Ramire se prévaut ici de l’approbation même qu’il réfute ; le Docteur qui l’a donnée, y fait des vœux pour obtenir aux Auteurs, aux Acteurs, & aux Spectateurs une retenuë & une décence, qui empêche d’interdire dans le Christianisme une recréation si indifferente, selon lui, aux Fidèles, si nécessaire aux Citoyens, & si instructive pour tout le monde . […] Après avoir fait éclater son zéle en Orateur Chrétien, notre Auteur reprend le ton d’un profond moraliste, & examine encore de plus près la nature de la Comédie : il recueille sur cette matiére les définitions des Docteurs les moins accusés de rigorisme, & il en conclut que, si on ouvroit une école, dont l’affiche annonçât les leçons qu’on donne & qu’on prend au théâtre, tous les Magistrats, & tous les Citoyens jaloux des moeurs publiques, s’uniroient pour la fermer, & pour en proscrire les maîtres pernicieux.
Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol. […] Ce qui était autrefois l’objet des premiers Magistrats ; ce qui fesait la gloire d’un Archonte Grec, & d’un Edile Romain, j’entens de présider à des Pièces Dramatiques avec l’Assemblée de tous les Ordres de l’Etat, n’est plus que l’occupation lucrative de quelques Citoyens oisifs.
Les besoins du Citoyen exigent le premier soin des Magistrats municipaux ; son bonheur est le triomphe de leur zèle.
O citoyen !
La moindre expression de cette surveillance démontrera au clergé que s’il indique aux citoyens des devoirs à remplir, le prince et ses délégués sont là pour l’obliger à remplir les siens, et qu’ainsi la puissance séculière, devenant la protectrice et la mère tutélaire de la religion, sait en même temps forcer les prêtres et les peuples à observer ses rites et ses dogmes.
Sous les tyrans, la question n’est pas douteuse ; il est de la politique de rapprocher l’homme des bêtes, puisque leur condition doit être la même, et qu’elle exige également une patiente stupidité ; mais dans une constitution de choses fondées sur la justice et la raison, pourquoi craindre d’étendre les lumières et d’ennoblir les sentiments d’une multitude de citoyens, dont la profession même exige le plus souvent des vues nobles, des sentiments honnêtes, un esprit cultivé ?
Ce mélange des citoyens avec les Acteurs est pernicieux même à l’art & aux artistes. Ces hommes, devenus commensaux des honnêtes gens, qui leur donnoient asyle dans leurs palais, mêlés dans les familles, vivant avec les enfans, les enseignant, les exerçant, jouant avec leurs élèves, tout fut confondu ; plus de distinction entre l’artiste, qui devroit seul professer l’art, & le citoyen qui ne devroit que l’encourager & en jouir. […] Les Gazettes de 1767 & le Journal de Trevoux de 1768 ont annoncé que plusieurs citoyens de la ville de Toulouse, amateurs des beaux arts, ont formé une société d’actionnaires avec privilège exclusif pour l’établissement des trois spectacles, qui réunit la tragédie, la comédie, l’opéra bouffon, l’opéra & le ballet ; que désirant d’avoir les meilleurs sujets dans les trois genres, elle donne avis aux Acteurs répandus dans la province & chez l’étranger, qui voudront s’engager pour l’année prochaine qui commencera à pâques 1768, qu’ils s’adressent au Directeur du spectacle. […] Ces citoyens zélés ont fait des offres avantageuses, ont imploré la protection d’un grand Prince, ont député à la Cour pour obtenir la préférence.
Le théatre, en corrompant le citoyen, a énervé la valeur par la mollesse, diminué les forces, altéré la santé par la débauche, & la discipline par la dissipation. […] Quelle ressource a un citoyen délicat sur le choix des plaisirs, a une mère vertueuse, a une fille jeune & décente, que le théatre ? […] Mais la réflexion est très-juste ; il jette dans l’abyme du luxe, du faste, des folles dépenses, du libertinage, le citoyen & l’étranger. […] Mais s’il corrompt si rapidement un étranger qui ne fait que passer, quel affreux ravage fait-il dans le citoyen qui y passe sa vie ?
Voilà pourquoi vous permettez au roi et à ses courtisans, ce que vous refusez à tout autre citoyen ; s’accuse-t-on au tribunal de la pénitence d’avoir été au spectacle ? […] Gardons-nous de proscrire ceux que St Paul allait entendre à Éphèse, et que parmi nous, le grand homme faisait asseoir à sa tablet, et puisque les vertus d’un acteur ne doivent pas être d’un moindre prix aux yeux de Dieu que celles de tout autre citoyen, ne faisonsu point à la cendre de ceux dont le cœur est rarement insensible au malheur, les devoirs que la religion et l’humanité réclament pour tous les hommes indistinctement.
