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339. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Louis, dit du Tillet, chassa de son royaume les Farceurs et Comédiens, comme une peste publique, capable de corrompre les mœurs de tous ses sujets. » Dupleix et Mézeray, qui le copie, disent sur Philippe-Auguste : « Ce Prince signala sa piété par l’expulsion des Comédiens, qu’il chassa de sa Cour, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes, flatter les voluptés, et remplir les esprits oiseux de chimères qui les gâtent, et à causer dans les cœurs des mouvements déréglés, que la religion et la sagesse nous recommandent si fort d’étouffer.

340. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Au lieu de la doctrine évangélique, qui va au cœur et sanctifie, on se remplit d'une morale toute naturelle, on se paie de grands mots, d'humanité, de bienfaisance, de patriotisme, de politesse, d'usage du monde, qui jette dans l'illusion, le relâchement, le crime.

341. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

C'est un amoureux qui contemple le portrait de sa maîtresse ; il avait le germe du péché, la scène le développe, l'exalte, le fait fermenter, et en remplit son cœur.

342. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Il y a de quoi remplir un gros volume du détail de l’emploi des sommes qu’il a données pour le soulagement des nécessités des pauvres, pour les besoins des hôpitaux, pour l’entretien des personnes converties, pour la réparation des Eglises, pour les Missions tant dans ses terres, et dans presque toutes les provinces du Royaume, que dans les pays étrangers. […] Il vaudrait mieux être tout à fait ignorant, que demi-savant ; parce que l’ignorance fait qu’on se défie de soi-même, et qu’on prend conseil ; au lieu qu’une science imparfaite, et superficielle ne sert qu’à remplir l’esprit d’une vaine présomption, qui fait que pensant savoir ce qu’on ne sait point, on tombe à chaque pas dans l’erreur. […] Son esprit était rempli de cette pensée de S.  […] , que ce Prince a en peu d’années rempli plusieurs siècles ; car son âme était agréable à Dieu. […] Le Théâtre est rempli de semblables crimes « Videtur ne summa improbitate usus, non sine summa esse ratione ?

343. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Outre le poids des voix le nombre n’y doit point manquer, ni une, ni deux ne rempliraient pas l’oreille : Ces deux choses sont nécessaires, et néanmoins elles ne suffisent pas ; il est besoin que toutes les voix s’accordent et soient réglées par une même mesure. […] Elle n’est pas seulement pour faire des furieux ; c’est le moindre de ses ouvrages, et ne le fait que dans la nécessité : Son grand emploi est de calmer les esprits, et les remettre en leur assiette naturelle, quand quelque disgrâce ou quelque passion violente les en a tirés : Son but principal est de nous inspirer des affections civiles, et de nous arracher de la mélancolie, qui nous ruine la santé, et détruit nos plus beaux jours : C’est de nous donner des inclinations de société, et nous délivrer de ces altérations malignes, qui ne nous remplissent que de fiel et d’amertume : C’est de nous élargir le cœur, et de nous faire vivre en hommes. […] Je sais bien que nous ne sommes point obligés de recevoir les belles rêveries de Philolaus et de Platon pour des vérités ; mais on ne peut désavouer que la Musique ne cause des mouvements très doux et très sensibles en l’homme : elle charme ses ennuis ; elle l’encourage dans les difficultés ; elle efface les mauvaises pensées de son esprit ; elle lève les ombrages qui le tenaient dans la défiance et dans la tristesse : elle le remplit d’espérance, et en bannit la crainte : L’esprit n’en est pas seulement plus libre, mais le corps en vaut mieux. […] Quoiqu’on puisse dire, la Danse ne divertit pas l’esprit, elle le dissipe, elle ne le rend point capable des emplois sérieux qui est la vraie fin du divertissement, au contraire elle le remplit de sottises et de désirs de traiter l’amour, qui est la plus folle de toutes les passions. […] vient que les Sages n’ont point considéré ces illustres fictions, que comme le poison de la jeunesse, et particulièrement des filles qui se rendent trop savantes en des matières qu’elles devraient ignorer : Je ne dis rien ni de la perte du temps, ni de leur dévotion, qui ne se peut maintenir contre tant de chimères, dont elles se remplissent l’esprit ; ce m’est assez de faire connaître, que c’est là où sous prétexte d’apprendre quelques compliments et la politesse du langage, elles commencent à découvrir et à aimer les intrigues de l’amour : C’est là où elles prennent le premier feu qui les brûle ; car comme elles ont peu vu, tout leur paraît beau et surprenant : elles se figurent que ce qu’elles lisent, sont de véritables Histoires, et qu’il n’y a que les noms supposés : elles s’y attachent fortement, et parce que ces discours hyperboliques sont gentils, ils les engagent à continuer jusqu’au bout.

344. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Les Anglais ont des Pièces assez longues pour remplir en entier le tems que nous donnons au Spectacle : mais comme la légèreté Française veut de la diversité, elle pourrait ne pas s’accommoder d’une seule Pièce ; une action trop compliquée fatiguerait ces Sybarites aimables, qui veulent que les plaisirs se présentent, & non les aller chercher ; goûter le repos sans être las ; jouir d’eux-mêmes, sans y rentrer ; se voir aimés sans payer de retour ; ne sentir leur existence que par la volupté, & que le bonheur précède les desirs. […] D’ailleurs, les jeunes-gens des deux sexes étant obligés de remplir leurs devoirs de Citoyens, à l’exemple des Acteurs Grecs, ils doivent, comme eux, ne jouer que rarement ; l’étude des différentes Pièces de Théâtre ne pourrait que leur rendre impossible l’exercice de leurs emplois. […] Ces Répétitions ne se feront, dans les Colléges, que par les Jeunes-hommes ; &, dans les Couvens de Filles, par les Jeunes-personnes seulement, sous les yeux des Maîtres & Maitresses de Déclamation : chaque Acteur & chaque Actrice y rempliront les Rôles d’hommes ou de femmes liés avec le leur ; & ce ne sera que pour la Répétition sur le Théâtre public la veille de la Représentation, que tous les Acteurs seront réunis : mais les Répétitions des Pièces nouvelles se feront par les Acteurs & les Actrices ; & l’on n’y admettra que les personnes indiquées par l’ Art. 

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