Le grand principe de nos jours est d’éloigner les enfans du vice en le leur rendant familier, & en inspirant le goût de la volupté, en guerir la passion ; & nos sages y applaudissent. […] La Réligion Chrétienne est de toutes les Réligions la plus favorable aux femmes, par-tout ailleurs elles sont esclaves, victimes de la jalousie des hommes, ou plutôt de leurs sages précautions ; voilées, enfermées & liées par les chaînes d’une bienséance très gênante. […] Le Sauveur ne leur laisse pas courir un si grand risque ; heureusement les eaux fatales n’existent plus, un mari sage n’a garde de les désirer, ni de faire éclater ses soupçons, il se contente de livrer sa femme à ses remors, & de travailler à sa conversion. […] Les adoucissemens de la loi de grace devroient par reconnoissance rendre les femmes plus sages, & plus circonspectes. […] L’auteur fait pourtant le philosophe, & joue le sage sur la comédie.
Qu’il est doux, ô mon Ursule, d’avoir dans son mari, un chef éclairé, vigilant ; un protecteur sage, tendre ; d’y voir un père, un ami, & sur-tout un amant ! […] En raisonnant d’après l’expérience, je sais que le sage Spectacle de notre Capitale, produit depuis quelques années un bien réel, parmi les Ouvriers des Professions, qu’on nomme honnêtes : ceux qui le fréquentent sont les plus habiles, & en général, c’est d’eux que les Maîtres sont le plus contens.
Une autre considération, digne d’une République si sage et si éclairée, devrait peut-être l’engager à permettre les spectacles. […] Si les Comédiens étaient non seulement soufferts à Genève, mais contenus d’abord par des règlements sages, protégés ensuite et même considérés dès qu’ils en seraient dignes, enfin absolument placés sur la même ligne que les autres citoyens, cette ville aurait bientôt l’avantage de posséder ce qu’on croit si rare et qui ne l’est que par notre faute : une troupe de Comédiens estimables.
Le second, revenu sincérement de ses égaremens, fut un homme sage, fidele à ses promesses, vivant chrétiennement avec son épouse veuve du Roi de Pologne, & mourut dans des grands sentimens de piété. […] Qu’on se rende justice, les Marquis qui courent le bal, déguisés de mille manieres les plus ridicules qu’ils peuvent imaginer, ceux qui montent sur le théatre de société pour jouer toute sorte de rôles les plus comiques, Arlequin, Pantalon, Scaramouche, &c. tous ces gens-là sont-ils plus sages ? […] A Bruxelles il devint amoureux d’une fille du commun, dont la mere sage & vigilante, méprisant toutes les promesses de mariage, ne permit jamais au Duc de lui parler seul à seule. […] Il en fit à son retour en France, sans que l’expérience de tant de malheurs ait pu le rendre sage, ce qui le perdit par-tout. […] Au milieu de l’esprit du monde qui regne dans cet ouvrage, on voit de grandes vérités & de sages leçons sur les mœurs, confirmées par l’expérience ; il la doit à ses malheurs qui le font rentrer en lui-même, & arracher le voile que la passion a mis sur ses yeux.
nous admirons vos leçons ; & nous n’attendons, pour les suivre, que de voir comment vous les pratiquez vous-même ; si vous êtes réellement ce que vous vous efforcez de paroître ; si vos imitations n’ont pas le troisiéme rang, mais le second après la vérité, voyons en vous le modèle que vous nous peignez dans vos ouvrages ; montrez-nous le Capitaine, le Législateur & le Sage, dont vous nous offrez si hardiment le portrait. […] S’agit-il des devoirs de la vie, du sage gouvernement de la maison, de la conduite d’un citoyen dans tous les états ? […] Faut-il apprendre à d’autres ces mêmes devoirs, & instituer des Philosophes & des Sages qui pratiquent ce qu’on leur a enseigné ? […] Qu’un homme sage & courageux perde son fils, son ami, sa maitresse, enfin l’objet le plus cher à son cœur ; on ne le verra point s’abandonner à une douleur excessive & déraisonnable ; & si la foiblesse humaine ne lui permet pas de surmonter tout-à-fait son affliction, il la tempérera par la constance ; une juste honte lui fera renfermer en lui-même une partie de ses peines ; &, contraint de paroître aux yeux des hommes, il rougiroit de dire & faire en leur présence plusieurs choses qu’il dit & fait étant seul. […] Autrement, mon cher Glaucus, comme un homme sage, épris des charmes d’une maitresse, voyant sa vertu prête à l’abandonner, rompt ; quoiqu’à regret, une si douce chaîne, & sacrifie l’amour au devoir & à la raison ; ainsi, livrés dès notre enfance aux attraits séducteurs de la Poësie, & trop sensibles peut-être à ses beautés, nous nous munirons pourtant de force & de raison contre ses prestiges : si nous osons donner quelque chose au goût qui nous attire, nous craindrons au moins de nous livrer à nos premieres amours : nous nous dirons toujours qu’il n’y a rien de sérieux ni d’utile dans tout cet appareil dramatique : en prêtant quelquefois nos oreilles à la Poësie, nous garantirons nos cœurs d’être abusés par elle, & nous ne souffrirons point qu’elle trouble l’ordre & la liberté, ni dans la République intérieure de l’ame, ni dans celle de la société humaine.
Caussin, autre Jésuite, dans sa Cour sainte, donnent aux Cours des Princes de semblables règles, aussi sages que chrétiennes, et croient la comédie aussi opposée à la bonne politique qu’aux bonnes mœurs, deux choses essentiellement liées, dont l’une ne peut subsister sans l’autre. […] Si on dit que les Grecs et les Romains le permettaient, je réponds que c’était par superstition pour leurs Dieux ; mais les plus sages les ont toujours blâmés, car quoique les tragédies corrompent moins, Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais. […] Mais peut-on empêcher que ces jeux soient permis par les Magistrats, qui sont les premiers à y venir, etc. » Bodin pouvait ajouter que Solon fit tout ce qu’il pût pour faire chasser Thespis, et empêcher l’établissement du théâtre ; mais que la corruption des Athéniens l’emporta sur la sagesse du Législateur ; que Licurgue, Législateur de Sparte, fut plus heureux, et qu’il empêcha les spectacles, même la lecture d’Echyle et d’Euripide ; et que la comédie ne se glissa dans la sage Lacédémone que quand la vertu affaiblie eut rendu les armes à la mollesse, qui la fit enfin succomber. […] Elles portent ordinairement à toutes sortes d’impuretés ; l’habitude de les voir entraîne à la licence, les yeux et les oreilles des gens sages les ont toujours redoutées : « Comœdiarum argumenta adulteria et stupra commendant, spectandi consuetudo imitandi licentiam facit, aures oculosque gravissimorum virorum formidant. » La réflexion et les bonnes mœurs les ont fait bannir de l’Italie : « Ex Italia explosæ severitate morum et religionis sanctitate. » Leur retour depuis ce temps-là et leur vogue sont-ils l’éloge de la pureté des mœurs Italiennes ? […] Quoique l’art du théâtre soit opposé aux bonnes mœurs, et que la vie licencieuse des Comédiens soit incapable de réforme, la sage antiquité a cru devoir leur donner un modérateur, pour empêcher qu’ils ne tombent dans un entier désordre.