Lorsqu’Elisabeth dit, qu’elle a donné lieu au Comte de ne rien craindre et sujet de ne point se gêner, le Poète a suivi parfaitement la nature, et selon ce principe, il établit une maxime très capable de séduire et de corrompre le cœur des Spectateurs ; mais l’austère vertu dont la Reine fait parade ensuite lorsqu’elle dit, que pour toute récompense de son amour le Comte doit être content de la voir, de soupirer, de la plaindre de se plaindre, cette austère vertu, dis-je, n’est capable que d’égayer l’Auditeur en le faisant rire d’une maxime que le penchant de la nature ne nous inspire pas : ainsi cette belle vertu est étalée sur la Scène en pure perte.
Un certain Iphicrate porta parmy les Grecs cette maniere d’exercer leur Troupes, en un si haut point, qu’il ny avoit aucun Soldat qui ne fut capable de Commander, & qui n’eust assez de connoissance du Métier, pour estre consulté dans les plus grands perils.
dites-le moi, vous qui jouissez à chaque instant de sa présence, de son entretien, n’avez-vous pas fait mille fois entr’elle & moi une comparaison qui ne serait que trop capable de m’humilier ?
Si les Anciens ont poussé l’attention, sur cet article, jusqu’à défendre de réciter aux enfants des fables et des contes, qui renfermassent la moindre idée capable de les corrompre : s’ils ne ne permettaient pas même de les amuser par des allégories ; c’est qu’ils sentaient que les premières impressions, qui se font dans l’esprit des enfants, ne s’effacent jamais ; et que, dans un âge tendre, ils n’ont pas encore assez de pénétration pour distinguer l’allégorie de la vérité.
C’est en suivant ces principes et en prenant ces précautions que l’on écrit et que l’on représente tous les ans dans les Collèges des Poèmes dramatiques ; et, loin de croire que ces Pièces soient capables de corrompre les mœurs des jeunes gens qui les jouent, ou de gâter l’esprit des Spectateurs, je pense, au contraire, que c’est un exercice honnête, dont les uns et les autres peuvent retirer une véritable utilité.
Ce raisonnement est clair et vous prouve que vous ne faites pas un grand sacrifice, quand vous avouez « que le plus charmant objet de la Nature, le plus capable d’émouvoir un cœur sensible et de le porter au bien, est […] une femme aimable et vertueuse ; mais vous ajoutez méchamment, cet objet céleste, où se cache-t-il ? […] Partout où vous trouverez des hommes célestes ; partout où il y a des hommes sages, des pères et mères vertueux, c’est là, Monsieur, qu’on trouve des filles à marier sages et vertueuses, modestes et capables par leur exemple, leurs conseils et l’amour qu’elles inspirent, de porter au bien un jeune homme dont le penchant l’entraînait au désordre. […] N’est-ce pas celle des hommes, de ces hommes plus capables que jamais de corrompre les « objets célestes », et de métamorphoser les modèles de vertu, en originaux vicieux et ridicules ? […] Qu’un Monarque gouverne des hommes ou des femmes, cela lui doit être assez indifférent pourvu qu’il soit obéi ; mais dans une République, il faut des hommes. »eo Voilà par exemple un axiome politique tout nouveau : en le lisant j’ai cru d’abord que vous vouliez dire qu’il était indifférent à un Roi de commander à des hommes ou à des femmesep ; que le zèle pour le service et l’obéissance étaient les seules qualités nécessaires à des peuples destinés à vivre sous un Monarque bien capable de gouverner, auquel cas les petitesses et les ridicules des sujets n’empêchaient pas l’Etat de bien aller, étant bien conduit par son Chef ; au lieu que dans une République chaque Citoyen ayant part au Gouvernement, il doit non seulement savoir obéir aux lois, mais même il doit être en état d’en créer et d’en proposer de nouvelles, pour la réforme des abus qu’il aperçoit.
On ne manque pas d’appuyer la négative de toutes les distinctions possibles, de toutes les conditions capables de rassurer. […] Cet Homme unique dans son genre, & le seul Ecrivain peut-être, soit ancien, soit moderne, qui n’ait point encore eu de Supérieur ni de Rival, étoit plus capable qu’un autre, de donner au Théatre comique la forme & le ton qu’il devroit avoir pour être une bonne Ecole. […] Beaucoup de Poëtes sont capables d’imaginer dans leurs Pieces des évènemens extraordinaires, d’introduire des personnages bizarres qu’on appelle neufs, d’éblouir le parterre par de bruyans coups de Théatre. […] 6 Dans la première de ces deux Pièces il est si théatral, si terrible, ceux qu’il agite font une fin si malheureuse, que leur exemple est plus capable d’épouvanter que de séduire. […] Doutera-t-on que Racine ne fut capable d’en composer plusieurs du même genre & de la même beauté ?
Je dirai donc avant toutes choses, que je ne sais aucun des anciens, qui bien éloigné de ranger les plaisanteries sous quelque acte de vertu, ne les ait regardées comme vicieuses, quoique non toujours criminelles, ni capables de damner les hommes.
