Cependant dans ces premiers Poèmes dramatiques, ainsi que dans ces derniers, l’Auteur se proposait pour but principal de plaire à ses Spectateurs : car soit qu’il voulut les corriger, soit qu’il voulut simplement les amuser, il est certain qu’il ne pouvait réussir ni dans l’un ni dans l’autre de ces projets, qu’en faisant sur leurs esprits une impression, qui leur rendit aimables ou ses leçons ou ses jeux ; si quelques Poètes n’ont pû arriver à ce but ce n’est point la faute du Théâtre, mais uniquement de l’Auteur ou de l’Acteur, comme on va tâcher de le faire sentir.
Loin qu’il soit même averti de ses vices, il est proposé pour modèle de conduite, de politesse, de bel esprit ; et il est encore représenté riche et heureux, afin que son exemple fasse sûrement son impression. […] que c’est le but que se propose la Poésie que de plaire : mais ce n’est pas le principal. […] Il est des plaisirs innocents et il en est d’abominables : après tout le plaisir à parler en général n’est jamais une fin à se proposer. » L’autorité de Quintilien sera ici à sa place ; vu que nos Poètes traitent les obscénités de railleries fines. […] Un furieux peut se proposer pour fin de mettre le feu à un superbe édifice : sera-ce une raison qui empêche qu’on ne le lie ?
Il est très-possible qu’il ait donné au Président Henault la premiere idée du Théatre historique & politique qu’il vient de proposer aux Poëtes, & dont il a fourni un modelle dans le drame de François II. […] Voilà pourtant ce que semble proposer le P. […] La médaille d’or, prix dramatique établi depuis peu sur le modèle des prix académiques, ce qui peut-être a donné à l’Académie l’idée de proposer l’éloge de Moliere pour sujet de son prix, fut donnée au sieur Belloi par le Duc de Fronsac, premier Gentilhome de la Chambre en survivance, alors en exercice, en grande pompe de la part du Roi, en plein foyer, au milieu des Poëtes & des Actrices, c’est-à-dire sur le Parnasse & l’Olimpe réunis. […] Pierre s’offrit le premier, & fut imité par trois de ses parens : ce que la Tragédie rend assez fidélement à quelqu’épisode près de l’invention de l’Auteur, comme le Duel proposé par Philippe à Edouard, dont aucune Histoire ne parle : ce qu’il a pris de la vie de Charles Quint, qui proposa un duel à François I : trait romanesque peu séant à deux Rois. […] C’est un excès d’impudence de proposer ces regles lorsqu’actuellement on substitue des fables grossieres à cette vérité authentique, & à la pureté de la morale toutes les horreurs de l’impureté.
Sur ce principe, permettez vous, Mademoiselle, à un Écrivain obscur, homme ignoré, & qui en fait son bonheur, de vous proposer ses idées sur le Théâtre ? […] Tout ce que je me propose donc ici, c’est d’appuyer sur l’exactitude & la bonne foi. […] Quand on se propose même quelque édifice, quelqu’arrangement œconomique, quelque disposition locale : est-ce dans la nature que l’Artiste va prendre son modéle ? […] Il suffit sans doute que l’art se propose d’imiter la nature, pour que ses succès offrent toujours un espéce de phénoméne : l’art ne peut en approcher sans prodige ; la saisit-il ? […] Voyons d’abord quels sont les plaisirs que l’on peut proposer : est ce le Jeu, la Lecture, le Commerce, la Promenade, le Vin, &c.
Dans un conflict si opiniâtre de sentimens contradictoires, quel parti me suis-je propose de prendre ? […] Telle est l’innocente magie que se propose la Scéne. […] Mais vous vous proposez un but beaucoup plus estimable. […] Telle fut la fin qu’ils crurent devoir se proposer. […] qu’en user d’autre sorte, c’est s’écarter criminellement de la fin proposée au Poëte & à la Poësie du Théatre ?
On propose pour exemples, ce qui a jàd cessé d’être méchanceté.
Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves. […] On ajoute, il est vrai : pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir. Mais on se propose cela encore ordinairement.
On a même proposé des prix accadémiques pour celui qui donneroit le plus beau plan ; on n’en fit pas d’avantage pour la construction du Louvre ; n’est-ce pas en effet la maison des Rois, des Dieux & des Déesses ? […] A la foire saint Germain, à l’Hôtel des Monnoies, à la place Dauphine, vis-à-vis Henri IV, à l’Hôtel de Condé c’est celui qu’on doit suivre, pour ne priver ni le Prince, ni la Comédie, de l’honneur mutuel d’être logé sur l’olimpe pour les plans proposés. […] Il n’y manque que d’être de murailles de cristal ou de diamans, & d’avoir été construit d’un coup de baguette ; parmi tant de merveilles, nous nous arrêterons à quelques particularités qui ont du rapport à la matiere que nous traitons ; & au but que nous nous proposons.
