Quelque temps après, cette femme échappée de la prison court le monde, déguisée en homme, avec un valet de chambre. […] Ce n'est point une mort subite qui surprenne, un délire qui ôte la raison ; on a tout le temps. […] en formant l'homme, aurait dû lui ravir Le malheureux pouvoir de lui désobéir. » Un autre Poète avait dit avant lui : « Quand Dieu veut sauver l'homme, en tout temps, en tout lieu, L'indubitable effet suit le vouloir d'un Dieu. » On ne doit pas être surpris qu'avec de tels principes Luther et Calvin aient dépeuplé les Monastères. Croirait-on que ces sages du temps, qu'on n'accusera pas de croire aux revenants, aux miracles et aux visions, en fassent raconter deux à Comminge leur élève ; l'une, de l'Abbé de Rancé qui sort du tombeau ; l'autre, d'Adelaïde qui est en enfer, et qu'il termine comme les Poètes : « La foudre suit le spectre, et l'enfer a mugi. » Mais ne faut-il pas que les Religieux soient des imbéciles, qui croient aux visions, aux revenants et aux miracles ? […] Une mort lente et subite, qui laisse la liberté de réciter plus de trois cents vers, et qui, à point nommé, porte le dernier coup au moment que tout est dit : Scène mortellement ennuyeuse par sa longueur et son peu de vraisemblance, un monologue postiche de huit vers, pour donner le temps à d'Orvigni de venir annoncer la mort d'Eutime, pendant lequel il faut qu'Eutime tombe, qu'on crie au secours, qu'on l'emporte dans sa cellule, que l'Abbé vienne, que d'Orvigni prenne des ailes pour reparaître sur le théâtre.
Tertullien l’avait déjà bien remarqué de son temps, qu’on y mêle de fort bonnes choses, pour y faire passer les mauvaises, comme on ne mêle le poison que dans les mets les plus agréables. […] Contre la connaissance de l’Histoire de ce temps, et le silence de l’Ecriture, on fait faire un vœu de chasteté à Judith, et malgré ce vœu elle écoute les discours les plus tendres. […] Est-il temps que cette sainte femme achève l’œuvre de Dieu par la mort d’Holopherne ; il faut encore que l’amant insensé vienne exposer ses craintes et ses soupçons, et que Judith en témoignant plus de plaisir que de peine, lui dise en finissant le quatrième Acte Pag. 79. […] C’est assurément plus qu’ils ne devaient espérer, qu’on les ait laissé vivre aux dépens du Public, dans un temps où la cherté des vivres, et le besoin pressent des Pauvres, demandait que l’argent ne fût employé qu’à des dépenses nécessaires. […] , regardait comme une chose indigne, que dans un temps de disette on eût souffert à Rome un aussi grand nombre de danseurs et autres gens de cette nature, qu’il y en avait auparavant.
Zozime, Suidas, & plusieurs autres rapportent l’origine des Pantomimes au temps d’Auguste : peut-être par la raison que les deux plus fameux Pantomimes, Pylade & Bathylle, parurent sous le règne de ce Prince, qui aimait passionnément ce genre de Spectacle. […] Ce fut peut-être du temps de Lucien, que se formèrent ces Troupes complettes de Pantomimes, & qu’ils commencèrent à jouer des Pièces suivies.
Les principes qu’on vient de lire, qui découlent de la Charte, sont anathématisés sans doute, par l’intolérance religieuse, et par cet esprit d’indépendance et de domination, qui, de tout temps, caractérisèrent trop souvent, le clergé séculier et régulier. […] En prenant acte de cet aveu, que les jésuites et leurs partisans regrettent sans doute, d’avoir renouvelé dans leurs brochures modernes, on acquerra la triste conviction, que ce qu’ils appellent l’église, ainsi que les papes d’alors, étaient, en ces temps-là, plongés dans la corruption la plus infecte, et foulaient audacieusement à leurs pieds, la vraie religion chrétienne, les préceptes de Jésus-Christ et la morale évangélique, qui commande la charité, la douceur, l’humilité, et prescrit formellement d’obéir aux princes de la terre.
« La vie est si courte, dites-vous, et le temps si précieux.» […] Vous appelez passagers et stériles les mouvements que le Théâtre excite, parce que la vivacité de ces mouvements semble ne durer que le temps de la pièce ; mais leur effet, pour être lent et comme insensible, n’en est pas moins réel aux yeux du Philosophe. […] Nous ne voyons, pour ainsi dire, les infortunes des Rois qu’en perspective ; et dans le temps même où nous les plaignons, un sentiment confus semble nous dire pour nous consoler, que ces infortunes sont le prix de la grandeur suprême, et comme les degrés par lesquels la nature rapproche les Princes des autres hommes. […] J’avoue que ce talent de peindre l’amour au naturel, talent propre à un temps d’ignorance, où la nature seule donnait des leçons, peut s’être affaibli dans notre siècle, et que les femmes, devenues à notre exemple plus coquettes que passionnées, sauront bientôt aimer aussi peu que nous et le dire aussi mal ; mais sera-ce la faute de la nature ? […] [NDE] Ibid., p. 14 : « […] tout amusement inutile est un mal, pour un Etre dont la vie est si courte et le temps si précieux. » e.
Il avoit sans doute en vûe tant de Personnes très-religieuses & très-réglées dans leurs mœurs, qui par docilité, par complaisance, ou par d’autres motifs innocens, peut-être aussi pour se distraire, vont de tems en tems à la Comédie, & même à l’Opéra. […] Peu content de s’élever avec un zèle courageux contre la licence énorme qui deshonoroit de son tems la Scène Angloise, il étend sa sévérité scrupuleuse jusqu’aux plus petits détails. […] Après une critique si peu ménagée, on me permettra bien de dire (& pourquoi ne dirois-je pas ce qu’il est tems que tout le monde avoue ?) […] Le tems qui détruit tout, hors la vérité, confond à la fin l’injustice & l’erreur. […] Les autres n’ont eu que des succès médiocres, ou si elles ont réussi dans le tems, elles sont tombées depuis dans l’oubli le plus profond.