D’ailleurs, s’ils sont heureux, ils n’en ont que faire, et s’ils ne le sont point, cela n’est pas capable de les réjouir.
Mais qu’est-ce que le Traducteur prétendu d’un poëme que personne n’a vu, un Cassendiste qui a été trois ou quatre fois dans sa vie s’amuser aux conférences d’un Philosophe qu’il n’a jamais entendu ni n’étoit capable de l’entendre, un ami de Lafontaine, qui a dit de lui en riant, le bonhomme ira loin .
Car ils m’apprendraient des vérités capables non-seulement de me déterminer, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissements une espèce d’horreur. […] Elles comprendront que la fréquentation du Théâtre est une tentation recherchée de gaieté de cœur ; qu’il y a de la témérité, de l’orgueil et de l’impiété à se croire capable de résister, sans la Grâce, aux tentations que l’on y rencontre ; et que ce serait présomption et folie de croire que Dieu nous délivrera d’un danger auquel nous nous exposons volontairement et sans nécessité. » « Ce qui trompe bien des gens sur ce point, est qu’ils ne s’aperçoivent point des mauvaises impressions que la Comédie fait sur eux ; ce qui leur fait conclure qu’elle n’est point pour eux une tentation. […] On ne manque pas d’appuyer la négative de toutes les distinctions possibles, et de toutes les conditions capables de rassurer. […] Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celles d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contre-poison.
Car ils m’apprendroient des vérités capables non-seulement de me déterminer, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissements, une espece d’horreur. […] Mais voici l’essentiel et le point capital à quoi je m’attache : c’est que rien n’est plus capable de corrompre la pureté d’un cœur que ces livres empestés ; c’est que rien ne répand dans l’ame un poison plus subtil, plus présent, plus prompt ; que rien donc n’est plus mortel, et ne doit être, par une conséquence bien juste, plus étroitement défendu. […] Mais de leur fournir vous-mêmes, sous ce damnable prétexte, des livres qui leur tournent l’esprit à tout ce que le monde a de plus vicieux ; mais d’en remplir votre maison, et de ne vouloir pas que rien là-dessus de nouveau leur échappe et leur soit inconnu ; mais de leur en demander compte et d’entendre avec une secrette complaisance les récits qu’ils en font ; mais de les croire bien habiles et bien avancés quand ils sçavent répondre aux mots couverts par d’autres bons mots, qu’ils conservent dans leur mémoire des poésies libres, et qu’ils les sçavent rapporter fidélement sans se méprendre ; mais de les conduire vous-mêmes, (car ceci regarde tous les points de morale que je viens de toucher) de les conduire vous-mêmes à des spectacles d’autant plus capables de les amollir, que ce sont de jeunes cœurs beaucoup plus flexibles et plus sensibles ; mais de leur faire observer les endroits fins et délicats, sur-tout les endroits vifs et tendres ; mais de les engager vous-mêmes dans des assemblées, où ils ne voient du monde que ce qu’il a de riant, que ce qu’il a d’éclatant, c’est-à-dire, que ce qu’il a d’attrayant et de séduisant, voilà de quoi vous aurez bien lieu de vous repentir dès cette vie, et de quoi vous serez bien sévérement punis en l’autre. […] n’y devez-vous pas renoncer comme à un scandale, et ne concevez-vous pas en quel abyme il est capable de vous précipiter ?
La Tragédie d’Atrée & Thyeste réussit supérieurement à donner de l’horreur pour le coupable, sans pourtant le punir : elle intéresse pour Thyeste, uniquement parce qu’il est homme & malheureux : ce mérite, si rare dans nos Tragédies boursoufflées, est seul capable de racheter bien des défauts. […] Il était bien capable de traiter ce sujet autrement, & je pense qu’il l’eût fait, s’il n’avait été qu’honnête-homme & auteur : mais il était Comédien, & Chef de Troupe ; la Recette imposait silence à la Gloire. […] Ainsi l’on retranchera des anciennes Pièces laissées au Théâtre, toute action d’improbité ou libre, tout geste formant une image provocante, capable de réveiller trop vivement les passions ; toute expression propre à blesser l’oreille des honnêtes-gens ; toute idée obscène ingénieusement enveloppée. […] Dans le goût, notre délicatesse ; à l’extérieur, notre chaussure, nos jupes, nos attraits ; avec un cœur capable de nos vertus. […] Il s’ensuit de-là, que le don d’imiter étant si commun, il faut le posséder dans un degré de perfection, extrêmement rare, pour qu’il devienne digne de se montrer en Public, & capable de plaire & d’être admiré.
Otez-leur le nom de Misanthropes si vous voulez : traitez-les de brutaux, le nom n’y fera rien : toujours sera-t-il vrai qu’il y a dans le monde des Alcestes et des gens capables de s’attirer une affaire fâcheuse pour dire trop durement leur avis et capables de se faire haïr par l’âpreté de leur morale et la brutalité de leur sagesse prétendue. […] C’est une chose que les seuls gens de goût sont capables de saisir ; mais vous nous avez avertis que le goût n’est pas de votre goût.
