ne paraissez pas plus marcher sur les traces de ces hommes ombrageux et aveuglés par leur passion ; modérez la fougue de vos sentiments tendres, repoussez par un air calme les méchants et leurs propos malins, ne vous faites pas remarquer, ne vous affichez point par des plaintes éclatantes, ou des démarches insensées, ne laissez même pas apercevoir vos inquiétudes, si vous en avez ; mais faites avec prudence tout ce qui dépend de vous pour prévenir le mal ; soutenez la faiblesse de votre épouse contre les séductions qui l’entourent, écartez tout doucement les dangers qui la menacent, encouragez-la, répétez lui souvent que sa vertu vous est bien chère, qu’elle fait votre bonheur, comme elle vous porte à faire le sien, ce que vous devez lui prouver par vos bons procédés, et puis observez-la silencieusement, croyez à son innocence jusqu’à ce que vous ayiez acquis la preuve certaine de votre malheur, que, selon les circonstances, en homme sage, vous dévorez encore secrètement, et vous ne serez jamais regardé comme un jaloux ; parce que vous n’en aurez aucune apparence. […] Ce sage Romain conseillait et pratiquait le premier de ces moyens d’instruction. […] Au lieu de précautions aussi sages qu’il eût été plus convenable encore de prendre en faveur des braves gens que l’auteur de la satire voulait protéger et servir, voilà plus de cent-cinquante ans qu’à son signal répété par les grands veneurs qui lui ont succédé, tous les théâtres battent la générale, soulèvent, arment bons, mauvais, fidèles, mécréants, lettrés, ignorants, sages, débauchés, insensés, habiles et maladroits, pour chasser les loups tartufes. […] La sage précaution que prend la politique de dégrader et dépouiller de toutes les marques de ses dignités, pour ne pas les avilir aux yeux du peuple, l’homme en place convaincu de forfaits, avant de l’envoyer à l’échafaud, est la censure la plus frappante de cet usage inconséquent de traduire sur les tréteaux du ridicule et de l’infamie, sur cette autre espèce d’échafaud d’autres criminels tout parés des couleurs, ou sous les formes respectables de la vertu que, je ne puis cesser de le répéter, les satires et les critiques intempestives et déplacées ont fait ainsi tomber dans le mépris et conspuer.
Dans cette Comédie, on confond, à dessein, les maximes d’une sage conduite, avec celles que dicte au jaloux incommode sa funeste passion. […] O loi sage ! […] S’agit-il ici d’amuser le petit nombre des Sages ? […] Effectivement, combien de Pièces, où l’on charge de ridicule, en les outrant, en les masquant, les vertus d’un guide sage ! […] C’est par une politique sage : ils craignent d’encourager le Mendicisme.
Partout où vous trouverez des hommes célestes ; partout où il y a des hommes sages, des pères et mères vertueux, c’est là, Monsieur, qu’on trouve des filles à marier sages et vertueuses, modestes et capables par leur exemple, leurs conseils et l’amour qu’elles inspirent, de porter au bien un jeune homme dont le penchant l’entraînait au désordre. […] Les gens sages ne voient dans leur simplicité qu’un gage précieux de la pureté de leur cœur. […] Mais « Nescius aurae fallacis, le jeune insensé court se perdre en pensant devenir un Sage. » L’intention du jeune homme est louable ; il est édifiant que le Théâtre l’ait suggérée ; mais il est injuste de vouloir faire retomber sur la scène la maladresse, l’aveuglement, le défaut de jugement du jeune homme qui, trop précipité dans son choix, en a fait un mauvais. […] « Chez nous […] la femme la plus estimée est celle qui fait le plus de bruit ; de qui l’on parle le plus ; qu’on voit le plus dans le monde ; […] qui juge, tranche, décide etc. »eb Chez nous la femme la plus estimée des fous, c’est celle-là ; mais des sages ce n’est pas celle-là. […] Du temps de César, les féroces Germains pensaient comme vous sur le compte de leurs femmes, ils les menaient à la guerre avec eux ; ils étaient bien plus sages alors qu’aujourd’hui, n’est-ce pas ?
L’état de perfection est si opposé à la nature humaine, qu’il est sans doute sage de ne point effrayer les hommes par l’aspect de la distance immense qui sépare les mondains et les prédestinés. […] cette pratique sage et naturelle ne leur ferait-elle par franchir insensiblement l’immensité de l’espace du mal au bien, et du bien à la suprême perfection ? […] On les verra tous devenir polis, sages, complaisants, on les verra se piquer de sentiments, de bonnes mœurs, et justifier par leur conduite l’utilité d’un amusement si louable. La morale ayant fait dans leur cœur de si grands progrès ; après qu’ils auront admiré Socrate, Caton, Cicéron et tous les sages de l’Antiquité Païenne, peut-on s’imaginer qu’il ne sera pas plus facile alors de leur faire admirer les vertus des Héros et des Martyrs du Christianisme ? […] Il y a donc entre l’orgueil et l’amour propre la même différence qu’il y a entre l’avarice et la sage économie, entre la générosité et la prodigalité, entre le courage et la fureur.
Dans le cours de cette longue comédie, qui mérite mieux ce nom que le poëme du Dante, on trouve répandus tous les principes qui, dans tous les temps, ont fait proscrire les spectacles par toutes les personnes sages qui ont eu quelque zele pour les bonnes mœurs. […] Les deux héros ridicules, Dom Quichotte & Sancho Pansa, tantôt foux, tantôt raisonnables par intervalles, font les actions & tiennent les discours les plus insensés, & bientôt après les plus sages, & même pieux : ce sont comme deux livres différens mêlés & confondus. […] Quel homme sage voudroit se nourrir d’un aliment où l’on auroit mêlé le poison & l’antidote ?
L’homme sage ne répand le poison ni en public ni en particulier. […] C’est un Philosophe, un Sage du temps, qui se peint parfaitement. […] Il a de son état les mœurs & le langage, Et ne le blâmez point pour avoir l’air d’un Sage. […] Qui les prodigue que les Sages eux-mêmes ? […] Qu’a fait ce père que le plus sage ne fasse ?