Jetant ensuite un coup-d’œil rapide sur les malheurs déplorables dont l’Etat un jour serait la victime, si par la perte ou le trépas des Orateurs chrétiens, que la Providence a su nous conserver au milieu des tempêtes, la religion venait à perdre son plus beau lustre et son dernier appui, j’en ai conclu que rien ne nous importait d’avantage que de rétablir, dans tout leur éclat, ces maisons illustres, où le savoir et la vertu formèrent autrefois ces saints Docteurs, qui depuis ont rempli l’Univers du bruit de leurs heureux succès, et ont fait de la France le berceau comme le séjour ordinaire de la véritable éloquence.
Quelle que soit la sévérité qu’on verra dans les saints docteurs, elle sera toujours au-dessous de celle de Jésus-Christ, qui soumet à un jugement si rigoureux, non pas les paroles mauvaises, mais les paroles inutiles.
L’impiété de nos Poètes modernes consistant en second lieu ; dans l’abus qu’ils font de la Religion et des saintes Lettres, 100 Exemples de cet abus dans l’Astrologue joué et dans l’Orphelin, 101 Dans le vieux Bachelier et dans le Fourbe, 104 Dans Don Sébastien, 108 Réflexions sur l’Epître dédicatoire d’Aurenge Zèbe et sur la Traduction de Juvenal par M.
Il la donne pour une sainte, mais d’une sainteté mêlangée à sa maniere. […] qu’admirer davantage la sainte, ou le panégyrique ? […] Je vois dans ces mémoires ce Prince donner des marques fréquentes de religion, entendre la Messe, honorer les reliques, respecter le Pape, parler décemment des choses saintes, ce qu’on ne trouve point dans les mémoires de nos jours où l’on rougit de paroître chrétien, même à la mort.
Autrefois les bonnes gens y mettoient les images des Saints, aujourd’hui ce sont des Actrices. […] Ce désordre arrive presque toujours quand le théatre ose porter ses mains sacrilèges sur les choses saintes, ce qui a fait défendre absolument chez les Protestans toutes les pieces tirées de l’Ecriture. […] On ne bannit que ce qu’il y avoit de saint, on ne laissa subsister que le mauvais, qu’on para de toute la pompe du luxe le plus rafiné, & de tous les attraits du vice les plus séduisans.
Il le combattit avec beaucoup d’érudition, de noblesse et de force ; il le fit non seulement par ses discours et ses exemples, mais, ce qui est unique dans des personnes de son rang, il composa un livre contre la comédie, où il ramassa les raisons qui doivent la faire proscrire, et les passages des conciles et des saints Pères qui la condamnent unanimement, dont il fait une chaîne perpétuelle de tradition. […] Il faut être de bronze pour résister à tant d’appas ; les plus grands Saints auraient peine à conserver leur liberté au milieu de tant de tentations agréables. […] Caussin, autre Jésuite, dans sa Cour sainte, donnent aux Cours des Princes de semblables règles, aussi sages que chrétiennes, et croient la comédie aussi opposée à la bonne politique qu’aux bonnes mœurs, deux choses essentiellement liées, dont l’une ne peut subsister sans l’autre.