» Bourdaloue, dans son sermon sur les divertissements du monde, se propose cette question qu’il résout de même : « Les Spectacles profanes où assistent tant de mondains oisifs et voluptueux, ces assemblées publiques et de pur plaisir, où sont reçus tous ceux qu’y amène, soit l’envie de paraître, soit l’envie de voir ; sont-ce des divertissements permis ou défendus ? […] Ce n’est pas ici une perfection, c’est un vœu, c’est le premier de tous vos devoirs, c’est le caractère le plus inséparable de la Foi… Et de là, voilà bien des questions résolues. […] Pour ne rien laisser à désirer sur la question des Spectacles, nous allons citer des autorités qui ne seront suspectes à personne. […] C’est peu d’y étaler ces exemples, qui instruisent à pécher, et qui ont été détestés des païens mêmes ; on en fait aujourd’hui des conseils et même des préceptes ; et, loin de songer à rendre utiles les divertissements publics, on affecte de les rendre criminels. » Le Franc, Auteur dramatique, s’exprime ainsi dans sa Lettre à Louis Racine : « On s’efforce de réduire en problème théologique cette question : si c’est un péché d’aller à la Comédie. […] La lecture de cet Ouvrage et de la vingt-neuvième Lettre de celui intitulé le Comte de Valmont, ne laissera rien à désirer à quiconque voudra examiner plus à fond la question sur les Spectacles.
La question ne roule pas sur l’existence des peines ecclésiastiques : Saint Augustin la prouveroit1 par ces paroles de Saint Matthieu : Je vous donnerai les clefs du Royaume des Cieux2, & tout ce que vous lierez ou délierez sur la terre, sera lié ou délié dans le Ciel. […] Saint Raymond, célébre Canoniste, & Compilateur des Décrétales de Gregoire IX. distingue1 l’Excommunication de droit & la personelle ab homine : on encourt la premiere en dix-sept circonstances, comme l’hérésie, la percussion des personnes consacrées à Dieu, l’infraction des Eglises, la profanation des choses saintes, ainsi des autres ; cette espece de censure ne comporte aucune monition, elle est encourue par le seul fait : pourquoi les monitions sont-elles requises, lorsqu’il est question d’une sentence personnelle ? […] Mais dès qu’il est question de l’interruption du negoce & des procédures judiciaires, c’est pour lors qu’il reconnoît le pouvoir des Laïques, les Comtes sont chargés de l’ordonner aux peuples.
Jamais il n’y est question du droit de Bourgeoisie Romaine. […] En voilà, je crois, assez sur une question de fait que l’on pouvait décider en peu de mots, et qui n’est point douteuse pour les gens de bon sens et de bonne foi.
On trouvera peut-être que je décide trop hardiment une question qui occupe & qui divise depuis tant de siècles la plus-part des Savans, & tous les Musiciens.
Mais s’il est question de parler des autres où l’on fait profession de faire des actions et des gestes tout à fait impudiques, je dirai hardiment qu’à grande peine se trouve-t-il chose plus scandaleuse à l’honneur du Christianisme, plus préjudiciable à la jeunesse chaste, et plus dangereuse pour pécher mortellement ; car ce sont des filets, et des pièges que le diable dresse pour attraper une âme chaste ; ce sont des dispositions aux sacrifices de Venus, ou des degrés pour monter à l’autel de Baal.
Il n’est point ici question de son origine, qui sûrement vient des Païens : il s’agit uniquement de savoir ce qu’il en faut penser.