Ils sont reputé Théatre forains & étrangers : c’est déjà pour la plupart des citoyens un embarras, une dépense d’aller chercher au loin leur plaisir. 2°. […] Comme s’il étoit plus permis d’être vicieux aux forains qu’aux citoyens, aux ambulans qu’aux permanens, comme si l’on devoir tolérer la licence sous le nom de gaieté, & approuver une gaieté dont le caractere est la licence. […] Il fut des citoyens avant qu’il fut des maîtres ; Nous rentrons dans les droits qu’ont perdu nos ancêtres.
Par la loi des 12 tables la réputation des citoyens n’est pas abandonnée à la licence des Poètes il n’est permis de parler de personne qu’en justice, avec de bonnes preuves, et donnant à l’accusé la liberté de se défendre. […] » Les Romains, moins conséquents, mais plus décents, en laissant subsister un culte qui faisait leur religion, ont déclaré les Comédiens infâmes, les ont même exclus du rang de citoyens et de toutes les tribus, comme remarque Cicéron : »Romani suæ dignitatis memores et pudoris cum artem ludicram scenamque totam probro ducerent, etiam tribu moveri voluerunt actores. » O cœur vraiment Romain, plein de sagesse et de noblesse, digne de toutes les louanges ! […] Vous avez bien fait de mépriser tous ces histrions, éveillez-vous entièrement, sentez que la divine Majesté ne peut être honorée par un métier qui déshonore ceux qui l’exercent, qu’on ne verra pas dans le ciel ces Dieux dont les adorateurs ne sont pas reçus au nombre de vos citoyens.
Il doit être regardé comme très-nécessaire, puisqu’il rend heureux tous les ans un grand nombre de Citoyens estimables.
Tous les Tribunaux offrent au public un spectable redoutable ; mais nécessaire, pour terminer les différents des Citoyens, & maintenir la paix dans la société. […] Les petits spectacles forains remplissoient le vuide du théatre aboli ; le goût de la danse, passion épidémique, se réveille tout-à-coup avec fureur ; des bals champêtres s’ouvrent dans tous les villages aux environs de la capitale ; des artificiers Italiens donnent des spectacles Pyriques, (des feux d’artifices,) & pour les animer d’avantage, y réunissent des danses ; enfin, d’après le Vauxhall Anglois, on imagine de construire à grands frais des lieux d’assemblées, décorés comme des théatres, pour y attirer le public ; c’est-à-dire, les curieux, les gens de plaisir, les citoyens désœuvrés, des femmes, sur-tout les jeunes gens, &c. par toutes sortes d’amusemens, souvent par le seul concours des personnes qu’on y peut voir, ou de qui l’on peut être vu, & même encore par la facilité de se cacher dans la foule ; ces divers établissemens ont le succès de la nouveauté, toujours attrayans pour des François.
Ainsi, emporté par son génie, le fameux Citoyen de Genève compose de la musique Française ; & soutient ensuite, par une contradiction singulière, que la Langue Française n’est point absolument susceptible de musique. […] Voici comme le fameux Citoyen de Genève définit la mélodie Italienne & la nôtre. […] Je vais citer tout de suite un assez long passage d’un Auteur Français, qui achèvera de prouver que le Citoyen de Genève s’est beaucoup trompé dans les morceaux que je viens de rapporter, & qui achèvera de faire entendre au Lecteur en quoi les deux musiques différent l’une de l’autre. « On ne peut s’empêcher, dit l’Auteur dont je vais transcrire les paroles(62) ; « On ne peut s’empêcher d’admirer dans les Musiciens d’Italie les desseins nouveaux de leurs figures si bien imaginées, la vivacité pétillante de leurs imitations redoublées & de leurs modes enchaînés ; mais si nous leur cédons la science, ne doivent-ils pas nous céder le naturel, & l’éxécution tendre & noble, sur-tout pour l’harmonie des instrumens ?
Quoiqu’on nous recommande et qu’on nous fasse envisager, avec raison, l’éducation des enfants comme le moyen le plus assuré de former de bons Citoyens, il n’est cependant que trop ordinaire, même dans les Villes les mieux policées, de faire, en élevant les enfants, des fautes essentielles et irréparables.
Le Théâtre est une chose à part, et qui n’a point de rapport nécessaire avec les devoirs du bon Citoyen.
Si malheureusement il est commun de trouver des hommes corrompus sur cet article (comme nous avons dit) il y a de l’inhumanité à les affermir dans la corruption, et les Poètes qui agissent ainsi manquent au devoir des bons Citoyens.
Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ? […] Des cirques immenses réunissaient la presque totalité des citoyens, et les chefs-d’œuvre de Sophocle, d’Euripide, et de Ménandre, étaient représentés aux acclamations générales. […] Promettez sur ce livre, et devant ces témoins, Que Dieu sera toujours le premier de vos soins ; Que sévère aux méchants et des bons le refuge, Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge ; Vous souvenant, mon fils, que, caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre et comme eux orphelinu. » La comédie n’a pas un ton aussi imposant, aussi sévère ; mais combien elle est plus utile, et peut-elle être plus profitable pour l’universalité des citoyens ! […] Et toi, Talma, ton convoi tout profane, et pourtant si religieux, n’a été que la continuation des triomphes que tu as obtenus sur la scène ; les regrets, les vœux que tant de citoyens adressaient au Ciel, chacun à sa manière, ont bien valu auprès de Dieu les prières banales et dont chaque ligne est tarifiée, que les prêtres auraient, par métier, débitées sur ton cercueil.
Les Mimes et Histrions et autres joueurs étaient effacés du rôle de la tribu du commun peuple, et n’étaient point tenus pour citoyens Romains. […] Epaminondas rendit une charge vile, glorieuse ; et changea l’envie de ses citoyens en admiration pour être toujours splendide et égal à soi-même.
Aussi les stupides citoyens, les graves Ecrivains qui ne respirent pas l'air subtil de ce riant climat, n'ont qu'une maussade et ennuyeuse solidité, tandis que les jolis Officiers de la toilette des Actrices sont pétris de légères grâces, et sèment à pleines mains sur leurs personnes et dans leurs ouvrages les fleurs qu'ils y ont cueillies. […] Le théâtre est une république où tous les citoyens sont égaux, ou plutôt une anarchie où tout le monde est maître, Acteurs et Actrices, tous de la lie du peuple, du métier le plus bas, plus confondus encore par le vice.
Et on laisse vomir, imprimer, et distribuer au Citoyen de Genève, des libelles infâmes, contre ce qu’il y a de plus respectable dans les Nations ! […] Le Citoyen de Genève est encore le premier qui ait accusé les femmes d’être froides, et de ne pouvoir ni exprimer ni sentir l’amour.
Qu’on arrête un moment ses regards sur les désordres qui troublent la paix des familles ou divisent les citoyens entre eux. […] Ecrasé sous son poids énorme, quel est aujourd’hui le citoyen qui peut respirer et satisfaire à des engagements que l’espérance d’un avenir moins malheureux lui avait fait contracter indiscrètement ? […] A eux seuls appartient le droit d’attirer l’attention du gouvernement sur un objet pareil ; je me borne donc, comme simple citoyen, à indiquer la source du mal ; c’est aux mains adroites et puissantes à administrer le véritable remède. […] Sous les rapports qui les lient au corps social, sans doute, comme tous les autres citoyens, ils méritent des égards. […] » Mais la peinture de ces délits qui compromettent la sûreté des citoyens, n’est peut-être pas ce que le théâtre offre de plus dangereux.
Convient-il, Mes très chers Frères, d’étaler sur des Théâtres un attirail de vanité, d’y jouer des scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjonctures où chaque Citoyen doit prier pour son Prince ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes, et touché d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière, et fait passer de son cœur Royal dans celui de tous ses sujets, son humble confiance en Dieu, et sa charité pour son peuple.
Le théatre consolera de tous les malheurs, dédommagera de toutes les pertes, &, en détournant l’attention des citoyens sur les malheurs publiqcs & particuliers, il y apportera un prompt remede. […] Ils y sont venus en foule de tous côtés ces tabarins, appellés par les grands mêmes, & payés par la République ; & tous les citoyens en foule, les grands à la tête, oubliant les sentimens naturels à un citoyen, à un gentilhomme, à un républicain, se sont étourdis sur leur infortune avec tant de stupidité qu’ils ne s’occupent plus que de coulisses, d’ariettes, de pas-de-trois.
Il ne faut que de la bonne foi pour saisir cette question, afin de prononcer si les acteurs de comédie, eu égard à la religion, doivent être considérés à l’égal des autres citoyens et comme ayant, aux mêmes conditions, les mêmes droits aux prières et aux honneurs de l’église.
Les anciens législateurs qui ont inventé le spectacle ont moins songé à amuser ceux de leurs citoyens qui vivaient dans l’oisiveté qu’à instruire le peuple en le portant, par des exemples, à la haine du vice et à l’amour de la vertu : et effectivement, rien ne peut plus contribuer à guérir l’homme de ses défauts que de les exposer, comme on fait dans la comédie, à la risée et à la censure publique.
Il fit substituer ceux-ci : De l’ouvrier actif qui cultive sa terre, citoyen estimé, les soins industrieux, dont lui-même a créé cet art nécessaire, dont s’occupent aux champs nos bras laborieux. […] C., putas, inveniet fidem , quels Citoyens, quels Peres de famille, quels Magistrats préparent à l’Etat cette irreligion succée avec le lait.
