Quand il serait vrai que la Comédie ne ferait aucun mauvais effet sur de certains esprits, ils ne la pourraient pas néanmoins prendre pour un divertissement innocent, ni croire qu'ils ne sont point coupables en y assistant.
Ceux qui sont employés dans des affaires pénibles à l'esprit et peu laborieuses au corps, ont besoin de se recueillir de la dissipation qui naît naturellement de ces sortes d'emplois et non pas de se dissiper encore davantage par des divertissements qui attachent fortement l'esprit: c'est une moquerie de croire qu'on ait besoin de passer trois heures dans une Comédie à se remplir l'esprit de folies.
Quand il serait vrai que la Comédie ne ferait aucun mauvais effet sur certains esprits, ils ne pourraient pourtant pas la prendre pour un divertissement innocent, ni croire qu'ils ne sont point coupables en y assistant.
Ceux qui sont employés dans des affaires pénibles à l'esprit, et peu laborieuses pour le corps, ont besoin de se recueillir de la dissipation qui naît naturellement de ces sortes d'emplois, et non pas de se dissiper encore davantage par des divertissements qui attachent fortement l'esprit.
Lettre apologétique ou défense contre le Libelle du Père Augustin L’Approbation que la Comédie reçoit des plus célèbres esprits de ce siècle, lui sert d’un puissant avantage, pour se défendre contre le Père Augustin, qui non content de la faire l’objet de sa passion, tâche de la rendre odieuse, par la force de ses calomnies, et priver un chacun du plus agréable divertissement, qui sonta entre les exercices de l’esprit. […] Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. […] Ce Sophiste prétendu, s’efforce de persuader au Vulgaire, que ceux de la Religion réformée, ne souffrent aucunement ce divertissement parmi eux, en quoi il montre une grande ignorance ; vu qu’il n’y a Royaume, Province, Contrée ou Ville, où ils ne soient bien reçus et approuvés de ceux qui ont l’autorité souveraine ; en Angleterre le Roi en entretient ordinairement deux troupes à ses gages, qui le suivent quand il va à ses progrèsl, et où j’ai vu même des Ministres assister à leur représentations, entre autre un nommé Joannes Davenantius Professeur de l’Académie Royale, et un certain Vardus Préfet de la même Académie, qui tous deux avaient été députés au Synode de Dordrecht, comme des plus notables du Royaume : Dans la Hollande j’ai toujours vu des lieux érigés pour cet exercice, et particulièrement à Amsterdam, où s’est fait depuis peu le plus magnifique Théâtre de l’Europe, pour la Jeunesse de la Ville. […] Je veux qu’il y eûtt quelque mal à la voir, ou à la représenter, je demande si c’est par le moyen de ses injures qu’il espère l’abolir, et nous priver de ce divertissement, ou si c’est par la chaine de ses calomnies qu’il croit garrotter nos consciences, s’il était aussi soigneux de lire S.
Les défenseurs du théâtre les plus raisonnables se retranchent sur la nécessité de quelque divertissement. […] Divertissez-vous, mais innocemment ; non dans des plaisirs dangereux et criminels, mais modérément, sans passion et sans excès ; mais sagement, sans dissipation et folie ; mais chrétiennement, en Dieu et en sa présence, « gaudete in Domino, semper in conspectu Dei » ; en tout temps, en tout lieu, en toute espèce de divertissement, « in Domino semper ». […] La raison même prescrit des règles dans le choix, et met des bornes dans l'usage des divertissements. Si la comédie était permise sous ce prétexte, il n'est ni espèce ni excès de divertissement qui ne fût permis, puisqu'elle les rassemble tous et les porte au plus haut degré. […] » Dira-t-on qu'en matière de divertissement, l'homme sans règles, sans bornes, sans ménagement, sans crainte, peut s'abandonner à tout ?
Voicy les plus illustres & les plus fins, qui nous restent de la magnificence & de là delicatesse Romaine : & dont les Images puissent fournir quelque Idée d’un divertissement digne de V.
Car si la justesse & le déssein y sont oubliez ; si le raport des parties avec le tout n’y est exactement observé ; enfin, si le jugement ne regne par tout, quelque beauté que la rencontre, le temps, le soin, & la dépense, puissent aporter à ces divertissements, l’extravagance n’en est point plus excusée, & le plaisir en est beaucoup diminué.