L’an 400, après la fondation de Rome, les Censeurs ayant proposé au Sénat de faire construire un théâtre de pierre, le grand Scipion représenta que les spectacles corromproient infailliblement les Romains ; & sur sa remontrance qui ne se vérifia que trop dans la suite, le Sénat fit vendre aussi-tôt les matériaux préparés pour la construction du théâtre. […] Voici l’aveu public qu’a fait sur le même sujet M. de la Motte dans son discours sur la tragédie : Nous ne nous proposons pas d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu en les peignant de leurs vraies couleurs.
« Je voudrais qu’en général, dans les bals que je propose, toute personne mariée y fût admise au nombre des spectateurs et des juges, sans qu’il fût permis à aucune de profaner la dignité conjugale en dansant elle-même : car à quelle fin honnête pourrait-elle se donner ainsi en montre au public ? […] Les Spectacles par eux-mêmes ne sont point contraires à la Philosophie ; la seule erreur de M. d’Alembert est peut-être d’avoir proposé de les établir à Genève.
Quand je propose des règles si sévères et si sublimes, je n’ai pas la présomption de croire que je les ai entièrement remplies dans la composition de Judith.
Au reste le dessein que je m’étais proposé, quand j’ai travaillé sur les Tragédies, a été de les examiner du côté des mœurs ; afin de bannir du Théâtre de la réforme toutes les Pièces où la passion d’amour est portée à des excès qui peuvent être préjudiciables plutôt qu’utiles : mais, en travaillant selon mon plan et, pour ainsi dire, en chemin faisant, j’ai trouvé que les désordres de l’amour étaient souvent si mal imaginés par les Poètes, qu’il m’a été quelquefois impossible de ne pas relever des défauts que j’ai cru apercevoir dans leurs Ouvrages ; et c’est sur cela que je crois devoir prévenir mon Lecteur, et lui faire connaître ce que je pense.
Parmi bien de vains efforts qu’il faisoit pour se dégager, il raconte que dans les Ouvrages qu’il a donnés il insinue la nécessité de réformer les abus du théatre, mais que crainte de déplaire, il avoit si bien enveloppé ses idées, que personne ne s’en étoit apperçu, & ne lui en savoit mauvais gré ; qu’enfin il lève le masque, puisque retiré du théatre il peut le faire sans risque ; & propose à découvert la nécessité de la réformation. rIl avoue sincèrement que la vraie réformation seroit de le supprimer tout-à-fait, il convient de tout ce qu’on a écrit contre lui, mais que ne lui appartenant pas de le prendre sur ce ton, & de fronder l’autorité publique, qui le tolère par des raisons qu’il doit respecter, & ne pouvant d’ailleurs espérer qu’on frappe jamais un si grand coup, il se tourne du côté de la réforme, pour diminuer du moins le mal, & tirer quelque bien du spectacle, ce qu’il ne croit pas impossible. […] Voici les règlemens qu’il propose. 1.° Aucun Acteur ne sera reçu qui ne soit homme d’honneur, connu & avoué de sa famille, dont il rapportera des certificats en forme. […] Enfermer les Comédiens dans un Couvent, les faire vivre en communauté, leur donner des novices, leur faire observer des règlemens austères & pratiquer la vertu, y assujétir tous les Comédiens du royaume, & en faire un corps d’honnêtes gens, c’est instituer une congrégation de Capucins pour jouer la comédie, c’est, dit Riccoboni, la république de Platon, qui depuis tant de siecles que l’a proposée le plus grand Philosophe, n’a pu encore être adoptée du moindre village.
Cet auteur propose deux raisons qui font voir les difficultés que l’on a de justifier la Comédie, et il tâche de les détruire.
Les Réglements que je vais proposer, n’en sont qu’une faible ébauche ; et je suis persuadé qu’on les porterait à une plus grande perfection, si jamais on l’entreprenait sérieusement.
Il propose comme une grande difficulté dans l'instruction qu'il nous donne touchant la modestie, « Que les Histrions semblent pécher contre cette vertu par l'excès du divertissement, en ce qu'ils n'ont point d'autre pensée en toute leur vie que de jouer.
Sur la garantie de cet oracle, si cher aux amateurs, par ses deux belles qualités, les autels enfin, après cent ans, viennent d’être érigés, ou plutôt projettés & proposés aux libéralités de la nation, par le conseil d’état de Thalie, & ses graves ministres, acteurs & actrices. […] Lorsqu’après deux mille ans d’infamie, & cent cinquante de sommeil, depuis sa création, l’Académie s’éveille en sursaut, & propose à toute la France, son prix littéraire pour couronner l’apothéose de Moliere ; delà les panégyriques, les statues, les farces, les couronnes, les dédicaces, les déifications, & toutes les folies théatrales. […] Il n’est pas difficile de faire tomber les meilleures piéces ; ils se proposent de jouer celle-ci pour se justifier & se vanger. […] L’auteur lui porta sa tragédie, & lui fit les plus grands complimens, sur sa science, ses talens, son zèle pour la Réligion, ses victoires sur l’incrédulité, il lui protesta qu’il étoit plein de respect pour la Réligion chrétienne, la seule vraie, & digne de l’homme, qu’il ne s’étoit proposé que d’en attaquer les abus.
