Mais quand j’aurai vengé Rome des maux soufferts, Je saurai le braver jusques dans les enfers. […] Souffrirait-on qu’on avançât que le Pape peut délier les sujets du serment de fidélité à leur Prince ? […] Je ne vous parle point de souffrir sans murmure. […] Lâches, et nous souffrons que le soleil l’éclaire ? […] Les Dieux ont trop longtemps souffert la tyrannie, Toujours plus insolente, et toujours impunie.
Il faut que la dévotion de ces Saints de Théâtre soit toujours un peu galante: c'est pourquoi la disposition au Martyre n'empêche pas la Théodore de M. de Corneille de parler en ces termes: « Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.
Ce n’est pas tout : lisez encore ce qu’ils disent des nôtres : le Comique obscêne est encore souffert sur nos Théatres, par une sorte de prescription. […] Si l’usage des bains communs aux deux sexes, étoit si opposé à la pudeur, pourquoi donc a-t-il été souffert pendant tant de siécles, malgré toutes les réclamations & toutes les loix de l’Eglise ? […] C’est qu’il est également certain, que Dieu est infiniment Saint ; & que cependant il souffre nos ingratitudes. Pour croire ce fait, je n’ai pas besoin d’en savoir les motifs : comme je croirois, sans hésiter, que les lieux de débauches sont opposés à la sainteté du Christianisme, quand même j’ignorerois pourquoi on les souffre. 7°. […] Augustin, souffre quelque fois des choses, qu’elle condamne : Ecclesia multa tolerat, qua non probat.
Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant.
Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme de gens insensés et ridicules comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté, les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents: mais ce qui les aigrit et les rend plus vifs, c'est l'impression fausse qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure.
Mais ce qui les rend plus vifs, c'est la fausse impression qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure.