/ 330
25. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

me pardonnera-t-on d’oser, moi, ver de terre, signaler aussi comme moyen puissant d’accélérer et de combler les désordres, un genre de composition regardé bientôt par tout le monde comme un excellent moyen de les arrêter, et de désigner pour le plus répréhensible un ouvrage fameux du xviie  siècle auquel on croit avoir la plus grande obligation ? […] s’écriait naguère un écrivain sensible : la vérité semble pour jamais exilée de la terre, la fourberie prend le langage de la bonne foi, la cupidité le masque du désintéressement, la calomnie aiguise son stylet, la délation tient d’une main le rameau d’or pour séduire, et de l’autre le poignard pour frapper ! […] Associés probes, amis sincères, honnêtes pères de famille, veuves et orphelins, comme vous bonnes gens sans instruction et sans prévoyance, qui gémissez sur tous les points de la terre civilisée, où vous avez été outragés, trompés, dépouillés impitoyablement par toutes sortes d’oppresseurs rusés qui jouissent sans remords de vos dépouilles en présence de vos misères, vous prouvez à l’observateur, même favorisé de la fortune, mais non égoïste, que la civilisation, par les moyens combattus qui l’ont opérée, a moins adouci les mœurs qu’elle n’a rafiné, subtilisé les vices de la barbarie.

26. (1684) Epître sur la condemnation du théâtre pp. 3-8

En donner au public des préceptes pompeux, Consacrer à l’amour des hymnes et des jeux ; Sur la terre et le ciel lui donner la victoire, Et charmés de nos fers, applaudir à sa gloire. […] Tes héros ne sont pas de ces audacieux Qui ravagent la terre, et menacent les cieux.

27. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

qui moissonnez ce qu’il y a de meilleur sur la terre. […] Pourquoi en appeler à toutes les Puissances du Ciel et de la terre, afin de rendre une telle mort croyable ? […] Vous diriez qu’Œdipe va passer une obligation chez le Notaire. « Que cela soit notoire jusqu’aux extrémités de la terre. […] Il est vrai qu’on ne détrône pas le Tout-puissant, ainsi qu’un Monarque de la terre, et que le bonheur de l’Eternel subsiste indépendamment de nos hommages. […] Le Ciel que les Prêtres ouvrent aux Chrétiens, ne vaut-il pas mieux que la terre de Canaan ?

28. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Ils ne nomment pas seulement les Comedies les alimens & les forces du peché, des pestes qui menacent toute la terre. […] Peuple criminel, vous n’avez pas observé mes Commandemens, je vous abandonneray aux Infidelles comme une terre ingrate ; vous serez un sujet d’execration & de frayeur à tout l’Univers, quand j’exerceray sur vous les justes arrests de ma fureur. […] mais qui en produisent d’eternels, plus charmans sans comparaison que tout ce qui peut estre, que tout ce que nous pouvons nous imaginer de plus agreable sur la terre. […] Il se croyoit à l’abry des censures du ciel & de la terre sous ce voile de pieté ; il s’estimoit à couvert de l’indignation du Ciel sous le sanctuaire d’une Déesse prostituée à tout ce qu’on pouvoir representer d’impur sur le theatre, se garentir des reproches de la terre par le temple d’une Déesse qui authorisoit par sa conduite & par sa complaisance tout ce qu’on pouvoit representer de plus infame dans cet abominable lieu. […] L’Auteur est peut-estre vivant, reconnu de toute la terre pour Saint, pour orthodoxe ; ses ouvrages precedens ne respirent, & ne sont capables d’inspirer que la plus saine doctrine, & que la plus pure pieté.

29. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre V [IV]. De la Chaussure du Théâtre. » pp. 115-141

Ce n’est pas assez d’enbrillanter leurs habits, d’en émailler leur tête, d’en charger leurs oreilles, où, selon Martial, elles portent des terres entieres (le prix, la valeur des terres), il faut encore en couvrir leurs souliers. […] Déchaussez-vous, disoit Dieu à Moïse & à Josué, la terre où vous êtes est une terre sainte : Solve calceamenta de pedibus tuis, terra in qua stas terra sancta est. […] C’est une figure, comme quand on dit, les nuages sont la poussiere de ses pieds, la terre lui sert de marchepied, il marche sur l’aile des vents, cela veut dire que la sainte Vierge, représentée par cette femme, est au dessus de toutes les créatures, même des astres qu’elle foule aux pieds, & du démon dont elle écrase la tête, selon la prophêtie faite à Eve, soit par l’exemption du péché originel, soit par la préservation du péché actuel : Ipsa conteret caput tuum, & tu insidiaberis calcaneo ejus. […] Ceux qui contemplent une Divinité en terre, celle du ciel ne peut en être offensée.

30. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

La Pologne présente une autre sorte de contraste à l’établissement & à l’éclat d’un théatre permanent, dans l’hôtel le plus distingué : c’est la suppression & la misere des Jésuites, dont les promoteurs du théatre ont la plupart dévoré les biens, envahi les terres, enlevé les meubles, fait fondre les vases sacrés à la monnoie, pour fournir à la scène & au luxe. […] On remarque que les deux chambres du Parlement sont ordinairement peu nombreuses ; parce que leurs membres les hommes les plus sages, les plus éclairés de la nation sont au spectacle ou en fête : & quand on veut en angmenter le nombre, les huissiers doivent courir les cafés, les berlans, les théatres, pour aller chercher ces grands politiques qui tiennent la balance de l’Europe, qui regnent sur la terre & sur l’onde, donnent des loix à l’Asie & à l’Amérique, & regnent souverainement sur la Religion & l’Etat. […] C’est en habile politique tirer parti de tout ; c’est à-peu-près, comme dans bien des terres, un droit seigneurial d’avoir une forge banale, un moulin, un four, un pressoir banal. […] Les nobles cadets du service de terre, pour célébrer cette paix, ont fait élever un amphithéatre d’une construction singuliere. […] Scaurus, dont le théatre tourne autour d’un parterre immobile, est Ptolomée qui fait tourner le soleil autour de la terre ; & la Czarine faisant voltiger son amphithéatre autour du soleil, c’est Copernic qui ordonne à la terre de voltiger autour du soleil.

/ 330