Au moins apprenez-moi comme il faut agir avec vous, car je vois qu’on vous fâche quand on dit que les Poètes empoisonnent, et je crois qu’on vous fâcherait encore davantage, si l’on vous disait que vous n’empoisonnez point, que votre muse est une innocente, qu’elle n’est pas capable de faire aucun mal, qu’elle ne donne pas la moindre tentation, qu’elle ne touche pas seulement le cœur, et qu’elle le laisse dans le même état où elle le trouvef. […] », comme si des Pères étaient de faux témoins, et qu’ils fussent capables de dire toute chose. […] Tout ce qu’on peut conclure de là, c’est que la Poésie est bonne d’elle-même, qu’elle est capable de servir aux divins mystères, qu’elle peut chanter les louanges de Dieu, et qu’elle serait très innocente si les Poètes ne l’avaient point corrompue.
Racine converti était si persuadé que la tragédie la plus sainte suffisait pour le damner, que si on ne l’eût retenu, il allait brûler, comme indigne d’un Chrétien, son Athalie, la plus belle et la plus honnête des pièces de théâtre, seule capable de réconcilier le théâtre avec la religion, si cette paix était possible. […] que Judith était belle et parée, Esther tendre et insinuante, Bethzabée immodeste et fragile, la femme de Putiphar impudente et infidèle ; ils admirent la fierté d’Assuérus, l’ambition d’Absalon, les intrigues d’Architopel, en un mot tout ce qui est capable de nourrir la passion : tout le reste leur paraît vide ; à peine l’ennui laisse-t-il tomber un regard distrait sur ce qui porte à la piété, un œil de mépris sur ce qui combat la passion. […] Cette sainte veuve n’est dans la pièce qu’une coquette qui se pare avec affectation, qui compose ses regards, ses démarches, ses discours, pour séduire le cœur d’Holopherne, et demande a ses yeux des feux capables d’alarmer la pudeur.
Augustin disait à Dieu ; « Tu es le seul vrai et le seul souverain plaisir capable de remplir une âme ; tu rejetais loin de moi tous ces faux plaisirs, et en même temps tu entrais en leur place, toi qui est plus doux et plus agréable que toutes les voluptés, mais non à la chair et au sang. » La manne ne tombe sur les Israélites, que quand les viandes qu’ils avaient apportées d’Egypte se trouvent consumées.
C’est bien assez pour lui de prononcer ; il n’importe que ce soit dans sa propre cause ; l’intérêt n’est pas capable de séduire de si grands hommes ; ils sont les seuls infaillibles.
Nous défendons de joindre à la représentation de ces Tragédies, des Comédies et des Opéra avec des danses qui ne peuvent être qu’une semence de corruption pour une jeunesse capable dans cet âge tendre de toute sorte d’impressions.
Ils sont assurés de faire finir celles de leurs héros et de leurs héroïnes avec le cinquième acte, dit le prince de Contiu, et que les comédiens ne diront que ce qui est dans leurs rôles : mais le cœur, ému par cette représentation, n’a pas les mêmes bornes ; il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; et souvent, après avoir résolu de ne pas pousser les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, et de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de se retenirv. […] Comme si les vives images d’une tendresse innocente étaient moins douces, moins séduisantes, moins capables d’échauffer un cœur sensible, que celle d’un amour criminel à qui l’horreur du vice sert au moins de contrepoison !
Combien ces spectacles d’iniquité sont capables d’entretenir les passions, ou de les faire revivre. […] Chrysostome, dans son Homélie de Saül & de David, un regard jetté avec trop de curiosité, sur une femme, qu’on rencontre par hazard, est quelquefois capable de blesser l’ame ; & vous ne craindrez pas de passer plusieurs heures à contempler fixement des femmes, qui se parent avec tout le soin possible, qui se sont toute leur vie, exercées à remuer les passions, & qui n’oublient rien, pour plaire aux spectateurs ! […] « Il est de fait, y est-il dit pag. 550, que la morale du Théatre sur les passions, sur les plaisirs, est en tout point, opposée aux maximes du Christianisme, jusques dans les piéces étrangéres à l’Idolatrie… Nous ignorons, y ajoute-t on, comment on peut justifier cette opposition si marquée, si capable de corrompre les bonnes mœurs, ou d’en augmenter la corruption. » Or, direz-vous, que des spectacles, où il faut être de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure… Que des Acteurs & des Actrices, qui se sont toute leur vie exercés à remuer les passions criminelles &c, ne soient point un poison dangéreux ? Direz-vous encore, que des piéces si capables de corrompre les mœurs &c, qui portent plus directement au mal, que les nudités & les peintures immodestes… Qu’une école enfin d’impudicité, & plus dangéreuse que les livres-mêmes, où on fait profession d’enseigner les mauvaises mœurs, prétendrez-vous, dis-je, que de semblables spectacles ne soient point des occasions prochaines de péché ? […] » Mr. l’Evêque d’Arras ne s’exprime pas d’une maniere moins décisive, dans le mandement cité… Nous ordonnons, y est-il dit, en parlant des spectacles, à tous nos Pasteurs, de s’appliquer avec soin, à empêcher ces désordres… Et à tous nos Confesseurs, d’y veiller… Ils suivront les régles, que l’Eglise leur donne, pour les péchés publics & de scandale… Ils se souviendront, que ces personnes ne peuvent être capables d’absolution, sans une véritable douleur de leur faute, & une résolution ferme & sincere de ne la plus commettre.