Si vous êtes veuve, pendant que vous êtes en ces divertissements vous êtes absente de votre maison, et ne veillant pas sur vos domestiques, vos serviteurs se débauchent, vos filles ou vos servantes sont cajolées, vos affaires demeurent à l’abandon.
Le temps qui suit immédiatement après le repas, n’est pas si propre aux affaires, et aux occupations plus sérieuses et importantes : c’est pourquoi, d’ordinaire, on prend alors quelque divertissement en Jeux, conversation, ou autres semblables récréations ; et parfois on en fait le même en certains jours de la semaine : d’autres passent plus avant, prenant en certains temps de l’année, quelque nombre de jours pour se divertir, et égayer un peu leurs esprits et leurs corps, après les travaux et emplois sérieux et pénibles : je veux ici instruire l’âme Chrétienne, à se recréer, et à se divertir, et à faire tellement cette action, que par icelle, non seulement elle ne se fourvoie pas du chemin de l’Eternité bien heureuse, mais plutôt qu’elle s’y avance et mérite un Paradis.
Comme il n’y a point de divertissements qui flattent davantage les passions, on ne néglige rien pour s’en assurer une possession douce et tranquille ; on s’en forme une idée métaphysique ; on en sépare dans la spéculation le mal qui en est inséparable dans la pratique ; et on s’imagine ensuite qu’il n’y a point de mal à les fréquenter.
N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire; aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir des divertissements inutiles; et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie : que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements ?
N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire, aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir d'un divertissement si inutile et si profane, et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie ; que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements.
Car outre que l’on peut y executer toutes choses : toute sorte de bastimens, de combats & d’exercices : Le divertissement en est d’autant plus fin qu’il part d’un objet un peu plus difficile, & que les succez en sont plus surprenans & moins ordinaires.
C'est un métier qui a pour but le divertissement des autres ; où des hommes et des femmes paraissent sur un Théâtre pour y représenter des passions de haine, de colère, d'ambition, de vengeance, et principalement d'amour.
Il y a bien de l'apparence que personne n'a jamais songé de s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ce divertissement dangereux, qu'à lui demander la grâce d'être préservé de la corruption qui s'y rencontre.
C'est un métier qui a pour but le divertissement des autres ; où des hommes et des femmes représentent des passions de haine, de colère, d'ambition, de vengeance, et principalement d'amour.
Or ces trois sortes d'Acteurs, les Atellans, les Comédiens, et les Tragédiens n'étaient point compris sous les noms de Mimes, Histrions et Scéniques, sinon par quelque signification abusive et générale, ou qu'en parlant des Jeux Scéniques, on voulut comprendre tous les divertissements que les Magistrats avaient employés à leur magnificence ; mais sans que jamais on les ait traités de pareil mépris, ni qu'on les ait mis en parallèle. […] D'où l'on peut conclure assurément que si on les a mises sur le Théâtre aux Jeux Scéniques, c'était pour en varier le divertissement, et les rendre plus pompeux ; Et comme elles ne leur étaient pas attachées de nécessité, le nom de Scéniques ne leur a jamais convenu que par analogie, et seulement parce qu'elles étaient représentées dans le lieu nommé Scène ou Théâtre, autrement il les faudrait aussi nommer Megaliennes, Romaines, et du nom de tous les Spectacles, dans lesquels elles étaient données au peuple.
Quoiqu’il soit permis de prendre quelque recréation après le travail, et de donner quelque relâche à son esprit après les occupations sérieuses ; si on excède néanmoins dans le divertissement, soit pour la manière d’en user, soit pour le temps qu’on y emploie, ce n’est plus une recréation honnête ; mais une pure sensualité, et on n’agit pas en homme raisonnable : mais on se laisse conduire aux passions de la chair, et aux instincts de la nature, comme les bêtes.
Il y a bien de l'apparence que personne n'a jamais songé à s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de s'y préparer par la prière, puisque l'Esprit de Dieu porterait bien plutôt à éviter ce divertissement dangereux, qu'à lui demander la grâce d'être préservé de la corruption qui s'y rencontre.
