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76. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Cicéron, pour défendre Roscius, est obligé de dire qu’il est le seul qui mérite de paroître sur le théatre, parce qu’il est le seul qui par ses talens & ses mœurs, mérite d’être admis au nombre des honnêtes gens. […] Nos coureurs de spectacles amollis par ces charmes apparens, ne sont occupés qu’à y rencontrer leurs dulcinées, ou qu’à en choisir une à qui ils puissent dire avec succès : vous êtes la seule qui me plaisez. […] Parmi les Ecrivains ecclésiastiques, on n’en peut citer aucun qui se soit exprimé d’une maniere équivoque sur ce sujet ; pas un seul qui n’ait condamné les spectacles. […] On frissonne à la seule pensée des horreurs représentées sur nos Théatres. […] Je vous avouerai, dit-il, que depuis quelques années j’avois beaucoup à souffrir intérieurement d’avoir travaillé pour le Théatre, étant convaincu, comme je l’ai toujours été, des vérités lumineuses de notre Religion, la seule divine, la seule incontestable.

77. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Il tâche d’en montrer les avantages ; la cour, la ville l’approuvent, les gens de Lettres le désirent : je le crois lui seul tout cela. […] Les actrices ne sont pas les seules. […] Il en conclut que ces abus étant un fait de grande & de la plus grande police, la Grand’-Chambre est seule compétente pour en juger. […] Ajoutons que c’est attenter à ceux du Public, seul juge des Auteurs, comme il est le seul objet de leurs travaux. […] Le troisieme avis est le seul qui m’ait paru énoncé d’une manière dure & peu convenable.

78. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Toute censure étant une peine ecclésiastique suppose toujours un délit : Or, on péche ou contre la foi, ou dans l’ordre des mœurs ; l’Excommunication est infligée dans l’un & dans l’autre cas : les Hérétiques & les Pécheurs sont frappés d’anathême, non par le seul fait, mais lorsque les premiers ont renoncé publiquement à la foi, & les seconds, dès qu’ils sont dénoncés, selon les formes ordinaires, ou bien aussi-tôt qu’ils sont tombés en l’une de ces fautes griéves auxquelles l’Excommunication est de droit annexée. […] De même un Pécheur qui se rend coupable d’un crime qui attire les censures ecclésiastiques, comme la Simonie, l’Usure, s’il étoit dénoncé, cesseroit d’être enfant de l’Eglise, conservant néanmoins l’habitude de la foi, celle-ci n’étant incompatible qu’avec la seule infidélité, selon le Concile de Trente1 ;l’Avocat a donc grand tort, Mademoiselle, de s’imaginer que l’Excommunication des Comédiens supposeroit en eux la tache d’hérésie, (pag. […] Le Pere Hardouin est le seul dont l’incertitude se rapproche un peu de lui ; encore je m’en rapporte à sa bonne foi : la collection n’étant pas entre mes mains, je n’ai pas jugé que la chose valût la peine que j’allasse la vérifier dans une Bibliothéque publique, d’autant plus que ce Compilateur est tout-à-fait décrié dans la république des lettres. […] Le Canon rapporté dans la Brochure regarde les fidéles qui conduisoient les chariots dans le Cirque : ils sont excommuniés par le seul fait. […]  14) être citoyen sans être fidéle, en France où la seule Religion Catholique est soufferte ; & si vous permettez à l’Eglise, sans le concours des Magistrats, d’excommunier publiquement le fidéle, les effets de cette sorte d’Excommunication influent nécessairement sur le citoyen : par conséquent vous faites dépendre l’Etat des volontés de l’Eglise.

79. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Vous avez négligé cette voie, qui pouvoit seule vous apprendre la vérité ; un homme, dites-vous, ne doit pas s’exposer sur une rivière, & dans un endroit où il court risque de se noyer, avant d’avoir fait une juste information ; mais que croyez-vous qu’il doive faire après s’être exactement informé ? […] Tout, dans cette excellente pièce, contribue au triomphe de la vertu ; mais elle n’est pas la seule dans ce genre, & celles que je vous ai citées plus haut en font la preuve. […] & cette seule crainte n’est-elle pas capable de lui faire ouvrir les yeux, & de l’arrêter au bord du précipice où la passion l’alloit précipiter ? […] Mais le goût dépravé du libertin doit-il vous empêcher d’assister à ces chefs d’œuvres de l’art, où le ridicule du vice est seul capable de faire aimer la sagesse ?

80. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

L es partisans du Comédien, pour lui accorder une considération qui ne lui est pas dûe, se fondent sur l’esprit de discussion & d’analyse qu’ils prétendent lui être nécessaires ; sur l’intelligence qui doit lui découvrir tous les rapports de son rôle, ceux des autres rôles avec celui-là, & ceux de tous ces rôles avec l’objet principal du Poëme ; sur les finesses de son art, sur les coups de théatre que le Comédien tir de son propre fond, sur la grandeur d’ame, & les entrailles essentielles à l’Acteur tragique ; sur la déclamation & les bienséances scrupuleuses qu’ils ont seuls introduites au Théatre, & sur la profonde connoissance qu’ils en ont. […] Il y a des nuances, des rapports, des traits de maître qu’elles ne connoissent point, & qu’une intelligence étendue développe seule. […] S’il tombe une seule larme de vos yeux, des sanglots involontaires vous ambarrasseront le gosier. Il vous sera impossible de proférer un seul mot sans des hocquets ridicules.

81. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

Mais ce n’est pas le seul danger auquel on s’expose en allant au bal, il y en a encore un autre qui n’est pas moins à craindre, ni moins ordinaire, qui est celui des querelles ; desquelles naissent, comme l’on ne voit que trop tous les jours, des inimitiés irréconciliables, des duels, des meurtres, et plusieurs autres désordres horribles et scandaleux. […] Il est donc évident que ceux-là pèchent grièvement qui vont aujourd’hui au bal, et qui fréquentent la danse, à cause des dangers qui en sont inséparables, et auxquels ils s’exposent : car quand il pourrait se rencontrer quelque bal où l’on n’appellerait que les seuls parents, ou les seuls amis ; néanmoins il est vrai de dire absolument qu’il n’y peut avoir aujourd’hui aucune assemblée pour la danse où il n’y ait du danger, à cause de la corruption du siècle et des mauvaises coutumes qui s’y sont introduites, ne se tenant plus aucun bal où la jeunesse ne se rende, et où elle n’entre de gré ou de force ; et cet usage a si fort prévalu, que si on fait quelque assemblée pour la danse où on veuille faire ce choix des personnes honnêtes, parentes ou amies, et fermer la porte aux étrangères, on heurte insolemment, et on fait mille outrages et mille affronts au maître de la maison. […] Mais ceux qui vont au bal et qui fréquentent la danse, ne sont pas les seuls coupables ; les hautbois, les violons, les joueurs de tambour, et toutes les autres personnes qui servent à cet exercice, pèchent aussi grièvement, parce qu’elles contribuent au mal que les autres font ; et leur métier est illicite à l’égard des bals et des danses, parce qu’il est employé pour des actions qui sont toujours accompagnées du péché.

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