à son mari renferme toute l’irréligion dont une créature puisse être capable. […] Car entre tous les hommes, le plus capable d’être un vrai ami, c’est le vrai Chrétien. […] Mais, loin que Juvénal perde quelque chose de son obscénité par la version Anglaise, il gagne à cet égard beaucoup au change ; la sixième et onzième Satires en sont des preuves trop visibles : ce sont des ordures capables de diffamer, pour ainsi dire, les lettres qui les expriment, et de flétrir à jamais notre langue : on s’affligerait presque d’avoir sur les bêtes l’avantage de l’expression, lorsqu’on en voit un si monstrueux abus. […] En effet, ce sont ici comme des exhalaisons échappées du cachot ténébreux d’Asmodée et de Belzébuth, comme des vapeurs mêlées de soufre et de feu capables d’infecter l’air qui nous environne.
Ie ne sçais pas ce que le Lecteur s’est promis du tître de mon second Liure : mais s’il attend de moy vne Critique, il se trompe fort, & c’est vne chose à quoy ie pense aussi peu, que ie m’en sens peu capable. […] Mais ceux qui ne font que commencer, & qui n’ont pas encore bien áquis le nom d’Autheurs, ne peuuent se dispenser en aucune sorte d’auoir recours à des gens capables, & de subir leurs corrections. […] Peu de gens sont capables de bien goûter vn Poëme Dramatique dans le cabinet, & le Poëte en a peu de gloire, si le Comedien ne le recite en public. […] Les Violons sont ordinairement au nombre de six, & on les choisit des plus capables. […] Dorgemont luy succeda, qui estoit bien fait, & tres capable dans sa profession, qui parloit bien & de bonne grace, & dont l’on estoit fort satisfait.
Car ces trois Estats devoient estre d’accord sur le merite de celuy qui le demandoit, & quiconque avoit obtenu les glorieux suffrages des uns & des autres, pouvoit estendre la Pompe du iour de son Triomphe à tous les desirs que sa gloire pouvoit luy suggerer, & à toute la magnificence que ses facultez ou ses conquestes estoient capables de soustenir. […] Ainsi il est à croire que les divers Empereurs qui ont Triomphé, ont employé tout ce que la nature pouvoit avoir de rare ; qu’ils ont fait naturalizer, pour ainsi dire, & tache de rendre capable d’intelligence ce qu’elle avoit de plus brutal, ou de plus farouche ; & qu’ils ont sceu enfin tirer du service & de la gloire des ennemis des hommes, & du rebut des forets. […] Quoy qu’il en soit, la superstition les rendoit capables de toute sorte de fascination, & ils croyoient que ce Dieu estoit Tout-puissant contre les morsures & les chagrins de l’envie, & qu’il pouvoit en garantir les Triomphateurs, & leur conserver leur joye toute pure, & la rendre commune & generale dans tous les Spectateurs.
Je sais, avec le grand Apôtre, qu’il y a des choses qu’on ne doit pas même nommer parmi le peuple de Dieu, nec nominetur in vobis ; que le portrait même du vice est un objet dangereux ; et que c’est en quelque sorte participer au crime, que de le représenter avec des couleurs capables de le faire aimer. […] parce que vous êtes tellement corrompus que rien n’est plus capable de vous pervertir ; parce que vous êtes tellement familiarisés avec le crime, que rien ne peut plus vous séduire ; parce que vous êtes rassasiés de ses infâmes voluptés dont l’habitude conduit à l’endurcissement ; parce que le péché qui règne en vous, vous rend insensibles aux plus terribles vérités. […] Si enfin tous ces objets ne sont pas capables de vous frapper, retournez donc à vos Spectacles lascifs et scandaleux ; mais allez auparavant renoncer à votre baptême à la face de ces mêmes Autels, que vous prîtes autrefois à témoin des promesses que vous faisiez au Seigneur ; allez effacer le registre où vous êtes inscrits comme Chrétiens ; arborez publiquement la révolte contre l’Eglise dans le sein de laquelle vous êtes nés ; choisissez le Démon pour votre père, les Enfers pour votre héritage, et n’attendez plus de Dieu ni grâce ni miséricorde.
