/ 534
97. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

 » L’illusion n’y serait pas si l’imitation n’était pas vraie. […] Voilà le vrai, tout le monde le sent. […] Rousseau demande jusqu’où peuvent aller les ménagements d’un homme vrai ? […] Considérons les choses en elles-mêmes, et tâchons d’y saisir le vrai. […] « Quand il serait vrai, dit M.

98. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Je ne prétends pas condamner absolument toutes les Comédies, non plus que ceux qui y assistent, étant vrai qu’il s’en peut faire, et s’en est fait plusieurs, desquelles on est sorti sans être aucunement souillé ni blessé par les paroles qu’on y a entendues, ni par les actions qu’on y a vues, parce que tout y était fort honnête, et fort retenu ; ni celles qui ne sont que pour donner quelque récréation à l’esprit, et qui sont hors de tout péril. […] Il ne faut donc qu’un peu de vrai Christianisme ; il ne faut qu’un peu de zèle pour son salut et pour celui des autres, afin de bannir ces ennemis de la vertu et de l’honnêteté : que Messieurs les Magistrats se donnent la peine d’entendre le Saint Esprit, qui leur parle et qui leur crie, « apprenez Juges, ouvrez, les oreilles, vous qui tenez sous votre autorité, les multitudes, et qui vous plaisez dans les pouvoirs que vous avez sur les Troupes, apprenez deux choses, la premières que toute votre puissance vient de Dieu, la seconde que ce même Dieu vous demandera compte de toutes vos œuvres, et fondera jusqu’à la moindre de vos pensées, par la raison que vous ayant établi les Ministres de son Royaume, vous n’avez point observé la Loi de la Justice ni marché selon sa volonté : ce qui fait qu’en peu de temps il vous apparaîtra d’une manière terrible, et vous fera demeurer d’accord que le jugement contre ceux qui président aux autres, sera effroyable » : Que répondra donc à Dieu le Juge qui aura contribué à la perte des âmes, par la permission injuste qu’il aura donnée à ces persécuteurs de la vertu ? […] Je remarque encore deux choses bien considérables, que le Prophète adresse aux Juges : la première est quand il les appelle « des Dieux et les fils du Souverain » : et la seconde, lors qu’il leur dit, « qu’ils mourront comme des hommes » : car par les premières paroles, il leur représente qu’ils sont revêtus de la puissance de Dieu ; que c’est de lui seul qu’ils tiennent leur autorité sur les autres, et qu’ils sont enfants de Dieu non seulement par adoption, comme le reste des hommes, en tant que unis à Dieu par la foi et par la grâce, mais encore par leur établissement dans leurs Charges, par celui qui est le seul et vrai Dieu, au pouvoir duquel ils participent. […] Ne vous vantez donc plus d’avoir saintement célébré les Fêtes ou les Dimanches, parce que vous y avez entendu la sainte Messe, et que vous vous êtes abstenus du travail, puisqu’il est vrai que vous les avez violés autant de fois, que vous vous êtes rendus à ces pernicieuses assemblées : vous y avez plus déshonoré Dieu cent fois, que vous ne l’avez honoré par la Messe que vous avez entendue : il vous regarde donc comme autant de profanateurs des jours qui lui sont dédiés, et vous châtiera sur ce point selon vos démérites.

99. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

C’est sur le théâtre, direz-vous, et il est vrai que vos comédies et vos tragédies sont châtiées et ce qu’il y a de plus tolérable dans votre religion : « Et hæc sunt tolerabiliora comediæ et tragediæ nulla verborum obscenitate compositæ. » (Voilà notre théâtre.). […] Mais qu’importe au démon qu’on lui impute des forfaits, pourvu que ces idées et ces exemples, vrais ou faux, comme autant de filets où les hommes se laissent prendre, les entraînent dans la damnation ? […] Ce n’est ni le feu de Vesta ni Jupiter Capitolin, mais le vrai Dieu, qui vous donne cet empire, qui ne connaît ni bornes dans sa puissance, ni terme dans sa durée. […] J’ai honte de le dire, mais il n’est que trop vrai : les Comédiens leur plaisent plus que Dieu : « Impiis, iniquis magis et facilius pantomimus placet quam Deus. » De quoi vous entretenez-vous jusques dans les Eglises ? […] Si Dieu permet les désordres, c’est alors qu’il est plus irrité ; s’il les laisse impunis, c’est alors qu’il punit plus sévèrement, et la misère qui tarit la source des débauches est un effet de sa miséricorde : « Theatrorum moles extruuntur, et effodiuntur fundamenta virtutum ; luxuriantur Histriones, et necessaria vix habent pauperes ; theatrica corporum et animorum dedecora celebrantur, et blasphematur Deus, etc. » Quelles horreurs d’exposer sur un théâtre public les amours des Dieux, les adultères de Jupiter, les infamies de Vénus, vrais ou faux !

100. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

C’est un vrai conte de vieille, dont on a tiré plusieurs contes des Fées qui n’en valent pas mieux, Il fut inventé, du moins mis au jour par Apulée vieux debauché du Paganisme, des plus licencieux dans son Anedor, qui n’est qu’un amas d’absurdités, & de folies, où il entremêle quelque fois de la morale & de la philosophie ; car il étoit Platonicien. […] Le plus habile coloriste, travaillât-il sur vos joues, comme sur une toile tende sur le chevalet, le coloris ne rendra jamais les vraies couleurs, que l’âge, l’artifice, l’infirmité, la volupté ont ternies ; & plus fragiles que celles d’un tableau, qui le conserve les années entieres, ces couleurs seront ternies dans un instant, & laisseront des tristes traces qui vous défigurent, & mettent au grand jour votre ancienne & votre nouvelle laideur. […] La coquetterie rend les femmes assez imprudentes pour réunir deux choses qui se trahissent mutuellement ; elles se fardent & se découvrent indécemment ; il est impossible que le vrai ton de la couleur soit partout uniforme, le visage, les bras & la gorge se donnent un mutuel dementi, l’un décéle indiscretement la fourberie de l’autre. […] Il n’y a de vrai & de réel, que le vice qui y regne, & fait tout agir ; on voudroit le cacher, & tout le dévoile. […] La vraie sagesse fuit avec soin tout péché, & les occasions de péché.

101. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

le bal & le théatre ne sont-ils pas un vrai sabbat ? n’y voit-on pas des Acteurs, des danseurs masqués en diables, en sorciers, en magiciens, de la maniere la plus bizarre, la plus affreuse, la plus ressemblante à de vrais démons ? combien de fois à l’opéra ne fait-on pas venir des diables, des furies, qui dansent & font un vrai sabbat ? […] Cela étoit vrai dans le Paganisme, chez les Egyptiens, les Indiens, les Grecs, &c. […] Les danseuses, les chanteuses sont de vraies Sirenes, qui s’emblent nager ou voler (on ne prétend pas que j’excepte celles de l’opera).

102. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Sa vraie signification est tellement changée qu’il en est méconnaissable. […] Il résulte de tout ceci qu’Opéra-Bouffon veut dire un Spectacle de choses communes, de pures frivolités ; une éspèce de Drame où l’esprit ne se montre guères, où l’oreille seule est enchantée par les sons de la Musique ; & enfin un lieu dans lequel s’assemblent en foule des Spectateurs plus avides de nouveautès passagères que du sublime & du vrai beau ; & plus curieux d’images basses & populaires que d’un Tableau noble & d’une vaste étendue. »** Quoique St Evremont n’en ait point voulu parler, il semble pourtant le définir assez, tel qu’il parait au prémier coup-d’œil, dans ce qu’il écrit au sujet de l’Opéra Sérieux. […] On fait donc bien de nous rendre chaque jour les témoins de leurs actions : il est vrai qu’ils feraient un éffet plus prompt, plus sensible, sur des Spectateurs de leur état.

/ 534