La comédie que j’entreprends de combattre aujourd’hui est de ce dernier genre, j’y joins le bal, ce sont des divertissements pernicieux dont il se faut absolument priver, pour cet effet je vous en ferai voir les désordres, et en même temps son opposition aux maximes de notre sainte religion, c’est ce que je traiterai dans mon premier Point, et dans le second je réfuterai les principales objections qu’ont coutume de faire pour la défense du théâtre et du bal, leurs partisans.
La crainte que nous avons que les Comédies qui se représentent utilement pour le divertissement des peuples, soient quelquefois accompagnées de représentations peu honnêtes, qui laissent de mauvaises impressions dans les esprits, fait que nous nous sommes résolus de donner les ordres requis pour éviter tels inconvénients.
J’ose toutefois dire qu’on y peut encore adjoûter quelque chose, qui ne contribueroit pas peu à faire paroistre l’adresse des Cavaliers, & à donner du divertissement aux Dames & aux Spectateurs, Par exemple, on y peut faire des embaras agreables dot on ne se puisse tirer que par adresse.
« Si quis vel Judeæ impietatis amentia vel stolidæ paganitatis insania detinetur aliud noverit esse supplicationum tempus, aliud voluptatum. » Il semble d’abord que le peuple étant libre les jours de fête, on pourrait tolérer en sa faveur un divertissement qui alors ne prend rien sur son travail ; mais le théâtre ne fut jamais dans le christianisme un moyen de sanctifier les fêtes, il n’est bon qu’à les profaner. […] Mais sans vouloir diminuer le prix d’une action de religion qu’au contraire je loue, je souhaiterais qu’aussi fidèles à la piété le reste de l’année, ils ne profanassent et ne fissent profaner aucun jour de fête par des divertissements si opposés à leur sanctification, et même qu’ils renonçassent à un métier si pernicieux. […] Ces divertissements, disent les Conciles, profanent la décence et la sainteté de l’Eglise : « His Ecclesiæ inquinatur honestas et sanctitas. » Il faut sanctifier les fêtes, en imitant les Saints dont on fait la mémoire, non par de frivoles amusements : « Imitentur his diebus Sanctos quorum memoriam celebrant. » Il est absurde que par des plaisirs frivoles et séduisants on détourne les fidèles de l’office divin et des exercices de piété, dans des jours destinés à apaiser un Dieu irrité : « Valde absurdum est diebus Deo propitiando destinatis, fallacibus istis Satanæ blanditiis illectos fidèles, a divinis officiis et supplicationibus religiosis abduci. » Tous les Parlements ont interdit les Congrégations des Jésuites, comme des assemblées dangereuses, et comme des exercices opposés à la sanctification des fêtes, en détournant de l’assiduité à la paroisse. […] Mais un divertissement si vif, si long, si suspect, si opposé à la sainteté, ne fut jamais cette joie sainte que Dieu recommande, cette honnête recréation qu’il permet : Gaudate in Domino semper.
Car ce divertissement est destiné presque uniquement pour les yeux. […] Ainsi il regne uniquement durant toute l’action, & dans toute la durée du divertissement, encore que les entrées en paroissent separées, & que l’union en soit apparante & interrompuë. […] Ie ne parle pas non-plus des autres Instrumens, pour les rejeter & pour les exclure des divertissements Royaux & publics. […] L’adresse, la belle execution suffisent, & le moindre divertissement qu’on y prenne, tient lieu d’un raisonnable succez. […] C’est le grand & superbe Salon que le Roy conceut & fit faire fixe, & permanent pour les divers Spectacles & pour les delassemens de son esprit & le divertissement de ses Peuples.
Il y a de la barbarie d’entretenir, d’augmenter la folie ; &, au lieu de travailler charitablement à la guérir, s’en faire un cruel divertissement, & la rendre incurable. […] On fait paroître à la table du Duc un ecclésiastique qui blâme avec raison le peu de charité de ce seigneur, qui entretient cet extravagant, & s’en fait, avec toute la maison, un aussi extravagant divertissement Mais, pour pouvoir se moquer de lui, on lui fait tenir des discours peu mesurés, & une conduite brutale.