D’ailleurs personne n’ignore qu’habituellement d’autres hommes déguisés en amis simplement ont les mêmes vues ; et il n’y a que des insensés qui, connaissant les hommes capables de cette dernière ruse, ne voient pas qu’ils sont capables aussi de la première, et qu’il est prudent de se tenir sur ses gardes vis-à-vis toute personne que l’on ne connaît point parfaitement ; et ces aveugles là n’ont pas même pu profiter de l’avis donné sous la nouvelle forme, ou ils en ont abusé.
Mais nous ne nous glorifions pas de la vie que nous rendîmes à ces Sujets, dans une Langue qui n’étoit pas encore capable de les traiter. […] Ayant tiré de l’enfance, ou pour mieux dire du cahos, la Poësie Dramatique, il mit sur la Scene la Raison, accompagnée de tous les ornemens dont une Langue est capable, & il accorda la vraisemblance & le merveilleux.
Peu capables de rien composer qui approche de leurs chefs-d’œuvres, on veut au moins montrer qu’on en connoît les beautés.
Bientôt cette Nation, capable de tout, vit des Pélerins chanter & représenter les actions des Saints, les Mystères de la Religion ; les plus grands Personnages de l’Ancien & du Nouveau Testament, Jesus-Christ même, furent mis sur la Scène.
Les instrumens identifiés, pour ainsi dire, avec l’action, formoient une unité de représentation, capables de faire les plus fortes impressions.
Faut-il s’étonner que la portion des spectateurs la plus capable de saisir les beautés d’une Tragédie, paroisse desœuvrée au Théatre, ou occupée de toute autre chose ?
Quelle gloire acquérerait le Peintre qui ne ferait que suivre l’èxquisse qu’on lui fournirait, ou qui ne serait capable que d’ajouter de nouvelles couleurs à un tableau ?
Rien n'est plus propre à faire sentir quels effets la comédie est capable de produire qu'une expérience exprimée si vivement, mais si humblement.
C’est une racine envenimée qui étend ses branches par tous les sens : l’ouïe, les yeux, et tout ce qui est capable de plaisir en ressent l’effet : les sens se prêtent la main mutuellement : le plaisir de l’un attire et fomente celui de l’autre, et il se fait de leur union un enchaînement qui nous entraîne dans l’abîme du mal.
Ces pièces, dont la simple lecture, faite dans le silence du cabinet, serait capable d’échauffer votre âme, l’embraseraient d’un feu impur lorsqu’elles sont animées par les voix séduisantes des acteurs et par leurs attitudes passionnées.
Je demeure d’accord cependant qu’ils sont revêtus de quelque vraisemblance, et par là capables de faire un méchant effet dans l’esprit de ceux qui se contentent de la seule apparence de vérité, surtout dans les Sentiments qui flattent leurs passions et qui les autorisent dans le mal. […] Cela seul est capable de vous faire assiéger dans votre Confessionnal, et de vous attirer beaucoup de Pénitents et de Pénitentes, ou pour parler plus juste, d’impénitents et d’impénitentes. […] Ceux qui dans ces derniers temps ont écrit contre la Comédie ont rapporté des Vers de Tragédies les plus dangereux et les plus capables d’exciter dans le cœur de l’homme toute sorte de passions. […] J’avoue que le dessein et la fin de la Comédie ou plutôt de la Tragédie dès son premier commencement, ne fut que d’instruire les peuples d’une manière qui fût capable de les frapper davantage que la simple exposition des choses qu’on voulait leur inspirer. […] Oui, je l’avoue, l’intérêt qui les fait jouer ne serait pas seul capable de leur attirer cette infamie, il était inutile de vous faire cette objection.
Cependant les passions se débordent, comme un fleuve empoisonné, & les vérités les plus consolantes & les plus terribles ne sont point capables d’en arrêter le cours : Dieu se répent d’avoir créé l’homme, il est forcé d’en noyer l’espéce dans les eaux du déluge ; une seule Famille est jugée digne de vivre, & de perpétuer sur la terre la race infortunée des Mortels. […] C’est une gloire impuissante, qui n’est nullement capable de vous garantir ; elle fuit devant le double glaive qui vous frappe d’une maniere aussi funeste que deshonorante.
Ils disent enfin que la peinture fidèle des passions et des peines qui les accompagnent, suffit seule pour nous les faire éviter avec tout le soin dont nous sommes capables. […] Comment peut-il supposer qu’un homme capable de renoncer même aux bienséances par amour pour la vertu, soit capable de manquer à ses devoirs par intérêt ? […] Qu’on trouve à présent un seul homme de guerre capable d’en faire autant. […] Il faudrait avoir d’étranges idées de l’amour pour les en croire capables, et rien n’est plus éloigné de son ton que celui de la galanterie. […] La raison veut donc qu’en examinant les effets du Théâtre, on les mesure sur une cause capable de le soutenir.
Rien n’est petit quand la passion s’en mêle, & elle est d’autant plus forte ici, sur des bagatelles, que l’on y a moins de sujets graves, & capables de faire diversion. […] Que n’a-t-on pas à craindre d’un homme livré aux actrices, & de quoi n’est pas capable une femme prostituée, qui passe du théatre à la pourpre. […] Il y prit goût, non pour des pieces régulieres, & bien faires, dont il n’étoit pas capable de sentir les beautés ; mais pour des farces & des mascarades dignes de la barbarie de ses peuples ; il avoit à sa cour un vieux fou, nommé Jotof, qui lui avoit appris à écrire, & s’imaginoit avoir mérité, par ce service, les plus importantes dignités.