Aussi n’est-ce pas de cela que je veux parler : je dis seulement qu’on peut faire une belle Tragédie sans amour ; je ne dis pas que l’Auteur d’Iphigénie a dû n’en point mettre dans sa Pièce, je ne fais que proposer une pensée qui m’est venue, et nous examinerons ensemble si j’ai raison. […] Nous allons trop vite, vous parlez déjà des Auteurs Grecs, et je n’ai pas commencé à vous proposer mes raisons. […] Ainsi le cœur s’accoutume insensiblement à l’amour : Une jeune fille souhaite de trouver un Amant aussi fidèle que celui qu’elle a vu sur le Théâtre ; elle trouve du plaisir à entretenir un commerce aussi tendre que celui-là ; elle voudrait être à la place d’une Amante si fort aimée ; elle ne trouve point qu’il y ait de mal à écouter un homme qui parle d’amour, puisqu’une Princesse si fière le souffre bien, et tout ce que la Morale Chrétienne lui avait persuadé de contraire à cela, s’évanouit bientôt dans son cœur par l’exemple qu’on lui propose sur le Théâtre. […] Je n’ai fait que proposer mes pensées ; et je me sais bon gré de ce qu’elles sont conformes à celles des habiles gens qui ont écrit sur la Poétique depuis quelques années, c’est-à-dire depuis qu’on est devenu assez raisonnable pour ne se pas laisser entraîner à l’opinion publique as.
Pompée fut le premier qui en bâtit un de pierre, à demeure ; mais comme il craignait la sévérité des Censeurs, il prit la précaution d’y élever un temple à Vénus, et de ne proposer son théâtre que comme un accompagnement de cet édifice sacré.
Mais parce que la fin de la comédie est de délecter, et que les pratiques de la vertu ne sont pas celles qui plaisent le plus à notre nature, on les a quittées pour représenter ce qui peut être dans la complaisance des passions, et l’on se propose pour dernière fin, une volupté qui est l’amorce commune de tous les vices ; et d’autant que ces acteurs veulent donner de l’admiration, ils vous font voir des prodiges de méchanceté, des usurpateurs qui s’élèvent dessus les trônes par toutes sortes de crimes, en mettant sous leurs pieds, tous ceux qui ne peuvent servir autrement à leur fortune : des inimitiés éternelles ; des vengeances toujours extrêmes ; la cruauté n’épargne ni l’âge, ni le mérite, ni le sexe ; elle s’étend jusques aux derniers degrés d’une famille, et jusques aux cendres des défunts ; ce ne sont que duels, que guerres, qu’assassinats, où pour donner plus de compassion, l’innocence demeure toujours opprimée.
Ses réflexions sur le jugement des drames proposés aux Comédiens, 492. […] Moyens proposés par M. […] L’une de ces vues nouvelles est de proposer, page 371, la suppression de ce qu’on nomme le quart des pauvres qui se retient sur la recette des Spectacles ; retenue que l’Auteur dit vexer les Comédiens, & les mettre hors d’état de fournir, sans s’obérer, à la pompe & à la dignité de leur Spectacle. […] Comment il appelloit les Rois, b, 414 Remontrances des Comédiens au Roi ; Piece fugitive, b, 551 Réponse à la Préface de la Tragédie de Judith, b, 184 Réponse aux Questions proposées sur les Spectacles, b, 203 Requisitoires (Extraits des) de M. […] Il y est aussi parlé d’autres devises proposées pour le Théatre de Rouen, ibid.
bj , que quelques-uns écrivent avoir pris l’habit d’un homme, pour s’enfermer dans des Monastères ; mais comme la fin qu’elles se proposaient en ces choses, était superstitieuse, aussi les moyens, pour y parvenir, ont été mauvais et illicites. […] Que si on dit, que les Chrétiens en peuvent user à une autre fin ; je réponds, qu’on s’en peut bien proposer une autre, mais elle ne sera guère meilleure : Que sert-il de fermer plusieurs portes d’une ville, s’il en demeure une ouverte à l’ennemi ? puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ? […] Ce sujet pourrait être traité plus amplement, et confirmé par plus grand nombre de raisons, tant de la parole de Dieu, que des écrits des Pères, Décrets de Conciles, histoire Ecclésiastique, et même de la Discipline de nos Eglises réformées ; mais ayant éclairci la question de droit par l’Ecriture sainte, et montré celle du fait, par la pratique de l’Eglise primitive : ceci pourra suffire aux dociles ; et tout ce qu’on en pourrait dire au monde, ne suffirait aux opiniâtres ; auxquels je proposerai derechef l’exemple des premiers Chrétiens, lesquels croyant, que Dieu abhorrait généralement tous hypocrites, et toute hypocrisie ; (car ces mots, pris en leur propre et naïve signification, signifient les joueurs de Comédies ou TragédiesHeb. 10. ver. 33 fb , et le rôle, l’action ou geste qu’ils représentent.) ne parlaient jamais de tels jeux, que pour les détester, n’entraient aux Théâtres, que pour y souffrir opprobre, non pour y recevoir du plaisir ; servant eux-mêmes de sujet aux Païens ; pour jouer des Tragédies, où il n’y avait rien de feint, ni de déguisé : Et s’en est vu de nos jours, de si sanglantes en Europe, principalement sus le Théâtre de France, jouées aux dépens des vrais Chrétiensfc ; que ceux qui veulent être de ce nombre, se devraient montrer plus zélés à apaiser l’ire de Dieu par repentance, et nouveauté de vie ; que curieux à l’irriterZosim. lib. 2 fd , en recherchant et approuvant la nouveauté des farces, et vanités Païennes ; lesquelles un des grands ennemis des Chrétiens, se plaint tant, avoir été abolies par le premier Empereur Chrétien, imputant la ruine de l’Empire Romain, à l’abolition de cette abominationfe. […] [NDE] plaisante, proposée en manière de plaisanterie.
