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68. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 7-8

Et ailleurs il dit expressément, qu’il vaudrait mieux labourer la terre un jour de fête que d’y danser, et il appelle la salle où l’on danse, la caverne infâme du diable12, et que si ces danseurs sont chrétiens en l’Église, il sont païens hors de l’Église.

69. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Il est certain que la République d'Athènes n'a jamais rien prononcé contre ceux qui représentaient sur la Scène les Comédies et les Tragédies, ni contre ceux-là même qui dansaient les Mimes les plus ridicules, qui jouaient les farces les moins honnêtes, et qui faisaient les bouffonneries les plus insolentes, qu'elle a toujours considérés comme les suppôts de Bacchus dévoués à son service, employés à la pompe de ses cérémonies, et qualifiés Technites, c'est-à-dire, Artisans, Ouvriers et Ministres de ce faux Dieu ; elle ne rendit jamais les uns ni les autres incapables d'aucunes charges de l'Etat, et ne voulut point les priver des droits les plus honorables de leur Bourgeoisie. […] En quoi le Préteur et le Jurisconsulte n'ont jamais prétendu comprendre les Comédiens et les Tragédiens qui n'y sont point nommés, comme il eût été nécessaire dans une si importante occasion ; car on n'imposerait pas une peine d'infamie, par des mots équivoques, et qui ne peuvent être équivalents ; il n'est fait mention que d'un art de bouffonner, qui consistait en deux choses, aux paroles et aux postures ; et l'un et l'autre est ici clairement expliqué par les mots de prononcer et de faire des gestes ; et c'était par là que les Mimes et Bouffons étaient principalement recommandables, en faisant réciter leurs vers avant que danser ou les récitant eux-mêmes, en les dansant, afin que les Spectateurs eussent une plus facile intelligence de leurs postures, comme je l'ai déjà marqué.

70. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Mais de danser, courir, etc., il s’en faut bien garder. […] Mais il y a autant de différence entre les spectacles publics et les divertissements du cloître, que entre un repas honnête avec des personnes choisies, et les débauches du cabaret ; entre une partie de jeux d’adresse avec ses amis, et les jeux de hasard dans un brelan ; entre un menuet dansé en famille dans sa maison, et un bal nocturne, un bal d’opéra, un charivari ; la même différence que entre les personnes qui le composent ; entre des femmes publiques, et des vierges consacrées à Dieu ; des actrices fardées, à demi nues, et des vierges modestement voilées ; un amas de libertins et d’impies, et une compagnie de gens pieux et réglés ; une profession livrée au vice, et un état sacré dévoué à la religion et à la vertu. […] On ne représentait au moulin d’Issy aucune pièce qui n’eût été vue, corrigée et approuvée par le Supérieur, on n’y souffrait pas même le mot d’amour, il ne s’y dansait jamais, on retranchait tous les rôles de femme.

71. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Dans un grand éloge de la danse, il ne se borne pas aux graves raisonnemens du maître à danser du Bourgeois Gentilhomme, il veut que la danse soit la perfection de la nature, un traité de morale, un cours complet d’éducation. Un bon dansent est un Socrate, un Epictete : cette bonne qualité suppose & donne toutes les autres. On ne peut danser sans avoir un bon-sens exquis : chaque pas, chaque mouvement, chaque attitude est une leçon, une image de vertu. […] Un pere ayant vu danser sa fille dans une bal, ne pouvoit se lasser de louer sa gouvernante, qui l’avoit si bien élevée. […] Il siffla une gigue, le tabarin se mit à danser, & fit tant de gambades qu’il déconcerta le siffleur & le fit rire.

72. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Que c’est un moindre mal d’aller à la charrue un jour de Dimanche, que de danser. […] je prie Dieu qu’ils dansent toute l’année. […] Toute l’année se passa à danser jour et nuit sans aucune relâche, sans boire, sans manger, sans user leurs habits. […] A quoi peut être propre un jeune homme qui retourne au logis à trois heures du matin après avoir dansé et ballé toute la nuit ? […] D'où l'expression "danser la tarentelle".

73. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre II. De deux sortes de Danses, dont il est parlé dans l’Ecriture Sainte. » pp. 6-13

C’est sans doute par la lumière de cet Esprit Saint, que Sara fille de Rachel avait été conduite, qui répandant son cœur en la présence de Dieu dans l’amertume de son âme, disait qu’elle ne « s’était point mêlée parmi les personnes qui jouaient et qui dansaient »,« Numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui cum levitate ambulant. »Job. 3.

74. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Louis XIV, qui aimoit à danser sur le théâtre, ne fut-il pas corrigé par Racine ? […] Louis XIV ne parut plus sur les théâtres, & ne dansa plus dans les ballets, quoiqu’il aimât la danse, & qu’il dansât bien.

75. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre IV. Il faut que le nouveau Théâtre se fonde sur la Vérité & sur la Nature. » pp. 133-138

Les contes avec lesquels on berce les enfans sont moins incroyables que les Épisodes & souvent le sujet de ses Drames ; les Diables y dansent, les Dieux y radotent.

76. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

en parlant de David qui dansa devant l’Arche au son des flûtes, des tambours et des autres instruments, avoue que ce n’est point un mal de danser et de chanter ; mais il prétend que cela n’excuse point les Chrétiens qui assistent à des danses lascives, et à des chants impurs, qui font retentir les louanges des Idoles. […]  que Marier sœur d’Aaron dansa au son des tambours, et qu’elle mérita même par cette action ? […] qu’après leur retour de la Chaldée, ils danseront et joueront des tambours ? […] les Spectacles dans ces célèbres paroles : « Abstenez-vous de la moindre chose qui ait l’apparence du mal. » Mais Albert le Grand répond à tous ces Passages que les danses, etc., « qui, de soi ne sont pas mauvaises pouvaient le devenir par les malheureuses circonstances dont saint Paul entend parler : Qu'il est faux qu’on ne dansa toujours que devant les Idoles, et qu’on le faisait en d’autres occasions, témoin Marie sœur d’Aaron et de Moïse, dont nous venons de parler : Que Dieu, par la bouche de son Prophète ne reprend que les gestes infâmes dont les danses des Juifs étaient accompagnées : et que saint Paul enfin défend jusqu’à l’apparence du vrai mal, et non de ce qui ne le devient que par accident et par de mauvaises circonstances.  » Ces autorités de l’Ecriture, dont on fait tant de bruit, ne prouvent donc rien, selon Albert le Grand, contre les spectacles. […] [NDUL] « Je dis donc, Philothée, qu’encore qu’il soit loisible de jouer, danser, se parer, ouïr des honnêtes comédies, banqueter, si est-ce que d’avoir affection à cela, c’est chose contraire à la dévotion et extrêmement nuisible et périlleuse. » (Introduction à la vie dévote, I, 23).

77. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

C’était un bon temps, un beau jour, lorsqu’on réunissait les cérémonies des fous, de l’âne et des cornards, ou lorsque les évêques dansaient ou jouaient à la boule dans les églises ou enfin lorsque les diacres, et ceux qu’alors on appelait sous-diacres, « prenaient plaisir a manger des boudins sur un coin de l’autel, au nez du prêtre célébrant ».

78. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Le manteau étoit admirable, on étoit affublé de tous les titres, on les déployoit, on pouvoit danser la pavane. […] Les danseurs s’en font une loi, ce que la rapidité & les revolutions de la danse rendent plus difficile & plus incommode ; c’est presque danser sur la corde. […] Les acteurs & les actrices ne manquent pas de déployer sur leurs pieds ces fausses & ridicules richesses, sur tout quand ils dansent.

79. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

« Entre les Romains, dit-il, danser en public était un péché quasi irrémissible, à cause de quoi l’Empereur Domitien dégrada un Sénateur de l’entrée du Sénat, pour avoir dansé publiquement. Aurélien en priva un autre, quoique son ami, pour avoir dansé aux noces de sa voisine, disant cela être indigne de la gravité de son état de s’être tant rabaissé. » Il serait à souhaiter qu’on fît une nouvelle édition de ce livre unique, devenu rare, en retranchant un petit nombre d’expressions surannées.

80. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

C’est un monde qu’un Opéra, Acteurs, Actrices, Danseurs, Danseuses, Musiciens, Instruments de toute espèce, Maîtres à danser, à chanter, Peintres, Tailleurs, Brodeurs, Menuisiers, Machinistes, Dessinateurs, Pages, Portiers, Régisseurs, Inspecteurs, etc. […] Quelle nécessité que tant de monde apprenne si fort à danser, à chanter, à jouer des instruments, le dispute aux danseurs et aux musiciens de profession, emploie à grands frais les années entières à des exercices pour le moins inutiles, et néglige les études sérieuses, les devoirs de son état, ses propres affaires ?

81. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Saint Cyprien leur dit donc premièrement, que mal à propos ils allèguent des faits de l’Ecriture pour justifier les Spectacles ; par exemple, que David avait dansé devant l’Arche, parce que cela ne se faisait pas d’une manière lascive et pour un vain plaisir, mais d’une façon religieuse et en se réjouissant au Seigneur. […] « Saint Cyprien, dit le Docteur, en parlant de David qui dansa devant l’Arche, au son des tambours, des flûtes et des autres instruments, avoue que ce n’est point un mal de danser et de chanter ; mais il prétend que cela n’excuse point les Chrétiens qui assistent à des danses lascives et à des chants impurs, qui font retentir les louanges des idoles. […] Il erre dans le fait, puisque saint Cyprien en parlant de la danse de David, n’a jamais dit, « Que ce ne fut point un mal de danser et de chanter ». […] Et en répondant à l’exemple de David qui a dansé devant l’Arche ; il dit, que cet exemple ne favorise en rien les Chrétiens qui assistent au Théâtre : « Nihil adjuvat in theatro sedentes Christianos fideles », parce que dans la danse de David il n’y a rien de honteux, ni qui ressente la licence des scènes et des fables grecques. […] Ce Prophète inspiré de l’Esprit saint, prédit que les Juifs au retour de leur captivité, danseront et joueront du tambour, pour marque de leur joie et de leur reconnaissance.

82. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Il suffit à Bathille d’être pantomime pour être couru des Dames, à Chloé de danser, à Roscine de représenter dans les chœurs pour avoir une foule d’amans. » Qu’on consulte les Clefs qui ont été faites de ces fameux Caractères, on y verra les noms des premieres Dames de la Cour & de la ville. […] Foix) où de jeunes filles voluptueusement parées s’assemblent à cinq heures du soir pour étaler sur un théatre tout ce qui est le plus capable d’exciter des désirs violens & des passions criminelles ; elles dansent avec indécence, chantent d’une voix luxurieuse, déclament avec des graces séduisantes, & emploient tout leur art à allumer des feux sur lesquels est fondé le plus beau de leurs revenus. […] & quelle femme ne se croiroit heureuse de danser comme elles, & n’acheteroit leurs leçons au plus haut prix ?

83. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Elie, dit-on, a été élevé dans un char, David n’a-t-il pas dansé devant l’Arche ? […] David qui a dansé devant l’Arche, a-t-il paru au théâtre, pour y représenter les amours des Divinités Grecques par des mouvements indécents ? […] des chants diaboliques, des femmes qui dansent, qui semblent agitées par le démon : « Diabolicos cantus, mulieres saltantes, a dæmone agitatas. » Que fait cette danseuse ?

84. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Elle fait un mérite à quelques-uns de ses plus saints personnages d’avoir dansé au son du tambour. […] Tel directeur Janséniste veut que, pour danser, on substitue aux violons des castagnettes.

85. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

Six Génies dansent, dites-vous, lorsqu’une Pomme d’or tombe du ciel.

86. (1844) Théologie morale « CHAPITRE I. Des Péchés de luxure non consommée, sections 644-651. » pp. 291-296

3° Il ne doit point absoudre ceux qui ne veulent pas renoncer à l’habitude de danser pendant les offices divins.

87. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

L’on vit danser aux représentations de plusieurs de ses Poèmes, tout ce qu’il y avait de plus distingué à la Cour. […] On y vit danser à St. […] Les Opéras qui portent parmi nous le titre de Balets, sont ordinairement gracieux & rians ; ils ne renferment que des aventures amoureuses, dont le dénoument est toujours heureux : on prétend que le nom d’Opéras-Balets, qui tire son origine du vieux mot François Baller, qui signifiait sauter, danser, se réjouir, vient de ce qui s’observait dans les Fêtes que donnait Louis XIV. […] Les uns se moquaient de voir danser les Diables & les Furies ; les autres riaient de voir des soldats s’égorger en chantant.

88. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Ce n’était pas pour s’affliger qu’ils s’assemblaient un certain jour, dans le tumulte & dans l’ivresse des vendanges ; mais afin de se réjouir de l’abondante récolte, & de gouter les prémices du vin : on chantait & l’on dansait alors, disent nos Savans & tous leurs commentateurs. […] Dans la fameuse cérémonie du Gui de chêne, on dansait, on chantait : en faut-il davantage pour faire appercevoir le germe caché du Drame ?

89. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Nous montrons par l’Ecriture, & par après par raison, combien c’est chose méchante de danser. […] Ceux qui dansent, rompent l’accord qu’ils ont fais avec Dieu au Baptême, promettant de renoncer au Diable & à toutes ses pompes. […] Tous les Acteurs reparoissent, dansent une marche brillante, font une danse en rond & un ballet général.

90. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

. « Marie sœur d‘Aaron dansa au son des tambours, et elle mérita par cette action. Selon le Roi Prophète, Benjamin était au milieu des jeunes filles qui jouaient du tambour ; Dieu promet aux Juifs qu’après leur retour de la Chaldée ils danseront, et joueront des tambours ». […] Pourquoi Dieu promet-il aux Juifs « qu’ils danseront et joueront des tambours » ?

91. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Hurpy fils, destiné à doubler le Pierrot………… 8 ans Les mêmes Acteurs jouent & dansent.

92. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Macrobe raconte, que Pylade se fâcha un jour qu’il jouait le Rôle d’Hercule furieux, de ce que les Spectateurs trouvaient à redire à son geste trop outré, suivant leurs sentimens, & qu’il leur cria, après avoir ôté son masque, « Foux, que vous êtes, je représente un plus grand fou que vous. » Après la mort d’Auguste, l’art des Pantomimes reçut de nouvelles perfections* : sous l’Empereur Néron, il y en eut un qui dansa, sans Musique instrumentale ni vocale, les Amours de Mars & de Vénus.

93. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « Le Régiment de Saint-Gervais avait fait l’exercice, et selon la coutume, on avait soupé par compagnies : la plupart de ceux qui les composaient se rassemblèrent après le souper dans la Place de Saint-Gervais, et se mirent à danser tous ensemble, Officiers et Soldats, autour de la fontaine, sur le bassin de laquelle étaient montés les Tambours et Fifres, et ceux qui portaient les flambeaux.

94. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Tant de plaisirs réunis gagnent à coup sûr le cœur d’une jeunesse trop peu éclairée pour aimer la vertu pour elle-même, sans instinct et sans intérêt. » On voit ensuite danser la Religion avec les vertus, les jeunes gens, les grands Prêtres, Comus, divinité de la table, dont l’unique fonction était de présider aux fêtes, aux toilettes des femmes et des jeunes gens qui aiment la parure. […] Mais y unir la magnificence des habits, la délicatesse des parfums, le dieu de la bonne chère, la danse, etc., c’est en vérité une morale bien singulière ; faire danser sur un théâtre, et faire des remerciements au plaisir, la foi, la mortification, l’humilité, la religion ; je ne sais si l’indécence d’un tel spectacle l’emporte sur le ridicule.

95. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

On avait vu avant lui, il avait lui-même donné des bals, ballets, mascarades, etc. où l’on dansait, chantait, récitait des vers ; Benserade en avait fait un grand nombre. […] Il les animait au contraire, les favorisait, les adopta même, les fit jouer à la Cour, et sans beaucoup s’embarrasser des bienséances, il engageait le jeune Roi, les Princes, les Princesses, les plus grands Seigneurs, à y prendre des rôles, à s’y déguiser en dieux, en déesses, faunes, satyres, bergers, etc. à y danser, à y chanter.

96. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Il compare le poëte, non à un actrice, mais à une femme honnête, qu’on obilgeoit quelquefois de danser aux fêtes de la grande Déesse, & qui, bien loin de se faire gloire d’étaler ses charmes, en danseuse de théatre, n’y paroissoit que malgré elle, modeste & confuse, ut sacris matrona moveri jussa diebus interevit satyris paulum pudibunda protervis .

97. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

Or on dit que le principal exercice des sorciers en leurs assemblées est la danse : et ainsi les idolâtres dansaient à l’entour du veau, Exode 32d, comme aussi quand ils voulaient apaiser leurs Dieux, Idoles et diables et obtenir quelque chose d’eux ils proposaient publiquement des jeux de théâtres, comme il appert ès leçons des matines de la fête de monsieur saint Michele.

98. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Saint Ephrem, qui vivait dans le sixième siècle, avertissait les fidèles de ne pas consumer un temps précieux aux jeux du théâtre, se souvenant de la menace portée dans Isaïe : « Malheur à vous qui faites la débauche, et qui dansez au son des instruments !

99. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Ajoutons cette foule d’almanachs, de tablettes, d’histoires, de dictionnaires de théâtre, cette inondation de programmes et d’affiches qui parent les carrefours et arrêtent les passants par leurs couleurs et leurs vignettes, ces listes innombrables d’Acteurs, de danseurs, de sauteurs, de chanteurs, qui apprennent au public, comme une chose de la dernière importance, qu’un tel a joué le rôle de Scaramouche, une telle celui de soubrette, que celui-ci a chanté une ariette, celui-là dansé un pas de trois.

100. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Il sera défendu, à l’avenir, aux filles et aux femmes de danser sur le Théâtre, sans en excepter même celles qui seraient Actrices.

101. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Le mot a passé de la Peinture au Théatre, où l’acteur doit être habillé, coëffé, chaussé, agir, parler, chanter, danser, comme feroit la personne qu’il représente. […] Celle-ci suffit pour amuser, & c’est tout ce qui en est permis : mais il ne suffit pas pour en faire un spectacle ; elle doit peindre les passions & les inspirer, imiter leurs excès, ce n’est plus danser qu’imparfaitement : c’est un pantomime, une partie de la piece. […] On a toujours reproché à la Comédie Françoise un caractere, un goût efféminé qui en fait le fruit & l’école du libertinage ; de-là cette fureur de mettre par-tout l’amour, d’adorer par-tout les femmes, de ne penser, chanter, danser, peindre que galanteries ; de-là l’esprit général des acteurs, spectateurs, amateurs, auteurs, qui n’est pêtri que de débauches, l’empire des actrices, la vogue des parures toutes les plus indécentes, l’imitation des femmes qui semble avoir changé les sexes, ou plutôt ne faire qu’un même sexe des hommes & des femmes.

102. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

.° La servilité de l’œuvre n’est pas douteuse pour tous les ouvriers qui travaillent au théâtre, aux décorations, aux habits, aux machines, aux chandelles, à habiller, parer les Acteurs et les Actrices les heures, les journées entières, et pour des objets qu’on ne peut certainement traiter d’absolument nécessaires ; pour tous ceux qui enseignent à chanter, à danser, à réciter, à jouer des instruments. Qui doute que les leçons d’un maître à danser, d’un maître de musique, du violon, du clavecin, etc., ne soient des œuvres serviles ?

103. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

C’est ce que nous voyons dans l’Écriture, qui nous dit qu’à peine les Israëlites eurent-ils fondu un Veau d’or dans le désert, qu’ils se mirent à danser, comme pour faire la consécration de cette Idole, pour reconnaître qu’ils en tenaient leur délivrance de l’Égypte, et qu’ils en attendaient encore d’autres secours. […] 3. « Tandis que vous avez dansé, plusieurs âmes sont décédées en grande angoisse ; mille milliers d’hommes et de femmes ont souffert de grands travaux en leurs lits dans les Hôpitaux, et ès rues, la goutte, la gravelle, la fièvre ardente : helas ! […] et pensez-vous point qu’un jour vous gémirez comme eux, tandis que d’autres danseront comme vous avez fait ? […] Ne fréquentez point les femmes qui font profession de bien chanter, et de bien danser, de peur que leurs attraits ne vous perdent. […] Il n’y a pas jusqu’aux démons que l’on fait danser.

104. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Le demon ne trouve point de moyen plus puissant pour obtenir d’Herode la mort de ce grand Hommé, qui faisoit l’admiration de la Judée, que de faire danser devant le Roi une fille mondaine, bien parée, & fort adroite à cet exercice.

105. (1825) Des Comédiens et du Clergé « article » pp. 60-68

de ces processions à l’issue desquelles les chanoines dansaient en rond, jouaient aux quilles et se jetaient à la tête certaines galettes qui en ont conservé la dénomination de casse-museaux.

106. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Les allégations de plusieurs Auteurs ne sont pas beaucoup nécessaires en cette occasion : Nous ne doutons point premièrement que l’Histrion ou Bateleur ne pût être autre chose que le Comédien : Aujourd’hui ceux qui dansent sur la corde et qui font des sauts périlleux, ou qui jouent des gobelets, ne sont pas ceux qu’on appelle des Comédiens, et qui représentent des Pièces sur le Théâtre : On a encore voulu faire distinction entre ceux qui jouaient des Comédies facétieuses, et ceux qui représentaient des Tragédies, et autres Pièces de leur style, comme si ceux qui ne jouaient que des Pièces sérieuses eussent été des Hommes vénérables.

107. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Les suites de Melpomene & de Thalie se joignent à elles, dansent, sautent, forment des marches, des danses, des divertissemens imités des comédies de Moliere, du Bourgeois Gentilhomme, du Malade Imaginaire, de la Princesse d’Elide ; tout ce bruit est terminé par des couplets qu’on recite & qu’on chante à l’honneur du demi-Dieu, placé dans le Ciel, c’est à-dire, du buste sur son pied d’estal. […] & d’être informé d’un pas de trois, dansé à Vienne, d’une ariette chantée à Berlin, d’une décoration de Madrid, & c. il en est ainsi des établissemens dramatiques, il s’en fait de tous côtés ; en France, théatres publics, théatres de société, salles de spectacles, coliesées, vauxhal, académie de danse, académie de musique, salles de Bal, manufactures de fard, troupes d’acteurs, lottereis d’amateurs, sociétés d’actionnaires, imprimeurs, colporteurs, libraire de comédie, peinture, décoration, & c. enfin, il vient de se former, ce qu’on n’avoit jamais vu encore, une académie de Pactes-comiques, dont l’unique étude, l’unique emploi est d’examiner & de composer des comédies ; ils s’assemblent chaque semaine pour cet unique objet ; ils ont avoir des lettres-patentes, tous les Parlemens les attendent avec impatience, pour les enrégistrer avec honneur, la souscription est ouverte pour établir des couronnes en faveur de la meilleure piéce, & tous les papiers publics sont gagés pour l’annoncer. […] Quelquefois des personnes qui ont fait une partie, viennent masquées uniformément, selon quel un dessein marqué, le plus souvent malin ou galant ; quelquefois le bal est arrangé selon certain systême de déguisement ; cette assemblée alors réguliere, s’appelle mascarade ou ballet ; quand le ballet est fini, on laisse au public la liberté de danser comme il lui plair.

108. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

A la mort du Roi d’Angleterre il eut la folie de demander audience à la Reine sa veuve, pour lui conseiller fort sérieusement de danser, afin de dissiper son chagrin, conserver sa santé & bien gouverner l’Etat. […] Ce bal fut composé de cinquante de leurs enfans, petits enfans, arriere-petits-enfans, qui passerent toute la nuit à danser au son du violon dont jouoit le vieux pere, lequel exerce ce métier depuis soixante-dix ans. […] Les autres Danseuses ses compagnes, & celles qui l’ont suivie, en savent bien autant qu’elle pour la danse proprement dire ; elles ont autant de force, d’agilité, de finesse, mais il y en a bien peu qui sachent si bien réussir & accommoder, varier & proportionner ses mouvemens à l’action & au chant, qu’elles fassent en dansant une scene pittoresque, sans dire mot, qui soit aussi vive, & peut-être même plus vive que les paroles, & sur-tout comme elle composer, créer des pas, des gestes, des attitudes, des mouvemens, des figures, & danser de génie, & toujours d’accord avec l’orchestre & la scene.

109. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE IV. Extrait des Lettres de M. Clément. » pp. 85-106

Les bals continueront jusqu’à la mi-carême, à moins que l’Archevêque n’y mette obstacle ; mais on s’arrange, on priera les Dames à souper, il se trouvera là quelqu’un qui jouera par hasard un menuet, on le dansera, il surviendra d’autres violons par hasard encore, & petit à petit, sans scandale, l’assemblée deviendra bal, Lett. […] Un beau soir que la N … n’avoit point à danser à l’opéra, ne sachant que faire, a fait la plus jolie petite créature du monde, & n’en est que plus ingambe dans le pas de deux (elle accoucha dans les coulisses).

110. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Elle a la taille fine, Et même j’imagine… C’est grand dommage que la bonne intention de Rosalie soit sans éffet, & qu’elle ne puisse apprendre à la petite Fanchette ce que l’on entend en disant, « que les filles de Pantin & de Bagnolet n’ont besoin que d’un simple flageolet pour danser, tandis que celles de je ne sçais quel hameau ne dansent qu’au son des trompettes ».

111. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ils ont tout ce qu’il faut pour bien danser, sans jamais se fatiguer, une agilité, une vigueur surprenante, une subtilité qui passe au travers de tout, une impassibilité supérieure à tout, l’immortalité de la vie, l’éternité du bonheur, le sentiment le plus délicat de la cadence & de l’harmonie, une tranquillité inaltérable, une paix parfaite, une joie, un transport, qui va jusqu’à l’ivresse : Inebriabuntur ab ubertate domus tuæ. […] Peut-on dire comme le prophête : les montagnes, les collines, dansent comme des agneaux ; la mer voit & s’en fuit ; il marche sur l’aile des vents ; les nuées sont la poussiere de ses pieds &c. ? […] Nous avons ailleurs parlé fort au long de la danse, singulierement de l’idée burlesque de Cahusac, qui fait danser les anges, ce qui est encore plus absurde, puisque les Anges n’ont point de corps, & que les Saints en auront après la résurrection.

112. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Autrefois le Roi, la Reine, les Princes alloient danser & quelquefois jouer sur le théatre avec les comédiens.

113. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

 Mais j’entends de doux sons ; et la Vestrisae arrive, On dirait qu’elle veut, par sa marche lascive ; Du libertin Boucheraf , échauffant le cerveau, A peindre Messalineag, exciter son pinceau : O toi qui sans danser, te pâmant en mesure, Fais passer dans nos cœurs un rayon de luxure ; Quand te reverra-t-on, pour ton bien, notre honneur, Pour le repos du monde, et ton propre bonheur, En pet-en-l’air de gaze, au retour du Théâtre, Prodiguant tes trésors de corail et d’albâtre ; De ces fiers ennemis contre nos jours armés.

114. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Malheur à vous qui faites la débauche & qui dansez au son des instrumens : par-tout où la danse se rencontre, la musique & les transports d’une joie effrenée, les femmes s’oublient de leur devoir, les hommes sont saisis d’un esprit de vertige ; c’est un séjour de tristesse pour les Anges, le sanctuaire des Démons & leur grande fête.

115. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Cette fille ayant dansé devant Hérode, avec les grâces et l’indécence d’une Actrice (et sans doute beaucoup moins, c’était une jeune Princesse plus noblement élevée qu’une vile danseuse), elle séduisit ce Prince, jusqu’à lui arracher ce serment, si ordinaire aux amants, de tout sacrifier pour l’amour d’elle, et enfin à sa prière d’immoler le plus saint des hommes.

116. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Autres qui n’y vont pour vendre, ni pour acheter y vont toutefois, par curiosité pour y voir seulement la Foire et l’assemblée pour y manger, boire, danser, rager et faire joyeuse chère, et pour y attraper ou décevoir quelques pauvres filles qui y vont aussi bien souvent pour se faire regarder et rechercher afin d’y avoir quelque chose.

117. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Je ne vous le donnerai pas non plus pour modèle à vous jeunes gens de notre France si polie, si élégante, car sans doute il dansait mal ; puisque, suivant la Biblem : « Mical, sa femme, voyant le roi David qui sautait et dansait, se moqua de lui et le méprisa dans son cœur. » Mais permettez-moi, mes chers auditeurs, d’emprunter à une plume que vous reconnaîtrez sans douten, la défense d’un plaisir si cher et si utile à la jeunesse.

118. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

On le voyoit dans les rues chanter & danser avec le premier venu, comme les bohémiens & les chantres du Pont-neuf ; il devenoit amoureux de toutes les jolies filles, se déguisoit de mille manieres, il faisoit cent folies pour leur plaire ou tromper leurs parens, en officier, en magistrat, en marchand, &c. […] Sur ce canevas, il arrange & distribue les rôles : on parlera, on déclamera, on chantera, on dansera, on rira : voilà mon intrigue. […] Dans un conte de Voltaire, il est dit qu’un homme sage & sa femme, parlant de l’éducation de leur fils à son gouverneur, la mere déclara que son fils n’apprendroit ni grec ni latin, parce qu’on se jouoit l’opéra & la comédie qu’en françois, ni l’histoire, parce que les histoires de Lafontaine étoient les plus utiles, ni la philosophie, parce que Moliere étoit le plus grand philosophe, ni la géographie, parce que son cocher sans elle savoit trouver le chemin de ses terres ; il fut enfin décidé que son fils apprendroit à danser, iroit aux spectacles, étudieroit Lafontaine & Moliere, auroit un baigneur, une toilette.

119. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Que celui qui aurait envie de danser, le pourrait faire tout seul en sa chambre : par ce moyen s’en allaient à vau-l’eau les branles ; ou danses rondes ; auxquelles, comme dit quelqu’un, le Diable fait le centre, et les anges la circonférence ; on faisait aussi évanouir la plupart des autres danses, qui demandent compagnie : et ne se fut pas trouvé grand nombre de danseurs à cette mode ; Encore estimait-on, qu’il ne serait pas trop séant, à un fidèle, combattant en l’Eglise militante, sous l’enseigne de la croix en temps toujours calamiteux, ou pour soi, ou pour les membres d’un même corps ; de sauter, et gambader, comme un fol, en une chambre à part, cela sentant plus son bouffon, ou son ivrogne, que son Chrétien, au jugement même des Païens, l’un d’entre lesquels ditCic. pro Mur. […] [NDE] ménestrel (se dit à l’époque pour les musiciens qui font danser mais aussi pour les comédiens). […] [NDE] Tilenus fait sans doute allusion à mimus, spectacle largement dansé et souvent grossier – et seul spectacle où les femmes soient admises sur scène.

120. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

Car alors qu'ils assistent à ces Jeux que les Païens font en l'honneur des Idoles, ils se déclarent Idolâtres, ils font injure à Dieu, et méprisent la véritable Religion ; et l'on ne doit point prétexter ces désordres de l'exemple de David, qui fit des Chœurs de Danse et de Musique en des Processions solennelles ; car il ne dansait pas avec des sauts et des gestes dissolus quelque honteuse fable des Grecs ; ils y célébraient la gloire de Dieu par des Hymnes saintes ; et l'on ne se doit point faire un Spectacle des choses dont l'artifice du Démon a corrompu la sainteté pour les rendre criminelles.

121. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Il semble qu'Isaïe ait voulu faire une peinture prophétique des théâtres : On verra, dit-il, dans les temples de la volupté danser les Faunes et les Satyres, on y entendra chanter les Sirènes : « Pilosi saltabunt, et Syrenes cantabunt in delubris voluptatis.

122. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Les comédiens s’adresserent au Gouvernement, pour obtenir un édit qui leur permit de danser. […] Cette saillie fit rire : cependant ces mêmes François fermerent le théâtre, comme le Parlement avoit fermé le palais, & déclarerent qu’ils ne représenteroient plus s’ils ne pouvoient danser ; comme le Parlement disoit qu’il ne rendroit pas la justice.

123. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Le grand Moliere, dans le Bourgeois Gentilhomme, auroit du joindre un amateur du théatre, au maitre à danser, au maître à chanter, au maître en fait d’armes, & lui faire prouver que la scéne, tout aussi-bien que la danse, la musique & les armes, fait le bonheur du monde. […] C’est l’éloge de la Tarentule, dont le venin fait si bien danser ceux qui en sont mordus, qu’ils en tombent morts.

124. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Il n’y manque point de Danseurs, de Danseuses à la taille la plus élégante ; des Chanteurs & des Chanteuses à la voix la plus harmonieuse qui dansent & chantent divinement, & surtout des Comédiens qui jouent mieux que Baron. […] Beaucoup de masques y vinrent danser.

125. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

La fatuité & l’enthousiasme vont plus loin ; ils prétendent que le théatre est la bonne école, que l’éducation de la jeunesse exige qu’on fasse fréquenter les spectacles & jouer la comédie, qu’on apprend ainsi à danser, à chanter, à déclamer, à s’habiller proprement. […] Allât on toujours à la comédie, on n’en sauroit pas pour cela danser, ni chanter, ni déclamer.

126. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

C’est ici le temps de la guerre, et vous ne pensez qu’à danser et à vous réjouir, c’est ici le temps de veiller et se tenir sur ses gardes, c’est le temps de répandre des larmes sur les périls qui vous environnent, et sur la longueur de cet exil, il n’y a point de moment pour rire, cela n’appartient qu’au monde qui verra dans peu une étrange catastrophe.

127. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Il commence par la définition des Comédies déshonnêtes : Ce sont celles, dit-il, où les hommes et les femmes s’entretiennent des intrigues d’amour, dansent au son des chansons les plus tendres, et donnent publiquement des leçons d’un crime qu’on n’ose commettre qu’en secret, tant ce crime est honteux : les entretiens n’en peuvent donc pas passer pour honnêtes ; et quoique la corruption du siècle les tolère, ils n’en sont pas moins criminels.

128. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Les Plaisirs en personne viennent chanter & danser devant Renaud, & l’ennuient, il les renvoye, parce que quand Armide est absente, tout l’ennuie, tout augmente sa peine. […] Qu’importe en effet l’unité de Dessein, lorsqu’on ne veut qu’entendre chanter, & voir danser ?

129. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Elles ont des robes de parade, & des habillemens à tous les jours : Et si Ronsard & du Bellay reuenoient au Monde, ils vous jureroient qu’ils les ont veuës en juppe & en leur des-habillé danser dans les bois aux rays de la Lune.

130. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Ils n’attendent pas qu’on deffende les spectacles, ils preuiennent eux-mesmes, & demandent hardiment ; qui les peut impreuuer puisque la Saincte Escriture les appreuue ; le Prophete Helie n’a t’il pas mené le chariot d’Israël ; Dauid n’a t’il pas dansé deuant l’Arche d’Alliance à la face de tout son peuple ; ne lisons nous pas qu’aux plus Sainctes réjoüissances on a fait des concerts de voix & d’instruments ; qu’on y a fait retentir les Harpes, les Tambours, les Trompettes, & les Psalterions.

131. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Vos femmes ont une si grande mollesse, qu’elles ne peuvent faire deux pas, & venir à l’Eglise, sans se faire porter (& elles ont la force de danser les heures entieres).

132. (1760) Lettre d’un curé à M. M[armontel] « letter » pp. 3-38

Pour ne pas trop se raidir contre les usages reçus, il consent néanmoins qu’on fasse apprendre à danser aux jeunes filles, après leur avoir choisi un Maître d’une vertu reconnue.

133. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Mes chers frères, ne vous trompez pas, je vous le dis encore une fois, ne vous trompez pas : nul ne peut servir Dieu et aller danser avec le démon. […] Une heure viendra bientôt vous séparer de tous ceux avec qui vous dansiez.

134. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES MATIERES. » pp. 229-258

Page 227 Le roi David dansa devant l’arche.

135. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Débarrassé du Chant qui lui faisoit perdre la respiration, il dansa avec plus de vigueur : ce qui fut cause qu’on partagea pour toujours la Danse & le Chant entre deux Personnages.

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