Qu’il me suive s’il le veut bien, je l’y vais mener si je puis : et là peut-être il comprendra quels fruits elle est capable de produire. […] Il débite des paradoxes, et au lieu de faire de la Comédie un divertissement agréable, comme il la toujours considérée, il en fait un exercice de contention, capable de rebuter les esprits les plus fermes et les plus propres à résister à leurs mouvements. […] A l’égard des expressions de quelques Docteurs, dont le Théologien et les « honnêtes gens » pour lesquels il écrit se plaisent à abuser, il est à remarquer que l’homme n’étant pas capable d’un travail continuel, tous les saints Pères demeurent d’accord qu’il a besoin d’amusements, ou de quelques jeux propres à délasser l’esprit.
On dira que je ne rends pas assez de justice à la délicatesse de notre siécle ; on veut de la décence dans le maintien & dans les discours : la Scéne Françoise est aujourd’hui très-châtiée, on n’y souffre plus rien qui soit capable d’allarmer les oreilles chastes.
» Voilà en peu de mots un panégyrique bien glorieux au Théâtre Anglais, et capable d’inspirer de la jalousie à toutes les autres Muses Dramatiques ; s’il est fondé sur le vrai.
Racine, avec tout l’art dont il était capable, a tourné ces deux passions en ridicule ; en forte que depuis Molière, j’ai peine à croire que le vrai style de la Comédie se soit conservé nulle part aussi bien que dans la Comédie des Plaideurs.
Cette Tragédie, Monsieur, a d’ailleurs un autre avantage, c’est de nous rendre plus grands à nos propres yeux en nous montrant de quels efforts la vertu nous rend capables. […] Et ne pouvons-nous pas trouver à leur exemple une infinité d’autres sujets capables de remplir dignement le Théâtre, les malheurs de l’ambition, le spectacle d’un héros dans l’infortune, la haine de la superstition et des tyrans, l’amour de la patrie, la tendresse maternelle ? […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’éloignement où nous tenons les femmes de tout ce qui peut les éclairer et leur élever l’âme, est bien capable, en mettant leur vanité à la gêne, de flatter leur amour-propre. […] , p. 77 : « Le plus charmant objet de la Nature, le plus capable d’émouvoir un cœur sensible et de le porter au bien, est, je l’avoue, une femme aimable et vertueuse ; mais cet objet céleste où se cache-t-il ?
La volupté étoit presque le seul arbitre qu’on consulta sur l’usage qu’on devoit faire de l’une & de l’autre ; & le Théatre devint une école de toutes sortes de vices, d’autant plus dangereuse qu’en perfectionnant l’imitation, l’on s’étoit mis en état d’y peindre ces mêmes vices des couleurs les plus vives & les plus capables de porter la contagion dans les cœurs. […] Livius Andronicus communiqua ses idées à plusieurs Poëtes, qui les mirent en exécution, & qui jouerent eux-mêmes dans leurs Pieces, jusqu’à ce qu’il se fût formé parmi les Histrions des Comédiens capables de les représenter. […] On évoqua la mollesse comme à dessein de les renverser de fond en comble, & de réunir à Rome ce qui dans tout l’univers est capable de se corrompre, & de communiquer la corruption. […] S’il est honteux de ne travailler que pour l’amusement des hommes, il est criminel & barbare d’allumer dans leurs cœurs les passions les plus capables de les déshonorer & de les avilir. […] L’image séduisante de la passion de Calypso, & des tendres sentimens de la jeune Eucharis pour Télémaque, est bien capable d’enflammer le cœur d’une jeune personne d’un feu qui ne brûle jamais impunément.
Elles nous prouvent, comme l’a dit Arioste, que les femmes sont capables de nous instruire. […] Ces deux pieces sont des chefs-d’œuvre capables d’affecter utilement l’esprit & le cœur. […] Je sçais qu’il y a des Ouvrages de ce genre, qui doivent être regardés comme des chefs-d’œuvre capables d’instruire & de plaire. […] Tout est capable dans le monde, dit-on, d’exciter les passions. […] Rien n’est plus capable d’échauffer & de faire palpiter le cœur des vrais Citoyens, que l’éloge que M.
Sur-tout dans les scènes nocturne, bien capables de donner à rêver aux jeunes filles, qu’on y mene sans scrupule, & de leur faire naître l’envie d’avoir aussi, à l’exemple de leurs meres, une de ces. […] On répete par-tout ce petit conte, dont nous parlons ailleurs, pour faire honneur à Moliere, & le donner comme un grand philosophe, un grand littérateur, un génie universel, capable de tout.