Il lui en propose d’abord un qu’il est impossible de représenter honnêtement. […] L’Auteur qui propose ce bel établissement dont la sagesse de nos pères ne s’étoit pas avisée, paroît entousiasmé de la Dumesnil, qui est allée jouer à Lion, & dont apparemment il a su mériter les bonnes graces. […] Voici une anecdote à apprendre à nos cultivateurs, sur laquelle les Académies d’agriculture pourront proposer le sujet de quelque prix : La meilleure maniere de dresser les théatres de campagne, & de rendre les Laboureurs bons Comédiens.
D’abord, je m’étois proposé d’aller vous communiquer de vive voix mes réflexions, mais elles sont en grand nombre, et j’ai craint d’en omettre quelques-unes ; j’ai appréhendé encore que, dans une conversation rapide et toujours superficielle, nous ne puissions, moi, approfondir la matière, vous, peser mes raisonnemens ; enfin, pour vous donner les lumières que vous consentez à recevoir de moi, il faut que je sois méthodique : tout m’a déterminé à écrire. […] On propose au Devin par hazard de deviner ce qu’il y a dans un plat qu’on lui présente ; il n’en peut venir à bout, et, dans son dépit, il prononce, en l’air, le nom d’un certain le Coq qui lui a souvent donné l’avis de ne se mêler que de son métier ; il se trouve qu’il y a un Coq dans ce plat. […] D’autres veulent applaudir dans la foule leurs maîtresses ignorées du public ; d’autres enfin, profitant d’un sérail rassemblé pour eux, se sont proposés d’examiner à loisir à qui ils donneroient le mouchoir.
Comment ose-t-il lui proposer de visiter des Juges, c’est-à-dire, en termes honnêtes, de chercher à les corrompre ? […] Ceci me fournit l’occasion de proposer une espèce de problème. […] A l’imitation de l’établissement dont je viens de parler, nous proposerez-vous d’instituer des Censeurs ? […] Pierre, et là de leur proposer gravement d’accorder un impôt pour l’établissement de la Comédie. […] Quiconque en pourra proposer un qui soit praticable et duquel ne résulte aucun abus, qu’il le propose, et qu’ensuite les cercles soient abolis : à la bonne heure.
Le délassement du Spectateur n’est donc pas ce qu’on se propose au moins pour but de premiere nécessité, dans les intermedes.
Faut-il encore s’étonner si les anciens, & même ceux des modernes, qui ne se sont proposés que d’émouvoir les grandes passions, ayant eu à représenter le renversement des Etats, des conquerants ou des défenseurs de la Patrie, ont donné des caractères tout-à-fait vrais, dit encore le Pere Brumoy ?
Que dans ces circonstances ils croyent donc devoir proposer à la Cour que le Livre en question sera lacéré & brûlé par l’Exécuteur de la Haute Justice, au pied du grand Escalier du Palais ; qu’il sera fait défenses à tous Imprimeurs, Libraires, colporteurs ou autres, de l’imprimer, vendre, colporter ou autrement distribuer, à peine de punition exemplaire.
Le Vaudeville ou le couplet, dont je me propose encore de parler(15), est admirable pour donner un tour piquant à la moindre pensée ; il fait valoir une saillie ; il en a la légèreté.
Le but que se sont proposés les Saints Pères dans les instructions qu’ils donnaient à leurs peuples, a toujours été la réformation des mœurs.
Mais il n’en est pas de même de ceux qui n’y assistent que par curiosité ou par récréation ; ils ne pèchent que véniellement, pourvu qu’ils se proposent de résister à tout mouvement charnel qui peut survenir, ou qu’ils n’aient pas lieu de craindre de se laisser aller à quelques fautes graves4.
Voilà donc d’abord quelle doit être la fin de la Comédie, et celle que les Comédiens doivent se proposer ; mais est-ce celle qu’ils se proposent ? […] Ce n’est pas un crime, à la vérité, de se proposer le salaire après le travail ; mais quand on n’a d’autre vue dans le travail que le salaire, cette vue est entièrement mercenaire, et indigne des gens qui ne prétendent pas déroger à leur noblesse par leur profession. […] Aussi pour ne pas outrer les choses, laissons les Comédiens en repos sur la fin qu’ils se proposent ; contentons-nous de leur faire connaître celle qu’ils doivent se proposer pour exercer leur profession, selon la règle de Saint Thomas. […] L’Acteur en jouant se propose de représenter si vivement une passion, qu’il puisse l’insinuer dans le cœur de ceux qui voient la peinture qu’il en fait, jusqu’à leur arracher les larmes des yeux, si c’est un sujet de compassion jusqu’à faire rire les plus tristes et les plus sérieux, si c’est un sujet de joie et risible. […] On croirait d’abord que cette difficulté que vous vous faites proposer par votre ami, vous dût embarrasser : point du tout, on se trompe.