On croit que le Bal en particulier est un divertissement innocent dans la speculation, mais a le considerer dans la pratique. 1. […] David en fit autant devant l’Arche, lors qu’elle fut recouvrée des mains des Philistins ; mais ces danses, ces chants se faisoient, par des motifs, & pour des sujets bien differens de ceux des mondains, que l’Eglise a souvent condamnez avec juste raison : c’estoit alors chanter les Victoires que Dieu remportoit sur les ennemis ; c’estoit pour marquer la joye qu’ils avoient de voir le Seigneur exalté, & glorifié, au lieu que les mondains y cherchent leur plaisir, & leur divertissement, & que la vanité, l’immodestie, la licence, & l’impureté sont presque inseparables des bals, des danses, & des cercles de compagnies enjoüées.
Enfin, on s’assemble pour ce divertissement après le repas, et le mouvement du corps qui est déjà échauffé, ne peut servir qu’à exciter davantage sa chaleur, et par conséquent à la disposer aux passions les plus dangereuses. […] Il n’est pas à propos de nous en expliquer davantage, ni encore de nous étendre sur cet abus déplorable, qui n’est que trop connu, et qui fait gémir toutes les bonnes âmes ; je veux dire sur cette coutume malheureuse de perdre le temps le plus saint, et les jours qui sont consacrés à la piété dans les divertissements mondains, et profanes.
On a commencé de les attaquer de vive voix et par écrit : Les Prédicateurs les ont condamnées dans leurs Chaires, et quelques Gens doctes ont animé leur plume contre ce divertissement qui a donné matière à plusieurs Livres. […] On dit qu’un grand Seigneur aimait si fort ce divertissement, qu’il voulait faire établir un Professeur pour la Poésie du Théâtre, comme il y en a pour l’Eloquence et pour les Mathématiques ; Qu’il entendait que celui-ci instruisît les Poètes qui voudraient faire des Comédies ou des Tragédies, afin qu’ils n’y missent rien qui ne fût convenable.
Mais si notre goût corrompu ne peut plus s’accommoder des choses simples, et qu’il faille réveiller les hommes gâtés par quelques objets d’un mouvement plus extraordinaire ; en laissant à d’autres la discussion du particulier qui n’est point de ce sujet, je ne craindrai point de prononcer qu’en tout cas, il faudrait prouver des relâchements plus modestes, des divertissements moins emportés.
Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. […] » Ne peut-on pas se procurer des divertissements plus décents et plus utiles à la santé, dans les promenades champêtres, où l’on se repose de ses travaux, où l’on se remet de l’étourdissement des affaires, « où l’air infecté des spectacles est remplacé par un air bienfaisant, travaillé des mains de la nature ; où, au lieu des émanations léthifères de toute espèce concentrées dans un espace étroit, on ne respire que le parfum de plantes salutairesbi ?
Il y en eut enfin qui n’avaient d’autre objet que l’exercice du corps et le pur divertissement. […] les plus sages des Païens condamnaient-ils ces dérèglements outrés, et par leur exemple aussi bien que par leurs paroles, ils portaient leurs Concitoyens à s’éloigner de ces cruels et de ces funestes divertissements.
Ils veulent mêler ce que nous avons de plus saint dans leurs divertissements profanes, pour nous empêcher de les faire passer pour mauvais ; mais qu’ils se souviennent de ce que le Saint Esprit a dit Eccles[iaste]. 32. 19. […] Sera-t-il dit que les adorables paroles soient le sujet d’un divertissement si profane ; qu’on joue indifféremment ou Molière, ou l’Ecriture ; que des bouches si souvent profanées par des chansons et des paroles lascives, prononcent les oracles de Dieu, et que les actions des Saints soient représentées par des Acteurs de Sganarelle. […] » Il suit de tout cela, que quand même il se trouverait des Poètes qui auraient les lumières d’un saint Ephrem, d’un saint Ambroise, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Paulin ou des autres Poètes qui ont eu l’esprit de Dieu, et qu’on pourrait faire des pièces où l’Ecriture conserverait toute sa force et toute sa pureté, ce serait la profaner que de la mettre dans la bouche des Comédiens et des Comédiennes, pour être jouée dans un lieu destiné au divertissement. […] On voit des Chrétiens chanter aujourd’hui des Psaumes, et se rendre demain aux assemblées de divertissement : suivre aujourd’hui les maximes du Christianisme, et demain celles du démon. […] » Et les Chrétiens ne s’attireront-ils pas les reproches que faisait Arnobe aux Païens, de ce qu’ils laissaient représenter leurs Dieux à des personnes destinées aux divertissements publics, n’est-ce pas assez qu’on souffre les Comédiens, faut-il même que les Comédiens osent représenter les Histoires les plus saintes, et que pour divertir le monde on mêle dans ces Histoires des plaisanteries et des fictions Advers. gent.
