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104. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Il a senti qu’il ne s’agissait pas de faire d’autres hommes, mais seulement de leur apprendre à tirer de leurs mœurs et de leur génie tous les avantages que la nature y avait déposés et que la raison en devait attendre. […] Un homme reçoit un coup d’épée, il est en danger de la vie, il tombe de faiblesse, un passant charitable touché de son état vole chez un Chirurgien, l’amène et lui remet le blessé dans les mains, le Chirurgien tire cet homme d’affaire et lui sauve la vie : le passant en est-il moins la cause première du salut de cet homme ? […] Vous imaginez-vous, m’allez-vous dire, que ce point d’honneur pointilleux subsisterait avec moins de force, quand on aurait vu votre Comédie ou votre Tragédie et qu’un homme qui aurait reçu un soufflet en serait moins méprisé, quelque sage qu’il fut, s’il négligeait d’en tirer raison ; pourquoi non ? […] S’il n’y avait point de lâches il n’y aurait point de Spadassins, car ces derniers savent bien que toute leur capacité ne les tirerait pas d’affaire vis-à-vis d’un brave homme ; si dès la première affaire qu’ils ont, ils couraient risque de la vie, ils seraient sûrement moins téméraires dans la suite et réserveraient pour l’Etat cette bravoure impertinente qui ne sert qu’à les faire haïr et mépriser des gens sages et modérés. […] La preuve de ce que je dis résultera de l’expérience : tirez votre musique de la bouche de ces gens-là, vous verrez ce qu’elle deviendra.

105. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Molière, Corneille et tous leurs successeurs, ne travaillent que pour ceux qui savent choisir un amusement dont leur cœur et leur esprit peuvent tirer avantage, en sorte qu’ils n’aient pas à se reprocher la perte du temps qu’ils emploient à se délasser. […] Si le spectacle couvrait d’un vernis de procédés la laideur du Vice, ce serait un très grand mal, et vous avez grand tort de mettre cet Article au rang des avantages qu’on peut tirer de la scène. […] Ce n’est assurément pas l’intention de ce grand Roi que ceux qui l’ont servi vingt ans et que l’âge prive de cet honneur ne soient pas heureux dans leur retraite : afin donc que ceux-ci jouissent de ses bontés sans abuser de sa générosité, voici le moyen que j’ai imaginé pour tirer encore parti de leurs talents même dans le temps qu’ils ne les exerceront plus. […] Le Directeur se prévient ainsi mal à propos contre un bon sujet qui plairait s’il était à sa place et qui déplait parce que des Conseils perfides l’en ont fait tirer. […] L’art de tirer bien droit, et de tuer quelqu’un avec grâce, voilà l’unique talent qu’on admira à Lacédémone, et le seul objet de l’étude de ses citoyens ; étude barbare, que les sanguinaires admirateurs de Lycurgue n’ont que trop perfectionnée.

106. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « [Lettre] » pp. 1-4

Je n’ai pas l’opinion flateuse, si vous le voulez, que la sincérité & le désintéressement soient le partage exclusif d’un si petit nombre d’Ecrivains, en vous comptant, comme vous l’avancez modestement, qu’on doive désespérer que votre exemple tire à conséquence.

107. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre VI. Des Courses de Bague, & des Testes. » pp. 188-190

J’ose toutefois dire qu’on y peut encore adjoûter quelque chose, qui ne contribueroit pas peu à faire paroistre l’adresse des Cavaliers, & à donner du divertissement aux Dames & aux Spectateurs, Par exemple, on y peut faire des embaras agreables dot on ne se puisse tirer que par adresse.

108. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIV. Troisième réflexion sur la doctrine de Saint Thomas : passage de ce saint docteur contre les bouffonneries. » pp. 85-87

Il faudrait donc pour tirer de Saint Thomas quelque avantage, faire voir par ce saint docteur, que cette condition convienne aux bouffonneries poussées à l’extrémité dans nos théâtres, où l’on en est comme enivré : et prouver que quelque reste de gravité s’y conserve encore parmi ces excès.

109. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — A SA MAJESTÉ IMPERIALE ELISABETH PREMIERE, IMPERATRICE DE TOUTES LES RUSSIES. » pp. -

La Russie en tirerait un nouvel éclat du côté des beaux Arts, et donnerait aux autres Empires un exemple, ou plutôt un modèle qu’ils seraient d’autant plus engagés à suivre, qu’admirant déjà les vertus de Votre Majesté Impériale, ils feraient gloire de soumettre leurs préjugés à la vérité qu’elle leur ferait connaître.

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