Je me propose d’en parler encore dans un autre endroit de cet Ouvrage19. […] Le dernier Vaudeville du Maréchal-Ferrant, par éxemple, est dans la règle que je propose ; Je suis un pauvre Maréchal , &c.
C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Mais je pense invariablement qu’on ne parviendra jamais à détruire d’une manière satisfaisante les plus puissants obstacles à cette régénération qu’avec le secours du moyen que je propose, pour la même fin, dans le second volume du Traité des causes et de l’indigence et de l’immoralité, etc., que j’ai adressé, comme celui-ci, à tous les hommes raisonnables, guidés par la religion et la saine philosophie, par l’expérience et le sentiment de la nécessité d’un changement de mœurs, pour leur intérêt particulier autant que pour l’intérêt général4. […] Cette jurisdiction du théâtre, moyennant une dernière modification que je vais proposer, remplirait le plus heureusement possible le vide plus dangereux aujourd’hui qui se trouve entre l’état d’innocence et celui de la corruption et du crime.
Permettez-moi de vous proposer mes doutes à cet égard.
Quand les plus célébres Poëtes ont médité les principes de l’art toute leur vie ; quand ils ont passé les jours & les nuits à consulter les Anciens, à se nourrir des beautés de leurs ouvrages ; quand ils ont puisé les plus grands traits de leurs Poëmes dans ces sources ; quand après des refléxions profondes, des veilles opiniâtres, & avec un génie brillant, ils se sont à peine crus en état de porter ce noble fardeau, & n’ont proposé leurs découvertes qu’avec modestie, & que comme des doutes ; nous verrons des enfans sans principes, sans connoissances, s’abandonner à une yvresse aveugle, & se croire supérieurs à tout ce qu’exige le Théatre ?
Nous ne nous proposons pas, dit M. de la Mothe en son discours sur la Tragédie, d’éclairer l’esprit sur le vice & la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs, nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre, & les hommages que nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées.
Se moquer de Dieu devant les yeux de toute une ville, exposer en risée la sainte vérité, faire que les profanes et athées se jouent audacieusement de tout ce qu’on proposera de vie et de mort éternelle, renvoyant le tout aux théâtres des jésuites : ce sera, si l’on croit ces drôles, un passetemps, un vain épouvantail, un jeu de trois jours, un spectacle remplissant les esprits mal assurés de vaines et détestables imaginations.
Je sais que je ne pourrais en proposer la suppression, sans me rendre ennemi de la République, et sans m’opposer aux sages Règlements d’une bonne Police.
Elles y ont pour titre : Réponse aux questions proposées sur les Spectacles. […] Ramire, après avoir prouvé sa these, se propose des objections, & les résout. […] La fin que se propose le spectateur est la volupté. […] Voilà ce que les Poëtes dramatiques devroient se proposer ; & s’ils le vouloient, ils pourroient y parvenir. […] le Franc propose le défi avec trop de confiance, pour qu’il soit prudent de l’accepter.
A cet effet, nous les sommons de se dépouiller pour un peu de leur préjugé, pour peser en une juste balance ce que nous avons à leur proposer ; et y sont d’autant plus tenus, qu’il s’agit d’un fait de conscience, qui regarde la gloire de Dieu, l’édification de son Eglise, et leur salut à eux mêmes. […] C’est ce que nous nous proposons de déduire succinctement, et où il nous suffira d’indiquer les choses, sans nous étendre ès exagérations, et amplifications, qui regardent les Traités oratoires. […] Au fond si les Théâtres tiennent rang entre les choses libres, nous l’examinerons au dernier chapitre, et apert du contraireal, par ce peu que nous avons déjà proposé. […] » cs Ces deux, qui accoutrent ainsi les Théâtres, eussent été bien loin de dresser pour eux des apologies, et de les proposer pour des Ecoles de vertu et d’honnêteté. […] sans doute ce qu’ils proposent en cela est du tout déraisonnable.
C’est un Poëte qui traite l’histoire comme une intrigue de théatre, il accommode à son gré la fable, pour préparer le dénouement qu’il se propose. […] Le vertueux Riccoboni est tourné en ridicule sur la réforme qu’il a proposée des Comédiens & du théatre.
Je sais qu’on propose de l’associer à l’Ariette ; mais il me semble qu’il ne se soutiendrait point à côté d’un morceau de musique ; il paraîtrait bientôt d’une froideur èxtrême ; j’en ai parlé plus haut, & j’ai cité pour éxemple du mauvais éffet de l’air simple mis auprès de l’Ariette, ce que le Spectateur éprouve en entendant les petits Couplets qui sont dans le Marêchal-Ferrant, &c. […] Je vais proposer quelques règles qui pourront coucourir à la perfection de nos Drames favoris, & des Ariettes en particulier.
