Allons plus loin, supposons cette prétendue expérience de ces braves cottemaillés qui peuvent tous les jours & les heures entieres repaître leurs yeux & leur cœur des charmes de toutes les passions, sans en être jamais effleurés ; je ne serois pas surpris qu’à force de fréquenter les spectacles, on s’y accoûtumât si bien que la satiété menât à l’insensibilité ; Mithridate, à force d’avoir pris du poison, ne pouvoit plus s’empoisonner ; un ivrogne à force de boire émousse son palais, & ne goûte plus les liqueurs les plus fortes ; un débauché, dégoûté, blasé, énervé, à force d’excès, devient insensible ; les Dames Romaines, malgré la douceur naturelle du sexe, à force de voir les Gladiateurs s’entretuer, voyoient sans émotion couler des ruisseaux de sang.
C’est avoir pour le sexe un furieux penchant.
Mais l’honneur de monter dans le Char n’étoit accordé, que ie pense, qu’à la Ieunesse, ou qu’au Sexe incapable de monter à Cheval.
Ils donnent des leçons du crime en le jouant, et par l’image conduisent à la réalité : « Docent adulteria dum singerat et simulatis erudiunt ad vera. » En voyant ces infamies représentées sans honte, et regardées avec plaisir, les jeunes gens apprennent ce qu’ils peuvent faire : « Cum hæc sine pudori fieri, et libenter spectari cernunt, admonentur virgines et juvenes quid facere possint. » Le feu de l’impureté, qui s’allume surtout par les regards, les embrase : « Inflammantur libidine quæ aspectu maximè concitatur. » Chacun, selon son sexe, se livre à tous les écarts de son imagination ; c’est l’approuver que d’en rire : « Probant dum rident. » On revient corrompu dans sa maison, et non seulement les enfants auxquels il est si funeste de donner la connaissance et le goût prématuré du mal, mais même les vieillards, dont les vices, sont des ridicules : « Corruptiores ad cubicula sua revertuntur. » Fuyez donc le théâtre pour vous garantir de l’impression du vice, pour conserver la paix de l’âme, pour éviter l’habitude de la volupté, qui vous éloigne de Dieu et de la pratique des bonnes œuvres : « Ne voluptatis consuetude deliniat et a Deo avertat. » Il fait (C.
Saint Clément représente en détail quelques maux auxquels les Spectacles donnent lieu28. « C’est dans ces Assemblées, dit ce Père, où les personnes de différents sexes se trouvent, et où les hommes et les femmes s’accoutumant à se regarder trop librement, donnent lieu à des mouvements et à des désirs qui ne servent qu’à irriter davantage la concupiscence ; le loisir qu’ils prennent pour se donner un divertissement qui leur doit servir de relâche, est une occasion qui augmente en eux le feu des passions. […] Secondement, si l’on regarde les circonstances qui accompagnent les Comédies, elles sont ordinairement mauvaises, quelque honnête qu’en soit le sujet ; l’on n’y voit que des femmes parées, qui ne s’étudient qu’à plaire à ceux aux yeux desquels elles s’exposent ; qui dans leurs ajustements, dans leurs gestes, dans leurs actions, dans leurs regards, dans leurs parodies n’ont rien qui ne blesse la modestie de leur sexe, qui ne respirent que la vanité et l’esprit du monde.
Il défendit aux jeunes gens de l’un et de l’autre sexe d’aller à ceux qui se faisaient la nuit, à moins que de proches parents âgés ne les y menassent, et il empêcha que les femmes assistassent jamais aux jeux des Athlètes, parce qu’ils combattaient ordinairement nus. […] On n’ose pas dire ouvertement des sottises : mais on s’énonce d’une manière bien plus dangereuse en ôtant adroitement tout ce qui donnait quelque horreur du mal ; les plus libertins en usent souvent ainsi ; ils couvrent les péchés les plus énormes, leur esprit cherche et entend du mal partout ; mais pour plaire au sexe, ils mettent partout des enveloppes ; et comme on s’exerce à deviner, on va toujours au-delà de ce qu’on avait voulu dire. […] que le seul concours des hommes et des femmes qui se trouvent à ces assemblées, les rend tous criminels, parce que c’est là où les personnes de différent sexe s’accoutument à se regarder librement, et que ces regards produisent bientôt des désirs déréglés, qui sont nourris et fomentés par le dessein prémédité de passer quelques heures dans un lieu destiné au divertissement et où l’on ne s’applique qu’à exciter les passions. « Magna itaque confusione et iniquitate hi cœtus pleni sunt et occasio conventus causa est turpitudinis, cum viri et fœminæ mixtim conveniant alter alterias spectaculum.... […] Il souhaite qu’on en abolisse la représentation. « Nous suivons avec plaisir, dit-il p. 5. sur le sujet de ces Tragédies, l’esprit et les sentiments d’une savante Compagnie, dont un des principaux emplois est l’instruction de la jeunesse ; qu’elles ne soient faites qu’en Latin, que l’usage en soit très rare ; que les intermèdes des Actes soient tous Latins et n’aient rien qui s’éloigne de la bienséance, et que l’on n’y introduise aucun personnage de femme, ni jamais l’habit de ce sexe. […] , et fondé sur saint Thomas, ou plutôt sur la loi du Deutéronome, qui défend si expressément de prendre les habits d’un autre sexe.