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107. (1666) Seconde Lettre de Mr Racine aux deux apologistes des Hérésies Imaginaires « De Paris ce 10. Mai 1666. » pp. 193-204

Voyez à quoi l’on s’expose quand on force son naturel, il n’a pu rire sans abuser du plus saint de nos mystères, et la seule plaisanterie qu’il fait, est une impiété. […] En effet, Messieurs, quand vous raisonnerez de la sorte, nous n’aurons rien à répondre, il faudra se rendre, car de me demander comme vous faites, si je crois la Comédie une chose sainte, si je la crois propre à faire mourir le vieil homme, je dirai que non, mais je vous dirai en même temps, qu’il y a des choses qui ne sont pas saintes, et qui sont pourtant innocentes : je vous demanderai si la Chasse, la Musique, le plaisir de faire des Sabots, et quelques autres plaisirs que vous ne vous refusez pas à vous-mêmes, sont fort propres à faire mourir le vieil homme, s’il faut renoncer à tout ce qui divertit, s’il faut pleurer à toute heure ? […] Il faut bien se hasarder quelquefois ; si les Saints n’avaient fait que traduire, vous ne traduiriez que des traductions. […] Cela ne doit point empêcher vos amis d’achever sa Vie, qu’ils ont commencée, ils pourront même se servir de cette Histoire, et ils en feront un chapitre particulier, qu’ils intituleront De l’Esprit de discernement que Dieu avait donné à la Sainte Mère. […] [NDE] C’est le sujet de la Onzième Provinciale, où Pascal se défend d’avoir « tourné les choses saintes en raillerie ».

108. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PREFACE CONTENANT L’HISTOIRE DU DIX-SEPTIEME SIECLE, SUR LA COMÉDIE. » pp. -

M. le Curé de saint Germain de l’Auxerrois à Paris, consulta les Docteurs de Sorbonne sur les Comédies ; il fut décidé qu’il y avait péché mortel, et pour les Comédiens et pour ceux qui y contribuent : L’on verra cette décision dans la Section 6. du Chap. 4. de cet Ouvrage. […] Il parut en 1672. une autre pièce contre la Comédie, qui se trouve dans l’Education Chrétienne des Enfants, selon les maximes de l’Ecriture et les Instructions des saints Pères de l’Eglise, avec un petit traité contre les Chansons. […] Il fait aussi ses efforts pour établir que les saints Pères n’ont condamne les Spectacles des Païens, qu’à cause de la seule idolâtrie.

109. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

ad 2. ce même Saint examine si on doit payer la dixme de tous les biens, & en particulier des choses mal acquises. […] Ce n’étoit pas un Comédien, dont il y avoit un nombre infini dans l’empire d’Orient, mais un Joueur de flûte, qui gagnoit sa vie à jouer dans les villages, in vico, & quitta même son métier quand le Saint l’eut instruit. 2.° S. […] Ceux qui contribuent au culte de Dieu, fruits d’une sainte joie, comme les fêtes de l’Eglise, les Cantiques, les décorations des Temples, les feux de la S. […] Oseroit-on le mettre dans le rang des actions saintes destinées au culte de Dieu ? […] Dans les divertissemens même modérés & permis, le péché peut se trouver dans la matiere, si ce sont des choses galantes, des choses saintes mêlées aux profanes, si on joue des choses saintes, si on le fait dans un temps, dans un lieu saint, avec des habits ecclésiastiques, d’une maniere indécente, &c.

110. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

On ne peut guéres user de termes plus forts, & c’est un des plus saints Docteurs de l’Eglise qui en a ainsi parlé. […] Ces saints Docteurs étoient autorisés en de si justes invectives par l’oracle de saint Paul, qui dit que les mauvais entretiens corrompent les bonnes mœurs, même dans le particulier : I. ad Cor. 15. […] Ainsi il ne faut pas s’étonner que ces Saints personnages ayent si fort invectivé contre : on s’étonneroit plutôt qu’ils ne l’eussent pas fait. […] Dieu a donné des Prophétes aux hommes, pour leur annoncer des volontés saintes, pour leur faire des portraits affreux de leurs désordres, afin de les rappeller à lui par la pénitence ; & pour leur prédire les malheurs dont ils étoient menacés, s’ils ne gardoient pas sa sainte Loi : mais il ne leur a jamais donné des baladins & des bouffons, pour leur faire des récits agréables & enjoués des désordres les plus honteux, sous le masque spécieux des plus mordantes critiques, afin qu’ils s’y abandonnassent sans scrupule & sans pudeur. […] P., ce qui les rend si odieux à toute l’Eglise & aux Saints ?

111. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Le profond respect qu’on doit aux Livres saints, ne permet pas même aux Poëtes qui y prennent des sujets, d’y rien altérer, pour l’ajuster à leurs idées. […] Ces drames présentent l’Histoire sainte par les endroits les plus saillans (en font des romans). […] Les Livres saints méritent trop notre vénération pour les y exposer, & notre sainte Religion trop d’amour & de zele pour rien souffrir qui puisse lui nuire. […] Dans le poëme d’Abel, où l’on fait profession de suivre l’Ecriture sainte, c’est une erreur contre la Religion. […] Il choisit la partie la plus facile, les Operas saints & profânes, dans le goût italien.

112. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Si les mariages dans le monde se faisoient tous sur ces modelles, cette sainte union ne seroit qu’une source d’infamies. […] La premiere nuit le démon sera chassé, la seconde nuit vous serez admis dans la société des saints Patriarches, la troisieme nuit vous recevrez une abondante bénédiction pour avoir une postérité nombreuse & sainte. […] L’éducation la plus sainte avoit depuis le berceau préparé le cœur du fils, les exemples de toutes les vertus avoient constamment appuyé les leçons du père. Qu’un si saint mariage dût être agréable à Dieu & comblé de ses bénédictions ! […] On peut sans doute s’y sanctifier, il y eut toûjours des mariages agréables à Dieu, il voulut même que la plus sainte des créatures (sa mère) fût mariée ; mais on ne sauroit trop dire que les plus saints motifs y doivent conduire, la vocation du ciel le décider, les bonnes œuvres y mériter la bénédiction de Dieu, & les vertus y régner.

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