Le démon vous propose l’appas des spectacles et des honteuses voluptés, pour reprendre par le plaisir ceux qu’il avait perdus. […] C’était un Seigneur Africain qui lui avait proposé quelques difficultés sur la religion.
Sa Primatie n’est pas un simple titre d’honneur, comme votre Avocat l’insinue, elle emporte une vraie Jurisdiction & le droit de proposer le dogme, de convoquer les Conciles, & de prononcer un jugement infaillible en matiere de foi, de concert avec la pluralité des Evêques.
Or on dit que le principal exercice des sorciers en leurs assemblées est la danse : et ainsi les idolâtres dansaient à l’entour du veau, Exode 32d, comme aussi quand ils voulaient apaiser leurs Dieux, Idoles et diables et obtenir quelque chose d’eux ils proposaient publiquement des jeux de théâtres, comme il appert ès leçons des matines de la fête de monsieur saint Michele.
Voilà les spectateurs à qui les poètes et les comédiens doivent plaire, et qu’ils se proposent d’amuser : est-il donc surprenant que les premiers composent licencieusement, et que les seconds y conforment leur jeu ?
Nous nous proposons de parler des professions et des états différents des hommes, et d’examiner sur chacun si le théâtre lui convient.
LES FEMMES Savantes, Quand pour la première fois j’ai résolu d’étudier les Ouvrages de Molière, je me proposais uniquement de découvrir et de suivre pas à pas le génie de ce grand homme dans la production de ses Fables de Théâtre ; bientôt je fûs convaincu qu’il avait porté si loin la perfection de son Art, que non content de m’en faire un modèle pour mon usage particulier, je crus devoir communiquer au Public mes réfléxions pour autoriser, par l’exemple d’un si grand maître, ce que j’ai écrit en matière de Théâtre.
Car c’est un grand combat, ô mon cher Ami, & plus grand qu’on ne sauroit croire que celui qui nous est proposé, dans lequel il s’agit d’être homme de bien ou d’être un méchant. […] Il seroit très téméraire à moi, d’oser contredire Aristote, & encore plus téméraire d’oser contredire son Traducteur, que je viens de faire connoître : qu’il me soit du moins permis de proposer mes doutes. […] Une Tragédie de cette Nature, excitant en moi la plus grande émotion qu’elle puisse exciter, est plus parfaite que celle qui n’en excite pas une si grande, parce qu’elle va jusqu’au but qu’elle se propose, qui est d’exciter la plus grande émotion. […] Nous ne nous proposons pas d’ordinaire d’éclairer l’esprit sur le Vice & la Vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs : nous ne songeons qu’à émouvoir les Passions, par le mélange de l’un & de l’autre.
Pour détruire le préjugé établi contre l’état de Comédien, je propose le projet d’une requête au Parlement, par laquelle en représentant à cet Auguste Corps, que l’Eglise elle-même s’étant relâchée en faveur des gens de spectacle, et leur permettant partout ailleurs que dans certains Diocèses de France l’usage des sacrements, cet illustre Sénat serait supplié de se relâcher de même en considérant que les motifs qui avaient donné lieu à l’excommunication et à l’enregistrement de la Bulle contre les Comédiens ne subsistant plus, la peine ne doit plus exister non plus. […] J’ôte encore à une quantité de gens l’envie de se faire Comédien malgré Minerve, puisque je propose de n’en recevoir aucun qui n’ait reçu une éducation telle que cette profession l’exige, et qui n’ait fait une épreuve rigoureuse de ses talents, avant que la Direction lui accorde une place dans quelque Troupe que ce soit. […] Ce soupçon, peu charitable, peut être fondé au moment de l’établissement des lois que je propose : les Comédiens dont la conduite n’aura pas été régulière jusqu’alors pourront bien ne sacrifier qu’à la crainte leurs mauvais déportements ; mais au moins ne donneront-ils plus de mauvais exemples aux nouveaux Comédiens, et ceux-ci, à qui les places ne seront accordées désormais qu’en conséquence de leur éducation et de leur bonne conduite, ne pourront être taxés d’hypocrisie : habitués à bien vivre, les lois prescrites aux gens de spectacle ne leur paraîtront point trop rigoureuses puisqu’elles sont les mêmes auxquelles tous les autres citoyens sont assujettis et habitués. […] La loi des Romains ne fait donc rien pour vous ; si vous en abusez, nous pouvons nous prévaloir de celle des Grecs, qui honorait le Théâtre, et surtout d’une qui défendit sous peine de la vie de proposer de toucher à des sommes considérables destinées aux spectacles, même pour la défense de la Patrie, dans le temps qu’Athènes était assiégée par Philippe.
