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72. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Violento force ce cavalier inconnu de mettre l’épée à la main ; Inès tombe en s’écriant : « je suis blessée ». […] Voulez vous que celle dont vous desirez de faire une bonne épouse et une bonne mere entende, seulement une fois, ces femmes, la lie de leur sexe, commenter à leur manière ces pièces dissolues, s’entretenir des ressources qu’elles ont été chercher au Mont-de-Piété, des dupes qui sont tombés ou qui tomberont dans leurs lacs, s’offrir au premier venu, conclure sans façon leur marché ? […] Les jeunes gens condamnés à l’apprentissage d’un état, par exemple, les étudiants que rebute l’austérité des maisons d’éducation, n’ont pas plutôt respiré les vapeurs ennivrantes de ces lieux, qu’ils tombent dans un mortel assoupissement. […] Peu importe que vous soyez tenté encore de m’accuser de tomber dans l’hyperbole, que vous riez de l’expression trop franche ou trop énergique de mon zèle ; je pense qu’en exposant vous-même, vos enfans à périr par des accidens très-possibles, à se gâter l’esprit, le jugement & le goût, à perdre leurs mœurs, à subir toutes les peines et tous les malheurs attachés à une vie déréglée, ce seroit de votre part, monsieur, non-seulement renoncer à la qualité de guide et de pere, mais devenir leur propre corrupteur et leur assassin.

73. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VI. Des Courses de Bague, & des Testes. » pp. 188-190

Ces deux imaginations qui me sont tombées dans l’esprit, ne sont pas si Visionaires qu’elles n’ayent quelque sorte de fondement ; & tel qui voudra leur faire justice ne condamnera pas absolument ma pensée.

74. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

Jesus Christ exhorta ses Apôtres, qu’ils eussent à prier, pour ne pas tomber dans la tentation. […] J’espere que cette Demoiselle ne prendra pas ce raisonnement comme la prédiction d’un malheur, où je souhaite qu’elle tombe ; mais comme un avertissement de ce qu’elle a à apprehender, & comme le meilleur office que lui puisse rendre un admoniteur prévoiant & zelé, qui s’interesse à son salut, & qui apprehende tout pour elle, & qui ne commencera à esperer, que quand elle commencera elle-même à se défier de sa vie, & à croire que la Comedie est contraire aux maximes de l’Evangile. […] Si la Verité éternelle dit vrai, qu’est ce qui assure les personnes sur qui tombent ces arréts foudroians ? […] Car que pourroit-on qualifier du nom d’occasion prochaine, quand on doute, si on doit ténir pour telle « Un concours de diverses choses, qui toutes favorisent la concupiscence, & qui non pas necessairement, mais presque infailliblement font, que plusieurs tombent dans le dereglement. » La passion la plus facile à allumer en est ordinairement la matiere : l’expression en est la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : l’ajustement des Acteurs & des Actrices, n’a rien, qui ne respire, je ne sçai quoi d’impur, par tout ce qui est mol & effeminé.

75. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Cela n’est point vrai en entier, plus de la moitié de ces traits de satyre tombent sur d’autres personnes. […]  44, une critique judicieuse des drames espagnols, qui ne tombe pas moins sur les pieces françoises ; où, selon les brochures innombrables qui tous les jours innondent les théatres de Paris, se trouvent les mêmes défauts & de plus grands qu’à celui de Madrid, l’auteur se jette sur la morale, & dit : L’aversion que j’ai pour les comédies de notre temps, n’est pas moindre que celle que j’ai toujours eu pour les livres de chevalerie.

76. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Je finis, Monsieur, en vous réitérant ma satisfaction de votre Lettre, malgré toutes les censures privées et publiques : ente autre, celle d’un Ecrivain fort connu et de beaucoup d’esprit, qui s’est adressé une Lettre d’un Poète Anglais, auteur de plusieurs Poésies dramatiques qu’il abjure entre les mains d’un Ministre Anglican, savant Docteur, et également habile médecin, puisqu’il le guérit sur le champ de tous ses scrupules, en lui apprenant que ses Pièces de Théâtre sont à peine connues, et qu’elles tomberont bientôt dans un entier oubli. […] Jugement terrible que nous prononcerons contre nous-mêmes à l’instant de la mort, instant où tous les voiles tomberont, et où il sera trop tard, comme vous le dites éloquemment, pour brûler nos Ecrits suspects et indélébiles au flambeau de notre agonie.

77. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — V. La Comédie donne des leçons de l’amour impur. » pp. 9-11

 » En vain lui diroit on que la réprésentation de ces passions trop amies de la corruption du cœur ne les excite qu’indirectement ; il prétend que le soutenir, c’est combattre les régles des grands maîtres. « Le premier principe, ajoûte-t-il ; sur lequel agissent les Poëtes tragiques & comiques, c’est qu’il faut intéresser le Spectateur ; & si l’Auteur ou l’Acteur d’une Tragédie ne sait pas l’émouvoir & le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il ?

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