Du reste, il doit être traité par l’église, comme tous les autres citoyens qui professent la religion chrétienne. […] Ainsi donc, les prêtres feraient non seulement ce qui ne leur est pas permis par notre législation, mais encore ils contreviendraient aux lois de l’église, en frappant d’opprobre, un cadavre que le prince et les citoyens honorent et qui dans l’ordre social réclame les égards qui sont dus à celui qui, de son vivant, a mérité l’estime de ses concitoyens.
Ceux mêmes qui allument le flambeau de l’hymen, énervés par la débauche, dissipés par une vie frivole, dégoûtés du travail et des affaires, n’ont la plupart, ne peuvent ni ne veulent avoir des enfants, n’ont aucun soin de ceux que le hasard leur donne ; ils ne savent leur donner qu’une éducation théâtrale, qui ne forme ni Magistrat, ni Militaire, ni artisan, ni laboureur, ni aucun genre de citoyen, mais des hommes frivoles, à charge à la société. […] Dans les premiers temps de la République, où la comédie était inconnue, tous les citoyens s’établissaient et peuplaient l’Etat ; le divorce, quoique permis, y fut inconnu pendant cinq siècles.
Convient-il, Mes très-chers Frères, d’étaler sur des théâtres un attirail de vanité; d’y jouer des Scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjoncturesh où chaque citoyen doit prier pour son Prince j ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute-puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes ; et touchék d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière Prières ordonnées partout.
Sont-ce des Chrétiens, des citoyens, des gens sages, qui ont proposé à toute la France un si scandaleux contraste ? […] Un citoyen vertueux réformateur de la patrie. […] Désavoué par la patrie, & privé du droit de citoyen. […] il vécut dans Paris comme les autres citoyens : on veut faire une antithèse. […] Il pouvoit ajouter, & livré, comme dit Boileau, aux huées d’un vil amas de peuple, & enfin prépare la ciguë au plus juste, au plus sage des citoyens.
Le Journaliste, confus d’en avoir fait l’éloge, convient que l’ouvrage est mauvais, « loue les Ecrivains qui vengent les droits de la religion et de la société contre ceux qui se disant citoyens, ne parlant que de l’amour de la patrie, osent lui porter les plus cruelles atteintes, et s’excuse en disant que l’« Auteur étant jeune, il craignait de le décourager et de le chagriner », comme s’il fallait encourager des gens qui « portent à la religion et à la société les plus cruelles atteintes ». […] Le Triumvirat est un tissu d’abominations, par l’attentat de trois hommes qui s’emparent du gouvernement et se partagent l’empire, et par le massacre d’une infinité des plus illustres citoyens, que les Triumvirs se vendent mutuellement. […] La clémence de César contrastée avec l’atrocité de Brutus, n’y sert qu’à relever le courage du Républicain, et à mieux prouver qu’on ne doit pas épargner un Tyran, fût-il l’homme le plus estimable et le plus aimable : « Je déteste César avec le nom de Roi ; Mais César citoyen serait un Dieu pour moi. […] Celui qui en adopterait l’esprit et les maximes ne serait ni bon citoyen ni bon Chrétien ; selon l’oracle de la vérité, un mauvais arbre ne peut porter que de mauvais fruit. […] Je verrai Rome en proie aux plus cruels malheurs, D’une tremblante main flatter la tyrannie, Ne gémir qu’en secret de la voir impunie, J’entendrai ses soupirs, et lâche citoyen, Pour venger mon pays je n’entreprendrai rien !
ne règne-t-elle pas dans ces spectacles d’un ordre inférieur, qu’on a multipliés à l’infini, & qu’on a pris soin de rapprocher du peuple, de peur sans doute qu’aucune classe de citoyens n’échappât à cette corruption ? […] Les héros qu’on introduit sur la scène tragique, les simples citoyens qui parlent & qui agissent dans la comédie, ne paroissent-ils pas également asservis à cette passion impérieuse ? […] Lorsque nous leur représentons que les loix de l’Etat les comptent à peine au nombre des Citoyens, & les excluent de tous les emplois qui supposent de l’honnêteté & de la vertu ; ils nous objectent que ces hommes, que nous traitons avec tant de mépris, sont souvent l’objet de la faveur des Grands, & qu’ils exercent leur art sous la protection du Gouvernement & des loix.
