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69. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

Il n’est donc pas nécessaire qu’il en ait par lui-même, il suffit qu’il soit propre à en recevoir, & que son ame s’embrase des flammes qui petillent dans l’ouvrage. […] D’ailleurs si la gravûre s’occupe de sujets déja peints, c’est plûtôt par la vénération qu’elle a pour son illustre mere, que par impossibilité de se suffire à elle-même.

70. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Demander si les spectacles sont bons ou mauvais, il suffit, dit Jean-Jacques Rousseauaa, pour décider la question, de savoir que leur objet principal a toujours été d’amuser le peuple. […] Sur celle-là jugeons des autres, et convenons que l’intention de l’auteur étant de plaire à des esprits corrompus, ou sa morale porte au mal, ou le faux bien qu’elle prêche est plus dangereux que le mal même, en ce qu’il fait préférer l’usage et les maximes du monde à l’exacte probité ; en ce qu’il fait consister la sagesse dans un certain milieu entre le vice et la vertu ; en ce qu’au grand soulagement des spectateurs, il leur persuade que, pour être honnête homme, il suffit de n’être pas un franc scélérat. […] Ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux pour se détromper de cette idée ?

71. (1715) Dictionnaire de cas de conscience « COMEDIE. » pp. 739740-750

Il suffit de dire, qu’il assure, que ceux qui assistent aux Comédies et qui y donnent des marques du plaisir qu’ils y prennent, sont en quelque manière plus coupables que les Comédiens mêmes ; puisqu’en les autorisant par leur présence et en témoignant la joie qu’ils ont d’entendre leurs bouffonneries et leurs sottes plaisanteries, ils les animent à se rendre encore plus insolents, et en sont par conséquent la véritable cause. « Non enim, dit ce Père, tam ille delinquit, qui illa simulat, quam tu præ illo, qui hoc fieri jubes : non solum jubes ; sed etiam exultatione, risu, plausu adjuvas quæ geruntur, omnibusque prorsus modis, hanc diabolicam confovens officinam. […]  » Car ils ont beau dire que la coutume a autorisé la Comédie et les Comédiens dans tous les Etats les mieux policés, et que cette coutume est autorisée par les Princes et par les Magistrats : Tout cela ne suffit pas pour les justifier, puisque l’Eglise les condamne et les a toujours condamnés et qu’elle veut qu’on regarde encore aujourd’hui les Comédiens comme des gens excommuniés et qu’on leur refuse les Sacrements et la Sépulture Ecclésiastique. […] que la différence qu’il doit y avoir entre les habillements ordinaires qui sont propres aux deux sexes, et qu’il ne spécifie pas le changement qui s’en fait dans la représentation des pièces de théâtre ; mais la maxime qu’il établit, en disant, que c’est une chose mauvaise de sa nature, de se vitiosum est, que les hommes se travestissent en femmes, ou les femmes en hommes, suffit pour condamner cette pratique, excepté dans le cas de nécessité, où la Loi n’oblige pas.

72. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Cette seule Pensée suffit pour nous faire regarder comme très-frivole, non seulement la Poësie, mais tout ce qui n’est pour les Hommes qu’amusement. […] Mais comme il n’est pas nécessaire, & qu’il est même très difficile qu’elle aille toujours jusqu’à son but, & qu’il suffit qu’elle en approche, il suffit par conséquent qu’elle excite en moi cette émotion que causent la Crainte & la Pitié. […] Ce n’est plus ici le Φοϐερον qu’Aristote employe. » Ces trois morceaux suffisent pour entendre tout le systême d’Aristote sur la Tragédie, que pour rendre encore plus clair j’explique par cet exemple. […] Cette Réflexion suffit pour prouver qu’un tel Sujet n’a pu être mis sur le Théâtre, que dans les tems d’ignorance. […] Il ne leur suffit pas de mêler l’utile à l’agréable ; ils doivent faire en sorte que dans leurs Piéces l’utile soit le fondement de l’agréable.

73. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Les Vestales de l’opéra, des Italiens, des François n’ont pas plus de droit à se faire ériger des autels ; ceux auxquels leurs amans les ont élevées pendant leur vie, suffisent à leur gloire, & doivent exclure les autres.

74. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

Il suffit d’avoir observé ce qu’il y a de malignité spéciale dans les assemblées, où comme on veut contenter la multitude, dont la plus grande partie est livrée aux sens, on se propose toujours d’en flatter les inclinations par quelques endroits : tout le théâtre applaudit quand on les trouve ; on se fait comme un point d’honneur de sentir ce qui doit toucher, et on croirait troubler la fête, si on n’était enchanté avec toute la compagnie.

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