Donc pour le joindre de près, il suffira d'expliquer ici que jamais l'impudence de la débauche n'inventa rien de plus détestable que ces jeux, et que l'honnêteté n'en peut souffrir le discours ni la pensée ; il ne se trouva point de gens assez effrontés capables de divertir le peuple par bouffonneries, par Danses, par grimaces, par le récit de toute sorte de lascivetés, par l'image des actions que l'iniquité couvre même de la nuit et du silence, dont le peuple ne voulût composer cette horrible dévotion. […] Ces Jeux sont célébrés avec toute sorte d'impudence, digne certainement d'une personne de son métier ; Car outre le libertinage effréné de paroles, le peuple presse ordinairement les femmes débauchées qui jouent les Mimes, de paraître toutes nues sur le Théâtre, et d'y demeurer jusqu'à tant que les yeux des Assistants soient rassasiés de ce honteux Spectacle, et des mouvements désordonnés qu'elles font. » Les plus considérables de ceux que l'on employait à la célébration de ces Jeux, et qui faisaient des corps séparés dans ce Spectacle d'abomination, étaient les Mimes ; Ils chantaient et dansaient de petites pièces de Poésie sur les feintes « Mimus est sermonis cuius libet motus sine reverentia, vel factorum cum lascivia imitatio. » Diomedes. l. 3. […] Le même Auteur veut que le Protée des vieilles Fables qui prenait toutes sortes de figures, et qui faisait de son corps tout ce qu'il voulait, fût le portrait allégorique de ces subtils imitateurs des actions humaines. […] Ces Mimes, hommes ou femmes ne dansaient régulièrement qu'un personnage qu'ils avaient soigneusement étudié, comme les Magediens, qui ne représentaient ordinairement que la Magie ; Mais ceux qu'ils nommaient Pantomimes, selon même la signification de ce mot, exprimaient toutes sortes d'actions et de personnes ; et tous ces Histrions usaient d'une adresse si merveilleuse ; que l'on peut dire qu'ils avaient pour éloquence le corps « Caramallus et Phabaton clausis faucibus, eloquenter gestu, mutu, crure, genu, manu, rotatu, etc. » Sidon in Narb.
Il faudra pendant le Carême pleurer ses péchés, il faut se dédommager par avance de ces pleurs à venir, par toute sorte de licence. […] On demande quel mal il y a de se divertir en carnaval ; c’est-à-dire, de renouveler au milieu du Christianisme la plupart des fêtes des Païens, de déshonorer la profession de Chrétien par toutes sortes de plaisirs mondains, et d’en faire même trophée. […] Quelle secrète aversion, si quelque personne vertueuse ose désapprouver ces sortes de plaisirs ? […] Je sais bien qu’il y a des gens qui, à ce qu’ils disent, courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les gens qui composent ces sortes d’assemblées, ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude ; à plus forte raison dans ces lieux-là où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l’agitation de la danse échaufferaient des Anachorètes.
Et comme vous ne sçauriez voir ces sortes d’abominations, vous ne sçauriez non plus regarder, ny ceux qui les commettent, ny ceux qui ont le front d’y assister. […] Mais que trouvez-vous au Théatre, qu’une école d’intemperance, qu’une académie de dissolution, que des moyens surs de vous perdre, que les préparatifs à toute sorte de déreglements. […] Dans l’Amphithéatre, on voyoit differentes sortes de combats. […] Les spectacles, contre lesquels les Peres ont fait de si fortes invectives, sont de deux sortes. […] Les uns faisoient ces sortes de représentations, parce qu’ils les croyoient agréables à leurs Dieux ; & les autres les font, quoyqu’ils sçachent que leur Dieu en est offensé.
d’une part on m’assure que ces sortes de Divertissemens sont criminels : d’autre part on soûtient qu’ils sont exemts de peché. […] Car ils m’aprendroient des veritez capables non seulement de me determiner, mais de m’inspirer pour ces sortes de divertissemens une espece d’horreur. […] Il s’agit de la conscience & du salut, & tout ce qu’il a eu jusqu’à present sur ces sortes de matieres, de juges competens, de juges reconnus, & autorisez, ont decidé : mais ce n’est point ainsi qu’en jugent quelques mondains, & ce n’est qu’à eux-mêmes qu’ils veulent s’en raporter.
Il ne faut pas omettre ces paroles excellentes du Concile de Fréjus : « Il faut, dit-il, s’abstenir les jours des Fêtes de toute sorte de péché, et de toute sorte d’œuvre sensuelle, ou terrestre ; et ne s’occuper à autre chose en ce saint temps, qu’aux exercices de l’Oraison, et à se rendre fidèlement aux assemblées qui se font dans les Eglises pour les Offices, avec une parfaite ferveur d’esprit Conc. […] « Abstinendum festis diebus ab omni peccato et ab omni opere carnali et terreno, et ad nihil aliud vacare debere, nisi ad orationem concurrere, ad Ecclesiam cum summa mentis devotione. ». » Ajoutons encore le Concile de Mâcon : « Vous, Chrétiens, disent les Prélats assemblés dans ce Concile, qui ne portez pas en vain ce saint nom dont vous êtes honorés, et qui désirez vous en rendre dignes par votre conduite ; écoutez avec attention les avertissements que nous vous donnons, sachant que Dieu ne nous a donné l’autorité que nous avons, que pour veiller sur vos âmes ; pour vous enseigner ce qui sert à votre salut, et pour vous retirer de toute sorte de mal.
Loin d’approuver ces sortes de divertissements, il a écrit tout ce qui est capable d’en faire connaître le ridicule, le danger et le venin. […] N’alléguez point, qu’étant lié avec le monde, vous ne pouvez vous dispenser de faire comme les autres, ni vous passer de ces sortes de divertissements.