Combien d’autres en ont agi de même, dont la mémoire est proposée à notre admiration ! […] Et après cette clémence, plus que divine, comme l’auteur, par une autre contradiction, le montre lui-même dans son Festin de Pierre, où Dieu engloutit un méchant, recommandée dans le Misantrope envers les agents de tous les désordres de la société, des plus grands maux qui accablent les hommes ; si vous vous rappelez les coups sensibles et redoublés qui ont été portés aux femmes les plus innocentes des malheurs du monde ; si vous réfléchissez à l’extrême rigueur avec laquelle ont été punies par le même auteur dans deux autres pièces fameuses des fautes de grammaire, ou des ridicules, quelques travers à l’égard desquels ses préceptes d’indulgence étaient excellents et obligés ; si vous remarquez encore qu’après avoir ridiculisé les délassements et les plaisirs honnêtes des sociétés les plus décentes de son temps, et avoir renvoyé durement à leurs aiguilles et à leur pot au feu des femmes plus opulentes et plus distinguées que la Dlle de Sotenville, personnage de l’Ecole des Femmes, il donne pour exemple cette dernière qui a des goûts et tient une conduite tout-à-fait opposés à celle qu’il prescrit aux autres ; car c’est bien la proposer de fait pour exemple contraire que de la rendre le personnage aimable de la pièce, et de lui donner raison, la faire applaudir en public lorsqu’elle rejète les remontrances de son époux, qui lui rappelle des préceptes appropriés à celui des aiguilles et du pot au feu, et refuse de se consacrer à son ménage et à sa famille, en déclarant qu’elle ne veut pas s’enterrer, qu’elle n’entend pas renoncer aux plaisirs du monde, qu’elle se moque de ce que disent les maris, qu’elle veut jouir indépendamment d’eux des beaux jours de sa jeunesse, s’entendre dire des douceurs, en un mot voir le monde ; tel est le langage de la maîtresse de cette école (Ariste que Molière rend exemplaire aussi dans l’École des maris est parfaitement de l’avis de donner toutes ces libertés aux femmes ; elles en ont bien joui depuis ces inspirations ; quand on les leur a refusées, elles les ont prises) ; si on fait ces rapprochements ou remarques, dis-je, sans prévention, il est impossible, à la vue de tant de contradictions incontestables et de cette variation de principes et de conduite de ce fameux poète comique, de ne pas soupçonner au moins que son désir d’améliorer les mœurs était aveuglé et dirigé par une verve impérieuse et désordonnée qui le portait à appréhender et fronder à tort et à travers telles classes, telles professions et réunions, ou telles personnes, et de faire rire le public à leurs dépens, et au profit de sa manie et de sa renommée. […] Je suis persuadé que son ouvrage, que je n’ai pas non plus l’intention d’ôter du rang auquel l’opinion la placé, sous le rapport littéraire, n’aurait pas été mis au théâtre, du moins sans un retranchement volontaire considérable, si quelqu’ami respectable, moins prévenu, ayant mieux profité des leçons du passé, l’eût éclairé en lui montrant dans plusieurs exemples les funestes conséquences qu’il aurait infailliblement, et en lui disant pour consoler son zèle : vous avez la très-louable intention d’éclairer vos concitoyens et principalement de prévenir les hommes puissants, les princes, les ministres, contre des intrigants hypocrites qui prennent le vernis de belles qualités qu’ils n’ont point, pour en imposer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes ; hé bien, il n’est pas nécessaire pour cela de faire tant de bruit, d’avoir recours aux prestiges de la déclamation, à la séduction de la poésie ou des beaux vers qui font croire le pour et le contre, aidés du fracas et de la magie du théâtre, de son appareil fantasmagorique, qui exerçent trop d’empire sur les sens et sur l’imagination des hommes, surtout en rassemblement, qui les exaltent, et les font extravaguer ou passer le but qu’on se propose.
Les Académies dans les ouvrages qu’elles couronnent, les sujets des prix qu’elles proposent ; les feuilles périodiques dans l’extrait des livres qu’elles publient, les censeurs dans les approbations qu’ils accordent, n’ont gueres plus de délicatesse ; sur-tout le Théatre met tout sur la même ligne, les pieces pieuses & les farces licencieuses, les sujets de l’Ecriture & les Contes de Lafontaine mis en drames, l’Evangile & les Méthamorphoses d’Ovide, tout fait spectacle dans des bouches & à des yeux corrompus. […] Mais peut-on s’aveugler jusqu’à ne pas sentir que c’est les avoir perdues que de se permettre & de débiter des sentimens si peu chrétiens, si peu honnêtes, & de proposer, pour acquérir la perfection de l’art, les excès de ces monstrueux modeles. […] Que doivent donc aussi être des hommes admirateurs de ces monstres, à qui on les propose avec éloge pour modele, sur une Scène qu’on dit être l’Ecole des mœurs ?