Le nombre de Citoyens sauvez, & celuy des ennemis ou morts ou blessez, devoit estre exact & fidelle, & le detail sans exageration & sans deguisement. […] Par-là, ceux qui avoient emporté quelque succez sur les Sujets de leur Empire, ou sur des Citoyens rebelles, n’obtenoient point pour cela l’honneur du Triomphe, parce que de telles Victoires estoient censées tousiours plus lugubres que glorieuses. […] Ce dernier honneur estoit le plus durable de tous en apparence, car il n’estoit pas permis d’arracher les marques Triumphales qu’on y avoit une fois attachées, quelque changement qui arrivast dans la proprieté ou dans la possession du fonds : & les Palais avoient beau changer de proprietaire, & appartenir à de simples Citoyens ; ils ne laissoient pas de conserver les honneurs & les caracteres immortels de leur premier Maistre.
Le citoyen de Genève appelle de ces principes au témoignage des spectateurs. […] « Ils sont assez avancés, ou, si l’on aime mieux, assez pervertis, pour pouvoir entendre Brutus & Rome sauvée, sans avoir à craindre d’en devenir pires. » Lequel croire de M. d’Alembert ou d’un citoyen qui veut sauver sa patrie de la corruption ; qui ne lui présage qu’abomination & que malheurs, si l’on ne l’écoute ; qui eût pu s’appuyer de la raison que donne Cornelius Nepos pour marquer la différence des mœurs des Grecs & des Romains : C’est que les comédiens étoient estimés des premiers, & qu’ils étoient déshonorés chez les autres.
L’ambition, l’orgueil, l’amour, la haîne, la fureur, qui agitent les Rois, déchirent pareillement l’ame du dernier Citoyen ; mais les transports où le livrent ces diverses passions ne sont point si terribles & n’éxcitent point tant la curiosité publique.
On ne croit pas que cette entreprise réussisse de pareils divertissemens contrastant trop avec la désolation de l’État, pour que des citoyens qui ont encore quelques sentimens d’amour pour le public ou le moindre égard pour la bienséance, puissent se permettre d’y aller ; il faut avoir le cœur tout-à-fait Comédien pour oser s’y montrer, le Roi de Pologne ne s’y est pas trouvé, il est trop sage ; ceux même qui sont attachés au grand Maréchal Poninski qui en est l’Auteur, pensent que les vrais patriotes ne le fréquenteront jamais, ce qui n’a été goûté que par les ames que la débauche a avili, qui après avoir acquis des richesses dans le malheur général, veulent les employer à se plonger dans le tumulte des fêtes & le délire des plaisirs, soit pour satisfaire leur goût, soit pour se cacher à eux-mêmes les malheurs qui les accablent. […] Un citoyen qui sent combien une pareille dispute rend méprisables ceux qui ne rougiroient pas d’y attacher de l’importance, a publié dernièrement un Pamphlet (une brochure) intitulée : Mémoire pour servir de plan aux pièces de théatre de Varsovie, & de supplément à l’histoire de la démence humaine. […] Les Éphémérides du Citoyen, année 1770, donnent un détail fort circonstancié des impositions du Duché de Milan, qui montent à plusieurs millions. […] Germain), à qui tout bonheur je désire, vint aussi aux Italiens bien aimés de nos citoyens ; c’étoit le beau Festin de Pierre, & qui feroit rire une pierre, &c.
Mais Genève, ne lui déplaise, a de meilleurs garants de sa liberté que les mœurs de ses citoyens ; et grâce à la constitution de l’Europe, elle n’a pas besoin d’élever des dogues pour sa garde. […] Ainsi tout n’est pas du ressort du théâtre, c’est l’école des citoyens, et non celle de la République. […] Car les mœurs nationales tiennent à la constitution politique ; et celle-ci fût elle mauvaise, tout citoyen doit concourir à en étayer l’édifice, en attendant qu’il soit reconstruit. […] Dans tous les états où les citoyens sont admis à l’administration de la république, il est naturel que les femmes soient éloignées de la Société des hommes, et reléguées dans l’obscurité. […] Faut-il être un Bossuet, un Milton, pour être bon citoyen, bon parent, bon ami ?
Rousseau, Citoyen de Geneve. 1759. […] Il a démontré que les charmes trompeurs des Spectacles ravissent à la fois aux Citoyens leur subsistance, leur temps, leur santé & leurs mœurs. […] Ce n’est pas à ces braves Citoyens que M. […] Sous prétexte d’être Philosophe, on n’est ni pere, ni époux, ni citoyen. […] Elle ne se proposoit alors que l’instruction des Citoyens.
Vous le devez à la religion, à la patrie, & s’il faut tolérer les spectacles, rendez-les dignes, s’il est possible, du citoyen, de l’honnête homme & du chrétien. […] Dangers extrêmes, dont on ne se tire que par quelque ridicule miracle ; valeur bien différente de celle des Héros Grecs & Romains, qui ne combattoient que pour la patrie, ceux-ci contre les droits de l’humanité, les lumieres de la raison, les préceptes de la religion, les intérêts de la patrie, les ordonnances du Prince, vont en insensés répandre leur sang, & faire couler celui des citoyens. […] Voilà les citoyens que forme la volupté dans les romans, des furieux, des libertins, des séducteurs, qui détruisent la religion & les mœurs.
