Je ne me sers de cette figure que pour vous faire sentir qu’il y a un art, sinon à inspirer, du moins à exciter les sentimens d’honneur et; de probité. […] L’amour propre cherche à pallier ses défauts, mais un miroir sert de juge. […] C’est un homme extraordinaire qu’on veut connoître parcequ’il s’est rendu fameux, et; toute sa conduite sert de preuve que les plus hautes qualités sont les plus pernicieuses dans un cœur corrompu. […] Il faut servir tout le monde à son goût. […] Vos censeurs auroient peu à faire avec eux, je ne doute pas qu’ils ne s’en servissent les uns aux autres.
Combien est-il d’hommes de Lettres qui se croiraient dèshonnorés s’ils se servaient d’éxpressions usitées, & s’ils disaient les choses comme on les éxprime ordinairement ?
Pour la conclusion de mon Ouvrage j’exposerai ici quelques réfléxions que j’ai faites autrefois sur les représentations Théâtrales ; peut-être serviront-elles à défendre mon opinion, et en même temps à fortifier les raisons qui m’ont déterminé à souhaiter et à conseiller la Réformation du Théâtre.
Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… LE Comte de Chavagnac, homme de qualité & bon Officier, servit sous quatre maîtres, le Prince de Condé dans la guerre de la Fronde, Louis XIV son Roi légitime, le Roi d’Espagne, & l’Empereur. […] Dans tous mes voyages, continue l’Auteur : en Danemarc, dans le Holstein, à Hambourg, à Danzik, &c. on trouve la même politesse dans le sexe ; jusques dans les auberges les plus isolées, au milieu des forêts, il y a des femmes prêtes à servir les passans, & des voleurs qui coupent la bourse. […] Le spectacle lui est servi comme le repas : peut-on vivre sans lui ? […] Ce genre de spectacle très couteux & très-difficile dans l’exécution est plus effrayant qu’agréable, & peut seulement servir à faire voir l’habileté de l’Artificier.
Les Officiers du gobelet leur avoient servi des rafraichissemens. […] Le dessein du Poëte est qu’on soit comme le Héros épris des belles personnes ; qu’on les serve comme des Divinités, qu’on leur sacrifie tout, c’est-à-dire, le but du Poëte est de rendre les gens amoureux. […] Le Diable se sert en danse de la plus forte armure qu’il ait ; les femmes sont les plus fortes armes. […] On saisit tous les sens par les objets de la volupté, l’esprit y est occupé de folies, le cœur rempli de sentimens ; & on se flatte que Dieu fera des miracles pour nous sauver, que nous n’aimons que Dieu, que nous lui plairons, le servirons, obtiendrons ses récompenses : Stultorum infinitus est numerus.
Ce seroit un bien mince éloge pour tous les deux ; mais l’histoire dement tout cela, Ce Pontife de la maison de Médicis, dont on a beaucoup parlé, & en bien & en mal, qui eut en effet tous les défauts de sa maison, ne fut point un protecteur de la majeste tragique, & Bernard Bibiana que quelques-uns nomment Turcati, homme obscur, son domestique, tel que le Cardinal du Bois auprès du Duc d’Orléans Régent, sçut gagner ses bonnes graces, n’a ni chassé, mais plutôt attiré les histrions, ni introduit la bonne comédie, ni ne s’est embarrassé de la bonne, ni de la mauvaise, que pour servir les plaisirs de son Maître, à qui il devoit toute sa fortune. […] Bibiana dépouillé de ses lauriers reprit son premier metier ; il fit répresenter à grands frais des comédies dans une salle magnifique du Vatican, où les décorations changeoient à chaque acte, on ne s’y mettoit en peine que d’y faire rire, & cet homme qu’on dit avoir chassé les histrions pour réformer la comédie y faisoit jouer les piéces les plus licencieuses : on invitoit même les enfans des meilleures maisons à monter sur le théatre & y servir d’Acteurs. […] Il lui fit un bon accueil à l’ordinaire, il parut avoir tout oublié ; il l’invita à dîner, & voulut le servir de quelque plat excellent. […] La belle illumination de tout côté répandue, forme par la réflexion un très-agrèable spectacle ; ce qui sert d’ailleurs de rafraichissement en Été ; on n’a rien fait encore de pareil à Paris, on s’est borné à éléver le parterre à niveau du théatre pour en faire un sale unique au bal de l’opéra. […] Je ne doute pas que la sale de l’opéra n’imite enfin celle du théatre de Parme, elle mérite de voir servir tous les élémens à sa décoration, & ses murailles sont dignes du grand Prince qui daigne loger dans son Palais les divinités qui y étalent leur gloire.