Les anciens Pères et les Docteurs modernes se sont tous élevés contre les spectacles, et ont démontré clairement qu’ils sont l’écueil de toutes les vertus et l’école de tous les vices ; mais le relâchement a toujours eu le secret d’éluder les coups qu’on lui a portés, et de se maintenir dans la possession de ces funestes divertissements.
Après s’être longtemps élevé en France contre ces divertissements, on essaya de les réduire à quelque chose d’honnête et de supportable, mais on reconnut bientôt que le plaisant et le facétieux touchent de trop près au licencieux pour en être entièrement séparé.
donc ce n’est pas un divertissement innocent, car on ne se repent pas de ce qui est innocent ; donc ce confesseur qui ne vous en fait pas repentir ne fait pas son devoir, car il ne vous doit pas laisser sortir du confessionnaire qu’au même état qu’il voudrait vous présenter au jugement de Dieu.
Et trouverais raisonnable que le magistrat, et le prince, à ses dépens, en gratifiât quelquefois la communen, d’une affection et bonté comme paternelle ; [c] et qu’aux villes populeuses il y eût des lieux destinés et disposés pour ces spectacles : quelque divertissement de pires actions et occulteso.
La raison qu’on peut apporter d’un traitement qui paraît si dur, dont les lois Ecclésiastiques et civiles usent envers les Comédiens, c’est qu’il n’y a rien de plus indigne, je ne dis pas d’un Chrétien, mais d’un homme tant soit peu raisonnable, que de consacrer son esprit, ses soins, ses peines, et sa vie au divertissement de quelques fainéants, ou de quelques femmes mondaines, sans y être attiré que par l’amour, et par l’espérance d’un gain, peut-être un peu plus grand et plus commode, que n’est celui qu’il pourrait faire dans un métier légitime, honnête, et utile au public. […] Enfin le plaisir des sens qu’on se propose en allant à la Comédie, ne peut encore servir de légitime motif à un Chrétien pour y aller Car quoi que le divertissement soit quelquefois nécessaire à l’esprit pour renouveller sa vigueur, comme la nourriture l’est au corps pour réparer ses forces ; il ne s’ensuit pas pour cela, qu’on puisse aller à la Comédie pour se divertir et en faisant consister uniquement sa fin dans le divertissement. […] « Les Comédiens qui jouent tous les jours, ne pèchent pas, dit-il, en jouant les jours des fêtes et Dimanches, et pendant le Carême (temps consacré à la pénitence, temps de larmes et de douleurs pour les Chrétiens) parce qu’étant dévoués au public ; c’est moins pour leur divertissement qu’ils jouent, que pour celui des autres et ils peuvent jouer tous les jours, parce que tous les jours il se peut trouver des particuliers qui veulent prendre une récréation modérée. » O aveuglement déplorable !
C'est donc ainsi que les Chrétiens ont fulminé contre les Jeux Scéniques et contre tous les Mimes et Bateleurs qui n'y paraissaient que pour faire les divertissements du peuple, par des actions et des paroles dignes de la plus grande sévérité des Lois, et qu'ils ont empêché que la sainteté des Chrétiens ne fut souillée par la communication de ces impudences, dont le poison se pouvait aisément glisser dans l'âme par les yeux et par les oreilles : ils n'ont pas traité de la même sorte la représentation des Poèmes Dramatiques, et je ne trouve que fort peu d'endroits qui témoignent ce qu'ils en ont pensé « Comœdiae et Tragœdiae horum meliora Poemata. » Tertull. de Spect.
Si on le sait, comment peut-on croire que les leçons qu’on y donne ne laissent aucune trace, & que la vue seule du divertissement étouffe tout autre sentiment ?
; on pouvait encore ajouter : il n’y a point de théâtres, il n’y a point de ces dangereuses représentations : ce peuple innocent et simple trouve un assez agréable divertissement dans sa famille parmi ses enfants : c’est où il se vient délasser à l’exemple de ses Patriarches, après avoir cultivé ses terres ou ramené ses troupeaux, et après les autres soins domestiques qui ont succédé à ces travaux, et il n’a pas besoin de tant de dépenses ni de si grands efforts pour se relâcher.