Ajoutez, qu’il est juste que les Enfans ; qui ne portent rien encore du fardeau imposé à tous les Citoyens, contribuent, comme à Sparte, au délassement des hommes, qui les nourrissent, les protégent & les instruisent.
Où est la concorde des citoyens ?
C’était avec grande raison que Dion Chrysostomeh reprochait aux Citoyens d’Alexandrie de ne pas avoir parmi eux quelque Poète comique qui reprît leurs vices, comme en avaient les Athéniens.
Tous les Citoyens de cette République étant occupés, on n’y redoute point, comme dans d’autres Etats, les désordres de l’oisiveté. […] Cette autorité peut-elle balancer celle de nos respectables Citoyens qui occupent les hautes places de la Judicature, & qui en ont les mœurs ? […] Et si cette Loi exige aussi que chaque membre soit le modele des Citoyens, nous avons tout gagné. […] Loin de s’accorder avec le Christianisme, il n’est pas même propre à former des Citoyens & des hommes. […] Rien n’est plus capable d’échauffer & de faire palpiter le cœur des vrais Citoyens, que l’éloge que M.
Je viens de lire, mon cher ami, une Brochure intitulée « Jean-Jacques Rousseau, Citoyen de Genève, à Monsieur d’Alembert, de l’Académie française &c. […] Plus d’un Citoyen est la dupe de leur hypocrisie. […] Même page il continue ainsi : « Quelque temps après, ce même Empereur11 acheva d’anéantir la loi Papia Poppæa & la constitution de Constantin, par sa Novelle 117, chap. 6, par laquelle il permit aux Citoyens les plus qualifiés de contracter des mariages avec toutes sortes de personnes, pourvu qu’elles fussent libres. […] Malgré l’estime que j’ai toujours porté aux grands Hommes, je la sens s’augmenter depuis ce moment, le sachant comme moi citoyen de cette Ville illustre. […] Les Enfans n’étaient point appellés Spurii ; & quoiqu’ils ne fissent point partie de la famille paternelle, leur état n’était point honteux, & ne les privait point du commerce des autres Citoyens ; de nos jours ils en sont banis.
Saint Augustin représente aux Romains qu’un de leurs Citoyens a été plus sage que leurs Dieux, puisqu’il a condamné des Spectacles qu’ils avoient établis pour honorer leurs Dieux. […] La Passion des Romains pour les Jeux devint si grande, que dans une famine qui affligea Rome sous Gratien, tandis que pour conserver les Citoyens naturels, on fit sortir tous les Etrangers par une barbarie qu’Ammien, Historien Payen, a condamnée, on conserva trois mille Comédiennes avec tous ceux qui contribuoient aux divertissemens des Théâtres.
On y apprend à ne couvrir que d’un vernis de procédés la laideur du vice, à tourner la sagesse en ridicule, à substituer un jargon de théâtre à la pratique des vertus, à mettre toute la morale en métaphysique, à travestir les citoyens en beaux esprits, les mères de famille en petites maîtresses, et les filles en amoureuses de comédie. » Aussi, dit Houdar de La Mothead, « nous ne nous proposons pas en composant des pièces de théâtres d’éclairer l’esprit sur le vice et sur la vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs ; nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mélange de l’une et de l’autre, et les hommages que nous rendons quelquefois à la raison ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées. […] Tâchez surtout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parents qui s’occupent de l’éducation de leurs enfants vous redoutent étrangement ; que les personnes à qui leurs places prescrivent de la gravité, de la décence, craindraient d’être surprises dans les temples où l’on débite si pompeusement vos maximes ; que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos prêtres et vos prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les lois accordent au dernier citoyen.
Si la prétention de ce caractère, si répandue auiourd’hui, si maussade comme l’est toute prétention, & si gauche dans ceux qui l’ont malgré la nature & sans succès, n’étoit qu’un de ces ridicules qui ne sont que de la fatuité sans danger, ou de la sottise sans conséquence, je ne m’y serois plus arrêté ; l’objet du portrait ne vaudroit pas les frais des crayons : mais outre sa comique absurdité, cette prétention est de plus si contraire aux régles établies, à l’honnêteté publique, & au respect dû à la Raison, que je me suis cru obligé d’en conserver les traits & la censure, par l’intérêt que tout Citoyen qui pense doit prendre aux droits de la Vertu & de la Vérité.
