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2. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

Tous les Jeux et les Spectacles de l'Antiquité ont fait la plus grande et la plus solennelle partie de la Religion Païenne ; tout y était mystérieux et sacré, soit de la part de ceux que l'on croyait les avoir institués, et à qui ils étaient consacrés, soit pour les causes non seulement de leur institution, mais aussi de leur célébration, soit par la qualité de ceux qui devaient y présider et en prendre soin, ou par les vœux de Combattants et les actions de grâces que les Vainqueurs rendaient à leurs Dieux, ou par l'estime et la révérence pour ceux qui en avaient souvent remporté le prix. […] D'où vient que Saint Augustin parlant des Jeux funéraires sacrés aux Divinités infernales, et qui furent renouvelés après une longue intermission, comme un remède aux malheurs publics, et à cette grande défaite qui les affligea en la première guerre Punique, les blâme d'avoir rétabli des réjouissances lors qu'ils avaient à pleurer tant de morts dont les Enfers s'étaient enrichis ; Misérables, de faire de grands Jeux et des Fêtes magnifiques agréables aux Démons parmi des guerres furieuses, des combats sanglants et des victoires funestes. […] Julius Pollux appelle sacrés tous les Jeux pour lesquels il y avait des couronnes. Saint Denis l'Aréopagite appelle ces cérémonies, sacrées et les Jeux divins ; et Saint CyprienCypr. de Spect. […] seul nous doit convaincre de cette doctrine par ces paroles ; « Les Fêtes, dit ce savant Païen, sont des jours consacrés aux Dieux avec Sacrifices, Festins, Jeux ou Féeries, car les solennités sont sanctifiées quand le jour se passe en festins sacrés, quand on donne quelques Jeux en l'honneur des Dieux ou quand on fait cesser toutes les Juridictions et des Ouvroirs. » Qu'il demeure donc pour constant que les spectacles des anciens n'étaient pas de simples divertissements que l'on donnait au public ; mais des actes de Religion.

3. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

Les verges étoient la punition de la négligence à conserver le feu sacré, & par respect pour la Prêtresse coupable, c’étoit au grand Prêtre à la frapper. […] Quoi qu’il en soit de son érudition sacrée & profane, qui paroît médiocre, du moins ignore-t-il les bienséances. […] Faire venir des esclaves rallumer avec des flambeaux le feu sacré, est une fausseté ridicule. […] Le feu sacré ne se rallumoit qu’aux rayons du soleil, dans des vases d’airain bien polis, comme des miroirs ardens, où l’on présentoit des matieres seches & combustibles. […] l’autorité paternelle, de toutes la plus ancienne & la plus sacrée, n’a de droit que les bienfaits ; l’injustice brise tous les liens entre lui & les enfans.

4. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

QUi croiroit que le Sacré Collége ne fût pas à l’abri des attentats du théatre. […] C’étoit donc à ce tribunal à faire le procès au prêtre florentin, tout au plus au Sacré Collége, comme exerçant l’autorité souveraine pendant la vacance du S. […] Elle ne mêla le sacré au profâne que dans les comédies qu’elle fit jouer, où elle fit une grande faute. […] Rien n’oseroit toucher au produit sacré de la corruption des mœurs. […] A table, au jeu, à la promenade, on voit autour d’elle le Sacré Collége empressé à lui plaire, qui vaut bien celui de la Cour de Rome, & que Pasquin traiteroit de mascarade.

5. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Lisez L’Ode de Rousseau à la Fortune, ou plutôt aux Conquérants, vous ferez bien ; ne lisez que ses Odes sacrées, vous ferez encore mieux. […] Gresset dit : qu’il voit sans nuages et sans enthousiasme que les Lois sacrées de l’Evangile et les maximes de la Morale prophane, le Sanctuaire et le Théâtre sont des objets absolument inalliables. […] Je ne puis pas être un Saint, je l’avoue, je n’ai ni l’Enthousiasme ni le Zèle Apostolique qui convient à un Orateur sacré, sans quoi je consacrerais mes talents à Dieu. […] Quel doit donc être l’état du cœur d’un homme qui aspire au nœud sacré de l’hymen, sinon une disposition prochaine à tout abandonner pour s’attacher uniquement à l’objet auquel il se destine ? […] Celui qui prêchera le mieux sera peut-être le premier à s’interdire l’entrée de la Tribune sacrée, pour ne pas éprouver la satisfaction trop flatteuse pour l’amour propre, et par conséquent criminelle, de savoir trop bien captiver son Auditoire.

6. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Au contraire ils ont des pièces sacrées et Saintes qu’ils représentent souvent au milieu des Eglises avec des danses et des Musiques si graves et si modestes que la sainteté des lieux n’en reçoit aucune profanation. […] Une sacrée fureur qui élevant le courage de Rosoria au-dessus d’elle-même l'a fait venir à la fin de l’action vêtue encore à la façon de Sainte Cécile, se jeter aux pieds de la Reine, et les embrassant étroitement et baignant de ses larmes avec une voix interrompue de sanglots qui émouvaient à compassion les entrailles d’un chacun elle lui a fait cette harangue. « Grande Reine, Mère des pauvres, Asile des misérables, et Protectrice des persécutés, voici aux pieds de votre sacrée et Royale Majesté une chétive créature qui implore le secours de votre miséricorde. […] Mais je veux mieux espérer de votre Royale clémence, vos yeux me disent que vos oreilles ont ouï ma juste prière, que votre cœur pitoyable l'a exaucée et que votre bouche sacrée va prononcer son entérinement.

7. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Cette fontaine sacrée jaillit à la vie éternelle, car ce n’est pas seulement du pain que l’homme vit, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. […] qui sera assez téméraire pour livrer aux profanateurs du parterre le dépôt sacré de la vérité, et jouer tour à tour indifféremment les Psaumes de David et les bouffonneries de Molière ? […] Cyr, ne réussit pas à Paris parce qu’on s’y était trop scrupuleusement attaché au texte sacré, sans y ajouter aucun ornement. […] Faut-il qu’un homme si bigarré de sacré et de profane fût Prêtre et Religieux ! […] Un petit colet est moins sacré et moins indécent sur un Acteur que la tiare d’Aaron sur sa tête, et les passages de l’Ecriture dans sa bouche.

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