Il est facile de voir que la conduite de certains ecclésiastiques qui autorisent les spectacles ne rend point ces divertissement plus permis.
Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.
Comme ces personnes ne sauraient nier les principes de notre Religion, c'est à elles que j'adresse particulièrement cet ouvrage; j'espère leur prouver que la Comédie, en l'état qu'elle est aujourd'hui, n'est pas un divertissement innocent comme ils se l'imaginent, et qu'un chrétien est obligé de la regarder comme un mal. […] C'est le jour du Seigneur, il lui appartient tout entier, et si la faiblesse de l'homme ne lui permet pas de le lui donner absolument par une application actuelle, au moins ne doit-on prendre que les divertissements nécessaires ; encore faut-il qu'ils ne soient contraires ni à la sainteté du jour, ni à celle à laquelle les Chrétiens sont obligés. […] Il déplore comme un grand égarement de ce qu'il pleurait la mort de Didon, et qu'il ne pleurait pas celle de son âme ; et les Chrétiens dont la vie est si courte, au lieu d'employer les jours saints à racheter leurs péchés par des fruits dignes de pénitence, les donnent à des divertissements défendus.
Des vûes étroites ont laissé jetter à ce préjugé de profondes racines, on n’a regardé le Théâtre que comme un divertissement dont la forme étoit indifférente.
C’est-à-dire, mes Pères, que ce que quelques divertissements n’ont pas fait ; ce que le sommeil n’a fait qu’à demi, l’intérêt dont Mercure est le Symbole vient l’achever par sa flûte.
Le repentir de quelques auteurs dramatiques d’avoir travaillé pour les théâtres doit nous engager à éviter ces divertissements.
Reconnaissez que c’est une très-méchante chose que de mettre des enfants que l’on vous confie pour les élever Chrétiennement, en état de pouvoir aimer un jour ces divertissements dangereux, et que des Païens mêmes ont jugé indignes de personnes qui ne seraient pas folles, ou que l’excès du vin n’aurait pas mis hors de leur bon sens.
Ce qui a fait dire à saint Augustin, que c’était un crime véritable de faire son divertissement de la fiction des crimes.
Celles-là sont plutôt pour donner un honnête divertissement, étant des représentations de choses bonnes et honnêtes, que pour offenser la chasteté.
Mais, dès qu’elles se sont livrées à ces divertissements contagieux, elles ont donné dans les plus grands excès, et se sont familiarisées avec les plus grands crimes.
Ces abominations grossieres, ce n’étoit pas apparemment ce que les Chrétiens d’Antioche regardoient comme des divertissements permis ; car vous supposerez bien, sans doute, ces Chrétiens d’Antioche aussi réservés, aussi chastes qu’on peut l’être dans notre siecle ; or ce sont ces divertissements, qu’ils croyoient permis, que S. […] le divertissement innocent d’une joie pure & simple ne peut-il vous suffire ? […] Effacez toutes les histoires, & traitez les Auteurs profanes, ainsi que les saints Peres, de gens austeres, ennemis des divertissements & des plaisirs.
St Thomas, le plus célèbre de vos docteurs, que vous avez surnommé l’ange de l’école à cause de l’excellence de sa doctrine et de la pureté de ses mœurs, s’exprime ainsi : « Le divertissement étant quelque fois nécessaire à l’entretien de la vie humaine, l’art des comédiens n’est pas défendu. » (Tom. 2. 2. 9. 168 ad. 3) Ce saint docteur ajoute : « On lit dans la vie des saints que Saint-Paphnuce eut révélation qu’un comédien jouirait avec lui dans le ciel du même degré de gloire que lui. » Saint Antoinen s’exprime encore plus clairement. Il prétend que la profession de comédien servant au divertissement de l’homme, ne doit pas être défendue ; « qu’ainsi il est permis de vivre du gain de cet art. » (St Ant. 3 p. sum.
