ; et leur misérable sort devient une excellente leçon pour nous corriger par les impressions de la terreur.

106. (1665) Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre « Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre » pp. 1-48

Et cet homme de bien appelle cela corriger les mœurs des hommes en les divertissant, donner des exemples de vertu à la jeunesse, réprimer galamment les vices de son siècle, traiter sérieusement les choses saintes ; et couvre cette belle morale d’un feu de charte, et d’un foudre imaginaire, et aussi ridicule que celui de Jupiter, dont Tertullien raille si agréablement ; et qui bien loin de donner de la crainte aux hommes, ne pouvait pas chasser une mouche ni faire peur à une souris : en effet, ce prétendu foudre apprête un nouveau sujet de risée aux Spectateurs, et n’est qu’une occasion à Molière pour braver en dernier ressort la Justice du Ciel, avec une âme de Valet intéressée, en criant « mes gages, mes gages m » : car voilà le dénouement de la Farce : ce sont les beaux et généreux mouvements qui mettent fin à cette galante Pièce, et je ne vois pas en tout cela, où est l’esprit ? […] L’Athée se met au-dessus de toutes choses, et ne croit point de Dieu : l’Hypocrite garde les apparences, et au fond il ne croit rien : le Libertin a quelque sentiment de Dieu, mais il n’a point de respect pour ses ordres, ni de crainte pour ses foudres : et le malicieux raisonne faiblement, et traite avec bassesse et en ridicule les choses saintes : voilà ce qui compose la Pièce de Molière.

107. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

… Je m’arrête, dans la crainte d’affaiblir l’ouvrage, en le louant. […] En ce premier état, il est très criminel ; en ce dernier, très homme de bien, etc. etc. » « Si nous imputons son désastre à sa bonne foi, notre crainte ne purgera qu’une facilité de confiance sur la parole d’un ennemi, qui est plutôt une qualité d’honnête-homme, qu’une vicieuse habitude, etc. etc. » Du reste, si Thyeste « tient de près à chacun de nous, et nous attache, par cela seul qu’il est faible et malheureux », je doute qu’il intéresse autant qu’un Alvarès, et que plusieurs autres personnages mis au théâtre par M. de Voltaire, qu’on peut appeler le Poète de l’humanité.

108. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Or la crainte de la censure publique a la vertu plus que toute autre barriere de contenir les hommes dans le devoir.

109. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Il s’élevoit souvent des nuages dans mon ame sur un art si peu conforme à l’esprit du Christianisme, & je me faisois, sans le vouloir, des reproches infructueux, que j’évitois de démêler & d’approfondir : toujours combattu, toujours foible, je différois de me juger, par la crainte de me rendre & par le desir de me faire grace.

110. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Quel avantage espere-t-on de la pitié & de la crainte que leur désastre inspire ?

111. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

Bien des gens ont de la peine à comprendre, quel plaisir peut donner un Spectacle qui agite l’âme, qui l’importune avec inquiétude, qui l’effraie, & qui n’offre que des craintes & des alarmes.

112. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

Et ce qui doit être de grande considération sont les paroles de Tite-Live« Quod genus ludorum ab Oscis acceptum tenuit juventus nec ab Histrionibus pollui passa est. », qui dit qu'après l'établissement des Jeux Scéniques, les jeunes gens qui jouèrent les Fables Atellanes, ne permirent jamais aux Histrions de se mêler avec eux, de crainte qu'ils ne corrompissent les innocentes railleries qui s'y faisaient ; Car puis qu'il est certain que les Comédiens et les Tragédiens ont toujours été dans un rang élevé au-dessus des Atellans, ils ont été bien moins capables de souffrir ce mélange des Bouffons, ni le commerce de leurs honteuses plaisanteries.

113. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Ce sentiment commun à tous, à l’ignorant comme au savant, aux simples, comme aux politiques, au coupable comme a l’innocent, est un mouvement naturel & involontaire de honte & de crainte du péché, le cri de la conscience que Dieu fait entendre, une vraie grace de préservatif & de remede. […] La chasteté rougit, la crainte de Dieu pâlit, la pénitence frémir, le zele s’enhardit, l’espérance s’épanouit, la charité se rejouit, mouvement naturel, involontaire, dont on n’est pas le maître. […] La pudeur n’est pas même proprement une vertu ; ce n’est que la honte & la crainte du vice, que la foiblesse humaine rend si nécessaire, pour en préserver l’homme.

114. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

.° est un état de douleur & de crainte ; douleur des péchés commis, crainte de la justice qui les punira. […] Mais tandis qu’on est si délicat sur les justes craintes qu’inspire la religion, on ne veut pas voir que les machines de l’opéra présentent les mêmes choses : démons, magiciens, fées, enfer, &c. que la plupart des tragédies offrent des choses horribles.

115. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Tertullien fait une réflexion bien vraie dans le traité qu’il a composé des spectacles ; il dit que l’ignorance de l’esprit de l’homme n’est jamais plus présomptueuse, ni ne prétend jamais mieux philosopher et raisonner, que quand on lui veut interdire l’usage de quelque divertissement et de quelque plaisir dont elle est en possession, et qu’elle se croit légitimement permis : car c’est alors qu’elle se met en défense, qu’elle devient subtile et ingénieuse, qu’elle imagine mille prétextes pour appuyer son droit, et que dans la crainte d’être privée de ce qui la flatte, elle vient enfin à bout de se persuader que ce qu’elle désire est honnête et innocent, quoiqu’au fond il soit criminel et contre la loi de Dieu. […] Jusques-là, dit Tertullien, que l’on en voyoit presque plus s’éloigner de notre sainte foi par la crainte d’être privés de ces divertissements qu’elle condamnoit, que par la crainte du martyre et de la mort dont les tyrans les menaçoient.

116. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Comédie. » pp. 765766-806

 » veux, dit-il, que dans ces spectacles tout y soit honnête et généreux ; néanmoins ne laissez pas de considérer ce qui s’y passe comme des rayons de miel tirés d’un vase envenimé, et que l’amour du plaisir n’ait pas tant de pouvoir sur vous, que la crainte qu’il y a dans sa douceur. […] Les gens du siècle, dit l’Ecriture, se réjouiront, et vous vous serez tristes : Demeurons donc dans la tristesse, pendant que les Païens se réjouissent, afin que lorsqu’ils commenceront à pleurer, nous commencions à nous réjouir, et de crainte qu’en nous réjouissant avec eux, nous ne pleurions un jour avec eux-mêmes. […] Charles, de ne point assister à toutes ces représentations fabuleuses, aux Comédies, à certains exercices d’armes, aux autres spectacles vains et profanes, de crainte que leurs oreilles et leurs yeux qui sont consacrés aux divins Offices, ne soient souillés par ces actions et par ces paroles bouffonnes et impures. […]  » , n’ait pas plus de pouvoir sur vous, que la crainte du péril qu’il y a dans sa douceur. […]  » , comme d’un homme qui marche près du précipice ; la crainte seule qu’il doit avoir d’y tomber, est capable de l’y précipiter : Ainsi, dit-il, celui qui ne s’éloigne pas entièrement du péché, mais qui s’en approche facilement, doit s’attendre que la crainte dans laquelle il vit, le fera tomber dedans.

117. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Le théatre n’avoit encore attaqué que des ridicules : ici il attaqua la vertu même, sous le masque d’une fausse dévotion, avec lequel il défiguroit tous les gens de bien, décourageoit tous ceux qui voudroient la pratiquer, par la crainte du ridicule, donnoit des armes à tous ses ennemis, par les ombrages qu’il répandoit sur elle, rendoit méprisables les choses les plus saintes, par le soupçon des vices cachés, & autorisoit la licence de sa conduite, en traitant de cagotterie la modestie & la retenue. […] On lui répond : Je puis vous dissiper ces craintes ridicules : Le ciel défend de vrai certains contentemens, Mais on trouve avec lui des accommodemens.

118. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Tout cela ne sont-ce pas toutes de fortes attaques à des ames qui ne peuvent s’y soûténir, puisqu’elles y sont sans crainte, sans défiance, sans préservatifs ? Faute de crainte, on n’a point d’idée du malheur qui peut arriver à l’ame, & par consequent point de mouvement d’aversion pour le mal : faute de défiance, loin de se ténir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on y apporte une imagination vive, un esprit dissipé, un cœur volage, des sens ouverts & subtils, dispositions fatales & propres à donner de l’entrée au peché.

119. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

& cette seule crainte n’est-elle pas capable de lui faire ouvrir les yeux, & de l’arrêter au bord du précipice où la passion l’alloit précipiter ?

120. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

La crainte, l’intérêt, tout porte à imiter l’homme d’un rang élevé.

121. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

C’est donc une vaine crainte de l’avenir qui te portait à me donner la mort ?

122. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

N’est-ce pas une chose étonnante et digne de larmes, de voir que des Chrétiens qui sont obligés à une vie si pure et si sainte, se jettent eux-mêmes dans les lacets du diable et du monde, et s’exposent hardiment et sans aucune crainte dans les périls effroyables du péché, sans faire aucun cas, ni des avertissements du saint Esprit, ni de la gloire de Dieu, ni de leur propre salut ?

123. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la discipline ecclesiastique, et des obligations imposees par les saints conciles dans la vie privee des pretres.  » pp. 341-360

Conc. d’Arles, an 1234, can. 2. » L’inexécution de ces lois, qui sont fondamentales et organiques de la discipline de l’Eglise, est une des causes principales de l’espèce de défection ou de refroidissement, dans lequel sont tombés la plupart des fidèles : elle leur a servi et leur sert journellement de prétexte pour éluder l’exécution des canons qui les concernent personnellement ; ils se familiarisent ainsi avec l’idée que, puisque la parole de Dieu et les préceptes de son Eglise ne sont pas strictement observés, par ceux qu’il a institués à cet effet, ils peuvent eux-mêmes, sans crainte de la damnation éternelle, les enfreindre ou ne pas les pratiquer.

124. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

La fin d’une Tragédie est d’exciter la pitié et la crainte ; est-il nécessaire pour me faire craindre, qu’un homme ait de l’amour, et ne peut-on avoir pitié que d’un Amant malheureux ? […] Pour la crainte, qui est le second effet de la Tragédie, vous savez que l’amour n’est guère capable de la faire naître en nos cœurs, et que les fureurs d’un Tyran, la jalousie, la vengeance, la haine et les autres passions sont les causes ordinaires de la terreur. […] Et depuis personne n’a osé tenter la même chose, on a renvoyé ces sortes de sujets dans les Collèges, où tout est bon pour exercer les enfants, et où l’on peut impunément représenter tout ce qui est capable d’inspirer ou la dévotion ou la crainte des jugements de Dieu.

125. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

Bien d'autres s'éloignent du christianisme, moins par la crainte de la mort que par celle d'être privés de leurs plaisirs. […] Telle est la vérité, la pureté de la morale Chrétienne, l'exactitude de la crainte, la fidélité de l'obéissance ; elle ne change point : la nature du bien et du mal, du vice et de la vertu sont inviolables, comme la vérité qui les détermine.

126. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Corneille, j’en suis sûr, aura souhaité, en écrivant sa Pièce, de la porter à ce point de pureté et de perfection que la réforme demande à présent ; mais la crainte de déplaire l’a arrêté. […] Je changerais donc entièrement le caractère de Créuse : loin de la faire amoureuse de Jason, ce serait une fille modeste, soumise aux volontés de son père : tout au plus, je lui donnerais de l’ambition et de la vanité ; et ce serait par ces motifs qu’elle consentirait à devenir la femme d’un Héros tel que Jason ; non sans de grandes agitations, par la crainte que ce même Héros ne vint à l’abandonner un jour comme il abandonnait Médée ; enfin je lui mettrais à la bouche mille traits contre la cruauté des hommes de son temps, qui, après avoir abusé de la simplicité et de la bonne foi des filles, ont recours au divorce pour les quitter et les rendre malheureuses à jamais.

127. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Mais une troupe formée d’honnêtes gens, chose moins difficile à faire que Jean-Jacques Rousseau se l’imagine (en ayant omis une grande partie qui pourrait la composer) l’alternative par ce moyen se trouvera éclipsée : Genève pourra pour lors adopter un spectacle, & le pratiquer sans crainte qu’il aliéne les mœurs des habitans. […] Brumoy, t. 1er. p. 41.] il dit même volume p. 71, à l’égard de l’efficacité du Spectacle, « que la Poésie corrige la crainte par la crainte, & la pitié par la pitié ; chose d’autant plus agréable que le cœur humain aime ses sentimens & ses faiblesses. […] On abolit leurs mariages, non par principe de Religion, mais par la crainte que les gros Bénéfices ne devinssent héréditaires, sans refléchir qu’en suivant une aussi mauvaise politique, il en résulterait une foule d’abominations dont les ennemis de notre auguste foi se servent journellement pour nous détruire. […] On dit qu’il devint enragé & hors de sens [calomnie atroce] mais Mr du Tillet dit fort judicieusement, que c’était les Prêtres qui avaient fait courir ce bruit, crainte que cette action ne passât en habitude à ses Successeurs ; mais que pour lui, il ne peut blâmer cette action, en disant que les Reliques avaient été souvent vendues pour subvenir à la nécessité des Pauvres dans des temps désastreux, & que si ces Saints vivaient, il ne doutait pas qu’ils ne se vendissent pour soulager les malheureux. […] On défend de lire la Bible en langue vulgaire, crainte que de fausses interprétations, malheur qui n’est que trop arrivé, ne la corrompent.

128. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

C’est cette seule considération qui me porte à écrire après eux, à attaquer aujourd’hui cet ouvrage par rapport à ses résultats sur nos mœurs, et à montrer combien étaient justes les pressentiments de ces grands hommes, et comment l’objet de leurs craintes s’est réalisé avant, et sans l’influence des nouvelles théories philosophiques.

129. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Mais plus jaloux d’être utile que de me faire un nom, cette crainte n’est pas assez forte pour m’arrêter. […] Elles causeront d’autant plus de mal, qu’on se persuadera qu’elles en ont moins, et qu’on s’y exposera avec moins de crainte et de scrupule. […] Près d’elle le respect tient lieu d’innocence, et la crainte d’échouer est un obstacle qui devient salutaire. […] [NDE] crainte = de crainte.

130. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Parmi bien de vains efforts qu’il faisoit pour se dégager, il raconte que dans les Ouvrages qu’il a donnés il insinue la nécessité de réformer les abus du théatre, mais que crainte de déplaire, il avoit si bien enveloppé ses idées, que personne ne s’en étoit apperçu, & ne lui en savoit mauvais gré ; qu’enfin il lève le masque, puisque retiré du théatre il peut le faire sans risque ; & propose à découvert la nécessité de la réformation. rIl avoue sincèrement que la vraie réformation seroit de le supprimer tout-à-fait, il convient de tout ce qu’on a écrit contre lui, mais que ne lui appartenant pas de le prendre sur ce ton, & de fronder l’autorité publique, qui le tolère par des raisons qu’il doit respecter, & ne pouvant d’ailleurs espérer qu’on frappe jamais un si grand coup, il se tourne du côté de la réforme, pour diminuer du moins le mal, & tirer quelque bien du spectacle, ce qu’il ne croit pas impossible. […] Tout spectacle excite quelque passion ; le théatre les embrasse toutes, envie, haine, crainte, tristesse, vengeance, ambition, sur-tout l’amour qu’on excite & qu’on met par-tout.

131. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [R] » pp. 447-466

Le premier Théâtre des Baladins est sans contredit celui de Nicolet : les Tours-de force que l’on y voit, la Danse-de-corde, les Sauts-périlleux peuvent donner ce plaisir vif qui naît de la surprise, de l’étonnement, unis à la crainte du danger auquel le Baladin s’expose. […] Oui, mon ami : les préventions Théâtrales sont aujourd’hui moins furieuses que du temps des Pylade & des Bathylle ; l’on peut dire son sentiment du Spectacle, des Acteurs, & même de notre Musique, sans crainte de se faire assommer.

132. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Il oublia que les Comédiens étant excommuniés, il ne pouvait pas leur donner cette marque authentique de communion, les recevoir en corps dans son Eglise, et faire à leur intention un service en faveur d’un Poète, qui à la vérité fut plus modeste qu’un autre, puisque la teinte sombre et lugubre de ses pièces inspire plutôt l’horreur et la crainte que la tendresse, mais Auteur tragique, uniquement connu et honoré comme tel dans cette occasion, et dans la vue de marquer par là qu’on ne tenait pas la Troupe pour excommuniée. […] la crainte d’habiter avec quelqu’un qui n’est pas son mari !

133. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

« Enfin on obtint de lui une espèce de consentement, qu’il ne donna qu’à la crainte de déplaire au Ministre, et qu’il donna pourtant avec assez de fierté. » Lassé, intimidé, craignant pour sa pension, il laissa échapper ces paroles dans une lettre : L’« Académie peut faire ce qui lui plaira ; puisque Monseigneur est bien aise de voir ce jugement, et que cela doit divertir Son Eminence, je n’ai rien à dire. » Cet acquiescement était bien équivoque et bien faible. […] Le Roi lui-même le haïssait, et ne le laissait gouverner que par faiblesse et par crainte.

134. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Ils effacent de beaux morceaux dans la crainte qu’ils ne les compromettent.

135. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Il eut pour eux toutes les attentions qu’on devoit attendre de l’homme du monde le plus poli ; c’est en effet une très grande politesse de s’emparer des Etats d’un Souverain, de l’en chasser, de les dévaster, & ensuite d’embrasser ses enfans ; il fit ouvrir les boutiques, que la plus juste crainte avoit fermées, il donna un repas à tous les Ministres, il fit jouer un opéra Italien.

136. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

« Qu’ils changèrent enfin de ton De crainte d’avoir du bâton. » C’est ce qu’il leur arrive quelquefois, quoique non pas si souvent, que mérite leur insolentes coutumes, et leur honteux commerce.

137. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Enfin, ces prétendus jeux de Théâtre ne sauraient causer de moindres maux que d’exténuer les horreurs d’un enfer infiniment redoutable, et de diminuer la crainte toujours trop faible d’une damnation éternelle. […] « Il nous est défendu d’être témoins des combats de vos Gladiateurs, de crainte que par notre présence nous ne devenions complices des homicides qui s’y commettent. […] Il usa de cette précaution, de crainte que dans la suite les Censeurs ne fissent raser le Monument, et ne déshonorassent par là sa mémoire. […]  » « Eloignons-nous donc de ces spectacles, conclut Lactance ; de crainte que le poison qu’on y exhale ne rejaillisse jusques sur nous. […] Alors la discipline de l’Eglise était dans toute sa vigueur, la vertu se pratiquait sans crainte et dominait ; les fidèles menaient tous une vie conforme à leur vocation.

138. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

On peut voir par là que les plus sévères souffrent les vices, puisqu’ils ordonnent de les punir, et que Don Juan doit être plutôt souffert qu’un autre, puisque son crime est puni avec plus de rigueur et que son exemple peut jeter beaucoup de crainte dans l’esprit de ses semblables.

139. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

« Nous le faisons, dit ce prince, afin que le désir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir, que la crainte des peines qui leur seraient inévitables. » Mais il s’en faut bien qu’ils aient rempli la condition que Louis XIII leur a imposée ; puisqu’on a depuis cette époque une tradition non interrompue de plaintes sur la licence de leur profession.

140. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Un habitant de l’Attique, qu’auroit dû amollir la représentation familiere des Ouvrages de Sophocle, d’Euripide & d’Aristophane, se mesuroit sans crainte avec un farouche défenseur des bords de l’Eurotas. […] On doit redouter le jugement du Public : cette crainte est louable. […] Mais cette crainte dans une ame généreuse cede au desir de se rendre utile à ses concitoyens, & de mériter par ses travaux le prix de l’approbation & de l’estime publique.

141. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Tous les voyageurs rapportent que les Sauvages de l’Amérique se barbouillent le visage quand ils vont au combat ; non seulement pour faire peur à l’ennemi par les figures hydeuses qu’ils y peignent, mais encore pour lui cacher la paleur & les mouvemens que la crainte du péril pourroient y occasionner. […] On ne propose ici, comme en cent autres articles de la morale, cette question captieuse que pour faire diversion, & écarter la juste crainte d’offenser Dieu qui doit proscrire le fard.

142. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Ces héros, ces grands Princes, s’habilloient tous en femme, quoique par des motifs différens, extravagance dans Caligula, foiblesse dans Hercule, crainte dans Achille, excès de mollesse dans Sardanapale. […] Il n’est pas permis aux masques de porter l’épée, crainte des accidens ; mais le masque est par-tout sacré, personne ne peut l’insulter ni le refuser ; il entre par-tout, il est bien accueilli.

143. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Il arriva pourtant quelquefois que le Senat se rendit separément au Capitole, & que les Captifs affranchis & sauvez suivoient le Char, sans chaînes & sans crainte d’estre immolez à la gloire du Vainqueur comme les autres : Mais ils en estoient distinguez, seulement par leurs testes rasées & couvertes d’une espece de bonnet & de chapeau, comme pour donner à entendre qu’ils estoient à couvert des souffrances de la servitude. […] Marius ne voulut point accepter le Triomphe que le Senat luy avoit ordonné, apres la deffaite de Teutobochus Roy des Teuthons, qu’il n’eust deslivré la Republique de la crainte des Cimbres.

144. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Dans Voltaire, la joie de Luzignan est suspendue par la crainte de retrouver sa fille Musulmane.

145. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Et toutes les âmes qui ont quelque crainte de Dieu, et quelque sentiment solide de piété, souhaitent ardemment que cette mauvaise coutume soit détruite et anéantie ; leur désir est bien raisonnable et bien juste ; car outre les maux fréquents et ordinaires, desquels nous avons auparavant parlé, nous en pourrions rapporter d’autres qui se rencontrent plus particulièrement dans les bals ou dans les danses qui se font dans les villes ; mais qui sont si étranges que les oreilles chastes et pieuses ne sauraient le souffrir.

146. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Il est certain que les personnes les plus vertueuses, durcies, pour ainsi dire, dans les plus longs travaux de la pénitence, aguerries après tant de combats, et accoutumées à vaincre, n’oseraient s’exposer à un tel péril de crainte d’être vaincues.

147. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

N’est-ce pas là que, par des peintures vives qu’on y fait, les passions s’excitent dans notre âme, et que le cœur, bientôt capable de tous les sentiments qu’un acteur exprime, passe tour à tour de la tristesse à la joie, de l’espérance à la crainte, de la pitié à l’indignation ?

148. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Il entre tout d’un coup en matière ; et après avoir déclaré, que pour guérir le Sieur Boursaut de la crainte scrupuleuse Page 1 où il est, que sa conscience ne soit blessée dans ses Pièces de Théâtre, il s’engage dans une des plus difficiles, mais des plus curieuses Questions qu’un Théologien puisse traiter. […] Ne pouvez-vous donc vivre sans les joie du monde ; vous pour qui la mort doit avoir ses douceurs ; vous qui ne devez point avoir de plus grand desir que de sortir de cette vie, et être presenté avec l’Apôtre au Seigneur… Quel plus grand plaisir peut goûter un Chrétien, que le dégoût du plaisir, que le mépris de la vie présente, que la liberté des enfants de Dieu, que la pureté de la conscience, que la paix qui se goûte par celui qui est content de son état présent, que l’affranchissement de la crainte de la mort, que cette foi généreuse avec laquelle on foule aux pieds les Dieux des Nations. […] C’est pourquoi ces exemples sacrés ne doivent point être rapportés pour excuser nos Comédies, qui sont toujours profanes, si elles ne sont pas impures. » Et ce grand Cardinal est tellement persuadé que les hommes sont à présent incapables de rectifier le divertissement des Spectacles, qu’ayant rapporté dans ce même Livre toute sorte de raisons et d’autorités, pour montrer que c’est profaner les Dimanches et les Fêtes, d’en employer une partie à ces sortes d’amusements ; considérant enfin la Comédie dans les circonstances dont il semble qu’elle ne peut plus être séparée, il parle de la sorte dans le Chap. 16. « Alexandre Roi de Macédoine, ne voulut point voir les filles de Darius, de peur qu’ayant vaincu tant de Nations par la force de ses armes, il ne fût vaincu lui-même par les charmes des filles : Mais les Chrétiens, qui sont engagés par la grâce de leur Baptême à une vie bien plus sainte, dressent eux-mêmes mille pièges à leur pudeur : ils s’exposent sans crainte aux plus grands dangers, par un mépris horrible des enseignements du saint Esprit, de l’honneur de Dieu et de leur propre salut. […] Allez, allez Prédicateurs ; travaillez à exciter la crainte de Dieu dans les âmes : parlez, menacez, tonnez, représentez les Jugements de Dieu ; faites des Discours sur la mort, sur l’enfer, sur les démons ; tout cela ne fait plus rien dans l’esprit des hommes ; ils ont trouvé moyen de se faire un divertissement des objets les plus redoutables : et rien n’est plus capable de toucher une personne addonnée aux représentations du Théâtre.

149. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Ce que j’en fais n’est pas en espérance de gagner rien sur ceux qui en font leur gagne-pain, ni beaucoup sur certains esprits profanes qui ne font conscience de rien, et lesquels s’emportant en blasphèmes contre Dieu, et contre sa parole, s’abandonnent à toutes dissolutions, et ont dépouillé toute honte des hommes, et toute crainte de Dieu. […] Pierre pourrait suffire à ceux qui ont3 « été délivrés de la vaine conversation qui leur avait été enseignée par leurs Pères : Cheminez, disait-il, en crainte, durant le temps de votre séjour temporel » : y en ajoutant un autre de l’apôtre des Gentils,4 «  Et ne vous conformez point à ce présent siècle, mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, afin que vous éprouviez, quelle est la volonté de Dieu, bonne, plaisante et parfaite  ». […] Car il se trouve plusieurs personnes, qui semblent bien instruites d’ailleursk, lesquelles exercent leur esprit à dresser des Apologies pour cela, tantôt par la comparaison de plus grands péchés ; tantôt par la négation d’une expresse défense en la parole de Dieu ; tantôt par une prétention d’utilité, jusques à vouloir faire telles gens Ministres de vertu, instructeurs de sapience, et destructeurs des vices ; enfin convertir les bateleurs en Prédicateurs et Philosophes : et les Théâtres, en écoles de sagesse : sans crainte de cette sentence du Prophète,9 «  Malheur sur ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal : qui font les ténèbres lumière, et la lumière ténèbres : qui font l’amer doux, et le doux amer. […] Cette crainte retient la liberté de plusieurs, qui en cela et autres choses, connaissent le mal, et ne l’osent reprendre. […] Il veut « que leur chaste conversation soit avec crainte ».

150. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

De là se répandirent dans le royaume tant de livres de magie, d’astrologie, de géomance, ces histoires & ces craintes puériles du peuple, ces idées de sciences occultes, des sabbats, des sorciers, qui adoptées par les Tribunaux, firent brûler Gaufridi à Aix, & Grandier à Loudun, & tant d’autres en différens Parlemens, mais qui aujourd’hui tombées dans le mépris, sont restés dans le néant qu’elles méritoient. […] Fourbe, perfide, accablant de caresses ceux qu’elle alloit assassiner, s’attachant toujours ouvertement au parti le plus fort, quel qu’il fût, & secourant, aidant, animant le parti le plus foible, pour les balancer l’un par l’autre ; soulevant le Prince de Condé, & le remerciant par une lettre qui subsiste encore, d’avoir pris les armes contre le Roi son fils ; suspecte à tous les partis, & detestée de tous ; autant méprisée avec justice, que ménagée par crainte & par intérêt ; déchirée par des libelles infâmes, & faisant assez peu de cas de son honneur pour en rire, & assurer qu’on n’en disoit pas assez, & au lieu de se corriger, faire encore pis. […] Branthome en fait un détail, dont il se dit témoin, qui passe tout ce que nous avons avancé, quoique nous ne l’ayons dit qu’avec une sorte de crainte d’exagerer.

151. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Elle ne tend qu’à mettre aux prises la vertu & l’autorité, l’Église & le sceptre, & à fermer la bouche aux ministres, par la crainte & le respect.

152. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

là se trouve l’humilité de l’ame, l’exhortation à la sagesse, le mépris des vanités du monde ; la crainte, comme un précepteur qui instruit un enfant, nous forme à tous nos devoirs.

153. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

J’ai déja traité cette partie éssentielle du Drame ; ainsi je n’en dirai rien ici, crainte de me répéter inutilement.

154. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

L'on n’ose la mettre au jour, de crainte d’être regardé comme le défenseur de ce que la religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-même, ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferais toutefois pas sans scrupule si l’auteur de ces Observations avait parlé avec moins de passion.

155. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

C’est, au contraire, de toutes les passions celle qui en fait commettre le plus : tel qui, de sang-froid, aurait été retenu par la crainte et la réflexion, perd l’une et l’autre par l’ivresse et se livre à toute sa fureur, que le vin anime.

156. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

La difficulté d’égaler l’élégance de l’un, & la crainte de subir le sort de l’autre, avoient arrêté toutes les plumes dramatiques. […] Il l’a pris pour son modele ; mêmes intrigue, confidences, situations, dénouement, craintes, remords, même rivalité en faveur d’une autre maîtresse, Biblis est calquée sur Phedre, & semble n’en être qu’une traduction libre, quoiqu’il y ait beaucoup de pensées propres au Comte, & même des traits plus beaux que dans Racine, semés sans doute à dessein, pour déguiser le plagiat, Précaution peu nécessaire au-delà des monts, où Racine n’est connu que de quelques amateurs.

157. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ? […] Aussi nous vous disons dans notre chaire apostolique : « Exécutez les commandements de Dieu, adorez et glorifiez notre Père qui est aux cieux, pratiquez la morale de l’Évangile, aimez votre prochain comme vous-mêmes, et vous aurez accompli la loi de Jésus-Christ. » Et nous ajoutons : « Vous êtes membre de la société pour laquelle vous avez été créés : si cette société vous impose des devoirs, en échange elle vous procure des jouissances et des plaisirs ; remplissez vos devoirs, et livrez-vous ensuite sans crainte aux jouissances et aux plaisirs qu’elle vous présente.

158. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

L’innocence doit souvent son salut à la crainte et à la honte attachée au crime : si vous rompez ce double frein, et que l’intérêt propre se trouve joint à la liberté de commettre le mal tête levée ; que peut-on attendre de là, sinon que le plaisir devienne le maître absolu, et que tout cède à la cupidité ? […] Céladée jeune personne de qualité saisie de crainte que son amant ne devienne l’époux d’une autre qu’elle, demande que l’univers tombe dans un informe chaos : elle voudrait voir tous les éléments se confondre et s’ensevelir elle-même sous la ruine commune de ce bas monde : elle invective follement et emphatiquement contre le Ciel de ce qu’il a formé la nature humaine autrement qu’elle n’eût dû être à son avis : P. 52.

159. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Trois grandes Puissances l’environnent ; ce n’est pas, comme on se l’est imaginé jusqu’à présent, à la jalousie réciproque de ces trois Puissances ; ce n’est point à l’attention et à l’intérêt que chacune d’elles a d’empêcher une de ses rivales de s’en emparer, que Genève doit sa tranquillité ; c’est à la crainte qu’elle inspire : et comment ne tremblerait-on pas à son aspect ? […] Dussiez-vous me punir de ma sincérité, Sans crainte, je ferai parler la vérité.

160. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Souffrirait-on à la Cour, ni même dans un Etat policé, qu’on jouât le Roi, les Princes, les Magistrats même des autres royaumes, non seulement par la crainte de la satire, mais encore, ne jouât-on que leurs belles actions, pour ne pas blesser le respect qui leur est dû, et familiariser le peuple avec ses maîtres, en les lui donnant en spectacle ? […] L’Ecriture ne prêche que l’amour et la crainte de Dieu, et le théâtre n’inspire que l’amour de la créature.

161. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Je sai que dans la suite l’intrigue, la crainte, les présens, l’autorité, ont attaché au Parlement, qui n’a de loi que l’intérêt, des arrêts qui l’ont légitimée & ennoblie. […] On croit bien que dans la crainte d’être disgraciés, ou l’espérance d’obtenir de nouvelles graces, on n’avoit garde de lui refuser, ou de presser le payement. […] Elle favorisa l’un par intérêt, il lui étoit utile ; l’autre par estime, il avoit de grands talents ; un autre par crainte, il pouvoit former un parti redoutable ; l’autre par légereté, par caprice, lui avoit plu.

162. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Barthelemi, ni à la conversion de son maître, malgré toutes les raisons d’intérêt & de crainte qu’il pouvoit avoir, ni même après la mort de Henri, quoique la Cour de sa veuve & de son fils fût très-décidée, & lui fît sentir son mécontentement. […] C’est sans doute une action louable & juste, mais où le besoin, l’intérêt & la crainte ont bien aidé l’héroïsme. […] J’avoue , dit-il de l’un, qu’il est mon ennemi, mais c’est précisément ce qui doit suspendre mes poursuites , & lui rendit ses bonnes graces ; & adressant la parole à l’autre : Soyez sans crainte, vous vivez sous un Prince qui cherche à diminuer le nombre de ses ennemis & à augmenter celui de ses amis.

163. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

La foi n’est à ses yeux qu’une stupide crédulité ; la piété, un enthousiasme ; la crainte des Jugemens de Dieu, une foiblesse ; l’espérance chrétienne, une superstition ». […] Vous en avez conclu, que rien ne rend l’homme plus véritablement grand que la crainte de Dieu : vérité dont le développement fut le sujet du Prix proposé en 1709 par l’Académie des Jeux floraux. […] Mais cette crainte, qui nous rend grands, n’est point cette crainte désespérante qui est le partage des impies ; c’est cette crainte amoureuse, qui regarde Dieu plutôt comme un Pere, que comme un Maître, qui nous fait vouloir une même chose avec lui, & qui donne aussi à notre obéissance le goût de la liberté & du choix. […] S’ils sont sujets fideles, ce n’est pas pour éviter la vengeance des Souverains ; s’ils sont Rois bienfaisans, ce n’est pas pour prévenir la révolte des Peuples ; s’ils sont Juges équitables, leur justice n’est point la crainte du reproche ; s’ils sont soldats intrépides, leur valeur n’est point la crainte du mépris ; la crainte de Dieu ferme leur cœur à toute autre crainte ; & supérieurs au respect humain, ils ne dépendent que de leur devoir. […] Les vertus humaines produisent quelquefois les grandes actions ; la seule crainte de Dieu forme les grands sentimens.

164. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Qu’on ne dise pas que, toujours païen dans le cœur, il n’a fait semblant d’être chrétien que par crainte.

165. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Elle fait reparaître sans crainte, l’ambition, la cruauté, l’amour & l’héroïsme ; on lui permet encore de nous montrer plusieurs fois les sujets de ses Drames retravaillés de nouveau.

166. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoute de toutes les autres voluptés, qui nous fait mépriser le siècle; qui nous établit dans une véritable liberté ; qui conserve la pureté de notre conscience ; qui nous rend satisfaits de notre condition présente; qui fait que nous n'avons aucune crainte de la mort; qui nous fait fouler aux pieds les Idoles des Païens; qui nous tend victorieux des Démons; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ?

167. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

Qu’on ne dise pas que ce soit de vaines craintes.

168. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Ceux-ci dans leur superstition craignaient leurs faux Dieux ; et cette crainte mettait des bornes à leurs passions.

169. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Ce systeme dramatique, s’il étoit reçu, & goûté par la nation, ne serviroit qu’à exciter les passions les plus violentes, dans les deux sexes, & à renouveller les horreurs des Cirques, aussi opposées à l’humanité qu’au Christianisme ; à accabler de douleur & de crainte sous prétexte de plaisir ; à attirer l’homme hors de lui-même, à le jetter dans l’ivresse, le rendre comme insensé, pour l’amuser, & dans la vérité ne lui procurer aucun plaisir, rien ne plaît s’il passe les bornes de la nature. L’émotion excessive des organes, fut-elle même causée par le plaisir, fatigue, incommode, deplaît, & nuit en effet, A plus forte raison, l’émotion causée par la douleur & la crainte.

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