Il en partit la nuit en fugitif, pour venir prendre possession du royaume de France à la mort de son frere, & quoique tout y sur dans le trouble & dans le désordre, il s’amusa plusieurs mois dans la route à une multitude de fêtes qu’on lui donna sur son passage. […] Faisant le siege d’une ville avec ses Mignons, on lui crioit du haut des murailles : Venez, jeune mignon, qui ne sauriez tenir contre nos femmes, & une vieille femme s’assit sur la brêche, filant tranquillement sa quenouille, & se moquant de lui. […] Ce fut sous son regne que les Comédiens Italiens vinrent en France, & s’y établirent. […] Chacune se promet de soutenir sa gloire, & de réparer ses pertes, en inventant quelque nouvelle machine de guerre, & choisissant un meilleur poste ; chaque jour on vient se donner le défi, & qui ne se flatte enfin d’une victoire dont souvent elle seule s’aplaudit ? […] Paîtrie d’orgueil, elle croit faire honneur à Dieu, comme au Prince, de venir parée dans son Temple.
Venons à M. […] Venons à nos propres Constitutions. […] le temps de la joie n’est pas encore venu pour nous. […] D’où vient cela, je vous prie ? […] répond à une objection des Païens, et en vient au sujet que je traite.
Le théatre s’est souvent approprié ce spectacle dans plusieurs comédies & tragédies, où l’on fait plaider & prononcer des jugemens les plus fameux sont le Cid & Horace où Corneille, fait comparoître le vainqueur devenu coupable, devant le Prince qui doit le juger, & où il plaide sa cause, au risque de voir flétrir ses lauriers par une mort infame, & quelques fois dans les Opéras, faisant venir Minos, Æacus, Radamante pour juger les ombres. […] De là est venu peu-à-peu ce redoutable tribunal, où préside Minos, Æacus, Rhadamante, & où se prononcent des sentences plus irrévocables que celles du destin. […] Leurs infirmités viennent d’un autre genre de travail, dont le Mercure de la fable ne fut jamais le reméde. […] Symphonie, illumination, danse, artifice, loterie de bijoux, concert, &c. mais il n’y a guere que le quartier Saint-Honoré qui en profite ; comment peut-on venir se promener du Marais, de la porte Saint-Antoine au Colisée.
Il vint en France, & changea de rôle : il fit le savant & l’artiste, & se fait recevoir dans tous les Atteliers & les Académies. […] Ce ne fut pas le Czar qui triomphoit : il n’étoit sur la flotte que le contre-amiral d’un vaisseau qui ne vint qu’à son rang dans la file. […] Le Czar lui-même vint à son tour en subalterne lui rendre hommage. […] Dévot à sa maniere avant de venir en Saxe, il continua de l’être jusqu’à la bataille de Pultava.
Que nous aurions de belles & d’utiles Tragédies, si nos deux grands Poëtes n’étoient pas venus dans un tems, où les Romans avoient répandu un goût frivole, & où l’on recevoit bien mieux Berenice que Britannicus ! […] quand viendra le tems, s’écrie Roscommon, où notre Langue rejettera entiérement cette barbare beauté, & paroîtra dans la majesté Romaine, qu’elle connoît mieux qu’un autre, & dont elle est plus près qu’une autre, And in the Roman majesty appear, Wich none know better, and none come se near. […] Cet Etranger qui est venu dans l’intention de lui apporter une heureuse nouvelle, est cause que l’affreux mystere se dévoile, & que quand le vieux Domestique de Laïus, qu’Œdippe fait venir & force à parler, s’écrie, O terrible secret que je vais révéler !
Pour cet effet, il fit venir chez lui des femmes débauchées, comme pour en abuser. […] On le soupçonna d’aimer la bonne chère, et il pratiquait le jeûne le plus rigoureux, il venait à jeun aux repas de cérémonie qu’il était obligé de donner à sa Cour. On l’accusait d’avoir du goût pour les combats et la chasse des bêtes féroces, et il les fit tuer toutes à même temps : « Omnes feras uno momento jussit interfici. » On disait qu’il aimait les jeux du cirque et du théâtre, il n’y parut plus, il ne les permit plus, même les jours solennels de sa naissance et de son couronnement, où ils étaient d’usage : « Ne solemnibus quidem natalibus, vel imperialis honoris gratia putabat celebrandos. » Tant il savait être son maître, et dans l’âge le plus tendre égaler la force et la sagesse des vieillards : « Adolescentem videres senilem ferre sententiam. » Il y avait à Rome une Courtisane d’une beauté parfaite, qui corrompait la jeune noblesse, d’autant plus dangereuse que c’était une Comédienne (car dans toutes les affaires de galanterie il se trouve toujours quelque héroïne de théâtre) : « Scenicæ cujusdam forma et decore Romæ adolescentes nobiles deperire. » Valentinien ordonne qu’on la fasse venir à la Cour. […] Venez donc, enivrez-vous de mes faveurs, répondez à ma tendresse, « venite, inebriamini » ; passons la nuit dans les délices, « fruamur amicitii usque ad diluculum ».