Voilà quels sont les éffets admirables de la Musique ; elle a rendu le Spectacle moderne capable de nous charmer, & de tourner les têtes les plus graves. […] Quand on est capable de composer des Vers aussi ridicules, on mérite bien d’être honni & vilipendé.
Et quel Poëte, capable d’en faire une bonne, eût voulu s’en donner la peine, lorsque l’Action qu’il eût mise en Vers, charmoit bien plus le Peuple quand elle étoit représentée par les gestes d’un Acteur muet ? […] D’ailleurs il y a apparence que les grands Poëtes n’étoient pas tentés d’exposer leur gloire sur le Théâtre, parce qu’ils connoissoient le mauvais goût des Spectateurs, qui étoient capables d’interrompre une Piéce pour demander à voir des Ours, des Eléphans, des Danseurs de Corde.
« Quant à Mahomet, le défaut d’attacher l’admiration publique au coupable, y serait d’autant plus grand que celui-ci a bien un autre coloris, si l’auteur n’avait eu soin de porter sur un autre personnage un intérêt de respect et de vénération, capable d’effacer ou de balancer au moins la terreur et l’étonnement que Mahomet inspire. […] L’objet de la plupart des drames les plus estimés n’est-il pas de nous peindre sans cesse des intrigues amoureuses, des vices que l’on s’efforce de rendre aimables, des désordres faits pour séduire la jeunesse inconsidérée, des fourberies capables de suggérer mille moyens de mal faire ?
« Rien n’est plus capable de nous faire entrer dans la connaissance de la misère des hommes que de considérer la cause véritable de l’agitation perpétuelle dans laquelle ils passent toute leur vie. […] C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées.
Car ils m’aprendroient des veritez capables non seulement de me determiner, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissemens une espece d’horreur.
Je ne le pense pas, quoique l’inhumanité n’ait malheureusement que des branches trop étendues : mais je crois, avec l’Auteur des Réflexions sur la Poésie & la Peinture, que le plaisir dont il s’agit ici, est l’effet de l’attrait de l’émotion qui nous fait courir par instinct après les objets capables d’exciter nos passions, quoique ces objets fassent sur nous des impressions fâcheuses.
Si pourtant le Conseil jugeait à propos d’en conserver quelques-unes, où la passion d’amour ne parût pas nuisible, ni capable de corrompre le cœur, il ne faudra l’insérer dans le Registre qu’après qu’on se sera assuré qu’elle est propre à corriger les mœurs, à inspirer une bonne morale, et à faire aimer la vertu ; ce qui doit être le premier objet de toutes les Pièces du nouveau Théâtre.
Enfin les jeunes gens qui sont maîtres de leur cœur, ne peuvent remporter de la représentation de cette Comédie que des exemples capables de les fortifier dans la vertu : et ceux qui sont tyrannisés par la malheureuse passion de l’amour, peuvent apprendre à éviter les risques qu’ils courent, et à détester les excès où elle porte ceux qui s’y livrent.
La Tragédie ne fut pas reçue sans contradiction à Athenes ; je parle de celle même de Thespis (si elle peut être appellée Tragédie) qui quoique trop grossiere encore pour être capable d’émouvoir les Passions, allarma Solon qui s’écria en frappant du pied contre terre, que de pareils amusemens, si on les permettoit, parleroient enfin plus haut que les Loix. […] Et n’est ce pas une chose bien terrible de voir combien elle est capable de corrompre les plus gens de bien à la reserve d’un très petit nombre ? […] Dans une Ville, capable de recevoir des combats de Gladiateurs, il faudroit, disoit un Ancien, abattre l’Autel de la Misericorde. […] Il seroit à souhaiter que nous pûssions vivre dans la même ignorance : mais puisque nous voyons tous les jours des exemples des fureurs dont nous sommes capables, & que l’Histoire est le récit des crimes des hommes, il est permis à la Poësie de nous en retracer les images, pourvu qu’elle nous en inspire de l’horreur, ce qu’elle peut faire plus vivement & par conséquent plus utilement que l’Histoire.
J’ajoute, qu’on y doit entendre une musique efféminée, capable d’anéantir ce qui restera de force & de courage ; que les Amans téméraires continueront d’y devenir heureux : aussi le Poète Ovide suggère-t-il le Spectacle comme un moyen de corruption. […] C’est un fait, heureusement assez notoire, pour n’exiger aucune preuve ; quelques abus particuliers, dont les Moralistes font grand bruit, ne sont pas capables d’inconvénienter cet honorable usage de l’Europe. […] [Enfant-Prodigues Quiconque est capable d’aimer est vertueux ; j’oserais même dire, que quiconque est vertueux, est aussi capable d’aimer : comme ce serait un vice de conformation, pour le corps, d’être inepte à la génération ; c’en est un aussi pour l’âme d’être incapable d’amour. […] C’était la Tragédie qui devait d’abord corriger les hommes, parce qu’elle montre de grands exemples, capables de frapper une Nation, qui est encore tout Peuple. […] Il arriva que les infortunés destinés à périr à ce dernier Spectacle, passant devant l’Empereur, lui dirent ces paroles, capables de réveiller l’humanité au fond des cœurs : Ave, Imperator, morituri te salutant.
