Et comme celui qui est attaqué d’une fièvre ardente, sans avoir sujet de se plaindre de ceux qui le servent, est fâcheux à l’égard de tout le monde par la seule violence du mal, rejette les aliments qu’on lui offre, fait des reproches à ses médecins, s’irrite contre ses amis, s’emporte contre ses serviteurs : de même celui qui brûle d’une passion infâme devient d’une humeur fâcheuse, sujet à mille caprices, voit partout l’objet qui a séduit son cœur.
« C’est par là que Molière illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer les figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. » M’écouterait-on, si je représentais que l’esprit d’irréligion, si funeste à tout le monde, et si commun au théâtre, se répand plus facilement dans le peuple, moins en garde contre la séduction, moins en état d’en repousser les traits et d’en démêler les pièges, lui dont la piété moins éclairée et plus simple confond aisément les objets, tient beaucoup plus à l’extérieur, et par conséquent peut être ébranlée à la moindre secousse, surtout quand on lui arraché les appuis nécessaires de l’instruction et des exercices de religion, en substituant le spectacle aux offices, et lui faisant oublier dans ses bouffonneries le peu qu’il sait de catéchisme, qu’on l’éblouit par le faste du spectacle, qu’on l’amollit par les attraits des Actrices, qu’on le dissipe par la science du langage ?
Injustice ; s’ils sont entretenus par le Roi, à quel titre font-ils payer tout le monde à l’entrée ?
Je n’en dirai pas davantage, parce que ce Livre est entre les mains de tout le monde.
Tout le monde sait que Beaumarchais exerça une grande influence en proclamant au théâtre la supériorité de l’intelligence.
Si tout le monde s’accordait à ne vouloir point regarder leurs sottises, ils cesseraient bientôt de les faire.