Ainsi le théatre regardé dans la pratique réelle, dans l’ordre moral, tel qu’il devroit être & ne sera jamais, tel qu’il ne devroit pas être & qu’il est & sera toujours, avec les circonstances qui précèdent, accompagnent, suivent la représentation, la fin qu’on s’y propose, les dispositions avec lesquelles on y va, les effets qu’il produit, d’une chose indifférente par sa nature, devient un divertissement très-dangereux, très-mauvais, qu’on ne peut se permettre en conscience. […] S’ils n’ont rien éprouvé de criminel au spectacle, c’est une ignorance, un aveuglement volontaire & inexcusable, contraire au sentiment de tout le monde & à leur propre conscience, une punition redoutable ; que la tolérance des Princes n’excuse pas devant Dieu ceux qui y vont ; que le projet de réformer le théatre, proposé par Muratori & par Riccoboni, est une chimère ; que le théatre ne sert de rien pour corriger les mœurs ni des Princes ni des particuliers, & ne travaille point en effet à les réformer ; qu’il ne produit d’ailleurs aucun bien, qu’il n’attire point les étrangers, n’enrichit point l’Etat, n’empêche aucun autre crime, n’est point nécessaire au divertissement du public, nuit au contraire à tout ; & fait les plus grands maux ; que si quelques Casuistes ont été plus indulgens, ils sont très-répréhensibles ; que leur opinion même, bien appréciée, n’est pas si favorable qu’on pense, & réduit presque à rien la liberté qu’on prétend se donner ; qu’ils ont contr’eux les plus grands hommes, dont le suffrage est bien préférable, le Pape Benoît XIV, le Cardinal Bellarmin, Bossuet, Jacques Pignatelli, Mariana, &c.
Dans les passions les plus connues nous nous proposons tous à-peu-près la même fin.
La comédie doit être un tableau de la vie humaine, un exemple pour la conduite des mœurs, un image de la vérité ; je vois cependant qu’elle ne représente aujourd’hui que des extravagances, qu’elle propose & autorise de mauvaises actions, & qu’elle est presque toujours l’image d’une sale volupté.
Dites-moi, Chrêtiens pouvons-nous aujourd’hui opposer nos divertissemens aux festes de Turcs & des Indiens, & aprés leur avoir reproché les excez de leurs tables & la legereté de leurs danses, oserions-nous leur proposer pour modele nos bals, nos mascarades & nos festins ?
Si l’on trouve que celui de son frère Micion soit aussi très marqué, qu’on ne reproche point à ce grand Poète d’avoir fait une faute : il a eu soin d’avertir de ce qu’il se proposait, en intitulant sa Pièce les Adelphes, c’est-à-dire les Frères.
Mais descendons un peu plus dans le détail, et établissons la vérité que nous avons proposée par des preuves invincibles.
C’est lui qui s’étant enivré dans un soupé chez Moliere proposa à tous les convives d’aller se jeter dans la riviere, pour immortaliser leurs noms par ce grand exploit. […] Que faut-il de plus pour faire mériter les couronnes académiques, & être proposé à la postérité comme l’un des plus grands hommes dont l’Empire François se glorifie ? […] Voilà l’homme proposé aux éloges publics de la nation par une Académie célebre.
Les Auteurs que nous devons nous proposer pour modeles, que nous devons consulter, de la lecture desquels nous devons nous occuper, ne sont plus ; ils ont vécu ; leurs écrits immortels seuls nous restent. […] Rousseau propose. […] Nous voyons dans notre histoire, que l’Empereur Justinien(a) voulant rechercher l’amitié des François, fit proposer aux fils de Clovis, Childebert Roi de Paris, & Clotaire Roi de Soissons, d’accepter le droit de venir présider, comme les Empereurs, aux jeux qui se célébroient dans l’Amphithéâtre de la ville d’Arles.
Que se propose-t-on dans ces drames monastiques ? […] & n’est-ce pas précisément ce qu’on se propose, en découvrant, en livrant les défauts & les ridicules à la risée du public, au mépris des mondains, aux traits empoisonnées de l’irréligion ?
Ce n’est pas leur faute s’ils ne sont pas ce que je proposerai que soient ceux qui, dans la suite, pourraient les remplacer. […] Comme le Plan de Réforme que je vais proposer, lève d’un seul coup les difficultés, tout le bien desirable en résultera nécessairement.
Jusques là, que Tibère, après que les Préteurs eurent fait plusieurs plaintes et en divers temps, touchant l’impudence de telles gens, sans y avoir rien gagné, finalement fut contraint de proposer la chose au Sénat, et alors ils furent par décret bannis de toute l’Italie1. […] Pour bien juger d’une action, il est nécessaire de bien entendre la fin que se proposent tant ceux qui l’exercent, que ceux qui la recherchent et l’approuvent. […] Ou sont proposées des raisons, contre les jeux comiques et tragiques, mêmes hors les lieux et matières sacrées. […] Car si quelqu’un dit qu’il y va avec une résolution prise de ne consentir à aucun mal, et de se roidir et affermir contre toute mauvaise suggestion, quand il serait aussi dur et ferré qu’il se propose, il se devrait souvenir du dire d’un ancien, que « les esprits de fer, ne laissent pas d’être domptés et amollis par le feu de la concupiscence ». […] Les méchancetés, qui sont passées, sont proposées en exemple.
En proposant la réforme du Théâtre, je ne fais que marcher sur les traces d’hommes recommendables qui l’ont proposée avant moi ; ou plutôt tout citoyen vertueux la demande au fond de son cœur.
Je vais peut-être encore une fois être moi-même accusé de cynisme et de morosité ; vu que je ne dissimule point le mal, ce que je fais, pour mieux faire sentir l’urgence des remèdes que je propose.
Elle trouble le repos des familles ; elle rend faible & criminelle la beauté qui ne se proposait quelquefois que d’enchaîner à son char une foule de soupirans.