* ; ils nommaient les Danseurs de corde, Neurobates ; & les Romains les appelaient Funambules : elle n’est point faite pour des Citoyens : c’est un métier vil, puisqu’il est dangereux.
J’ose donc assurer au contraire qu’ils seront charmés de voir leur génie en liberté, et que leurs premiers efforts feront connaître combien l’amour, qu’on croit aujourd’hui l’unique fondement du Théâtre, y est étranger ; pendant que la nature toujours féconde fournit abondamment, dans le cœur de l’homme, des sujets convenables pour former de bons Citoyens.
Comme il donnoit des conseils au Peuple sur toutes les affaires de la République, il devint un homme si important, que le Roi de Perse demanda un jour à l’Ambassadeur de la Grece des nouvelles de ce Poëte qui rendoit ses citoyens redoutables à ses ennemis. Quelquefois quand il avoit joué sa Piece on le couronnoit de fleurs, & on le reconduisoit chez lui avec des acclamations ; il reçut même, par un decret public, la couronne la plus honorable que pût recevoir un citoyen.
Tous les citoyens divisés sont aux prises et s’entr’égorgent, le sang coule de toute part. […] Mais le premier, fidèle à sa patrie, à ses concitoyens, ne se laissa point enivrer à la coupe du pouvoir, tandis que l’autre accoutumé à commander à des soldats, n’eut pas assez de vertu pour résister à la tentation de commander en despote à des citoyens.
Nous lisons encore dans l’Histoire du droit canonique, 1 vol. in-12, pages 385 et 393, au chapitre de la puissance des rois comme protecteurs des canons ; « Que le prince temporel ne peut pas faire la discipline ecclésiastique, mais qu’il doit la maintenir ; « Que les puissances temporelles sont nécessaires dans l’Eglise, afin de suppléer par leur pouvoir à ce que l’étendue de la parole ne peut faire ; « Que le prince a la liberté de choisir, parmi les différents usages, ceux qui sont plus conformes au bien de son Etat ; qu’il peut rejeter tout à fait, ou modifier les décrets de discipline faits par des conciles, même généraux ; pag. 394 ; « Que les ecclésiastiques ont un double lien qui les soumet à l’autorité royale ; 1° leur qualité de citoyen qui les soumet à la puissance politique comme tous les autres sujets ; 2° leur qualité d’ecclésiastique qui les soumet au prince qui, comme protecteur des saints canons, doit veiller à leur exécution ; pages 400, 401 ; « Que cette même qualité de protecteur des saints canons donne droit au roi de veiller sur les mœurs des ecclésiastiques, afin de s’opposer au relâchement de la discipline de l’Eglise » ; pag. 402.
Cette législation a fait de ceux qui l’exercent de véritables citoyens, supportant les mêmes charges et remplissant les mêmes devoirs que les autres.
Nous reculons les habitations des citoyens, nous sacrifions un terrein immense, & le plus prétieux. […] Tout cela est bien dans le génie Anglois ; cependant la fierté de Garrik, la supériorité de ses talens, l’estime, l’amitié générale du public, la maniere de regarder l’état des comédiens qui sont sur le pied de citoyens distingués, la vengeance même, ou la punition qu’on lui avoit déjà fait subir, en démolissant la moitié de son théâtre ; tout cela me fait croire cette circonstance fausse.
Pour autant que les anciens Romains estimaient, que le métier de jouer ces jeux, et toute la scène était chose infame, ont voulu, que telle manière de gens non seulement fût privée de l’honneur des autres citoyens, et du droit de bourgeoisie : mais aussi que par la note et répréhension du Censeur elle fût ôtée de la tribu, ou du nombre de ceux, qui étaient enrôlés chacun en son cartier ou canton. […] Je passe maintenant aux Philosophes, desquels la doctrine est fort ample et copieuse, digne certainement d’être apprise et reçue soigneusement de chaque bon citoyen.
Rousseau, citoyen de Genève.
C’est pour cela qu’ils étaient tellement en horreur parmi les Romains, que non seulement ils étaient privés des honneurs auxquels les Citoyens pouvaient aspirer ; mais encore ils étaient marqués par les Censeurs, d’une marque qui les rendait infâmes : c’était aussi pourquoi Saint Cyprien ne voulait pas qu’on les reçût à la participation des Sacrements ; et l’Eglise assemblée au sixième Concile général, qui est le troisième de Constantinople en 681. a défendu à tous Ecclésiastiques soit réguliers ou séculiers, de se trouver jamais aux jeux publics et spectacles, et que s’ils sont convaincus d’y avoir assisté, ils soient excommuniés et privés de toutes charges en l’EgliseCanon 23.