Mais il y a autant de différence entre les spectacles publics et les divertissements du cloître, que entre un repas honnête avec des personnes choisies, et les débauches du cabaret ; entre une partie de jeux d’adresse avec ses amis, et les jeux de hasard dans un brelan ; entre un menuet dansé en famille dans sa maison, et un bal nocturne, un bal d’opéra, un charivari ; la même différence que entre les personnes qui le composent ; entre des femmes publiques, et des vierges consacrées à Dieu ; des actrices fardées, à demi nues, et des vierges modestement voilées ; un amas de libertins et d’impies, et une compagnie de gens pieux et réglés ; une profession livrée au vice, et un état sacré dévoué à la religion et à la vertu. […] Mais il faut convenir que ces divertissements, au-dessous de la gravité religieuse par leur puérilité, sont bien éloignés de l’indécence et de la dissolution des spectacles. […] Cet historien, de la race des Incas, anciens Empereurs du Pérou, ajoute que dans le palais de ses ancêtres on donnait ce divertissement à leur Cour, on y représentait des pièces dramatiques dans le goût du pays, apparemment fort différent du nôtre, comme dans tout le reste, en ceci surtout ; que tout s’y passait avec beaucoup de décence et de modestie ; que les lois de la pudeur y étaient inviolablement observées.
C’est l’origine de toutes les occupations tumultuaires des hommes, et de tout ce qu’on appelle divertissement ou passe-temps, dans lesquels on n’a en effet pour but que d’y laisser passer le temps sans le sentir, ou plutôt sans se sentir soi-même, et d’éviter, en perdant cette partie de la vie, l’amertume et le dégoût intérieur qui accompagneraient nécessairement l’attention que l’on ferait sur soi-même durant ce temps-là. […] Ainsi, par un étrange renversement de la nature de l’homme, il se trouve que l’ennui, qui est son mal le plus sensible, est, en quelque sorte, son plus grand bien, parce qu’il peut contribuer, plus que toutes choses, à lui faire chercher sa véritable guérison, et que le divertissement, qu’il regarde comme son plus grand bien, est en effet son plus grand mal, parce qu’il l’éloigne, plus que toutes choses, de chercher le remède à ses maux. […] » *** Rollin, recteur de l’université de Paris, zélé défenseur de l’éducation morale et religieuse de la jeunesse, cite avec éloge le passage suivant, extrait des Pensées et maximes de La Rochefoucauld : « Tous les grands divertissements sont dangereux pour la vie chrétienne, mais, entre tous ceux que le monde a inventés, il n’y en a point qui soit plus à craindre que la comédie.
Mais laissons-là ces matières odieuses qui ne sont bonnes qu’à troubler les divertissements de notre Prélude.
Et de là il s’ensuit nécessairement qu’ils peuvent défendre la danse en tout temps, parce que comme nous avons prouvé dans tout cet ouvrage, ce divertissement, non seulement est opposé à la piété Chrétienne, mais encore il ne peut être qu’une source de maux et de péchés.
« La comédie est un mélange de paroles et d’actions agréables pour son divertissement ou pour celui d’autrui, etc. » On ajoute ici dans le texte le terme de comédie, qui n’y est pas : Saint Antonin parle en général « des paroles ou des actions divertissantes et récréatives » : ce sont les mots de ce saint qui n’emportent nullement l’idée de la comédie, mais seulement celle ou d’une agréable conversation, ou en tout cas des jeux innocents : « tels que sont, ajoute-t-il, la toupie pour les enfants, le jeu de paume, le jeu de palet, la course pour les jeunes gens, les échets pour les hommes faits », et ainsi du reste, sans encore dire un seul mot de la comédie .
J’ajouterai que j’ai inséré quelques faits, que l’Auteur aurait lui-même cité, s’ils s’étaient offerts à sa mémoire ; j’ai encore pris soin d’extraire tout ce qui se trouve contre les divertissements comiques, dans le beau Recueil de Rituels et de Statuts Synodaux, que le savant M. de Launoy a laissé aux PP.
C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs. […] seul nous doit convaincre de cette doctrine par ces paroles ; « Les Fêtes, dit ce savant Païen, sont des jours consacrés aux Dieux avec Sacrifices, Festins, Jeux ou Féeries, car les solennités sont sanctifiées quand le jour se passe en festins sacrés, quand on donne quelques Jeux en l'honneur des Dieux ou quand on fait cesser toutes les Juridictions et des Ouvroirs. » Qu'il demeure donc pour constant que les spectacles des anciens n'étaient pas de simples divertissements que l'on donnait au public ; mais des actes de Religion.