Vous les avez exposé avec tout l’art et; toute l’élégance dont votre plume est capable. […] Je me contente de relever les absurdités les mieux enveloppées, et; les plus capables de glisser dans l’esprit des Lecteurs le venin de votre Livre ; tout y est amertume. […] Electre y dit qu’elle se sent capable de tuer sa mere de sa propre main. […] Mais tous vos hommes et; toutes vos femmes ensemble ne seroient point capables de s’opposer à une usurpation, si une puissance supérieure armoit contre vous. […] Que le Genevois continue ses exercices de la chasse et; de tout ce qui est capable de le rendre adroit, fort et; robuste, sa santé et; ses travaux y sont intéressés.
Déconcerté, embarrassé, incertain, timide, de quel rôle seroit capable une actrice modeste ? […] Il doit en effet naturellement arriver des changemens sur le visage & dans les allures d’une personne, qui sont des indices de son desordre ; mais le commun des hommes n’est pas capable de faire ce discernement, & ce n’est pas par cet endroit que ce Saint Pere veut qu’on en juge ; c’est sur la parure, les habits, la modestie ; & c’est une vérité morale, qu’une expérience journaliere confirme. […] Le P. le Moine, dans l’ouvrage que nous avons cité, demande si la pudeur, qui est une vertu défiante & timide, qui rougit & tremble à la vue du moindre danger, qui craint le bruit & le grand jour, qui fuit le monde & le spectacle, ne se bat qu’en retraite, ne se conserve qu’en fuyant, ne remporte la victoire que par la plus prompte retraite, si cette vertu est capable d’un bel entousiasme, d’une sainte audace, d’un noble transport, d’une action de vigueur, d’un véritable héroisme ?
L’objet de la plupart des drames même les plus estimés, n’est-il pas de nous peindre sans cesse des intrigues amoureuses, des vices que l’on s’efforce de rendre aimables, des désordres faits pour séduire la jeunesse inconsidérée, des fourberies capables de suggérer les moyens de mal faire ? […] Quant aux scélérats, le Théatre est plus capable de les enhardir que de les corriger.
Thomas ajoute que si on y représente des choses indécentes ou capables de porter au péché, turpium vel ad peccatum provocantium, on pèche en les regardant avec plaisir ; ce plaisir & ce goût peuvent être si grands, que le péché sera mortel : Tanta potest exhiberi libido ut sit mortale. […] Ce grand Théologien & habile Prédicateur fit deux fort bons traités, l’un Latin, l’autre Italien, contre le théatre, & une dissertation contre les Ecclésiastiques qui se masquent : abus assez rare en France, où l’on ne voit capables de ces folies que quelque Abbé petit-maître, dont la conduite mondaine déshonore la sainteté de son état.
Rien ne serait plus capable de faire croire ce caractère amphibier qu'on impute bien ou mal aux Jésuites, rien du moins n'est plus propre à inspirer le pyrrhonisme dans la morale que leur conduite à l'égard du théâtre. […] Il compte parmi les avantages de son projet l'abandon des drames et des Romans, espèce de littérature qui outre les autres vices, est très peu capable de nourrir le cœur, de former les mœurs, et de produire de vrais citoyens
Mais le cœur ému par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesures ; dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, de vers tendres,délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de retenue. […] Car, comme dit l’Apôtre, "l’homme qui est tout charnel n’est point capable des choses qu’enseigne l’Esprit de Dieu : Elles lui passent pour folie, et il ne les peut comprendre, parce que c’est par une lumière spirituelle qu’on en doit juger."
Le génie, qui seul est le pere de cette langue, ne songe qu’à lui donner toute l’énergie dont elle est capable.
Le Fils de Dieu s’est assez ouvertement declaré contre les jeux, & les danses dans le Miracle, dont il est parlé dans l’Evangile, en resuscitant la fille du Prince de la Synagogue ; Miracle, qu’il ne voûlut pas operer tandis que les danseurs, & les joueurs d’instrumens seroient dans la maison ; c’est pourquoi il les fit chasser avant que d’y entrer… Saint Jerome parlant des Danseurs, dit, que c’est le demon qui danse dans leurs personnes, & qu’il se sert de ses laches Ministres pour seduir, & tromper les hommes… En effet tout ce que la volupté, est capable d’employer d’artifice est attaché au bal, à la danse, & à la comedie.
Ainsi les Pedans nez dans les Colleges & absorbez dans le Grec & le Latin, ne sont pas capables de juger des beautés modernes, & qui pis est, ils inspirent quelquefois ce mauvais goust à leurs Echoliers, & l’impriment si fortement ; qu’il dure mesme malgré eux contre celuy des honnestes-gens & du beau monde, & sans que la raison fortifiée par les années puisse en purger l’infection, ny en guerir l’aveuglement.
Clement, à cause, qu’ils étoient capables de fomenter les passions.