Je parlerai toutefois en homme qui cherche le vrai, pour lequel j’avouë ma passion : en Citoyen, puisqu’on doit toujours l’être : & en Chretien, puisqu’on ne doit jamais en oublier les devoirs. […] Vous croyez qu’il vous suffit d’être placés dans un rang distingué parmi les Poëtes Dramatiques, sans vous mettre fort en peine du rang qu’on vous donnera entre les bons Citoyens. […] Aussi bon Citoyen, qu’excellent Poëte ; aussi simple dans vos manieres, que brillant dans vos ouvrages, vous ne fîtes pas reflexion combien il est facile d’inspirer la fureur à l’ombre de la grandeur d’ame, & l’abus de la valeur avec la valeur même. […] Quelle honte de voir des François, des Chrétiens plus relâchés, plus timides à s’élever contre le crime, que ne le furent des Payens, & des Citoyens d’Athénes ! […] Vous le devez à la Religion, à la Patrie : & s’il est dit qu’il faille tolérer les Spectacles dans des Républiques Chrétiennes, rendez-les dignes, autant qu’il est possible, du Citoyen, de l’honnête homme, du Chrétien.
Que le père arrache donc son fils d’un danger si effroyable, le maître son serviteur, le parent ses proches, les citoyens ses voisins, et enfin que chacun s’emploie pour rappeler dans le chemin du salut des Chrétiens malheureux qui deviennent semblables aux bêtes, et qui se conduisent par l’inspiration des Démons.
., société de pèlerins qui s’était réunie pour jouer les saints mystères, pag. 85 ; obtiennent en 1402 des lettres patentes de Charles VI, pag. 90 ; et de François 1er en 1518, pag. 94 ; sont obligés par arrêt du parlement de Paris, de 1548, de ne plus établir leurs comédies que sur des sujets profanes, pag. 101 ; succèdent entièrement aux confrères de la Passion, pag. 103 ; obtiennent des privilèges, p. 107 ; leurs pièces soumises aux procureurs du roi, pag. 108 ; ils sont admis au Louvre et protégés du roi Louis XIV, pag. 112 ; la législation change en leur faveur, pag. 114 ; jouissaient à l’exclusion des autres classes du privilège de conserver leur noblesse, pag. 116 ; leurs droits comme citoyens dans l’Etat, pag. 125 ; leur profession étant instituée et protégée par les lois civiles et les diplômes du prince, ils n’en sont plus comptables au clergé, pag. 131 ; l’abjuration que le clergé exige de leur profession, ainsi que le refus de sépulture, qu’il leur fait à leur décès, sont des délits que les procureurs du Roi doivent poursuivre devant les tribunaux, pag. 134 et 282 ; ils font l’aumône aux cordeliers, aux capucins, aux augustins, qui la leur demandent par placet, et qui promettent de prier Dieu pour leur chère compagnie, pag. 175 ; les comédiens n’étant pas excommuniés dénoncés, le clergé ne peut leur faire l’application des anathèmes, pag. 182 ; saints et saintes honorés par l’Eglise romaine, et qui ont été comediens, pag. 193 ; piété et bienfaisance de Beauchâteau comédien, pag. 365*.
Du plus beau lieu du monde, aimables Citoyens, Vous verra-t-on toujours occupés de Pantins ; Déserter les Français 1 pour courir les Parades ?
C’est ce qui arriva à saint Augustin, lorsqu’il prêcha avec véhémence à Césarée en Mauritanie, contre ces jeux cruels et extravagants, où les personnes d’une même Ville, parents, amis, citoyens se divisant en deux bandes, s’attaquaient à coups de pierre.
Ainsi le bon goût se déprave, et ce mal (résultant du surhaussement du prix des places) n’attaque pas seulement la jeunesse : on en voit atteints tous les citoyens dont la fortune a souffert.
Les couronnes méritées, par leurs Citoyens, leur donnoient quelquefois droit de suffrages dans les délibérations de l’Etat, quelquefois la préséance, quelquefois enfin, elles faisoient lever ces fameux interdits, qui excluoient tout un Peuple, des jeux solemnels & des assemblées générales.
les plus longs jours sont encore trop bornés pour ces Citoyens illustres qui enrichissent le genre humain de nouvelles lumieres, & qui ont si bien merité de leur patrie par leurs admirables ouvrages. […] Il n’y avoit point de Theatre à Sparte ; il auroit corrompu leurs mœurs : des personnages imaginaires représentant la difformité des vices eussent été dangereux ; mais ils faisoient enyvrer leurs esclaves pour instruire leurs enfans ; mais ils permettoient, ils encourageoient même le vol réel, pour se rendre plus soigneux & plus adroits ; c’est-à-dire, qu’il falloit qu’une partie des citoyens commît de mauvaises actions pour l’édification de l’autre. […] Les loix civiles & criminelles sont établies pour assurer la tranquillité des citoyens : l’ordre public dépend de leur observation.